jeudi 3 septembre 2009

La « collecte d’organes » israélienne : une nouvelle « diffamation sanglante » ?

Israel - 02-09-2009
Par Alison Weir
La semaine dernière, le quotidien suédois le plus largement diffusé a publié un article renfermant une information choc : des témoignages et des preuves circonstanciées indiquant que des Israéliens ont pu collecter des organes vitaux sur des prisonniers palestiniens sans leur consentement, depuis de nombreuses années.
Mais il y a pire : certaines des informations dont il est fait état dans cet article suggèrent que dans certains cas, des Palestiniens pourraient avoir été capturés précisément à cette fin macabre.


Dans l’article, « Nos enfants ont été pillés de leurs organes », le journaliste chevronné Donald Boström écrit que les Palestiniens « nourrissent de forts soupçons contre Israël, qui aurait capturé des hommes jeunes afin de s’en servir de réserves à organes pour ce pays – c’est là une accusation extrêmement grave, qui pose suffisamment de points d’interrogation pour que la Cour Internationale de Justice diligente une enquête sur d’éventuels crimes de guerre » [1].

Une armée de responsables gouvernementaux israéliens et d’apologistes d’Israël sont immédiatement montés sur leurs grands chevaux, qualifiant tant Boström (le journaliste) que le rédacteur en chef de son journal d’ « antisémites ». Le ministre israélien des Affaires étrangères aurait été « ébahi » par la lecture de cet article, qu’il a qualifié de « pamphlet démoniaque de diffamation sanglante ». Un responsable israélien l’a, quant à lui, qualifié de « pornographie haineuse ».

La revue (juive américaine, ndt) Commentary a écrit que ce reportage n’était « que la partie émergée de l’iceberg de la haine anti-israélienne stipendiée et sponsorisée en Europe ». Beaucoup de commentateurs ont fait le lien entre l’article et les « diffamations sanglantes » moyenâgeuses (ces récits largement réfutés selon lesquels les juifs tuaient des gens afin d’utiliser leur sang dans certains de leurs rituels religieux). Il n’est pas jusqu’à certains auteurs pro-palestiniens qui ne se soient joints à la meute des critiques, exprimant leur scepticisme.

Le fait est, toutefois, que des preuves étayées de trafics et de vols d’organes tant publics que privés, ainsi que des allégations de méfaits encore pires, ont fait l’objet de reportages largement diffusés, depuis des années. Dans un tel contexte, les accusations venues de Suède sont bien plus plausibles qu’en son absence ; elles laissent entendre qu’une enquête pourrait fort bien révéler des informations fracassantes.

Nous citons ci-après quelques exemples d’informations précédentes relatives à cette question.


La première transplantation cardiaque réalisée en Israël

La toute première transplantation cardiaque – historique – réalisée en Israël a consisté à implanter un cœur prélevé sur un patient encore en vie, sans avoir recueilli le consentement (ni d’ailleurs seulement consulté) ses proches.

C’est ainsi qu’en décembre 1968, un homme du nom d’Avraham Sadegat (le New York Times le nomme erronément A. Savgat) [2] est décédé deux mois après une attaque cérébrale, bien qu’il ait été indiqué à ses proches qu’il « allait bien ».

Après avoir, dans un premier temps, refusé de remettre son corps, l’hôpital israélien où cet homme avait été soigné finit par rendre sa dépouille à ses proches. Ceux-ci découvrirent alors qu’il avait la partie supérieure du corps entourée de bandages : chose étrange, pensèrent-ils immédiatement, pour quelqu’un décédé des suites d’une attaque cérébrale…

Ils décidèrent de défaire les bandages. Ils découvrirent alors que la cavité pulmonaire de leur proche avait été bourrée de bandages, et qu’il n’avait plus de cœur.

Sur ces entrefaites, la transplantation cardiaque israélienne, qui occupait toutes unes des journaux, avait été réalisée. Après avoir encaissé le choc, l’épouse et le frère du défunt commencèrent à faire le rapport entre les deux événements, et ils exigèrent des explications.

Au début, l’hôpital a nié que le cœur de M. Sadegat ait été utilisé dans la sensationnelle transplantation cardiaque. Mais la famille a suscité une tempête médiatique, et elle a porté plainte, en fin de compte, contre trois ministres. Enfin, après plusieurs semaines, et après que la famille eut signé un document par lequel elle s’engageait à retirer sa plainte, l’hôpital avoua que c’était bien le cœur de M. Sadegat qui avait été utilisé pour la transplantation.

