mardi 23 août 2011

Pour garder mémoire

mardi 9 août 2011 - 07h:48
Rudi Barnet
Ce texte est le résultat des recherches d’un citoyen lambda qui, suite à la tuerie de Gaza de 2008/2009, a voulu "comprendre". L’auteur espère qu’il pourra servir d’aide-mémoire à celles et ceux qui, comme lui, veulent vivre en citoyens conscients.  
1ère Partie
(JPG)
Manifestation à Bi’lin, Palestine occupée, contre le Mur de séparation (Mur d’Apartheid). Le sionisme est une survivance - anachronique, exceptionnelle en cruauté et en perversité - du colonialisme occidental au Moyen-Orient - Photo : Hamde Abu Rahmah
1. Le génocide nazi n’est pas mon affaire !
De la découverte du problème au sens des mots
Qui parle à qui ?
Enfant, les témoignages et les images sur la “solution finale“ m’épouvantaient.
Cette horreur, erronément connue sous le terme hébreu de "Shoah" - ce terme ne concerne que le génocide de la communauté juive, excluant celui des Roms, homosexuels ou résistants - cette volonté d’exterminer ceux qui sont différents, ont une autre religion ou une autre culture, m’a marqué pour la vie. Les images de "Nuit et Brouillard" de Resnais et le visage d’Irena Sendlerowa, la résistante polonaise qui sauva plus de 2500 enfants du ghetto de Varsovie, restent gravés en moi.
Il n’y aura jamais assez de publications, de films ou manifestations pour dénoncer et informer sur ces déshonneurs de l’humanité.
Ma révolte contre l’injustice ne date donc pas d’hier et n’a jamais tenu compte des ethnies, races, croyances ou cultures. Je n’ai simplement jamais accepté d’être du côté des oppresseurs ou des bourreaux, quels qu’ils soient.
Belge ou Israélien ?
La relation “militante“ de certains concitoyens, qu’ils soient de culture juive ou pas, à l’Etat d’Israël et leur solidarité apparemment indéfectible avec ce régime - Nous et notre pays Israël, sommes attaqués par le monde entier... Notre ambassadrice... Notre hymne national “Hativah“ ! ... comme on peut l’entendre sur “Radio Judaica“ - m’a toujours intrigué.
J’ai cherché à comprendre cette attitude qui me paraît tenir de l’autisme, n’être possible qu’en occultant l’Histoire, en niant les faits et en méprisant “l’autre“.
Cet appui aveugle à l’Etat d’Israël ne peut que conduire à la confusion entre judaïsme et politique israélienne.
Un conte pour enfants
A l’école de mon village, notre instituteur nous vantait les mérites de “ces courageux colons qui allaient faire fleurir un désert“ et parlait avec enthousiasme de l’implantation d’un “peuple sans terre dans une terre sans peuple“.
Le monde sortait alors d’une guerre terrible, la communauté juive avait connu une tragédie effrayante et le petit écolier que j’étais se réjouissait de cet exode vers un avenir prometteur. Longtemps, j’ai cru à cette fable, tout comme sans doute les jeunes juifs socialistes, idéalistes qui, de bonne foi, sont venus d’Europe pour créer les premiers kibboutzim.
On sait maintenant que c’était un mensonge éhonté propagé par l’appareil sioniste et que la création d’Israël a été une entreprise colonialiste... Et l’est toujours.
Loin d’être un désert, il y avait là-bas des centaines de villes et villages, des cultures prospères, des jardins, des êtres humains de religions diverses... Un peuple vivait sur cette terre ! Nous ignorions alors cette imposture et ne savions pas, non plus, que cette colonisation violente avait débuté bien avant la guerre de 1940/45... Bien avant la sinistre "solution finale".
Nous ne savions pas que " la conscience de l’holocauste était en réalité un instrument d’endoctrinement de la propagande officielle, un ramassis de slogans, une vision du monde faussée dont le vrai but n’était nullement la compréhension du passé, mais bien la manipulation du présent (1)
Le génocide nazi n’est pas mon affaire !
Les premiers colons sionistes des années 30, qualifiés de terroristes par l’occupant anglais, ne se préoccupaient guère de ce qui se passait en Europe !
En décembre 1942, David Ben Gourion - futur fondateur de l’Etat d’Israël qui vivait alors depuis près de 40 ans en Palestine - ayant été informé de la mise en œuvre de la “solution finale“, affirmait que “ le désastre qu’affronte le Judaïsme européen n’est pas mon affaire “.
