vendredi 29 avril 2011

L’Égypte réaffirme son rôle dans la réconciliation palestinienne

Palestine occupée - 29 avril 2011
Par Khaled Amayreh
En dépit de ses préoccupations en matière d'affaires intérieures suite à la révolution égyptienne qui a renversé le vieux dictateur Hosni Moubarak, l’Égypte réaffirme son rôle central dans les efforts de réconciliation palestinienne. La direction intérimaire égyptienne a rencontré des dirigeants palestiniens représentant l'Autorité palestinienne (AP), le Hamas et d'autres factions importantes. L'ambassadeur égyptien auprès de l'AP, Ahmed Othman, a réfuté cette semaine des assertions selon lesquels l’Égypte était trop occupée à gérer ses affaires intérieures pour s'impliquer dans la lourde tâche de restauration de l'unité nationale palestinienne. "L’Égypte a discuté avec toutes les factions palestiniennes et a l'intention de redoubler d'efforts pour les convaincre de mettre fin à la division une bonne fois pour toutes," a-t-il dit.
L’Égypte réaffirme son rôle dans la réconciliation palestinienne
Moussa Abu Marzouk, chef de la délégation Hamas, et Azzam al-Ahmad, vice-président du bureau politique du Fatah et membre du comité central, au Caire le 28 avril (photo AFP)
Othman a ajouté que le résultat des efforts égyptiens dépendait en fin de compte de la volonté des Palestiniens d''en finir avec les divisions et de restaurer l'unité nationale. "Ce dont nous avons réellement besoin pour parvenir au résultat escompté, c'est d'efforts concertés," a-t-il dit.
Selon des sources dans la Bande de Gaza, des préparatifs sont en cours pour une visite au Caire d'Ismail Haniyeh, premier ministre du gouvernement dirigé par le Hamas à Gaza. Ces sources ont souligné que la question n'était pas si, mais quand la visite aurait lieu. "Les tabous qui empêchait la visite d'Haniyeh au Caire sous l'ère Moubarak sont tombés. Le Caire n'a pas d'objection à la visite, sur le principe, comme c'était le cas lorsque Moubarak était au pouvoir. Moubarak craignait de fortes réactions israéliennes et ne voulaient pas incommoder les Américains. Mais aujourd'hui, la nouvelle direction au Caire se fiche de ce qu'Israël et ses alliés pensent de la manière dont l’Égypte traite avec le Hamas," a dit Ahmed Youssef, ancien conseiller politique d'Haniyeh.
Outre la question principale, la réconciliation palestinienne, les dirigeants égyptiens devraient discuter de la coopération sécuritaire avec le Hamas, la lutte contre le terrorisme et le contrôle des frontières. Haniyeh a l'intention de soulever une foule d'autres questions avec ses interlocuteurs égyptiens, dont les importations de carburant et d'électricité égyptiens, ainsi que la facilitation des déplacements par le passage de Rafah.
"Haniyeh voudrait sortir son peuple de la griffe d'Israël. Comme vous le savez, Israël a pris en otage, avec cruauté, les 1,6 million de Gazaouis," a dit un porte-parole du gouvernement islamique à Gaza.
Il est largement admis que l’Égypte est maintenant plus réceptive aux griefs des Palestiniens de la Bande de Gaza, découlant principalement des quatre années de blocus de l'enclave côtière après que le Hamas ait expulsé les forces de l'AP en 2007.
Tous les efforts visant à combler le fossé entre le Hamas et le Fatah ont échoué à cause de toute une série de facteurs, dont la méfiance mutuelle, l'intervention étrangère et les différences politiques et idéologiques. Les deux groupes ont également cherché à réprimer les partisans et les sympathisants de l'autre groupe dans leurs zones respectives de contrôle.
Israël et les États-Unis ont mis en garde, à maintes reprises, le régime de l'AP basé à Ramallah contre tout rapprochement sérieux avec le Hamas, disant qu'une telle réconciliation aurait des conséquences négatives. L'AP reçoit des centaines de millions de dollars des États-Unis par an, sans lesquels le régime de Ramallah ne pourrait pas payer les salaires de dizaines de milliers de fonctionnaires et autres employés, en particulier les membres de ses services de sécurité.
L'aide financière versée à l'AP requiert l'approbation du Congrès US, qui est soumis à une forte influence du lobby juif américain. Néanmoins, les révolutions dans le monde arabe, et surtout la révolution égyptienne, semblent avoir remodeler l'atmosphère politique générale dans la région, y compris à Ramallah et dans la Bande de Gaza.
Des observateurs dans les territoires palestiniens occupés affirment que les relations entre le Hamas et le Fatah ne peuvent plus être fondées sur les vieux modes de pensée, et que les deux partis devront prendre en compte ce que l'intellectuel palestinien Ahmed Sameh Al-Khalidi appelait le "zeitgeist", ou "esprit du temps" dans le monde arabe, sinon ils risquent de perdre.
L'AP a dit qu'elle allait demander officiellement à l'ONU la reconnaissance d'un État palestinien dans les territoires occupés par Israël en 1967, à savoir la Cisjordanie , Jérusalem Est et la Bande de Gaza. La direction de l'AP pense qu'une réconciliation rapide avec le Hamas renforcerait considérablement sa position vis-à-vis de la communauté internationale et d'Israël.
Outre les efforts égyptiens, des groupes civils en Palestine occupée se sont acharnés à la réconciliation Hamas-Fatah. Une des personnalités publiques à s'être impliquées activement dans ces démarches est l'homme d'affaires palestiniens Munib Masri. La semaine dernière, lors d'une réunion publique à Ramallah, il a déclaré qu'une conférence de réconciliation aurait lieu cet été pour mettre fin à la scission entre le Fatah et le Hamas une fois pour toutes.
Des dizaines d'intellectuels, de notables, de militants politiques, ainsi que des personnalités indépendantes, ont assisté au meeting de Ramallah. Masri a dit que la réconciliation nationale était impérative parce qu'elle était "la mère de toutes les priorités palestiniennes sans laquelle rien ne marcherait."
Selon un document en circulation et approuvé par des notables, des personnalités publiques et des intellectuels œuvrant à la réconciliation nationale, la conférence envisagée, à laquelle participeront toutes les factions palestiniennes, devrait avoir lieu à la "Maison des Arabes", en référence au Caire.
"La conférence fera l'objet d'un ensemble d'accords de courte durée ; elle partira du moment où les discussions antérieures se sont arrêtées, elle se centrera sur l'encourt des questions litigieuses et prendra en considération les changements révolutionnaires dans le monde arabe et leurs ramifications et répercussions sur la situation palestinienne."
Le document souligne la nécessité de former un gouvernement d'unité nationale sur la base d'un programme politique large bénéficiant du soutien du peuple palestinien. Il appelle aussi à la réactivation et au plein fonctionnement du Conseil Législatif Palestinien jusqu'à l'organisation de nouvelles élections législatives et présidentielles, ainsi qu'à des élections du Conseil National Palestinien.