L’hôpital expliqua qu’il s’était prévalu de la loi israélienne, qui permettait à ce que des organes soient prélevés y compris en l’absence de consentement de la famille [3]. (La Convention des Nations Unies contre le crime transnational organisé inclut l’extraction d’organes dans sa définition de l’exploitation d’êtres humains).

Les soupçons que l’enlèvement du cœur de M. Sedagat ait pu être à l’origine de son décès n’ont fait l’objet d’aucune investigation.


Déclaration du directeur de la médecine légiste au sujet d’organes manquants

Un article publié en 1990 par le Washington Report on Middle East Affairs, intitulé « Autopsies et exécutions », sous la plume de Mary Barrett, fait état de massacres grotesques de jeunes Palestiniens. Il comporte une interview du Dr Hatem Abu Ghazaléh, ancien responsable de la Santé pour la Cisjordanie sous administration jordanienne, et directeur de la médecine légale et des autopsies.

Mary Barrett l’interroge au sujet « de l’anxiété largement répandue au sujet de vols d’organes, qui s’est emparée de Gaza et de la Cisjordanie depuis le début de l’Intifada, en décembre 1987 ».

Voici la réponse du Dr Hatem Abu Ghazaléh :

« Des indications existent que, pour une raison ou une autre, des organes, en particuliers des yeux et des reins, ont été prélevés sur les corps [des jeunes Palestiniens victimes de « Tsahal », ndt] durant la première année, ou un peu plus, de l’Intifada. Les informations à ce sujet étaient tellement nombreuses, et fournies par des personnes tellement crédibles, qu’il est impossible que rien de tel ne se soit passé. Si quelqu’un est abattu d’une balle dans la tête et qu’on ramène son corps chez lui dans un sac en plastique, sans plus aucun organe interne, les gens vont se poser des questions, non ? » [4]


La mystérieuse mort d’un Ecossais

En 1998, un Ecossais, M. Alistair Sinclair, mourait dans des circonstances plus que bizarres, tandis qu’il était en garde à vue à l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv.

Sa famille fut informée de son décès et, d’après un article publié dans J Weekly, « … elle a déclaré qu’il avait fallu à ses membres trois semaines pour réunir les 4 900 dollars nécessaires pour faire rapatrier le corps de M. Sinclair par avion. Le frère d’Alistair a dit que les Israéliens proposaient avec insistance une autre option : enterrer M. Sinclair dans un cimetière chrétien en Israël, pour un coût d’environ 1 300 dollars ».

Mais la famille réussit à réunir l’argent et à rapatrier le corps, après quoi elle demanda qu’il fût autopsié à la Faculté de Médecine de Glasgow. Il s’avéra que le cœur, ainsi qu’un petit os du cou de M. Sinclair manquaient. C’est alors que l’Ambassade de Grande-Bretagne à Tel Aviv porta plainte contre l’Etat d’Israël.

Voici ce qu’écrit le J Weekly :

« Un cœur ayant prétendument appartenu à M. Sinclair fut rapatrié en Grande-Bretagne (suite à cette plainte), gratuitement. James Sinclair voulut que l’Institut Médico-légal israélien prenne financièrement en charge un test à l’ADN afin de confirmer que ce cœur était effectivement celui de son frère. Mais le directeur dudit Institut, le Pr Yehuda Hiss refusa, invoquant le prix, à ses yeux prohibitif, estimé à 1 500 dollars par certaines sources. »

En dépit de requêtes répétées de l’Ambassade britannique de rapports des pathologistes et de la police israéliens, les autorités israéliennes refusèrent de transmettre tout document de ce type [5, 6, 7].


Des responsables du gouvernement israélien soulèvent la question

Le journaliste palestinien Khalid Amayréh écrit, dans un article publié dans CCUN :

« En janvier 2002, un ministre israélien a admis tacitement que des organes prélevés sur les corps de victimes palestiniennes ont pu être transplantés sur des patients juifs, à l’insu de leur famille. »

« Le ministre (israélien) Nessim Dahan a déclaré, répondant à une question d’un député arabe à la Knesseth, qu’il n’était pas en mesure de démentir ni de confirmer que des organes eussent été prélevés sur des jeunes et des enfants palestiniens tués par l’armée israélienne, à des fins de transplantation ou de recherche scientifique.

« Je ne suis pas en mesure de démentir formellement que quelque chose dans le genre ait pu avoir lieu
».

