jeudi 4 mars 2010

Lettre ouverte d’Israéliens au groupe de rock "Les Pixies"

Publié le 3-03-2010
Ci-dessous une Lettre ouverte d’Israéliens adressée au groupe rock américain, Les Pixies, pour qu’il annule son concert, prévu en Israël en juin prochain. Les signataires de cet appel soutiennent la campagne internationale de Boycott, Désinvestissement et de Sanctions (BDS) contre Israël. Ils expliquent ici pourquoi.


Lettre ouverte aux Pixies
1er mars 2010
Chers Pixies,
Nous sommes un groupe d’Israéliens militant pour les droits humains. Nous avons appris par les médias que vous comptez donner un concert en Israël au mois de juin. Bien que beaucoup d’entre nous soient de grands fans de votre groupe et que nous aimerions voir votre spectacle, nous ne traverserons pas le piquet de grève international, dont les effectifs augmentent régulièrement, pour venir vous voir. Le piquet de grève peut ne pas être toujours visible, mais il existe. Êtes-vous vraiment prêts à vous produire à Tel-Aviv alors que sous votre nez, il y a des millions d’êtres humains qui suffoquent sous le cruel régime militaire israélien qui leur refuse les droits humains élémentaires. S’il vous plaît, prenez le temps de lire notre appel.
Vous savez certainement que le peuple palestinien vit sous occupation militaire depuis 1967. Lorsque vous viendrez vous produire en Israël, les Palestiniens auront vécu sous une occupation brutale pendant 43 ans - soit près d’un demi-siècle, sous un régime militaire qui a déjà emprisonné plus de 600 000 d’entre eux et qui contrôle tous les aspects de leur vie, notamment leur liberté de mouvement, leur liberté d’expression, de religion et de commerce, leur accès à l’éducation, leur accès à leurs terres et souvent leur droit à la vie !
Vous savez peut-être aussi qu’en maintenant l’occupation militaire sur les territoires qu’il a saisis en 1967, Israël viole de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité, la Quatrième convention de Genève, et plus récemment, la décision du Tribunal international de justice qui a statué que la prétendue « barrière de sécurité » ,construite par Israël sur les terres palestiniennes, est illégale. Le mur a été construit sur des terres agricoles volées aux Palestiniens, terres sur lesquelles des colonies réservées aux seuls juifs se sont construites. Ce faisant, le mur détruit les moyens de subsistance des Palestiniens dans toute la Cisjordanie.
Vous savez certainement aussi, qu’il y a un an, Israël a attaqué la bande de Gaza qui vit sous un siège paralysant et meurtrier depuis près de quatre ans. Israël a utilisé des armes extrêmement meurtrières dans cette attaque qui a tué environ 1400 personnes dont un tiers d’enfants. Il a utilisé des bombes au phosphore dans des zones densément peuplées et il a détruit des milliers de maisons. La ministre des affaires étrangères israéliennes, Tzipi Livni, une des organisatrices de cette attaque, a proclamé « Israël s’est comporté comme un véritable hooligan pendant cette récente opération, ainsi que je l’avais exigé. 1
Le morcellement des Palestiniens en de petites subdivisions nécessaires à Israël pour « traiter avec eux » (c’est-à-dire, les opprimer et les contrôler) n’a pas commencé avec la scission entre la Cisjordanie et la Bande de Gaza, ni avec que la subdivision de la Cisjordanie en petites unités ségrégées. Ce qu’Israël veut faire ignorer au monde - par sa concoction du « processus de paix » - est le fait que cette occupation fait partie d’un programme plus vaste de colonisation et d’oppression. Ce projet remonte aux premiers jours de l’édification d’Israël et vise à faire face à la « menace démographique » pour l’État, projet que beaucoup appellent le« régime d’apartheid israélien ». Le régime israélien vise systématiquement tous les Palestiniens, y compris ceux qui vivent à l’intérieur des frontières de 48, et qui ont la citoyenneté israélienne, ainsi que les réfugiés qu’il a expulsés pendant la Nakba de 1948 et la guerre de 1967.
La plupart des réfugiés palestiniens sont apatrides, vivent dans la diaspora, dans des pays attenants à la Palestine/Israël, en attendant de rentrer chez eux. Beaucoup d’entre eux vivent toujours dans des camps de réfugiés. En dépit de la résolution 194 des Nations unies qui demandait leur retour et leur dédommagement par Israël, les réfugiés palestiniens n’y ont pas droit, et pour la plupart, on leur refuse même le droit de pénétrer en Palestine/Israël.
Il y a 22 ans, en 1988, après l le déclenchement de la première intifada, vous avez mentionné Gaza dans votre nouvelle chanson « l’Euphrate » : « Stuck here out of gas/Out here on the Gaza Strip/From driving in too fast »(bloqués ici sans essence/ici,dans la bande de Gaza/pour être entrés trop vite). Que vous ayez fait une métaphore ou que vous vous soyez référés aux pénuries d’essence, nous ne manquons pas de trouver dans cette chanson un écho de ce qui se passe à Gaza aujourd’hui. Après des années de siège israélien, la bande de Gaza est privée plus que jamais de carburant et d’énergie - ainsi que d’aliments, de médicaments et de beaucoup d’autres produits essentiels. Les Gazaouis n’ont pas d’essence, pas simplement pour se déplacer en voiture dans leur périmètre fermé, qu’ils conduisent vite ou lentement, mais aussi pour l’électricité, les services de santé, la cuisine et tout ce qui permet de mener une vie normale.
Toute normalisation envers Israël signifie également que l’on permet la poursuite de ce siège. Que vous vous soyiez souciés de Gaza ou non, comment pouvez-vous ne pas vous en soucier de façon aussi évidente MAINTENANT ?
Nous vous demandons instamment de répondre à l’appel lancé par les Palestiniens et de reporter votre spectacle en Israël afin de ne pas coopérer avec le statu quo mortel. Si vous vous souciez de la justice pour le peuple palestinien, si vous vous souciez du peuple israélien, s’il vous plaît ajoutez votre voix à celles de ceux qui demandent une politique plus saine d’esprit assurant la justice pour tous - et refusez de vous produire en Israël jusqu’à ce que la liberté y règne.
Signé par :
Ofra Ben-Artzi
Lilach Ben- David
Ronnie Barkan
Ronnen Ben-Arie
Eitan Bronstein
David Nir
Prof. Rachel Giora
Neta Golan
Iris Hefets
Dr. Dorothy Naor
Tal Shapira
Sonya Soloviov
Ofer Neiman
Deb Reich
Emily Schaeffer (Boston -Tel-Aviv)
Ayala Shani
Yonatan Shapira
Kerstin Sodergren
Jonatan Stanczak
Au nom de "BOYCOTT ! Soutien de l’intérieur à l’appel palestinien au boycott"
(Traduit par Annie GOOSSENS pour CAPJPO-EuroPalestine)
Nous espèrons que Les Pixies, qui prévoient de se produire en France fin mai et début juin (à Toulouse les 25 et 26 mai, à Nantes le 2 juin), comprendront l’importance de cet appel.
CAPJPO-EuroPalestine