Ce mépris pour les martyrs de l’Holocauste a d’ailleurs été violemment stigmatisé par Simon Wiesenthal, le célèbre chasseur de criminels nazis, au Congrès sioniste de 1946 : “ Cela ne nous aurait pas fait de mal d’organiser notre propre procès de Nuremberg contre tous ceux (les dirigeants sionistes) qui n’avaient pas accompli leur devoir envers nous, nos familles et le peuple juif .(2)
Ce procès aurait notamment permis de mettre en évidence une face occultée du mouvement sioniste... La collaboration avec le régime hitlérien. Elle débuta dès l’avènement du “führer“ avec le “Haavara Agreement“ pour l’exportation de capitaux, de produits manufacturés - cela permettait à l’Allemagne de contourner l’embargo britannique - et le transfert d’émigrants. Cet accord perdura jusqu’en 1942 ! (3)
Ce procès aurait aussi permis d’en apprendre plus sur la proposition d’alliance militaire du "Groupe Stern" d’Itzak Shamir (futur premier ministre) avec le régime nazi.
Cette proposition de 1941 (Pour mémoire : Dachau, le premier camp de concentration était ouvert depuis huit ans !) valu notamment à Shamir d’être arrêté par les anglais pour "terrorisme et collaboration avec l’ennemi nazi". (4)
Ce que me racontait mon instituteur était donc “bidon“ et cette instrumentalisation des monstruosités nazies est d’autant plus ignoble que ce n’est pas au peuple qui vit en Palestine à payer le prix des crimes de l’Allemagne... ni les nôtres !
Il est d’ailleurs assez paradoxal, choquant même, de voir que des rescapés de l’horreur nazie ou leurs descendants, ne soutiennent pas aujourd’hui des êtres humains qui, à leur tour, subissent l’oppression.
Par quelle aberration en arrivent-ils à cet aveuglement, à cette indifférence au malheur d’innocents ?
Un mufti bien utile
A l’école du village, on nous racontait aussi que "les quelques Arabes qui vivent en Israël s’étaient alliés aux nazis et qu’il fallait les écraser". Que Al-Husseini, leur mufti (mollah) de Jérusalem, avait collaboré avec Hitler et appelé les Palestiniens à se joindre aux forces de l’Axe.
Nous ignorions alors - certains l’ignorent d’ailleurs toujours... ou feignent de l’ignorer - que cet Amin Al-Husseini vivait à l’étranger depuis 1937 (Liban, Irak... et Allemagne depuis 1941), qu’il était largement discrédité dans le monde arabe et que son influence sur la population de son pays était plus que limitée. Preuve en est le très maigre résultat de ses exhortations auprès de ses compatriotes.(5) Que cet Al-Husseini ait été un personnage exécrable est incontestable - ce n’était pourtant visiblement pas l’avis du gouvernement français qui l’hébergea et le protégea en 1945 - mais de là à en faire le “chef“ des Palestiniens... ... Et lui consacrer plus de place au mémorial de Yad Vashem qu’à des Himmler ou Goebbels - dans “Encyclopedia of the Holocaust“, l’espace qui lui est consacré est seulement dépassé par celui concernant Hitler lui-même - serait risible si ce n’était clairement une manipulation tendant à présenter les Palestiniens comme coresponsables du génocide hitlérien.(6)
L’ironie morbide de l’Histoire veut que ce mémorial Yad Vashem ait été construit sur les terres et les ruines des villages de Ein Kerem et, surtout, de Deir Yassin, Deir Yassin, sorte d’Oradour palestinien, qui vit un des pires massacres de civils perpétrés en 1948 par les milices sionistes (plus de 200 paysans assassinés)... Mais il est assez probable que les guides du mémorial font silence sur cette information.(7)
Des nazis bien utiles
Il est troublant de constater qu’aucun “Tribunal de Nuremberg ou de La Haye“ n’a jugé certains complices objectifs de l’Holocauste... notamment les gouvernements anglais, étatsunien et canadien qui “savaient“ dès 1942, qui connaissaient la mise en œuvre de la “solution finale“ et qui ont cyniquement laissé faire.
Après 1945, ces “Alliés“ ont aussi été plus que laxistes avec les criminels de guerre, notamment les USA - mais la politique de l’URSS était similaire - qui ont accueilli et protégé nombre de nazis, dont quatre à cinq mille membres du réseau du général hitlérien Reinhard Gehlen... Devenus de bons citoyens américains et “recyclés“ dans la CIA ! (8) Au même moment les USA fermaient leur frontière aux juifs qui fuyaient l’horreur ! Pourquoi ces crimes et complicités n’ont-ils toujours pas été dénoncés et jugés ?
...et témoignage personnel
C’est avec stupeur et colère que j’ai appris de la bouche même d’un ex beau-frère qu’il coulait des jours tranquilles à Tel-Aviv (il y est mort depuis) avec sa fille et ses petits-enfants.
Cet homme était un SS belge de la “Légion Wallonie“. Il avait combattu sur le front de l’Est et se vantait d’avoir participé à la bataille de Stalingrad. (9) Après la guerre, il avait été emprisonné et déchu de ses droits civils.
