samedi 5 juin 2010

Nasrallah appelle à la formation d’une « flottille de la liberté 2 » avec une forte participation libanaise

05/06/2010
Devant les neuf cercueils symboliques, la foule écoutait 
religieusement Hassan Nasrallah. Photo AFP
Devant les neuf cercueils symboliques, la foule écoutait religieusement Hassan Nasrallah. Photo AFP
Rassemblement Devant des centaines de milliers de personnes brandissant, entre autres, des drapeaux turcs et un portrait insolite de Gamal Abdel Nasser, Hassan Nasrallah a estimé qu'il existe désormais une chance réelle de lever le blocs imposé à Gaza, appelant à la formation d'autres flottilles, pour montrer aux Israéliens qu'ils ne peuvent plus faire peur et décourager ceux qui défendent leurs droits.

Après avoir appelé la veille à l'organisation d'un vaste rassemblement « de solidarité et d'hommage » en faveur des organisateurs, aux participants et aux victimes de « la flottille de la liberté », le secrétaire général du Hezbollah a prononcé hier un discours télévisé devant des centaines de milliers de personnes rassemblées dans la banlieue sud. En présence des Libanais qui ont participé au périple de la « flottille » vers Gaza et de nombreuses personnalités, dont le chargé d'affaires turc et l'ambassadeur d'Iran, devant des drapeaux du Liban, de la Turquie, de la Palestine et du Hezbollah placés derrière des cercueils symboliques drapés du drapeau turc, portant les noms des victimes du coup de force israélien, sayyed Nasrallah a estimé que si les passagers de la « flottille » étaient seulement des Arabes, Israël n'en aurait pas vraiment tenu compte. « Il a réagi parce qu'il y avait des Turcs », a-t-il dit. Selon lui, l'évolution dans la position de la Turquie est un changement stratégique dans la région. « Après avoir perdu l'Iran du chah grâce à la révolution islamique, Israël est en train de perdre la Turquie », a déclaré le chef du Hezbollah, qui a invité les Arabes à continuer à œuvrer pour gagner la Turquie qui, selon lui, sera soumise à de fortes pressions. Tout comme il leur a demandé d'élargir le champ de leurs alliés et amis dans le monde.
Hassan Nasrallah a commencé par décrire les faits, avant d'en expliquer les indices, puis il a exposé les résultats avant de conclure par ce qu'il faudrait faire pour que « le massacre de la flottille » serve à la levée du blocus imposé à Gaza. Le leader chiite a en effet estimé qu'il existe désormais une chance réelle d'aboutir à la levée de ce blocus. Selon lui, il faut organiser une « flottille 2 » et il a demandé aux Libanais d'y participer nombreux, non pas pour créer un nouveau problème, mais parce que, selon lui, les Libanais doivent faire partie de cet élan de solidarité. Il a ajouté pour rassurer ceux qui hésitent : « Ceux qui partent reviennent. Les voilà devant vous et ils savent tous que la Résistance ne laisse pas les siens dans les geôles israéliennes. » Il a encore ajouté que, comme Israël craint la Turquie et tient compte de ses positions, il craint aussi le drapeau jaune du Hezbollah.
Hassan Nasrallah a en outre salué la décision égyptienne de rouvrir le point de passage de Rafah, tout en demandant que, celui-ci soit maintenu. Il a aussi appelé les Arabes à continuer à élargir le champ de leurs alliances et de leurs amitiés, « car la cause palestinienne n'est plus seulement arabe et musulmane. Elle est désormais une cause de l'humanité tout entière », a-t-il dit. Il a ensuite souligné qu'il faut continuer à montrer au monde « le véritable visage d'Israël qui se présentait jadis comme une oasis de démocratie et comme le pays de la région qui respecte les lois internationales, alors qu'il a pris d'assaut une flottille pacifique dans les eaux internationales ». Il a aussi appelé les différentes parties à déposer des plaintes contre les commandements israéliens partout où cela est possible, comme il a demandé aux Arabes de continuer à réclamer une enquête internationale, même s'il ne faut pas se faire beaucoup d'illusions sur la lenteur de la procédure et sur le résultat final. Mais une telle réclamation dérange, selon lui, Israël qui apparaît aujourd'hui troublé et dans la confusion totale puisque, dans les médias israéliens, on parle d'erreur, de faute et de pertes. Selon lui, en attaquant la flottille, Israël cherchait à imposer sa force et à décourager toute autre tentative de percer le blocus. Après l'assaut, les dirigeants israéliens ont montré une attitude ferme et agressive, croyant ainsi faire peur aux Turcs. « Mais face à la dure réaction du commandement turc qui a menacé de rompre ses relations avec l'ennemi israélien, et face à l'explosion de colère dans la rue turque, Israël a dû jeter du lest et c'est lui qui s'est retrouvé dans l'embarras », a poursuivi le chef du Hezbollah.
Hassan Nasrallah a enfin estimé que l'agression qu'il a qualifiée de « barbare » contre « la flottille de la liberté » met Israël en difficulté et embarrasse même ses alliés. Selon lui, cette agression affaiblit aussi les partisans de la politique modérée et du compromis, assurant qu'il existe désormais une chance réelle pour une réconciliation interpalestinienne. Il a affirmé que ceux qui croient encore dans une politique neutre des États-Unis doivent changer d'avis car s'il y a un élément stable dans la politique américaine, c'est bien l'appui inconditionnel à Israël et la position de l'administration d'Obama à la suite de ce « massacre » en est la preuve. Sayyed Nasrallah a toutefois relevé le fait que lorsqu'on est fort, on a quand même droit à des égards. Le président américain a ainsi appelé le Premier ministre turc pour lui présenter ses condoléances. Mais, selon lui, si les victimes étaient arabes, il n'aurait pas pris cette peine. Il a aussi relevé le fait qu'après avoir lancé des menaces le premier jour, les dirigeants israéliens ont été contraints de libérer tous les volontaires parce qu'une grande majorité d'entre eux est de nationalité turque. Il en a donc tiré la conclusion suivante : il faut continuer à se renforcer et à avoir confiance en soi. En plus de la force du droit, il faut s'appuyer sur la force tout court car, a-t-il dit, « le monde actuel ne respecte que les forts ».
Au passage, le secrétaire général du Hezbollah a critiqué certains médias arabes qui ont cherché à justifier le comportement des soldats israéliens, alors que, selon lui, ces derniers n'essayaient même pas de le faire. Il a aussi dénoncé la « mollesse des États qui prétendent défendre les droits de l'homme et qui se sont contentés soit de garder le silence, soit d'émettre des condamnations timides oubliées à peine formulées ». Sans vouloir attaquer les commandements arabes, il a noté l'impuissance arabe en évoquant les résolutions de la dernière réunion de la Ligue arabe.
Auparavant, l'avocat Hani Sleiman avait pris la parole au nom des Libanais ayant participé à la flottille. Installé dans un fauteuil roulant à la suite de blessures essuyées au cours de l'assaut, Sleiman a expliqué la nécessité de briser tout blocus imposé à une ville, une région ou un pays, car il est toujours injuste surtout s‘il est imposé par une force agressive comme Israël. Il a ensuite affirmé que « les souffrances des habitants de Gaza et leur résistance, ainsi que les victoires du Hezbollah au Liban ont brisé le blocus de la peur qui nous empêchait d'agir », précisant que les habitants de Gaza ne sont plus seuls car toutes les volontés libres du monde luttent à leurs côtés. Il a enfin salué la « chaîne de résistance » qui passe, selon lui, de Damas à Beyrouth, en Palestine, à Téhéran et à Ankara.