lundi 1 mars 2010

Sleiman à Moscou : La consolidation de la stabilité au Liban passe par une paix juste et globale au P-O

01/03/2010
Le président Sleiman recevant son doctorat honoris causa à 
l’Institut d’études stratégiques de Moscou des mains du président de cet
 institut, Anatoly Torkunov. Photo Dalati et Nohra
Le président Sleiman recevant son doctorat honoris causa à l’Institut d’études stratégiques de Moscou des mains du président de cet institut, Anatoly Torkunov. Photo Dalati et Nohra
Liban-Russie Au terme d'une visite officielle de trois jours que le président Michel Sleiman a effectuée à Moscou, et qui s'est achevée vendredi après-midi, une source officielle libanaise a annoncé que la Russie a accepté de remplacer les Mig 29 qu'elle se proposait d'offrir à l'armée par des hélicoptères modernes.

Le président Michel Sleiman a clôturé vendredi une visite officielle de trois jours à Moscou qui a abouti, notamment, à une décision de principe de fournir des hélicoptères modernes à l'armée libanaise. Arrivé mercredi dans la capitale russe en compagnie d'une délégation comprenant les ministres Élias Murr, Ali Chami et Adnane Kassar, ainsi que le directeur général de la présidence de la République, Nagi Abi Assi, le chef de l'État a regagné Beyrouth vendredi en fin de journée.
Parallèlement au renforcement de la coopération bilatérale sur les plans politique et diplomatique, notamment pour ce qui a trait au contexte de la crise du Proche-Orient, les entretiens du président de la République avec les dirigeants russes ont permis de déboucher sur une mesure concrète et vitale : la Russie a accepté de remplacer les 10 Mig 29 qu'elle se proposait d'offrir à l'armée par des hélicoptères modernes de type MI 24, dûment équipés de roquettes. Selon une source officielle libanaise, c'est sur base d'une étude élaborée par les experts militaires de Yarzé que l'armée a formulé le souhait que l'aide militaire russe au Liban - convenue lors d'une récente visite du ministre de la Défense Élias Murr à Moscou - se traduise non pas par la livraison de Mig 29, comme cela avait été suggéré lors de la visite de M. Élias Murr à Moscou, mais plutôt par des hélicoptères de type MI 24, plus adaptés aux besoins de la troupe, d'autant que ces appareils sont parmi les plus sophistiqués que possède l'armée russe. Ils seront équipés de roquettes permettant à l'armée libanaise de mener à bien ses opérations de défense du territoire.
Avant de regagner Beyrouth vendredi après-midi, le chef de l'État avait accordé à une chaîne de télévision russe une interview dans laquelle il a notamment souligné, en réponse à une question sur le contentieux relatif aux armes de la Résistance islamique, que « le Hezbollah est un parti libanais qui représente une composante essentielle » de la société libanaise. « La question (des armes du Hezbollah) sera débattue dans le cadre de la conférence de dialogue, a réaffirmé le président Sleiman. Le temps où les problèmes (du Liban) étaient réglés à l'étranger est révolu. »

