dimanche 16 octobre 2011

Après Gilad Shalit, il faut libérer Salah Hamouri

publié le dimanche 16 octobre 2011
Pierre Barbancey
 
Nicolas Sarkozy s’est félicité de l’accord passé entre le Hamas et le gouvernement israélien, mais n’a pas eu un mot pour le jeune Franco-Palestinien toujours emprisonné, malgré l’illégalité des tribunaux d’occupation.
Le soldat franco-israélien Gilad Shalit va être libéré. L’annonce, faite mardi soir, est le résultat de négociations secrètes entre le mouvement islamiste palestinien Hamas et le gouvernement israélien, sous l’égide de l’Égypte et de l’Allemagne. En échange, Israël relâcherait 1 027 prisonniers [1]. Le numéro un du Hamas, Khaled Mechaal, s’est exprimé depuis Damas. Il a qualifié cet accord d’échange de prisonniers comme «  une réalisation nationale  ». Il s’est également adressé à l’Autorité palestinienne et à toutes les forces palestiniennes pour travailler main dans la main pour la réalisation du projet national palestinien jusqu’à la libération de la Palestine et l’édification de l’État palestinien. Il a indiqué que cet accord d’échange se fera en deux phases  : 450 premiers prisonniers sortiront au cours de la semaine, et 550 d’ici deux mois. Parmi les 450 premiers, il y aurait 315 condamnés à la perpétuité. Toutes les femmes emprisonnées dans les prisons israéliennes, qui sont au nombre de 27, seraient également libérées. Les prisonniers sont issus des différentes composantes du peuple palestinien  : la Cisjordanie, Gaza, Jérusalem et les territoires de 1948, ainsi que le Golan. Il y aurait parmi eux certains réfugiés.
Mais, selon nos informations, Marwan Barghouti, dirigeant du Fatah et condamné à cinq fois la prison à perpétuité, ne serait pas sur la liste, pas plus qu’Ahmed Saadat, leader du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), ni même d’importants dirigeants du Hamas, comme Abdallah Barghouti, Abbas Sayyed, Jamal Abou El Hija, Ibrahim Ahmad et Hassan Salama. Les principaux dirigeants du Hamas libérés seront «  éloignés  » ainsi que les deux prisonnières les plus célèbres  : Saher Saïdi et Ahlam Tamimi, qui seront expulsées vers la Jordanie et l’Égypte. L’accord a été réalisé et finalisé par Ahmad Jaabari, chef des brigades d’Izz Al Din Al Qassam, et de David Fidan, côté israélien. 110 pourront retourner en Cisjordanie, y compris à Jérusalem, 203 seront expulsés vers des pays étrangers, dont la Turquie, 133 vers Gaza. La liste comporte six Palestiniens de l’intérieur.
Tirs de joie
dans la bande Gaza
Le caporal Gilad Shalit, Français et Israélien, était âgé de dix-neuf ans lorsque, en opération militaire, il a été fait prisonnier et retenu dans la bande de Gaza, le 25 juin 2006. Il a depuis été promu sergent. La dernière preuve de vie, une vidéo tournée par ses ravisseurs, remonte à septembre 2009. Selon les correspondants de l’Humanité dans la bande de Gaza, des tirs de joie ont éclaté après la nouvelle.
Il s’est produit comme un pas de deux assez surprenant entre le Hamas et le gouvernement israélien. «  Nous sommes très heureux de ce grand succès et nous rendons grâce à Dieu. Mais notre joie est teintée de tristesse parce que nous n’avons pas pu obtenir la libération de tous les prisonniers  », a déclaré Khaled Mechaal dans une allocution télévisée. Benyamin Netanyahou a dit avoir téléphoné aux parents de Gilad Shalit pour leur annoncer qu’il était sur le point de tenir sa promesse au sujet de sa libération. «  J’attendais impatiemment le moment de passer ce coup de téléphone  », a-t-il souligné. «  Je pense que nous avons conclu le meilleur accord possible alors que la tempête agite le Proche-Orient. J’ignore si nous aurions pu en obtenir un meilleur ou même en obtenir un tout court dans un avenir proche, a-t-il ajouté. Il était possible que la fenêtre d’opportunité se referme pour de bon et nous n’aurions pas pu ramener Gilad chez lui.  » Selon la deuxième chaîne de télévision israélienne, les deux parties se sont montrées plus conciliantes lors des dernières négociations secrètes, dont l’ultime session au Caire a duré vingt-quatre heures et s’est achevée mardi matin, selon les négociateurs israéliens. «  Israël a accepté un grand nombre de noms (de détenus), le Hamas en a sacrifié d’autres, et ils ont trouvé un juste milieu  », a dit sous couvert d’anonymat un médiateur étranger.
À Paris, Nicolas Sarkozy s’est «  très vivement  » réjoui de l’annonce de l’accord, mais n’a pas eu un mot pour l’autre français détenu – en Israël, il est vrai – Salah Hamouri, jugé et condamné par un tribunal militaire d’occupation et donc illégal, et alors que les charges retenues contre lui reposent sur des «  présomptions  ».
publié par l’Humanité
ajout de note : CL, Afps
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