samedi 5 juin 2010

Quand la marine française surveillait les côtes de Gaza

vendredi 4 juin 2010 - 07h:35
Jean-Baptiste Chastand - Le Monde
La France "n’a jamais approuvé ni l’intrusion de l’armée israélienne dans Gaza ni le blocus".
Pour Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères, la position française sur le sujet est sans ambiguïté, comme il l’a rappelé, mercredi 2 juin, au micro de RTL. Pourtant, à l’issue de la guerre de Gaza, en janvier 2009, une frégate française, le Germinal, a bel et bien pris part aux opérations de surveillance israélienne des côtes gazaouies.
Cette mission, commencée le 24 janvier à la demande de Nicolas Sarkozy, a duré deux semaines. Frégate porte-hélicoptères servie par un équipage d’une centaine d’hommes et armée de plusieurs missiles, le Germinal était auparavant affecté à la surveillance des côtes libanaises dans le cadre de la mission de l’ONU dans le pays, la Finul. Sur demande de l’Elysée, elle est temporairement repassée sous commandement français puis envoyée au large de Gaza.
Officiellement, le navire avait pour seul objectif de "lutter contre la contrebande d’armes", selon le site de l’état-major des armées. Equipé de radars, le Germinal est en effet en mesure de détecter tous les mouvements de navires croisant à proximité. Pour le site de l’Elysée, cette opération, limitée à "des actions de surveillance et de partage d’informations dans les eaux internationales au large de Gaza", a eu lieu "en pleine collaboration avec l’Egypte et Israël".
APRÈS DEUX SEMAINES AU LARGE DE GAZA, LA MISSION PREND FIN
Parallèlement, Nicolas Sarkozy avait exigé que cette participation française s’accompagne d’"une réouverture totale et permanente des points de passage vers Gaza". Après deux semaines au large de Gaza, alors que les points de passage n’ont pas été rouverts, l’Elysée annonce la fin de la mission sans en expliquer les raisons.
Interrogé sur le contenu précis des missions réalisées par le navire, le ministère de la défense se contente de répondre que "le Germinal a passé une dizaine de jours sur place, pour réaliser uniquement des missions de surveillance sans aucune intervention". Lors de l’arraisonnement d’un bateau chargé d’aide humanitaire par la flotte israélienne, le 4 février 2009, le porte-parole du ministère des affaires étrangères avait déjà exclu toute participation de la frégate à cette intervention.
Malgré cela, cette opération avait soulevé les critiques des militants pro-palestiniens. Un attentat survenu au Caire le 22 février 2009, dans lequel une adolescente française est décédée, aurait même été directement lié à cette mission, selon Le Canard enchaîné publié trois jours plus tard. Une note de la Direction générale de la sécurité extérieure aurait ainsi affirmé que le groupe de Français avait délibérément été visé en représailles de la participation du Germinal à la surveillance des côtes gazaouies. Une affirmation qui a toujours été fermement démentie par le gouvernement et les services de sécurité égyptiens.
3 juin - le Monde - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.lemonde.fr/proche-orient...
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8857