La journée de vendredi
La dernière journée de la visite du président Sleiman à Moscou, vendredi, a été marquée principalement par une visite au siège de la Douma et au célèbre Institut d'État de Moscou pour les relations internationales Mgimo, où le chef de l'État s'est vu décerner un doctorat honoris causa avant de donner une conférence sur le problème libanais, axé sur les défis existentiels auxquels est confronté le Liban depuis plusieurs décennies.
À la Douma, le chef de l'État avait été reçu vendredi matin par le président du Parlement russe Boris Gryzlov qui a mis l'accent à cette occasion sur l'importance que les dirigeants russes, et plus particulièrement le président Dmitri Medvedev, ont accordé à la visite du président Sleiman, relevant qu'il s'agit de la première visite d'un président libanais à Moscou depuis l'indépendance du Liban. Réaffirmant le soutien de son pays à l'indépendance et à la souveraineté du Liban, le président de la Douma a rappelé que l'URSS avait été l'un des premiers pays à reconnaître l'indépendance du Liban en 1943. Il a enfin rendu hommage aux efforts du président Sleiman visant à réédifier les institutions étatiques au Liban.
Prenant à son tour la parole, le chef de l'État a mis l'accent sur l'importance du renforcement des relations entre Beyrouth et Moscou « en raison du rôle que pourrait jouer la Russie au niveau de la solution pacifique au Proche-Orient ». Le président Sleiman a, d'autre part, évoqué le projet d'aide russe à l'armée libanaise, indiquant qu'un accord militaire a été signé entre les deux pays, portant sur la livraison d'équipement à l'armée et l'organisation de stages à l'intention des officiers et des cadres libanais.
Le chef de l'État s'est ensuite rendu à l'Institut international russe Mgimo d'études stratégiques, diplomatiques et politiques - relevant de l'Université de Moscou et du ministère russe des Affaires étrangères - où il a été reçu par le président de l'Institut, Anatoly Torkunov, et les hauts responsables de l'établissement. Accueillant le président Sleiman dans son bureau en présence de ses principaux collaborateurs, M. Torkunov a indiqué que l'institut qu'il dirige est le principal établissement de formation des diplomates et responsables politiques russes, précisant en outre que de nombreux hôtes de marque ont été accueillis et ont donné des conférences à l'Institut, dont notamment les présidents George Bush (le père du président George W. Bush) et Bill Clinton, la chancelière allemande Angela Merkel et l'ancien secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, sans compter les personnalités qui ont obtenu le doctorat honoris causa de l'Institut, notamment le président Rafic Hariri, le roi de Jordanie, le souverain saoudien et les présidents égyptien et chypriote.

La conférence de Sleiman
Le président Sleiman et les responsables de l'Institut se sont ensuite rendus à la grande salle de conférences pour la cérémonie au cours de laquelle le doctorat honoris causa a été décerné au chef de l'État. Le président Sleiman a remis à son tour à M. Torkunov l'écusson de la présidence de la République.
Après un discours du président de l'Institut qui a mis l'accent sur les liens étroits entre le Liban et la Russie, le président Sleiman (revêtu de l'habit traditionnel des docteurs honoris causa) a donné sa conférence au cours de laquelle il a notamment dressé un tableau du rôle du Liban dans l'histoire et de ses relations internationales, rappelant que sa visite à Moscou est la première d'un président libanais en Russie depuis l'indépendance de 1943 et l'établissement de relations diplomatiques entre les deux pays en 1944.
Le chef de l'État a exprimé le souhait qu'une coopération plus étroite soit instaurée entre les établissements d'enseignement supérieur russes et libanais, relevant que de nombreux penseurs libanais et membres de professions libérales ont été formés dans les universités et les établissements russes. Le président Sleiman a souligné dans ce cadre que de nombreux orientalistes russes ont entrepris de faire connaître à la population russe la civilisation arabe, sans compter, a-t-il précisé, le rôle de l'Église orthodoxe sur le plan du renforcement des liens socioculturels entre les deux peuples.
Qualifiant une nouvelle fois sa visite à Moscou d'« historique », le chef de l'État a souligné, en substance, qu'en dépit des guerres et des épreuves qui ont ébranlé le pays, le Liban a réussi à s'en tenir à ses pratiques démocratiques et à l'alternance dans l'exercice du pouvoir. Abordant la conjoncture présente dans le pays, le président Sleiman a souligné que le Liban « œuvre à imposer l'application de la résolution 1701 et à récupérer le nord de Ghajar, les fermes de Chebaa et les collines de Kfarchouba par tous les moyens disponibles et légitimes, parallèlement à ses efforts visant à aboutir à une stratégie de défense globale ». « Il mise pour la réalisation de ces objectifs sur ses propres capacités et sur l'appui des pays amis et des Nations unies, lesquelles sont responsables de la sécurité et de la paix internationales », a-t-il déclaré, avant de souligner que la consolidation de la paix et de la stabilité dans le pays « nécessite, du fait de l'imbrication des problèmes régionaux, la réalisation d'une paix juste et globale au Proche-Orient, basée sur les résolutions internationales, les principes de la conférence de Madrid et l'initiative de paix arabe ». Et le chef de l'État de souligner que la paix dans la région nécessite une volonté politique à cet égard de la part d'Israël, une attitude ferme de la communauté internationale pour imposer l'option de paix, la fin de la politique de colonisation israélienne et la détermination d'un calendrier clair pour la réalisation des objectifs de paix. Réaffirmant que le Liban est engagé à favoriser le dialogue des civilisations, le président Sleiman a appelé à l'établissement d'un P-O dépourvu d'armes de destruction massive.