samedi 5 juin 2010

L’opération « Sea Breeze » décortiquée par la presse israélienne

05/06/2010
Les quotidiens israéliens sont revenus hier avec force détails sur le raid meurtrier mené lundi contre la flottille humanitaire internationale, sur les préparatifs de l'opération, son déroulement et les suites du « fiasco ».
Des préparatifs au plus haut niveau de l'opération - baptisée « Sea Breeze » (Vent de Mer) - ont commencé dès le mois de février, révèle le quotidien Yediot Aharonot. Le chef de la marine de guerre, l'amiral Eliezer Marom, a monté deux cellules opérationnelles, l'une composée de militaires et l'autre comprenant des juristes, des représentants des Affaires étrangères, d'agents du renseignement. Dans un premier temps, les autorités israéliennes ont tenté d'empêcher le départ du convoi maritime pour Gaza par des voies diplomatiques, en multipliant les démarches auprès de la Turquie, mais en vain, souligne le Yediot. Israël a également contacté l'Égypte qui a proposé de débarquer l'aide humanitaire au port d'el-Arish pour la transférer à Gaza, mais s'est heurté à un refus des organisateurs du convoi, selon le quotidien. Seule Chypre a accepté de coopérer avec Israël, refusant aux navires du convoi d'accoster dans ses ports.
En vue de l'abordage, des informations ont été recueillies sur l'ONG islamiste turque IHH, qui a affrété le ferry Mavi Marmara, le plus grand des six navires de la « flottille de la liberté » pour Gaza. La décision ayant été prise au plus haut niveau d'intercepter le convoi et de l'acheminer au port israélien d'Ashdod (sud d'Israël), les commandos de la marine ont subi un entraînement spécial et ont été équipés d'armes antiémeutes, en plus de leurs armes individuelles. La décision d'aborder la flottille dans les eaux internationales a été prise par le chef des commandos de marine pour surprendre les militants propalestiniens avant la levée du jour, en dépit du risque qu'Israël puisse être accusé « d'acte de piraterie », selon le Yediot Aharonot.
L'amiral Marom aurait assisté lui-même à l'opération sur un bâtiment de guerre à proximité et a tiré en l'air des coups de semonce quand les violences ont éclaté. Dès que les commandos israéliens ont été hélitreuillés sur le pont du Mavi Marmara, ils ont été assaillis à coups de barre de fer et de couteaux par des dizaines de militants, selon des témoignages de soldats. Selon le quotidien Haaretz, les militants auraient réussi à capturer brièvement trois soldats et à s'emparer d'une ou plusieurs de leurs armes. Selon le Yediot Aharonot, des films pris par les passagers et confisqués par l'armée montrent que des militants pacifistes ont protégé des soldats menacés d'être lynchés.
Par ailleurs, un cameraman serbe détenu en Israël après l'assaut a regagné Belgrade dans la nuit de jeudi à vendredi, témoignant d'une « scène d'apocalypse » lors de l'attaque, selon les médias serbes. « Tout a commencé comme un voyage en bateau sans histoires, et cela est devenu une scène d'apocalypse », a expliqué à la presse Srdjan Stojiljkovic. « Tout s'est passé en un quart de seconde », a-t-il raconté. « Ils sont arrivés sans bruit et ont tenté de monter à bord, lançant des bombes assourdissantes alors que l'équipage braquaient des projecteurs et des lances d'incendie contre eux (les soldats israéliens) », a-t-il dit. Des membres d'un commando descendant en rappel un à un d'un hélicoptère sont alors arrivés sur le navire et « la panique s'est répandue, des coups de feu ont retenti. Des personnes à bord, non armées, se sont emparées de l'un des soldats, l'ont désarmé et l'ont expulsé du pont », a-t-il poursuivi. « L'une (des victimes) a été abattue d'un coup de feu tiré entre les yeux », a expliqué le cameraman.