M. Amayréh écrit ensuite que le député à la Knesseth qui avait posé cette question a déclaré « avoir reçu des preuves crédibles démontrant que des médecins de l’institut médico-légal d’Abu Kabir avaient prélevé des organes vitaux tels que le cœur, les reins et le foie, sur les corps de jeunes et d’enfants palestiniens tués par l’armée israélienne dans la bande de Gaza et en Cisjordanie » [8].


Un pathologiste-en-chef israélien licencié pour vol d’organes humains

Durant plusieurs années circulèrent des allégations selon lesquelles le pathologiste le plus en vue d’Israël volait des organes humains. En 2001, la radio nationale israélienne révélait ceci :

« … les parents du soldat Ze’ev Buzgallo, tué dans un accident, lors d’exercices militaires sur les Hauteurs du Golan, sont en train de faire signer une pétition destinée à la Haute Cour de Justice, afin de réclamer la suspension immédiate du Dr Yehuda Hiss et que des charges criminelles soient portées à son encontre. Hiss est le directeur de l’Institut médico-légal d’Abu Kabir. D’après les parents [de Ze’ev Buzgallo], le corps de leur fils a été utilisé pour des expériences médicales sans leur consentement. Or, ces expérimentations avaient été autorisées par le Dr Hiss. » [9]


En 2002, toujours la radio nationale israélienne :

« La révélation de la présence d’organes humains stockés illégalement à l’Institut médico-légal d’Abu Kabir a amené le député à la Knesseth Anat Maor, président de la Commission des Sciences, à exiger la suspension immédiate du directeur, le Professeur Yehuda Hiss. »

La mort d’Alistair Sinclair avait déjà alerté les autorités quant à la malfaisance de Hiss en 1998. Toutefois, rien n’avait été fait, pendant des années. La revue The Forward a écrit, à ce sujet :

« En 2001, une enquête diligentée par le ministère israélien de la Santé a démontré que Hiss était impliqué depuis des années dans le prélèvement d’organes tels que des jambes, des ovaires et des testicules, sans autorisation des proches, lors d’autopsies, et qu’il vendait ces organes à des écoles de médecine, où ils servaient dans le cadre des enseignements. Il avait été nommé pathologiste en chef en 1988. Hiss n’avait jamais été accusé d’un quelconque crime. Mais en 2004, il avait dû renoncer à diriger la morgue nationale, à la suite d’années de plaintes à son encontre. » [10]


Récolte de reins dans des populations indigentes

D’après The Economist, un racket de reins a été florissant en Afrique du Sud, entre 2001 et 2003. « Les donateurs étaient recrutés au Brésil, en Israël et en Roumanie, avec des offres allant de 5 000) 20 000 dollars : visite de Durban et don de rein tout compris… Les 109 receveurs, presque tous Israéliens, payèrent chacun jusqu’à 120 000 dollars leur « séjour transplantation » ; ils prétendirent qu’ils étaient parents des donneurs et qu’il n’y avait eu aucun transfert financier. » [11]

En 2004, une commission parlementaire brésilienne indiquait qu’ « au minimum trente Brésiliens avaient vendu leurs reins à un réseau international de trafic d’organes humains, pour des transplantations réalisées en Afrique du Sud, Israël fournissant l’essentiel du financement. »

D’après une dépêche de l’Inter Press Service (IPS) : « Les receveurs étaient principalement des Israéliens. Ceux-ci perçoivent des remboursements de la sécurité sociale israélienne allant de 70 000 à 80 000 dollars pour des procédures médicales vitales effectuées à l’étranger. »

L’agence IPS poursuit :

Les [« donneurs »] brésiliens étaient recrutés dans les quartiers les plus déshérités du Brésil, on les payait 10 000 dollars pour un rein, mais, « tandis que l’ « approvisionnement » s’accroissait, ces paiements diminuaient, jusqu’à tomber aussi bas que les 3 000 dollars. » Ce trafic avait été organisé par un officier de police israélien à la retraite, qui a indiqué « ne pas avoir pensé qu’il commettait un délit, étant donné que la transaction elle-même était considérée légale par le gouvernement de son pays, Israël ».

L’ambassade d’Israël [au Brésil, ndt] a publié un communiqué niant toute participation du gouvernement israélien à un trafic illégal d’organes humains, tout en indiquant que les citoyens israéliens, dans certains cas d’urgence, peuvent subir une transplantation d’organe à l’étranger « de manière légale et conformément aux normes internationales en vigueur », avec le soutien financier de leur assurance médicale.

