jeudi 13 mars 2014

Israël s’acharne sur Gaza après la pluie de roquettes du Jihad islamique

Le mouvement radical palestinien Jihad islamique a tiré hier des dizaines de roquettes sur Israël en représailles après la mort de trois de ses combattants mardi par un raid aérien israélien dans la bande de Gaza après avoir tiré au mortier sur des troupes israéliennes à la frontière.
Au total, « 41 roquettes ont touché Israël, cinq sont tombées dans des zones habitées et trois ont été interceptées par le système de défense Iron Dome », a indiqué l'armée israélienne dans un communiqué peu avant 23h heure locale. « Il s'agit de la plus importante attaque à la roquette de la bande de Gaza depuis l'opération Pilier de défense » (14-21 novembre 2012) dans le territoire palestinien gouverné par le mouvement islamiste Hamas, a-t-elle souligné. Des milliers d'Israéliens habitant la région ont dû se réfugier dans les abris, selon l'armée israélienne, affirmant que le Hamas était « responsable des attaques venant de la bande de Gaza ».
En représailles, des raids aériens israéliens ont visé dans la soirée des positions de la branche armée du Jihad islamique, les Brigades al-Qods, ainsi que de celle du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, dans le nord et le sud de la bande de Gaza, selon des témoins. L'armée israélienne a affirmé avoir frappé « 29 sites terroristes dans la bande de Gaza ». Selon des sources de sécurité palestiniennes, les activistes du Hamas, y compris les combattants de sa branche armée, avaient évacué dans la soirée toutes leurs bases avant les bombardements. Auparavant, alors que des pluies violentes gênaient les capacités d'action de l'aviation, des chars israéliens à la frontière avaient tiré sur deux positions. Les premières informations n'ont fait état d'aucune victime, ni d'un côté ni de l'autre.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a promis de « continuer à frapper ceux qui veulent nous faire du mal », assurant qu'Israël « agirait contre eux de manière très forte », selon un de ses porte-parole. « S'il n'y a pas de tranquillité dans le Sud (d'Israël), il y aura du bruit à Gaza, et c'est un euphémisme », a averti M. Netanyahu.
Le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman a prôné « la réoccupation entière de la bande de Gaza », évacuée unilatéralement par Israël en 2005 et tombée aux mains du Hamas en juin 2007. Et en rétorsion, le ministre de la Défense Moshé Yaalon a fermé jusqu'à nouvel ordre les points de passage de Kerem Shalom et Erez, à la frontière avec Gaza, sauf pour les cas humanitaires.
En visite officielle en Israël pour la première fois en tant que Premier ministre britannique, David Cameron a « totalement condamné les attaques de Gaza », les qualifiant de « barbares », selon un communiqué de la présidence israélienne, car « visant les populations civiles ». Le département d'État américain a également condamné les tirs de roquettes, qualifiées d'« attaques terroristes » et réaffirmant « le droit d'Israël à se défendre ».
« Menace interne pour le Hamas »
« Le Jihad islamique ne souhaitait pas une escalade, mais Israël a commis de nombreuses violations de la trêve (depuis novembre 2012), au point de renier son engagement de cesser sa politique d'assassinats », a déclaré un porte-parole du mouvement, Daoud Chihab, en référence à des attaques contre des dirigeants palestiniens depuis le début de l'année. « Les Brigades al-Qods ont riposté à l'agression par une salve de roquettes », a affirmé la branche armée du Jihad islamique, assurant en avoir tiré au moins 130. « Les Brigades al-Qods se sont engagées à respecter la trêve, mais elle doit être respectée au même titre par l'ennemi. »
Le gouvernement du Hamas a, lui, rejeté sur Israël la responsabilité des tensions : « Nous faisons porter à l'occupant la responsabilité de l'escalade et mettons en garde contre les conséquences », a indiqué son porte-parole, Ihab al-Ghussein, affirmant « le droit du peuple palestinien à se défendre ». Le Hamas a toutefois appelé « la résistance palestinienne et ses branches militaires à agir sur le terrain à bon escient, avec intelligence et professionnalisme, afin d'éviter de faire couler le sang de notre peuple et protéger ses intérêts ».
Dans un récent rapport, les chefs de mission de l'Union européenne (UE) à Jérusalem-Est et à Ramallah soulignent que « le Jihad islamique en Palestine continue à représenter la menace interne la plus puissante pour le Hamas, à la fois politiquement et militairement », grâce notamment à la poursuite du financement iranien.