dimanche 28 février 2010

MA RÉPONSE AUX INTIMIDATIONS DE MADAME MICHELE ALLIOT-MARIE GARDE DES SCEAUX

Par Rosita RUCKI-BERNARD
samedi 27 février 2010, par : Rédaction Enfants de (la) Palestine,
Madame la Ministre,
En réponse à votre allocution du 19 février 2010 lors du dernier repas du crif à Bordeaux, force est de constater votre allégeance sans faille envers cette organisation. C'est bien vous, Madame la Garde des Sceaux, qui faites un amalgame aussi scandaleux que dangereux entre antisémitisme et antisionisme. Si l'antisémitisme est effectivement contraire à mes valeurs morales, sachez que je n'attends pas qu'une loi me le rappelle !
Et puisque vous soulignez à juste titre que l'antisémitisme est indigne de l'héritage humaniste de la Patrie des droits de l'homme, permettez-moi de vous rappeler que les campagnes et débats islamophobes menées tambour battant par les politiques de tous bords depuis plus de 7 mois, ne le sont pas moins.
Qu'en est-il du travail de mémoire que la télévision, le cinéma et l'école m'imposent quotidiennement, alors que par vos multiples tentatives d'intimidations vous souhaitez me rendre complice des crimes de guerre reconnus et commis par l'Etat que vous soutenez ouvertement ? Car, soyez-en certaine, ce travail de mémoire a été si bien entretenu pendant de si longues années, qu'il me permet d'avoir le courage de vous dire STOP ! De quel droit parlez-vous de politique générale en mon nom dans un diner mondain organisé par une organisation ouvertement sioniste !
Non seulement je boycotte Israel et tous ses produits dérivés depuis les avocats jusqu'au dernier membre du betar, parce que je refuse qu'un seul de mes euros contribue au génocide d'un peuple. Mais sachez que je boycotte également la chaine de restaurants Quick, devenue propriété de l'Etat depuis qu'elle a été rachetée par une filiale de la caisse des dépôts et consignations, dans des conditions telles que la Belgique instruit une enquête au moment où je vous écris. Ce même Etat Français qui encourage jour après jour à l'incitation à la haine raciale, à des divisions entre les communautés qui n'ont pas raison d'être, à faire de l'islam la religion à réformer en attendant de lui donner le coup de grâce !
Résister à l'intolérable n'est pas un crime Madame la Ministre, c'est un devoir, et croyez bien que les paroles de Lucie Aubrac, qui a dit que résister devait se conjuguer à tous les temps, réveillent des consciences longtemps anesthésiées par les campagnes de désinformation et de censure.
Qu'en est-il Madame la Ministre de ce projet de loi sur la création d'un pôle génocide au Tribunal de Grande Instance de Paris et qui d'après un article paru le 08 janvier 2010 sur le site du crif, après que votre cabinet se soit empressé de rassurer l'organisation qui commençait à se faire du souci, ne concernerait que les crimes commis au Rwanda ? Les crimes contre l'humanité ne concernent-ils pas l'humanité toute entière ? A moins que l'Etat français et l'organisation « crifiene »considèrent que les Palestiniens ne font pas partie de cette humanité ?
Pour en revenir à vos réflexions qui font partie du travail collectif de la mémoire, permettez que je rafraîchisse la votre par la même occasion :
« La France sait ce qu'elle doit à la communauté juive », votre mémoire est-elle à ce point sélective ? 38000 soldats musulmans ont donné leurs vies entre 1914 et 1918, en août 1944, 173000 soldats arabes et africains de confession musulmane se sont battus pour libérer notre pays, 55 000 d'entre eux sont morts pour la France et les juifs de France qu'elle portait en son sein. Que dire des survivants qui se battent encore pour que leurs droits les plus élémentaires à la pension d'ancien combattant soient respectés !
« Tout sera fait pour que la communauté juive puisse se retrouver autour de ses traditions et de ses rites, au sein de la communauté nationale », je veux bien vous croire puisque depuis l'année 2009 les fêtes religieuses de Hanouka peuvent être célébrées avenue de l'Opéra à Paris où encore au champs de Mars, et dans d'autres villes françaises, sans que personne n'y trouve à redire. Que souhaitez-vous de plus ? Encore une fois un bel exemple de la laïcité à deux vitesses…
Si je constate en effet que « Tout sera fait, pour que les Juifs de France soient fiers d'appartenir à une Nation généreuse, ouverte, respectueuse des différences. Fiers de nourrir l'identité de la France, pour qu'elle garde son message universel. » , je constate aussi que dans un même temps tout est mis en oeuvre pour stigmatiser une communauté qui n'a rien demandé. Stigmatisée au point que même le programme d'histoire/géo des classes de seconde s'apprête à être remanié en faisant la part belle à l'Occident chrétien, au détriment de l'étude de la civilisation musulmane.
