dimanche 28 février 2010

Judaïsation des lieux saints de l’Islam : Colère palestinienne

publié le samedi 27 février 2010
el Watan
 
La Palestine a appelé, jeudi, à la tenue d’une réunion urgente des ministres arabes des wafqs et des affaires religieuses en vue d’examiner la situation à El Qods, El Khalil et à Beït Lehem (Jérusalem, Hébron et Bethléem)
Comme pour mieux marquer la colère et aussi la résistance palestinienne, le Premier ministre palestinien, Salam Fayyad, a accompli hier la prière hebdomadaire à la mosquée du prophète Ibrahim à El Khalil (Cisjordanie) qu’Israël a décidé d’inclure à son prétendu « patrimoine archéologique ». M. Fayyad a participé à la prière du vendredi à El Khalil pour protester contre la décision du gouvernement israélien d’inclure les mosquées du prophète Ibrahim El Khalil et de Bilel Ben Rabeh au prétendu « patrimoine archéologique d’Israël », dans une tentative de judaïser les lieux saints musulmans. Des affrontements ont éclaté, jeudi, entre les forces d’occupation israéliennes et des Palestiniens qui manifestaient à El Khalil contre cette décision [1].
La Palestine a appelé, jeudi, à la tenue d’une réunion urgente des ministres arabes des wafqs et des affaires religieuses en vue d’examiner la situation à El Qods, El Khalil et à Beït Lehem et prendre les mesures qui s’imposent pour protéger les symboles religieux. Les Palestiniens affirment que ces violations contre les symboles religieux à El Qods témoignent du rejet, par Israël, des négociations et du processus de paix dans le but d’imposer sa position. De son côté, l’OCI (Organisation de la conférence islamique) demande aux institutions internationales d’intervenir auprès d’Israël pour qu’il arrête ce processus de judaïsation.
Le diplomate syrien, Bachar Jaâfari, parlant à la presse au nom des ambassadeurs des pays de l’OCI, a condamné la décision d’Israël, la qualifiant d’« agressive, provocatrice et irresponsable » et précisant que le groupe la considère « nulle et non avenue ». Le groupe appelle toutes les institutions compétentes — ONU, Conseil des droits de l’homme, Unesco et Quartette pour le Proche-Orient — ainsi que les pays dépositaires de la Convention de Genève, à « prendre les mesures urgentes et nécessaires pour contraindre Israël à revenir sur cette décision », a-t-il dit. Les pays de l’OCI appellent le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, à « assumer leurs responsabilités face à cette très sérieuse situation », a ajouté M. Jaâfari.
La ville d’El Khalil est le théâtre de tensions permanentes entre Palestiniens et Israéliens, en raison de la présence de quelque 600 colons au cœur de la cité, tandis que 6500 autres habitent l’implantation de Kyriat Arba, voisine. La décision israélienne a aussi été critiquée par la communauté internationale, les Etats-Unis mettant en garde, jeudi, contre des « actions provocatrices » qui menacent de mettre en péril le processus de paix israélo-palestinien.
[1] voir aussi Serge Dumont dans le Temps :

La décision de l’Etat hébreu* de s’approprier des lieux saints de Cisjordanie choque

La tension entre Israël et l’Autorité palestinienne s’accroît dangereusement en Cisjordanie. Depuis une semaine, des émeutes éclatent quotidiennement à Hébron, à Bethléem et à Naplouse. Des colons circulant sur les routes de Cisjordanie sont de nouveau visés par des jets de cocktails Molotov. Quant à Tsahal (l’armée israélienne), elle a considérablement renforcé son dispositif sur le terrain.
Le caveau des Patriarches
Tout a commencé le 20 février, lorsque Benyamin Netanyahou a annoncé que d’importants subsides seraient dégagés afin de réhabiliter une série de lieux saints juifs situés à l’intérieur d’Israël afin de les inscrire sur une nouvelle liste du patrimoine de son pays. Mais des journaux d’extrême droite associés à des députés nationalistes et au « Yesha » (le lobby des colons) ont lancé une campagne dénonçant le fait qu’aucun lieu saint juif de Cisjordanie ne figurait sur la liste « alors que la Bible en parle ». Dans la précipitation, le chef du gouvernement leur a donc promis que le caveau des Patriarches, situé à Hébron (un lieu saint partagé par des juifs et par des musulmans qui y pénètrent par des entrées différentes), ainsi que la tombe de la matriarche biblique Rachel (Bethléem) seraient inclus dans le programme. « Ce n’est qu’un début », a précisé le premier ministre israélien. « D’au­tres endroits de Judée-Samarie (ndlr : la Cisjordanie) ne seront pas oubliés non plus. »
La décision prise par le gouvernement de l’Etat hébreu a aussitôt provoqué un tollé à Ramallah, où des manifestations spontanées ont eu lieu dès dimanche. De passage à Bruxelles, le président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, a estimé que « le fait accompli » d’Israël pourrait précipiter « une guerre de religion ».
L’indignation des Palestiniens est d’autant plus grande que le quartier de Bethléem où se trouve la tombe de Rachel a été annexé de fait par l’Etat hébreu. Quant au caveau des Patriarches, le plan israélien prévoit la construction d’une route le reliant à Kyriat Arba, la colonie la plus extrémiste de Cisjordanie, située à un kilomètre de distance. Une voie d’accès qui serait bien sûr réservée aux seuls pèlerins juifs.
Le risque d’embrasement est sérieux, car la rue palestinienne s’échauffe, le Hamas de la bande de Gaza appelle ses « frères de Cisjordanie » à un nouveau soulèvement populaire et le Djihad islamique menace de reprendre ses campagnes d’attentats suicides. Quant à la base du Fatah (le parti de Mahmoud Abbas), elle se prépare elle aussi à descendre dans la rue alors que ses dirigeants estiment « que la reprise du processus de paix n’est plus à l’ordre du jour ».
Une situation tendue qui explique sans doute pourquoi la se­crétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, a qualifié la décision israélienne de « provocatrice ». Et pourquoi le président de l’Etat hébreu, Shimon Peres, ainsi que Benyamin Netanyahou tentent de calmer le jeu en évoquant un « malentendu ». Du côté de l’Unesco, sa directrice générale, Irina Bokova, a exprimé « sa préoccupation ». http://www.letemps.ch/Page/Uuid/e8e...
* De l’utilisation des mots :
le terme ’Etat hébreu’ utilisé fréquemment par les médias est pour le moins malencontreux. Il tend à accréditer l’idée -assénée par les autorités israéliennes depuis la création de l’Etat d’Israël- qu’Israël serait un Etat juif (pour les juifs) effaçant d’un mot la réalité historique, politique et humaine des 20 % de citoyens israéliens qui sont des Palestiniens ayant échappé aux massacres et à l’expulsion de 47- 48.
De même le titre de l’article source "Crainte d’une guerre de religion en Israël" est-il particulièrement inapproprié puisque c’est bien de la Palestine occupée qu’il s’agit.(C. Léostic, Afps)
notes : C. Léostic, Afps