La dernière fois que je l’ai rencontré, j’ai pu vérifier que son idéologie n’avait pas changé, son antisémitisme s’était simplement mué en haine des "Arabes".
Cette révélation (preuves à disposition), est pour le moins inquiétante, non ?
Que peut répondre cet Etat au fait d’avoir accueilli cet homme - et si j’en crois ses dires, d’autres de ses “camarades“ - comme citoyen israélien ? Comment peut-il justifier cela ?
Bref état des lieux
Avec la myriade de villages militairement isolés les uns des autres, la Cisjordanie, où vit la majorité du peuple palestinien, ressemble indéniablement aux “réserves indiennes“ des Etats-Unis et Gaza est devenu le “plus grand camp de concentration à ciel ouvert du monde“ (1,5 million de personnes enfermées dans un espace de 360 km2... 7 fois moins que le Luxembourg !)
Chaque jour, Israël continue le vol des terres et les destructions de maisons pour l’installation de colonies - annexant ainsi "de facto" plus de 54% du territoire cisjordanien - et développe la judaïsation de Jérusalem sous l’œil complice des Etats-Unis et de l’Union européenne. Il faut y ajouter ce honteux mur (près de 700 km) qui empiète sur les terres palestiniennes et prive les habitants de leurs récoltes, d’accès à leurs puits, à leur famille.
Ce mur fut condamné en 2004 par la Cour de Justice Internationale qui a exigé sa destruction ainsi que le démantèlement des colonies installées au delà de la Ligne Verte de 1967... Sans résultat.
Qui peut d’ailleurs encore croire que ce mur a comme objectif d’empêcher l’intrusion de terroristes quand on sait que, chaque jour, plusieurs milliers d’ouvriers palestiniens le franchissent clandestinement pour se faire exploiter comme travailleurs "illégaux“... et sous-payés, évidemment.
Premières questions
Quand l’armée d’Israël a fait pleuvoir la mort sur Gaza, faisant 1400 victimes dont près de 400 enfants, les discussions n’ont pas manqué avec des amis qui qualifiaient d’autodéfense ce qui m’apparaissait comme un crime. Les interrogations étaient multiples.
Comment la population israélienne est-elle devenue, objectivement, la complice d’un régime qui traite le peuple palestinien comme de nouveaux “Untermenschen“ ?
Pourquoi, par quel mécanisme mental une grande partie des juifs peuvent-ils s’identifier à cet Etat ?
Comment en était-on arrivé à un tel égarement des valeurs humaines ?
Quelle logique aberrante amène des conquérants brutaux à se prétendre les défenseurs de la démocratie ?
... Et comment font certains de mes compatriotes pour se calfeutrer dans l’indifférence devant les actes d’un régime qui a toutes les caractéristiques d’un État voyou ?
Car c’est bien à une sinistre besogne que nous assistons depuis près de quatre-vingt ans, à des agissement qui sont universellement qualifiés de crimes contre l’humanité... Sauf là-bas.
Comme l’écrit la philosophe Aline de Diéguez :
“L’installation des colons originaires d’Europe et notamment d’Angleterre sur les terres du Nouveau Monde et celle des colons juifs en Palestine présentent donc un parallélisme saisissant. Elle explique l’alliance psychologique étroite et profonde entre une Amérique baignant dans une religiosité vétéro-testamentaire - qu’elle soit dirigée par un Clinton, un Bush ou un Obama - et l’État sioniste actuel. Elle ne peut donc se réduire à la seule influence, certes très importante, des généreuses contributions financières destinées à influencer ou à corrompre les décideurs politiques ou économiques et offertes par les groupes de pression de l’AIPAC ou de la loge maçonnique B’nai Brith réservée aux membres qui peuvent attester de leur appartenance au judaïsme." (10)
Gloire à Ben Gourion !
L’affirmation “ cette situation de guerre est le résultat des perpétuelles attaques palestiniennes contre un peuple pacifique et son obstination à refuser le partage décidé par l’ONU en 1947 “ continue à être propagée et admise par de nombreux concitoyens. C’est pourtant un mensonge éhonté.
En effet, dès 1942, le programme dit “de Biltmore“, adopté par la direction sioniste sous l’égide de Ben Gourion, envisageait un État essentiellement juif sur l’ensemble de la terre palestinienne. Ce même Ben Gourion projetait aussi l’expulsion des “indigènes“, comme en témoigne l’accord qu’il avait conclu avec le roi Abdallah de Jordanie qui prévoyait, dès la création de l’Etat d’Israël, l’annexion par ce pays d’une partie des territoires concédés par l’ONU à l’État arabe de Palestine... La plus grande partie (55%) étant attribuée au régime sioniste.
