samedi 12 novembre 2011

La transaction réunit les deux frères Raïd et Ayad

[ 10/11/2011 - 23:03 ] 
Gaza – CPI

Des milliers de captifs palestiniens ont été libérés par l’échange de prisonniers réalisé par la résistance palestinienne, en particulier le mouvement de la résistance islamique Hamas. Mais certains détenus libérés n’ont pas la chance de retourner dans leur ville. L’accord d’échange consistait en leur libération, mais vers la bande de Gaza ou même ailleurs, dans des pays arabes ou musulmans.
Par cet accord, le détenu libéré Ayad Abiyat n’allait pas rejoindre sa ville natale de Bethléem, en Cisjordanie. Il allait être envoyé dans la bande de Gaza. Et on imagine combien cet état de fait n’était pas au goût du détenu libéré. Après tant d’années d’enfermement, il est normal qu’il veuille retourner chez lui. Mais il ne s’attendait pas à cette belle surprise : retrouver son frère Raïd, exilé lui aussi dans la bande de Gaza depuis 2002.
Neuf ans d’enfermement
Ayad Abiyat, 35 ans, était enfermé dans les prisons israéliennes depuis 2002, condamné à trois perpétuités, accusé d’avoir participé à plusieurs opérations de résistance dans la ville Bethléem, au sud de la Cisjordanie. Il en a purgé neuf ans.
Le correspondant du Centre Palestinien d’Information (CPI) a rencontré Ayad dans un hôtel de la ville de Gaza. Il ne se sentait aucunement en exil : « Je ne sens pas étranger. Nous mettrons en échec tous les projets de l’occupation. L’occupation avait voulu nous punir, en nous poussant vers l’exil. Mais Allah (le Tout Puissant) m’a réuni avec mon frère que le même occupant avait exilé. Il ne savait pas combien je serais heureux de vivre avec mon frère et ma famille de la bande de Gaza ».
« C’est vrai que je ne me sentais pas bien, au début, ajoute-t-il, mais je me suis tout de suite adapté à cette nouvelle situation, à ma nouvelle vie dans la bande de Gaza. La vie doit continuer. Et ici, je ne me sens pas étranger ; je suis dans une autre ville de ma patrie et non dans un autre pays. Je serai heureux de vivre avec mon frère ».
Une rencontre après un long éloignement
Et son frère Raïd, lui, a vécu de longues années tout seul dans la bande de Gaza. On imagine combien il est heureux de retrouver son frère, une rencontre inimaginable. Il ne pensait pas revoir un jour un membre de sa famille. Et voilà que la transaction réunit les deux frères Raïd et Ayad. Les frères se réunissent, contrairement à l’envie de l’occupation israélienne de les écarter.
Il y a tout de même une question qui attriste les deux frères comme tous les Palestiniens, malgré la libération de centaines de détenu : c’est le fait qu’il y a encore des milliers d’autres détenus qui endurent encore la souffrance des prisons sionistes : « Notre joie ne sera complète, elle restera mélangée de tristesse pour nos frères qui restent encore dans les prisons. Ils font partie de nous, nous ne les oublierons jamais ».
Ayad ajoute : « L’amertume de l’exil s’est allégé dès que j’ai vu mon frère que les occupants israéliens avaient exilé, sans que j’aie pu le voir. Ils voulaient nous séparer, mais la volonté d’Allah (le Tout Puissant) nous a réunis ».
Il n’arrive à qualifier sa joie d’être libre, parce que « sont nombreuses les souffrances de la prison ; on ne peut les résumer en quelques mots ».
La libération de centaines de détenus palestiniens est une fête nationale, dit Ayad. Il a de la chance d’avoir son frère ici dans la bande de Gaza. Il est vrai qu’il aimerait être avec sa famille à Bethléem, mais la liberté est inestimable où qu’on soit.
Une nouvelle vie
Tout le monde remarque combien il reste attaché à son frère, ce qui vient comme une compensation pour l’éloignement qui existe entre lui et sa famille. Il n’arrête de remercier Allah (le Tout Puissant) pour l’avoir réuni avec son frère. Il confirme qu’il commence une nouvelle vie, montrant aux occupants israéliens qu’ils ne réussissent pas à briser son moral, même dans l’exil, surtout que sa famille et sa femme le rejoindront bientôt.
En plus de son frère, dans la bande de Gaza vit leur cousin Naji Abiyat, exilé lui aussi en 2002.
Naji conclue : « Bien que nous soyons heureux d’être réunis avec Ayad, nous souhaitons toujours retourner chez nous dans la ville Bethléem, afin de nous retrouver là-bas après que l’occupant nous a séparés par l’arrestation, l’exil et l’assassinat ».