jeudi 17 novembre 2011

Le libéré Jabbarin de la ville Om Al-Faham et les souvenirs douloureux des prisons sionistes

[ 16/11/2011 - 22:58 ] 
Palestine – CPI
Pendant un peu moins d’un quart de siècle, Mohammed Ahmed Jabbarin est resté derrière les barreaux de l’occupation israélienne. Il n’avait que vingt-trois ans quand il a été interné dans les cellules de l’injustice sioniste. Il a été libéré vingt-trois ans plus tard. Ainsi, la moitié de sa vie, il l’a laissée derrière lui, dans les prisons de l’occupation israélienne où il survivait dans l’attente de voir un jour l’air de la liberté, avec impatience. Il savait néanmoins qu’un condamné à une lourde peine comme lui ne pourrait quitter les prisons de l’occupation sioniste qu’à travers les transactions d’échange de prisonniers. Parler d’une transaction était pour lui une lueur d’espoir qui lui permettrait de retourner auprès de sa femme avec laquelle il n’avait vécu que quatre ans avant l’arrestation, et d’embrasser sa fille et son fils qu’il avait laissés tout petits.
Au mois d’octobre 2011, la ville Om Al-Faham a reçu son fils. Sur l’entrée de la ville, de nombreuses personnes se sont rassemblées pour accueillir Abou Adham, après une absence de plus de deux décennies. En effet, il a été arrêté en 1988, accusé d’avoir tué un agent qui travaillait pour le compte de l’occupant, accusé aussi d’être membre du mouvement du Fatah. Il a eu le droit à toutes sortes d’interrogations, de pressions et de conditions des plus difficiles.
Une vie difficile
Avant la détention, Abou Adham croyait que la prison n’était qu’une salle normale : « Mais, quand j’ai été enfermé, j’ai constaté que la prison est un autre monde, un monde à part, ayant ses propres organisations et ses propres traditions. J’ai eu besoin de plusieurs mois afin de m’adapter avec cette situation bien nouvelle pour moi, loin des miens, de ma famille, de ma liberté ».
Par contre, il y a trouvé des aspects positifs : « J’ai remarqué que dans la prison, il y a des écoles et des universités. Les captifs profitent de leur temps pour apprendre, étudier le saint Coran. Les études sont collectives comme dans les universités, ou individuelles ».
Et pour ce qui est des grèves menées par les détenus palestiniens comme moyen de résistance destiné à améliorer les conditions de détention, il a participé à cinq grèves de la faim dont la plus longue était d’une durée de 45 jours. Il confirme que la grève est une grande souffrance dans laquelle le prisonnier laisse parfois la vie. Les captifs pratiquent la grève pour avoir une télévision, une couverture, un ventilateur, un droit de visite. Il confirme que la politique de la prison est calquée sur celle du gouvernement israélien. A titre d’exemple : « Avant que Netanyahu ne vienne au pouvoir, nous avions le droit à seize chaînes de télévision ; maintenant, nous n’en avons que dix. De plus, beaucoup de journaux et livres arabes sont interdits ».
Différentes expériences
Mohammed Jabbarin affirme que la prison était une vraie école pour lui. Il y a appris à lire et à écrire. Puis il a beaucoup appris dans les domaines de l’histoire, de la politique, de la religion. Il a accru sa patience, une patience dont tout détenu a en permanence besoin.
La prison lui a aussi permis de rencontrer beaucoup de personnalités palestiniennes desquelles il a beaucoup appris. Il a rencontré, à titre d’exemple, Dr. Abdou Al-Aziz Ar-Rantissi, Mustapha Chahada, Hassan Bou Chanab, Ahmed Attoun, Marwan Al-Barghouthi, des personnalités de toutes les factions palestiniennes.
Un message de l’intérieur des prisons
Jabbarin porte un message des captifs palestiniens enfermés derrière les barreaux des prisons sionistes. Ils demandent à ce que la question des prisonniers reste en tête des priorités de la cause palestinienne. La joie de sa liberté reste un peu douloureuse : « Ma joie ne sera complète qu’après la libération de tous les détenus, spécialement mon copain et cousin Mahmoud Jabbarin "Abou Hilmi", qui avait été arrêté pour la même affaire. Combien j’ai souhaité qu’il soit libéré à ma place ! ».
Et quant aux derniers moments avant la libération, Jabbarin les qualifie de moments difficiles. On a eu peur de voir un événement mettre en échec la transaction, mettant ainsi en échec tout notre espoir.
Remerciements
Abou Al-Adham ne peut décrire ses sentiments au moment où il a embrassé sa famille, surtout sa fille Alaa. Il a remercié tous les habitants de la ville Om Al-Faham qui l’avaient accueilli si chaleureusement.
Puis il a remercié l’association Ansar As-Sajin et l’association Youssef As-Sidiq, en particulier le directeur de cette dernière Firas Omri. Ces deux institutions travaillent beaucoup au service des captifs palestiniens, par exemple en fournissant des médecins et des avocats.
Il appelle à ce que les détenus aient un suivi psychologique une fois libérés, afin qu’ils sachent comment s’intégrer de nouveau dans la société, après de longues années d’emprisonnement.
Mohammed Jabbarin dit enfin que tout le peuple palestinien et toutes ses personnalités devront travailler pour libérer tous les captifs palestiniens, coûte que coûte.
Rapport paru sur le site PLS48.NET, le 13 novembre 2011, traduit et résumé par le département français du Centre Palestinien d’Information (CPI)