Toutefois, l’agence IPS rapporte que le président de la commission avait qualifié la position israélienne d’ « anti-éthique », à dire le moins, ajoutant qu’un trafic ne peut voir le jour sur une échelle étendue que dès lors qu’existe une source importante de financement, telle que le système de santé israélien. Il a poursuivi, affirmant que les ressources fournies par le système de santé israélien avaient été « un facteur déterminant » dans l’entrée en fonctionnement de ce réseau [de trafic d’organes] [12].


Quand le chef d’un hôpital de Tel Aviv fait la promo du trafic d’organes…

A nouveau, l’agence IPS rapporte ce qui suit :

« Nancy Scheper-Hughes, qui dirige le projet Organs Watch [de lutte contre le trafic d’organes humains, ndt] à l’université d’Etat de la Californie (Berkeley), a attesté devant la commission législative du Pernambouc qu’un trafic international d’organes humains avait commencé douze ans auparavant, qui avait été mis sur pied par Zacki Shapira, ancien directeur d’un hôpital de Tel Aviv.

« Shapira a effectué plus de trois-cents transplantations rénales, accompagnant, dans certains cas, ses patients à l’étranger, par exemple, en Turquie. Les receveurs sont des gens très aisés, ou disposant d’une très bonne assurance santé, et les « donneurs » sont des gens extrêmement pauvres d’Europe orientale, des Philippines et d’autres pays en voie de développement, a indiqué Mme Schper-Hugues, spécialiste d’anthropologie médicale. »


Israël poursuit des trafiquants d’organes

En 2007, le quotidien israélien Ha’aretz indiquait que deux hommes avaient avoué « avoir œuvré à persuader des Arabes de Galilée et du centre d’Israël, qui étaient handicapés mentaux ou souffraient de graves pathologies mentales, de se faire prélever un rein contre paiement », après quoi, ces deux hommes refusaient de payer les « donneurs ».

L’article rapportait que ces deux hommes faisaient partie d’un cercle criminel comportant un chirurgien israélien. D’après l’acte de mise en examen, ce chirurgien vendait les reins qu’il récoltait entre 125 000 et 135 000 dollars [13].

Déjà, un peu auparavant, la même année, un autre quotidien israélien, The Jerusalem Post, avait écrit que dix membres d’un cercle de contrebandes d’organes israélien visant des Ukrainiens avaient été arrêtés [14].

Dans le cadre d’une autre affaire, toujours en 2007, le Jerusalem Post faisait savoir que « le professeur Zaki Shapira, un des chirurgiens israéliens en vue dans le domaine des transplantations, avait été arrêté en Turquie, sur des suspicions d’implication dans un cercle de trafic d’organes. D’après l’article, les transplantations étaient arrangées en Turquie, et elles avaient lieu dans des cliniques privées d’Istanbul. »


Le trafic israélien d’organe serait-il arrivé aux Etats-Unis ?

En juillet de cette année (2009, ndt), il n’est pas jusqu’aux médias américains qui n’eussent fait état de l’arrestation récente d’un certain Levy Yitzhak Rosenbaum, originaire de Brooklyn, par des policiers fédéraux, dans une grande rafle anti-corruption effectuée dans l’Etat du New Jersey, qui visait des maires, des hauts fonctionnaires et un certain nombre de rabbins éminents. Boström [le journaliste suédois, ndt] ouvre son article sur cet incident.

D’après la plainte du procureur fédéral, Rosenbaum, qui entretient des relations étroites avec Israël, a déclaré être impliqué dans la vente illégale de reins depuis dix ans. Un avocat général des Etats-Unis a expliqué : « Son business consistant à inciter des personnes vulnérables à renoncer à un de leurs reins pour 10 000 dollars, alors que le même rein serait vendu à hauteur de 160 000 dollars ». [15]

Il s’agit sans doute là de la première mention d’un trafic d’organes international avec des ramifications aux Etats-Unis.

L’anthropologue et expert du commerce d’organes humains de l’Université de Californie Nancy Scheper-Hughes, qui avait informé le FBI sur le cas de Rosenbaum, voici sept ans de cela, dit qu’elle a eu vent d’informations selon lesquelles il aurait menacé des « donateurs » en leur braquant le canon de son revolver sur la tempe, afin de s’assurer qu’ils donneraient effectivement suite à leur accord de « faire don » d’un de leurs organes [16].


La pénurie de donneurs en Israël

Israël se distingue par un nombre extraordinairement faible de donneurs d’organes volontaires. D’après le site ouèbe Ynet (du quotidien israélien Yediot Ahronot), « le pourcentage d’organes faisant l’objet d’un don chez les juifs est plus faible que tous ceux enregistrés dans les autres groupes ethniques… Dans les pays occidentaux, près de 30 % de la population est porteur d’une carte de donateur. En Israël, en revanche, 4 % seulement de la population possède de telles cartes. [17].

