mardi 15 novembre 2011

Le Jihad islamique, un mouvement radical qui émerge de l’ombre du Hamas

15/11/2011
Le Jihad islamique, principal protagoniste palestinien des récentes épreuves de force avec Israël à Gaza, tient à poursuivre la lutte armée, mais sans entrer en conflit avec le Hamas, maître du territoire et attaché à la trêve tacite avec l’État hébreu. Le Jihad islamique estime en effet qu’il « faut répondre directement aux agressions de l’occupation (israélienne), tandis que le Hamas a maintenant d’autres considérations pour conserver le pouvoir », explique Daoud Chihab, un porte-parole du JIP, qui a revendiqué la plupart des tirs de roquettes sur le sud d’Israël ces derniers mois. « Les frères du Hamas tentent de trouver un équilibre entre le pouvoir et la résistance et c’est leur affaire, mais nous sommes en désaccord là-dessus », constate M. Chihab. « L’objectif du pouvoir est de pactiser avec l’occupant, ce qui est incompatible avec la résistance », ajoute-t-il. « Le Hamas et nous, nous nous entendons sur de nombreux points, d’autant plus que nous sommes deux mouvements islamiques qui croient en un projet de résistance et de libération de la Palestine », rappelle-t-il. « Mais nous sommes en désaccord sur des questions comme la participation aux élections, le processus politique et l’acceptation de l’État (palestinien) dans les frontières de 1967 », précise Daoud Chihab, qualifiant ces divergences de « secondaires ».
Créé en 1980 et d’inspiration pro-iranienne, le JIP est la première organisation islamiste palestinienne à s’être engagée dans la lutte armée. Comme pour le Hamas, sa direction est basée à Damas, où se trouve son chef, Ramadan Abdallah Challah, originaire de la bande de Gaza. Avec « environ 8 000 hommes », le Jihad islamique en Palestine (JIP, son nom officiel) représente la deuxième force combattante de Gaza, selon Abou Ahmad, un porte-parole de la branche armée du JIP, les Brigades al-Qods. Il reste cependant loin derrière le Hamas, dont Israël crédite la seule aile militaire de 20 000 membres. Le JIP se distingue toutefois du Hamas, qui s’appuie sur un vaste réseau d’aide sociale et d’œuvres de bienfaisance, par une organisation plus compartimentée, de caractère militaire et clandestin.
Selon l’analyste politique Nagi Charab, « bien que le Jihad islamique soit plus radical dans la résistance que le Hamas, surtout après l’accession au pouvoir de ce dernier, il y a une différence entre les discours médiatiques et politiques et les actes sur le terrain ». « Le Jihad islamique ne cherche pas à entrer en conflit avec le Hamas. Or ce dernier tient à la poursuite de la trêve avec Israël car il représente le pouvoir dans la bande de Gaza », qu’il contrôle depuis juin 2007, ajoute ce professeur de sciences politiques à l’Université el-Azhar de Gaza. « Le Jihad riposte à Israël de manière à s’affirmer comme un mouvement puissant et efficace qui veut jouer un rôle actif sur la scène politique, comme le Hamas », analyse Nagi Charab.
(Source : AFP) 
Lien