dimanche 16 octobre 2011

Echange de prisonniers : une transaction menée par des résistants chevronnés

[ 16/10/2011 - 00:45 ]
Palestine – CPI
Lorsqu’on entend parler des négociations, on pense tout de suite à ces négociations de "paix" commencées au début des années quatre-vingt-dix du siècle dernier, entre l’Organisation de la Libération de la Palestine et le gouvernement sioniste. Ces négociations qui ont abouti à l’accord d’Oslo ont mené à une reconnaissance réciproque entre l’OLP et le gouvernement de l’occupation israélienne. Cet accord a reçu beaucoup de critiques négatives, même de la part de ceux qui soutenaient le choix des négociations et de la "paix".
Mais aujourd’hui, on vient de voir un nouveau genre de négociateurs palestiniens, qui n’ont rien à voir avec ceux qui avaient négocié l’accord d’Oslo, critiqués pour leur faiblesse d’être mous face aux occupants israéliens. Ces nouveaux négociateurs sont resté sur leurs positions pendant cinq ans ; et ils ont réussi en fin de compte à obtenir une conclusion très honorable, disent tous ceux qui connaissent le dossier épineux d’échange de prisonniers palestiniens contre le soldat israélien kidnappé par les résistants palestiniens. Bien que les noms de ceux-là ne soient pas connus par le grand public, les Palestiniens sont sortis en masse saluer cet accord d’échange de prisonniers ; voilà qu’il a l’aval populaire que l’accord d’Oslo n’avait pas eu.
C’est le mouvement de la résistance islamique Hamas qui a supervisé les négociations de la transaction avec les occupants israéliens. La transaction consiste en la libération du soldat israélien Gilad Shalit détenu par les résistants palestiniens depuis cinq ans, contre la libération de plus de mille captifs palestiniens dont toutes les femmes captives, au nombre de vingt-sept. La libération s’effectuera en deux étapes. Dans la première, 450 détenus condamnés à de lourdes peines seront libérés.
Les quatre négociateurs
Khaled Mechaal, président du bureau politique du mouvement islamique du Hamas, a affirmé que les négociations sont menées, du côté palestinien, par quatre personnes, chefs du mouvement du Hamas, hautement qualifiées, politiquement comme militairement.
En plus de la compétence, ajoute Michaal, les hommes sont connus « pour leur fidélité, leur compétence, leur patience et leur longue halène ». Ils se sont engagés dans des négociations très laborieuses, en espérant obtenir un nombre encore plus important : « Mais contre un soldat et après cinq ans de travail épineux, la transaction ne supporte pas un nombre plus important à imposer à la direction israélienne ».
Des négociations épineuses
Parmi les hommes qui ont participé à ces négociations des plus laborieuses, dit Mechaal, se trouve Ahmed Al-Jabari, chef général adjoint des brigades d’Al-Qassam, bras armé du mouvement du Hamas, lui-même recherché par les occupants israéliens.
Al-Jabari, 50 ans, a suivi ce dossier, depuis le premier moment de la tombée en captivité du soldat Shalit. Il a participé aux premières négociations, entamées six mois plus tard, avec les Allemands et les Egyptiens pour intermédiaires.
Au départ, les occupants israéliens ne voulaient parler que de cinq détenus de ces 450 libérables de l’actuelle transaction. Al-Jabari n’a pas changé ses positions, en dépit des pressions de l’ancien régime égyptien et des avions militaires qui le pourchassaient.
Nous savons qu’Al-Jabari a goûté aux prisons de l’occupation israélienne durant 13 ans, de 1982 à 1995. A la fin, il est devenu le porte-parole des prisonniers.
Parlant couramment l’hébreu, en plus de toutes ses qualités, Al-Jaabari est devenu un interlocutaire incontournable.
Al-Jabari fait partie d’une délégation exemplaire, forte et endurante, qui sait ce qu’elle veut et qui arrive à l’obtenir, dit Dr. Hassan Abou Hachich, président du bureau d’information du gouvernement de Gaza. Cette équipe de négociateurs souffre et reste sur sa position, sachant qu’elle représente l’espoir d’un peuple, de captifs et de leurs familles.
Le nouveau négociateur
Cela fait une vingtaine d’années que d’autres négociateurs dorment avec les ennemis, bourreaux du peuple palestinien, qu’ils mangent avec eux, veillent avec eux, pour négocier avec eux ; ils ont échoué et ils échoueront toujours ; ce ne sont pas de vrais Palestiniens, ajoute Dr. Hassan Abou Hachich.
Finalement, les nouveaux négociateurs ont bien planifié leur travail avec l’ennemi, de façon à ne rien perdre, de façon digne, de façon courageuse. Une méthode tissée par les résistants palestiniens avec leur sang et leur souffrance, finit par dire Dr. Hassan Abou Hachich.
Article paru sur Quds-Presse, le 12 octobre 2011, traduit et résumé par le département français du Centre Palestinien d’Information (CPI)