jeudi 3 septembre 2009

Les pêcheurs de Gaza souffrent quotidiennement dans l’indifférence générale

Gaza - 02-09-2009
Par Ayman T. Quader
Tous les jours, aux informations, j'entends parler de la souffrance des pêcheurs de Gaza - l'un a été tué, d'autres ont été blessés, et les Israéliens tirent encore sur d'autres. Et je tenais à apporter des précisions sur leur souffrance.
Je me suis rendu au principal port de Gaza. Pendant que j'étais là, j'ai réalisé à quel point la mer et les pêcheurs étaient tristes. Les bateaux sont bloqués au port et les pêcheurs regardent désespérément la mer.



















Les pêcheurs palestiniens ont été constamment harcelés et attaqués par les Israéliens alors qu’ils tentent de gagner leur vie. En outre, ils ont l’interdiction de pêcher au-delà d’une certaine distance du rivage. La distance qui leur est autorisée n’est que de 4.5 km. Malheureusement, lorsqu’ils atteignent cette distance, ils se retrouvent sous les tirs des Israéliens.

Environ 3000 pêcheurs sont au chômage maintenant et vivent une véritable tragédie. La tragédie a commencé avec le blocus total qu’Israël a imposé à la bande de Gaza. Les pêcheurs ont l’interdition de naviguer dans des zones plus profondes et plus poissonneuses, et ils ont été profondément touchés par ces restrictions imposées par la force de la marine israélienne. En effet, ils ont maintenant très peu d’entrées d’argent afin de nourrir leurs familles.

Ismael Kalilo est un pêcheur de Gaza, âgé de 65 ans, qui a passé 50 ans de sa vie sur mer, et vit maintenant dans le camp de la plage. "Je suis totalement content d'être un pêcheur de Gaza, mais je suis complètement exténué par les conditions qui nous sont imposées».

Le vieux pêcheur est aussi père d’un enfant de 8 ans. Je lui ai demandé comment il prenait soin des personnes à sa charge, et comment il les nourrissait: «Personne ne peut plus supporter la situation imposée aux pêcheurs. Il faut aller à la mer et voir à quel point ils souffrent. Nous pêchions pacifiquement avant l’imposition du siège à Gaza, puisque cela nous suffisait pour gagner notre vie. Nous sommes devenus incapables d'assurer nos besoins de base.

Je l’ai interrogé sur sa propre expérience avec les forces de la marine israélienne. Il a respiré profondément, et a montré du doigt son fils avant de nous raconter l'histoire. Ahmed a 24 ans, et est aussi un pêcheur.

«J'étais avec mon bateau il y a un an sur la côte Sudania, au nord de la bande de Gaza", raconte-t’il. «Et à 22h, sans aucun avertissement, le navire israélien a commencé à tirer des missiles sur mon bateau, ou plus exactement sur mon filet. Ils m'ont ordonné de repartir, sans mon filet. J'ai essayé de sauver mon grand filet, qui coûte environ 2000 $, mais ce fut en vain. Alors j’ai été obligé, après être resté en mer de 7h du matin à 22h, de rentrer à la maison, et ils ont pris le filet - y compris avec ce que j'avais pêché. Cela a même augmenté notre tragédie, puisqu’ils ont pris le filet dont nous dépendons tous pour la pêche. "

«Nous traversons une période difficile, et nous souffrons», a déclaré Ismael, alors qu’il m’emmenait voir les balles toujours dans les bateaux, puisque les pêcheurs sont incapables de les faire réparer. «Le siège nous asphyxie depuis près de 3 ans."

Ismael a terminé son entrevue avec moi, en exhortant tous ceux qui se disent humains, qui disent se tenir aux côtés des Palestiniens, de la population assiégée à Gaza, et de prendre leurs responsabilités pour mettre fin à cette souffrance quotidienne.
Traduction : MG pour ISM