« D’après les statistiques du site ouèbe du ministère israélien de la Santé, en 2001, 88 Israéliens sont morts dans l’attente d’une transplantation en raison du manque d’organes disponibles. La même année, 180 Israéliens furent (pourtant) en état de mort cérébrale, et leurs organes auraient pu être utilisés à des fins de transplantation. Mais les proches de seulement 80 d’entre eux ont consenti au don de leurs organes. »

D’après Ynet toujours, ce faible pourcentage de donateurs est dû à des « raisons religieuses ». En 2006, l’on assista à un tollé, un hôpital israélien connu pour sa stricte observance des lois juives ayant procédé à une transplantation utilisant un donneur israélien. La semaine d’avant, « un incident similaire s’était produit, mais le patient n’étant pas juif, cela était passé inaperçu. » [18, 19].

L’article suédois indique qu’ « Israël est sans cesse exposé à des tirs à boulets rouges en raison de son absence d’éthique en matière d’organes humains et de transplantations. La France fait partie des pays qui ont cessé toute collaboration dans ce domaine avec Israël, dans les années 1990. Le quotidien Jerusalem Post écrit que « l’on s’attend à ce que les autres pays européens suivent très bientôt l’exemple de la France ».

« La moitié des reins ayant été transplantés sur des Israéliens depuis le début des années 2000 ont été achetés illégalement en Turquie, en Europe orientale ou en Amérique latine. Les autorités sanitaires israéliennes sont parfaitement au courant de ce business, mais elles ne font strictement rien pour y mettre un terme. Lors d’une conférence consacrée à ce sujet en 2003, il a été démontré qu’Israël est le seul pays occidental (sic !) dont la profession médicale ne condamne pas le trafic illégal d’organes humains. Ce pays n’adopte aucune mesure juridique contre les médecins prenant part à ce business illégal – au contraire, les chefs de service des plus grands hôpitaux israéliens sont impliqués dans l’immense majorité des transplantations extrajudiciaires, indique le quotidien suédois Dagens Nyeheter du 5 décembre 2003 ».

Afin de combler ce déficit en organes, l’ex-Premier ministre israélien Ehud Olmert, qui était à l’époque ministre de la Santé, avait organisé une grande campagne d’incitation aux dons, en été 1992, mais même si le nombre des donneurs avait connu une croissance impressionnante, les besoins continuaient à outrepasser grandement le nombre d’organes disponibles.


Augmentation des disparitions de Palestiniens

Boström, qui avait décrit tout cela dans son livre Inshallah publié en 2001 [20], écrit, dans son récent article retentissant :

« Alors que cette campagne incitative se déroulait, de jeunes hommes commencèrent à disparaître, dans des villages de Cisjordanie et de la bande de Gaza. Cinq jours après leur disparition, des soldats israéliens les ramenaient dans leur famille, sans vie et le corps ouvert du pubis au menton.

« Parler de ces corps, cela terrorisait les habitants des territoires (palestiniens) occupés. Des rumeurs circulaient d’une augmentation dramatique des disparitions de jeunes hommes, auxquelles faisaient suite des enterrements nocturnes de corps autopsiés. »

« A l’époque, j’étais dans la région ; je travaillais à un livre. A plusieurs occasions, j’ai été approché par des personnels de l’Onu, préoccupés par ce qu’il se passait. Les personnes qui m’ont contacté m’ont dit que des vols d’organes avaient lieu, c’était une certitude, mais qu’eux-mêmes étaient dissuadés de faire quoi que ce fût à ce sujet. Chargé d’une mission par une radio, j’ai alors voyagé partout, interviewant un grand nombre de familles palestiniennes en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, et rencontrant des parents qui m’ont expliqué que leurs enfants avaient subi l’exérèse de leurs organes avant d’être tués. »

Il décrit le cas de Bilal Ahmad Ghanan, âgé de dix-neuf ans, abattu par l’armée israélienne qui investissait son village.