N'enviez-vous pas, Madame la Garde des Sceaux, le courage et la liberté de Zeyneb, cette jeune élève qui a porté comme un étendard un T-shirt Free Palestine après que son professeur d'histoire géo ait fait à la classe entière l'apologie d'Israel, un Etat reconnu comme étant un Etat assassin ?
N'éprouvez-vous pas la même honte que moi, de savoir que son courage et son civisme lui ont valu trois jours d'exclusion de son collège ?
En ce qui me concerne Madame la Garde des Sceaux, le temps de l'intimidation est bel et bien révolu et j'invite mes concitoyens de toutes confessions, et qui pensent que la justice française a encore un rôle honorable à jouer dans cette société, à faire appliquer l'article 223-6 du code pénal afin d'empêcher un génocide imminent !
Article 223-6 du code pénal : « Quiconque pouvant empêcher par son action immédiate, sans risque pour lui ou pour les tiers, soit un crime, soit un délit contre l'intégrité corporelle de la personne s'abstient volontairement de le faire est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75000 euros d'amende. Sera puni des mêmes peines quiconque s'abstient volontairement de porter à une personne en péril l'assistance que, sans risque pour lui ou pour les tiers, il pouvait lui prêter soit par son action personnelle, soit en provoquant un secours. »
Je vous prie de croire Madame la Ministre en ma volonté de résister aussi longtemps que ce mot aura un sens.
Rosita RUCKI-BERNARD
SARCELLES
LIBRE DE DROIT
Post-Scriptum :
Une autre lettre :
A La Varenne, le 23 février 2010,
Mme Martine Sevegrand
Historienne, membre associée au GSRL (CNRS)
A Madame la Ministre de l'Intérieur, 13 Place Vendôme 75042 Paris cedex
Madame la Ministre,
Je tiens à vous informer que je boycotte les produit israéliens. Je ne veux pas de produits obtenus au prix du sang et du malheur du peuple palestinien.
Comme historienne, je connais bien l'histoire de cette région, le nettoyage ethnique pratiqué par l'État d'Israël, le blocus qui continue d'affamer 1,5 millions de personnes, les confiscations de terre qui se poursuivent encore actuellement en Cisjordanie ainsi que la confiscation de l'eau au profit des colons et au détriment des paysans palestiniens.
Nombre de nos compatriotes en sont conscients, même s'ils n'ont pas toutes les informations que nous avons, vous et moi. Ils ne savent pas, pour la plupart, que le gouvernement français, dans les instances internationales, s'est fait scandaleusement complice de l'atroce guerre israélienne contre Gaza, par exemple en refusant d'approuver le Rapport Goldstone.
Oui, je boycotte les produits israéliens et j'appelle à leur boycott. Je fréquente peu les grandes surfaces mais je ne manque jamais d'examiner les produits et, en faisant mon marché, de faire préciser au commerçant la provenance des produits qu'il me propose et je les boycotte quand ils proviennent d'Israël.
Je tiens à préciser que je n'ai aucun lien familial avec les deux peuples protagonistes du conflit. Je suis d'une famille catholique, heureuse que le concile Vatican II ait rompu avec l'antisémitisme et que Jean-Paul II ait qualifié les juifs de « frères aînés » mais je n'oublie pas non plus le cri de Paul VI à la tribune de l'ONU : Jamais plus la guerre ! »
Devant l'impuissance de la communauté internationale à rétablir la paix entre Israël et les Palestiniens, l'inertie de l'Union Européenne qui ne pense qu'à commercer avec Israël, il ne reste plus aux citoyens épris de JUSTICE qu'à user de leur seule arme, le boycott. Vous reconnaitrez, j'espère, que cette méthode est non-violente. Mais si vous la jugez cependant criminelle, alors faites-moi arrêter (c'est facile) et inculper.
Je ne renoncerai pas à mon engagement pour la JUSTICE qui, seule, peut amener la paix, avec un État palestinien dans les frontières de 1967, débarrassé des colonies israéliennes qui y font obstacle et avec Jérusalem-Est comme capitale.
Veuillez croire, Madame la Ministre, à mes sentiments distingués.
Martine Sevegrand