lundi 1 mars 2010

Le procès d’Ehoud Olmert, symbole des problèmes de corruption en Israël

publié le dimanche 28 février 2010
Joël David

Pour la première fois, un ancien premier ministre est sur le banc des accusés en Israël, pays classé 32e sur 180 pays pour le niveau de corruption
L’ancien premier ministre encourt la prison ferme pour fraude, abus de confiance, usage de faux et évasion fiscale dans un procès qui s’ouvre mercredi 24 février
Etat d’Israël contre Ehoud Olmert. Pour la première fois, un ancien premier ministre est sur le banc des accusés à compter du mercredi 24 février. Il est inculpé de fraude, abus de confiance, usage de faux et évasion fiscale, ce qui peut lui valoir une peine de prison ferme. Le rythme des audiences au tribunal de district de Jérusalem doit passer progressivement d’une ou deux à trois par semaine dans les mois à venir.
Ce qui promet des gros titres dans la presse. Ehoud Olmert clame son innocence : « Je suis de nature optimiste. Tout va s’arranger, avec l’aide de Dieu. » Lui-même avocat d’affaires, il est défendu par des ténors du barreau. À 64 ans, il s’est reconverti dans le « big business » tout en ne perdant pas de vue le terrain politique.
Début février, il prenait encore la parole à l’université de Tel-Aviv pour s’expliquer sur ses « concessions sans précédent » offertes au président palestinien Mahmoud Abbas en vue d’un règlement permanent de paix. À l’instar de Benyamin Netanyahou et Ehoud Barak, revenus aux affaires après en avoir été écartés, Ehoud Olmert se prépare à une traversée du désert avant son futur retour sur la scène politique. Tout cela, à condition bien sûr qu’il soit blanchi.
Israël classé 32e sur 180 pays pour le niveau de corruption En quatre décennies de carrière politique, l’ancien chef du gouvernement s’est taillé une réputation de « suspect en série » qui – faute de preuves – a toujours réussi à passer à travers les mailles du filet. Mais les affaires l’ont finalement rattrapé et contraint à renoncer aux commandes en juillet 2008. Il devra s’expliquer sur des fonds que l’homme d’affaires juif américain Morris Talansky lui aurait illégalement transférés à l’époque où il était maire de Jérusalem (1993-2003).
Il est aussi accusé, dans le cadre de l’affaire « Rishon Tours » (une agence de voyages) de s’être fait rembourser plusieurs fois des billets d’avions utilisés par lui ou des membres de sa famille pour des missions à l’étranger. Dernier dossier : des dizaines de nominations politiques suspectes de proches lorsqu’il était ministre du commerce et de l’industrie (2003-2006).
Selon Transparency International, Israël était médiocrement classé en 2009, en 32e position parmi 180 pays, pour le niveau de la corruption, la Nouvelle-Zélande étant le pays où la perception de ce niveau était la plus faible, suivie du Danemark (2e), de la Suisse (5e), l’Allemagne (14e), la France (24e). Éclaboussée par des scandales à répétition, la classe politique est discréditée auprès de l’opinion israélienne.
L’ancien chef de l’Etat jugé pour viol et harcèlement sexuel Deux anciens ministres, Shlomo Benizri (santé) et Avraham Hirshson (finances), ont été jugés coupables d’escroquerie et écroués respectivement pour quatre ans, et cinq ans et cinq mois de prison. Le procès pour viol et harcèlement sexuel de l’ancien chef de l’État, Moshé Katzav, se déroule actuellement à huis clos au tribunal de Tel-Aviv. Il pourrait lui aussi se retrouver derrière les barreaux.
De même que le président de la commission parlementaire des affaires étrangères et de la défense, Tzahi Hanegbi, poursuivi notamment pour prévarication et abus de confiance. Et la liste n’est pas exhaustive : l’actuel chef de la diplomatie, Avigdor Lieberman, est sur des charbons ardents, car la police a recommandé son inculpation pour corruption, fraude, blanchiment d’argent, abus de confiance et subornation de témoins.
Signe des temps, Israël demande par ailleurs l’extradition d’un ancien juge, Dan Cohen, qui s’est enfui au Pérou après avoir empoché frauduleusement des millions de dollars de pots de vin.
Autant dire que Tzipi Livni – qui a succédé à Olmert à la tête du parti centriste Kadima – jouait gagnante en tablant sur sa réputation d’intégrité aux législatives de 2009. Avec 28 députés, elle dirige la première formation à la Knesset, mais n’a pas réussi à former une coalition gouvernementale. Après une ascension politique fulgurante, elle se fait lentement oublier dans l’opposition et s’efforce d’empêcher l’implosion du Kadima, miné par des rivalités de personnes.
publié par la Croix
chapeau : C. Léostic, Afps