« La première balle l’atteignit à la poitrine. D’après les villageois témoins de la scène, on lui a ensuite tiré une balle dans chaque jambe. Deux soldats israéliens ont alors dévalé en courant une pente, depuis un atelier de charpentier, tirant une balle dans l’estomac de Bilal. Enfin, ils l’ont tiré par les pieds, jusqu’en haut d’un escalier de vingt marches conduisant à l’atelier… Les soldats israéliens ont ensuite chargé Bilal, grièvement blessé, dans une jeep, et ils l’ont emmené à l’extérieur du village, où un hélicoptère de l’armée de l’air attendait. Le garçon fut emmené par cet hélicoptère vers une destination que sa famille ignorait. »

Cinq jours après, on le ramena, « mort et enveloppé dans un drap d’hôpital, de couleur verte ». Boström rapport que tandis que le corps était descendu dans la tombe, sa poitrine se découvrit, et les témoins virent qu’il avait été grossièrement recousu de l’estomac à la tête. Boström écrit que ce n’était pas la première fois que des gens voyaient une telle chose.

« Les familles de Cisjordanie et de Gaza (que j’ai interviewées) avaient la quasi-certitude de savoir précisément ce qu’il s’était passé : « Nos enfants sont utilisés comme des donneurs d’organes non-volontaires », m’ont ainsi dit des proches de Khaled, originaires de Naplouse, ainsi que la mère de Raed, de Jénine, et les oncles de Mahmoud et de Nafes, de Gaza, qui, tous, avaient disparu un certain nombre de jours, pour n’être ramenés chez eux que nuitamment, morts et autopsiés ».


Pourquoi des autopsies ?

Boströme relate les questions lancinantes que se posaient les familles :

« Pourquoi gardent-ils les corps jusqu’à des cinq jours avant de nous laisser les enterrer ? Qu’est-il arrivé à ces corps, durant tout ce temps ? Pourquoi procèdent-ils à des autopsies, contre notre volonté, dès lors que la cause du décès est évidente ? Pourquoi rendent-ils les corps uniquement de nuit ? Pourquoi le font-ils avec une escorte militaire ? Pourquoi toute la zone est-elle interdite, durant l’enterrement ? Pourquoi coupent-ils l’électricité ?»

La réponse d’Israël consistait à dire que tous les Palestiniens tués étaient autopsiés ; question de routine. Toutefois, Boström fait observer que sur les 133 Palestiniens tués cette année-là, « seuls » 69 d’entre eux avaient fait l’objet d’une telle autopsie.

Il poursuit :

« Ce que nous savons c’est qu’Israël a un grand besoin d’organes et qu’il y a un vaste commerce illégal d’organes qui fonctionne depuis fort longtemps aujourd’hui, que les autorités israéliennes sont au courant et que les médecins occupant des fonctions de gestion dans les grands hôpitaux israéliens y participent, ainsi que des fonctionnaires, à divers niveaux. Nous savons aussi que des jeunes hommes palestiniens ont disparu, que leurs corps ont été restitués à leur famille au bout de cinq jours, de nuit, dans des conditions draconiennes de secret, grossièrement recousus après avoir été ouverts du pubis au menton.

« Il est plus que temps de faire la lumière sur ce business macabre, de braquer les projos sur ce qu’il est en train de se passer et sur ce qu’il s’est passé dans les territoires (palestiniens) occupés par Israël depuis le début de l’Intifada » [21].


Sommes-nous en présence de la « diffamation sanglante » édition 2009 ?

Lorsqu’on passe en revue les réactions à l’article de Boström, l’on est frappé par la multitude d’accusations selon lesquelles cet article serait une nouvelle version de la vieille « diffamation sanglante » antisémite. Ceci étant, il est intéressant d’examiner un ouvrage publié en 2007 par un éminent expert dès histoire médiévale juive, et ce qu’il lui est advenu…

L’auteur est Ariel Toaff, professeur à l’université Bar-Ilan (et rabbin). Il est le fils d’un ancien grand rabbin de Rome, un chef religieux si célèbre qu’un journaliste israélien a écrit que le père de Toaff « est à la juiverie italienne ce que la Tour Eiffel est à Paris ». Ariel Toaff est lui-même considéré comme « un des plus grands spécialistes de son domaine » [22-23].

En février 2007, les médias israéliens et les médias italiens débordaient (mais la plupart des médias américains ont peu ou prou négligé cette polémique) d’informations selon lesquelles le Professeur Toaff avait écrit un ouvrage intitulé « Pasque di Sangue » [Pâque Sanglante] [24] renfermant des preuves qu’il y a bien «une base factuelle à certaines des diffamations sanglantes contre les juifs, au Moyen Age ».

En se fondant sur trente-cinq années de recherches, Toaff était parvenu à la conclusion qu’il y a bel et bien eu quelques cas réels [de crimes rituels juifs, ndt], et possiblement un nombre non négligeable de ces incidents.

