jeudi 13 mars 2014

Circulaire Alliot-​​Marie : lettre ouverte de Taoufiq Tahani

Madame la Ministre,
Depuis des mois, vous le savez, des hommes et des femmes sont tra­duits devant les tri­bunaux de notre pays pour avoir appelé, sous diverses formes, au boycott de pro­duits israé­liens, ou issus des colonies israé­liennes, pour pro­tester contre les vio­la­tions du droit dont cet Etat se rend coupable.
C’est Michelle Alliot-​​Marie le 12 février 2010, suivie en cela par Michel Mercier à la veille même de votre entrée en fonc­tions, qui a, dans une lettre-​​circulaire adressée aux par­quets, appelé à uti­liser la loi de 1881 sur la presse pour engager de telles pour­suites au motif que l’appel au boycott relè­verait de la pro­vo­cation « à la dis­cri­mi­nation, à la haine ou à la vio­lence à l’égard d’une per­sonne ou d’un groupe de per­sonnes en raison de leur origine ou de leur appar­te­nance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée ».
Madame le Ministre, vous avez été alertée dès votre prise de fonc­tions et à de nom­breuses reprises sur ce qui pour des démo­crates de bonne foi relève d’une assi­mi­lation gros­sière et ignominieuse.
Vous-​​même, ques­tionnée à ce sujet à plu­sieurs reprises, avez répondu qu’il y avait là une inter­pré­tation de la loi qui pouvait être consi­dérée abusive, et que le boycott en lui-​​même était « une pra­tique mili­tante reconnue ». C’est du moins ce que nous en avons compris et venant d’une ancienne mili­tante anti apar­theid, cela ne nous a évi­demment pas surpris.
La cam­pagne inter­na­tionale Boycott Dés­in­ves­tis­sement Sanc­tions initiée en 2005 par 172 orga­ni­sa­tions de la société civile pales­ti­nienne n’avait d’autre but que de faire changer la poli­tique de l’Etat d’Israël et de l’amener à res­pecter le droit inter­na­tional. Il est donc logique qu’elle se déve­loppe aujourd’hui à travers le monde en réponse à la fuite en avant agressive des diri­geants israé­liens. Nul ne peut s’en étonner : de plus en plus nom­breux sont, de par le monde, ceux que révolte cette poli­tique et qui se font un devoir de chercher à s’y opposer, sans se laisser inti­mider par des amal­games indignes. Nous sommes quant à nous fon­da­men­ta­lement des anti­ra­cistes et ne per­mettons à per­sonne d’utiliser à des fins troubles la juste colère que soulève la pour­suite obs­tinée de la colo­ni­sation et de l’occupation de la Palestine.
C’est pourquoi, avec celles et ceux qui se mobi­lisent pour le droit des peuples au nom d’une exi­gence poli­tique et morale, je vous demande, Madame la Ministre, de faire savoir que ces cir­cu­laires scan­da­leuses sont désormais caduques.
Je vous prie de croire, Madame la Ministre, en ma respectueuse considération.
Taoufiq Tahani Président de l’Association France Palestine Solidarité
http://www.france-palestine.org