jeudi 22 avril 2010

Le chantage d’Israël sur les colonies

publié le mercredi 21 avril 2010
Damien Roustel

 
Tel-Aviv lie le gel des constructions en Cisjordanie à la reprise de négociations de paix.
« Si d’ici un mois ou deux les Palestiniens ne reviennent pas à la table des négociations, nous pourrions être amenés à annuler ou à reconsidérer le gel » des nouvelles constructions en Cisjordanie occupée, a déclaré hier dans le Jerusalem Post Youval Steinitz, le ministre israélien des Finances. « Quand vous prenez une décision qui est sans effet, voire contre-productive, eh bien il faut la reconsidérer », a-t-il ajouté. En novembre 2009, Tel-Aviv avait décrété un moratoire de dix mois sur la construction de nouvelles colonies en Cisjordanie afin de permettre de relancer des négociations de paix interrompues depuis la guerre de Gaza en janvier 2009.
Cette décision ne s’appliquait pas à Jérusalem-Est. Dans cette partie orientale de la ville, les expulsions de Palestiniens de leur logement sont toujours monnaie courante. L’Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas exige pour sa part un gel total de la colonisation israélienne, y compris à Jérusalem-Est, avant de reprendre les pourparlers.
Des négociations indirectes, arrachées de haute lutte par les États-Unis, ont été annulées début mars après l’annonce par le gouvernement israélien d’un projet de construction de 1 600 nouveaux logements dans un quartier de colonisation à Jérusalem-Est. [1]
Par ailleurs, selon Associated press le 19 avril, Nétanyahou a déclaré :

Israël n’arrêtera pas ses constructions

Le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou a déclaré lundi que l’Etat hébreu n’arrêterait pas ses constructions à Jérusalem-Est.
M. Nétanyahou a estimé que les demandes palestiniennes sur l’arrêt des nouvelles constructions à Jérusalem-Est était « une exigence inacceptable », lors d’un entretien diffusé lundi matin aux Etats-Unis sur ABC.
Il a affirmé que cette position n’était pas nouvelle, et qu’elle remontait aux gouvernements de Golda Meir, Shimon Pérès et Itzhak Rabin.
Le Premier ministre israélien a également tenté de minimiser les divergences avec l’administration Obama, qui a critiqué les nouvelles constructions en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
Il a toutefois reconnu des « problèmes importants ». « Nous tentons de les résoudre par des canaux diplomatiques du mieux possible », a-t-il dit.
Les nouvelles constructions en Cisjordanie et à Jérusalem-Est sont un des principaux points de désaccord entre Israël et Palestiniens. Ces derniers souhaitent faire de Jérusalem-Est la capitale d’un futur Etat, tandis que l’Etat hébreu tient la ville pour sa capitale éternelle.
Le ministre israélien de la Défense, Ehoud Barak, a pour sa part estimé que l’Etat hébreu devait reconnaître que le monde ne tolérerait plus des décennies supplémentaires de domination israélienne sur le peuple palestinien.
« Le monde n’est pas disposé à accepter (...) qu’Israël domine un autre peuple durant encore des décennies. C’est quelque chose qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde », a déclaré lundi M. Barak, interrogé par la radio israélienne à l’occasion de la célébration du 62e anniversaire de l’Etat hébreu.
Les Palestiniens aspirent à créer leur propre Etat et « il n’y a pas d’autre moyen, que cela nous plaise ou non, que de les laisser se diriger eux-mêmes », a ajouté le leader du parti travailliste, modéré.
Le gouvernement de M. Nétanyahou a « fait des choses qui ne mènent pas naturellement » à la résolution du conflit israélo-palestinien, a reconnu M. Barak. « Mais nous ne devons pas nous leurrer », a-t-il poursuivi. « Le différend croissant entre nous et les Etats-Unis n’est pas bon pour l’Etat d’Israël ».
Les relations entre l’Etat hébreu et son allié de toujours se sont brutalement tendues en mars avec l’annonce en pleine visite du vice-président américain Joe Biden d’un projet de construction israélien à Jérusalem-Est.