Dans une interview accordée à un quotidien italien (l’ouvrage avait été publié en Italie), Toaff dit :

« Mes recherches montrent qu’au Moyen Age, un groupe de juifs fondamentalistes ne respectait pas l’interdit biblique et utilisait du sang à des fins thérapeutiques. Il ne s’agit que d’un petit groupe particulier de juifs, qui appartenaient à des communautés qui avaient souffert des persécutions les plus graves durant les Croisades. De ce traumatisme est né une passion pour la revanche, qui, dans certains cas, a conduit à des rétorsions telles que l’assassinat rituel d’enfants chrétiens » [25, 26].

Le Professeur Toaff fut immédiatement attaqué de toutes parts, il fut notamment l’objet de pressions orchestrées par le président de l’Anti-Defamation League Abe Foxman. Mais il tint bon sur ses positions et sur les résultats de ses trente-cinq années de recherches, annonçant :

« Je ne renoncerai pas à ma dévotion à la vérité et aux libertés académiques, même si le monde entier me crucifiait… Personne ne doit avoir peur de dire la vérité. »

Peu après, toutefois, sous des pressions publiques et privées incessantes, Toaff se parjurait, retirait son livre de la vente et promettait de donner tous les bénéfices qu’il en avait retirés (le livre s’était vendu comme des petits pains) à l’Anti-Defamation League de Foxman. Un an plus tard, il en publiait une « version révisée » [27].

L’expérience que traverse Donald Boström semble une redite de ce que le Professeur Toaff a subi : calomnies, vitupérations et diffamation. Boström a reçu des menaces de mort ; sans doute une expérience vécue par le Professeur Toaff, lui aussi.

Si Israël est innocent de ces accusations de pillage d’organes, ou si sa culpabilité est considérablement moindre que ce que suggèrent Boström et d’autres auteurs, il devrait accueillir avec soulagement des enquêtes honnêtes qui l’exonéreraient certainement de tout méfait. Mais ce à quoi nous assistons, c’est le contraire : le gouvernement israélien et ses thuriféraires s’activent à étouffer dans l’œuf tout débat et à écraser ceux dont ils considèrent manifestement menaçantes tant les questions que les déductions.

Au lieu de se plier aux demandes d’enquête, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu exige du gouvernement suédois qu’il rejette son engagement à respecter la liberté de la presse et condamne cet article. Le bureau de presse israélien, apparemment en représailles et afin d’empêcher toute enquête supplémentaire, refuse d’accorder des cartes de presse aux reporters des journaux qu’il estime « offensants ».

Exactement comme dans les précédents des ravages perpétrés à Jénine, de l’attaque délibérée contre le navire de guerre américain USS Liberty, du massacre de Gaza, de l’écrasement de la militante pacifiste américaine Rachel Corrie sous les roues d’un bulldozer, des tortures infligées à des citoyens américains et d’une multitude d’autres occurrences, Israël se sert de ses ressources considérables et mondiales afin de faire obstacle à l’investigation.

Même avec beaucoup de bonne volonté, il est difficile d’en conclure qu’il n’a rien à cacher.


Notes de lecture :

[1] Il en existe deux traductions ; cet article utilise la traduction en anglais de cet article (ci-dessous) :
http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=8390&lg=en
L’article original, en suédois, paru dans Aftonbladet : http://www.aftonbladet.se/kultur/article5652583.ab

[2] New York Times, 3 février 1969, p. 8, colonne 6 (53 mots)

[3] http://www.haaretz.com/hasen/spages/1046041.html
40 years after Israel's first transplant, donor's family says his heart was stolen By Dana Weiler-Polak, Haaretz Correspondent, Dec. 14, 2008

[4] http://www.wrmea.com/backissues/0490/9004021.htm
Washington Report on Middle East Affairs, April 1990, Page 21, The Intifada: Autopsies and Executions.

[5] http://www.jweekly.com/article/full/9384/bizarre-death-of-scottish-tourist-involves-suicide-missing-heart/
October 30, 1998,Bizarre death of Scottish tourist involves suicide, missing heart by NETTY C. GROSS, Jerusalem Post Service.

[6] http://www.forward.com/articles/112915/
The Forward, Illicit Body-Part Sales Present Widespread Problem, By Rebecca Dube, Aug. 26, 2009.

[7] http://www.mail-archive.com/ctrl@listserv.aol.com/msg114437.html
Masons, Muslims, Templars, Jews, Henry and Dolly.

