Michel Warschawski
OPINION :
Obama a choisi la voie de la diplomatie avec Téhéran et durcit le ton avec les va-t-en-guerre israéliens. De quoi faire paniquer le Premier ministre.
Dans son numéro paru la veille de Pâques, Haaretz titrait « Obama va imposer à Israël une solution au conflit » Ca se discute, évidemment. Ce qu’il y a d’important dans ce titre, c’est que l’article qu’il ouvre cite « des sources politiques », c’est à dire, dans le langage codé de la politique israélienne, Benjamin Netanyahou en personne. Qui ajoutait : « Obama est la plus grande catastrophe qu’Israël ait jamais connue [Rien que ça ! ] et jamais nous n’avons été témoins de telles pressions de la part des Etats-Unis. » Et ces sources politiques de prédire un tournant dramatique dans la stratégie de l’Administration américaine, allant jusqu’à jusqu’à une politique délibérée visant à isoler Israël dans l’arène internationale.
On comprend alors pourquoi le chroniqueur Yoel Marcus a choisi de titrer son article du 2 avril « Pas de panique ». La panique est une seconde nature chez le Premier ministre israélien, qui a souvent répété : « Chaque matin en me réveillant, je me pose la question : ’De qui dois-je avoir peur aujourd’hui ?’ » Comme chacun le sait, la peur est mauvaise conseillère et provoque des réactions souvent dangereuses. Chez Netanyahou, elle réveille l’obsession iranienne : Téhéran delenda est ! C’est le refrain du moment qui actualise son discours obsessionnel contre le terrorisme islamiste.
Il est de plus en plus clair, pourtant, qu’Obama a fait le choix des pressions diplomatiques sur Téhéran et, pour l’instant en tout cas, pas celui de l’agression militaire. L’armée US est d’accord avec lui, et commence à en avoir plein les bottes des va-t-en-guerre israéliens. Un général a ainsi déclaré récemment que trop de soldats américains mouraient pour Israël et que ça suffisait comme ça.
La rencontre récente entre Obama et Netanyahou, à Washington, est considérée comme la plus froide qui ait eu lieu entre des dirigeants des deux pays au cours des deux dernières décennies. A tel point que le conseiller d’Obama, David Axelrod, s’est senti dans l’obligation de clarifier la situation pour la chaîne de télévision CNN : « C’était une rencontre de travail de deux heures, entre amis. Personne n’a voulu vexer personne. » Obama a pourtant refusé la traditionnelle photo de famille et, au lieu d’inviter Netanyahou à dîner, a préféré passer la soirée avec ses enfants …
Netanyahou rappelle de plus en plus l’ancien Premier ministre Shamir, qui refusait d’entendre les messages en provenance de Washington, jusqu’au moment où George Bush (père) en a eu assez et a refusé de transférer à Israël 13 milliards de dollars promis par le Congrès. En quelques mois, le gouvernement Shamir tombait, remplacé par Yitzhak Rabin et le processus d’Oslo. Car s’il y a une chose qui peut faire basculer l’opinion publique israélienne, c’est que Washington se fâche avec le gouvernement israélien.
Benjamin Netanyahou est confronté à un choix simple : se soumettre ou se préparer à de nouvelles élections. Ce dilemme ne va qu’aggraver les coliques du Premier ministre israélien.
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