[8] http://ccun.org/Opinion%20Editorials/2009/August/20%20o/Israeli%20Murdering%20of%20Palestinians%20for%20their%20Organs%20By%20Khalid%20Amayreh.htm>
Al-Jazeerah: Cross-Cultural Understanding, Khalid Amayreh, August 20, 2009

[9] http://www.israelnationalnews.com/News/Flash.aspx/12699

[10] http://www.forward.com/articles/112915/
Forward, Illicit Body-Part Sales Present Widespread Problem, By Rebecca Dube, August 26, 2009.

[11] http://www.economist.com/world/international/displaystory.cfm?story_id=12380981
The Economist, Organ transplants: The gap between supply and demand, Oct. 9, 2008

[12] http://ipsnews.net/news.asp?idnews=22524
BRAZIL: Poor Sell Organs to Trans-Atlantic Trafficking Ring
By Mario Osava, IPS, Feb. 23, 2004

[13] http://www.haaretz.com/hasen/spages/935092.html
Haaretz, Two Haifa men sentenced to jail for organ trafficking, By Fadi Eyadat, Dec. 18, 2007

[14] http://www.jpost.com/servlet/Satellite?cid=1184766040398&pagename=JPost%2FJPArticle%2FShowFull
Police uncover illegal organ trade ring
By REBECCA ANNA STOIL, July 23, 2007.

[15] http://www.thestar.com/news/world/article/671687
Sting rocks U.S. transplant industry, David Porter, Carla K. Johnson, ASSOCIATED PRESS, july 25, 2009.

[16] http://www.haaretz.com/hasen/spages/1102799.html
U.S. Professor: I told FBI about kidney trafficking 7 years ago
By Natasha Mozgovaya, Haaretz Correspondent, August, 3, 2009.

[17] http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-3388529,00.html
A mitzvah called organ donation, Efrat Shapira-Rosenberg, 10.6.07.

[18] http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-3265889,00.html
Orthodox in uproar over organ donation incident, Neta Sela, 06.22.06

[19] http://www.israelshamir.net/English/Body_Snatchers.htm
The Return of the Body Snatchers, By Israel Shamir

L’écrivain israélien Israel Shamir rapporte que, voici de cela quelques années… « un rabbin shabad en vue, Yitzhak Ginzburgh http://www.israelshamir.net/English/blood.htm , a accordé sa permission à un juif de prélever le foie d’un non-juif, même sans sa permission. Il a dit : « Un juif est en droit d’extraire le foie d’un goy s’il en a besoin, car la vie d’un juif a plus de valeur que celle d’un goy, de la même manière que la vie d’un goy a plus de valeur que celle d’un animal. »

[20] http://www.bokus.com/b/9789170370939.html

[21] http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=8390&lg=en

[22] http://www.haaretz.com/hasen/spages/829381.html
Ha’aretz. The Wayward Son, by Adi Schwartz, March 1, 2007.

[23] http://www.haaretz.com/hasen/spages/824152.html
Ha’aaretz, Bar-Ilan to order professor to explain research behind blood libel book By Ofri Ilani, Haaretz Service and The Associated Press, Feb 11, 2007.

[24] http://www.bloodpassover.com/toafftableofcontents.htm

[25] http://haaretz.com/hasen/spages/824152.html
Haaretz, Bar Ilan to order professor to explain research behind blood libel book, by Ofri Hani, Feb. 11, 2007.

[26] De précédents ouvrages contenant des informations sur le judaïsme médiéval et le judaïsme contemporain, dont certaines sont d’un intérêt tout particulier pour le débat autour des prélèvements d’organes, ainsi que sur l’étouffement largement répandu de telles informations, ont été publiés il y a de cela quelques années, également par un universitaire israélien, Israel Shahak, au sujet duquel Noam Chomsky a pu écrire : « Shahak est un chercheur hors de pair, il a une profondeur de vues et une culture remarquables. Son œuvre est étayée et pénétrante, c’est une contribution d’une très grande valeur ». De cet auteur, nous encourageons nos lecteurs à lire dans leur intégralité les ouvrages suivants : “Jewish History, Jewish Religion, The Weight of Three Thousand Years” et Jewish Fundamentalism in Israel” (coécrit avec le Professeur Norton Mezvinsky).

[27] http://www.haaretz.com/hasen/spages/957357.html
Ha’aretz, 'Historian recants theory that Jews killed Christian child in ritual murder,' By Adi Schwartz, Feb 24, 2008.
Traduction : Marcel Charbonnier