Il faut donc bien constater que si, officiellement, Ben Gourion acceptait le plan de partage de l’ONU, il était en réalité bien déterminé, comme il le déclarait "en privé", à “ étendre à tout prix l’État attribué aux juifs et, pour ce faire, à porter la guerre à l’intérieur des territoires attribués par l’ONU aux Arabes“(...)“Après la formation d’une grande armée à la suite de la création de l’Etat, nous abolirons la partition et nous nous étendrons sur l’ensemble de la Palestine ! " (11)
Autre déclaration édifiante de ce même Ben Gourion à qui le maire actuel de Paris (Pierre Delanoë, un Pierre Laval d’aujourd’hui ?) à dédié une esplanade sur les quais de la Seine : " Ne nous cachons pas la vérité.... Politiquement nous sommes les agresseurs et ils se défendent. Ce pays est le leur, parce qu’ils y habitent, alors que nous venons nous y installer et de leur point de vue nous voulons les chasser de leur propre pays ".(12)
C’est Golda Meir, Premier Ministre israélien, qui a sans doute le plus clairement exprimé (15 juin 1969) le déni d’existence du peuple palestinien : " Comment pourrions-nous rendre les territoires occupés ? Il n’y a personne à qui les rendre puisque les Palestiniens n’ont jamais existé ".
En outre, un rapport du ministère des Affaires étrangères israélien prédisait, en 1949 : “ La sélection naturelle fera le tri entre les réfugiés les plus adaptables et les plus combatifs et les autres, qui dépériront. Certains mourront, mais la plupart, changés en épaves et en parias, iront grossir les classes défavorisées dans les pays arabes “.
Les objectifs impérialistes étaient clairs dès l’origine, non ?
Les successeurs maintiendront le cap !
C’est la terre de nos ancêtres ! ... Ou comment imposer une Histoire inventée
Pour justifier la solidarité entre les juifs de mon pays et ceux d’Israël, certains évoquent une origine historique commune : Nous juifs sommes originaires d’une même contrée. La diaspora nous a dispersés et nous retournons au pays après 2.000 ans d’exil.
Ce dogme, on le sait aujourd’hui, est contredit par l’Histoire... et par conséquent, la revendication territoriale qui en découle est une aberration. En effet, les dernières recherches sur les origines juives, notamment celles de Shlomo Sand, professeur à l’université de Tel-Aviv, ont révélé que cette “reconquête“ est fondée sur une Histoire totalement inventée et que les juifs contemporains sont presqu’exclusivement les descendants des divers peuples convertis à la religion hébraïque. (13)
De doctes intellectuels sionistes connaissaient d’ailleurs ces faits depuis longtemps, tel, Israël Bartal (Doyen de la Faculté de Lettres de l’Université Hébraïque de Jérusalem) qui affirme aujourd’hui que ce qu’a révélé Shlomo Sand était déjà bien connu des historiens spécialisés en histoire juive.
Il indique que “ aucun historien du mouvement national juif n’a jamais réellement cru que les origines des juifs étaient ethniquement et biologiquement “pures “. (14)
C’est essentiellement le prosélytisme des missionnaires, extrêmement important dans tous les pays du pourtour méditerranéen jusqu’aux premiers siècles de l’ère chrétienne - de la Turquie à l’Espagne, en passant par les Balkans et Rome, et dans plusieurs pays africains (jusqu’en Ethiopie) - qui est la cause essentielle de l’expansion de cette religion.
Au quatrième siècle, avec la prise de pouvoir du christianisme dans l’Empire Romain et la répression qui s’en suivit, cette expansion cessa. C’est d’ailleurs en grande partie cette répression par les chrétiens qui a causé le “repli sur soi“ de la religion juive.
Les “nouveaux historiens" israéliens ont mis en évidence que la “diaspora“ est une légende chrétienne du 13ème siècle et démontré qu’il n’y a pas le moindre lien d’hérédité entre les habitants qui vivaient sur cette terre il y a deux mille ans et la quasi totalité de ceux qui y ont débarqué sous l’impulsion du mouvement sioniste.
... Les premiers arrivants sionistes du début du 20ème siècle ont d’ailleurs été bien mal “acceptés“ par les quelques milliers d’habitants de religion hébraïque qui vivaient là depuis les temps ancestraux.
N’est-il pas aberrant que tant de juifs proclament leur appartenance à un "peuple élu retournant dans la terre de ses ancêtres", alors qu’ils n’ont pas la moindre origine ethnique commune, aucun lien, autre que religieux et culturel ? Cette absence de filiation disqualifie donc à jamais cet argument mensonger... Et amène à ce constat paradoxal que les seuls humains de la région qui peuvent véritablement se proclamer "indigènes", sont les juifs dont les ancêtres y résidaient... Et les Palestiniens, convertis à la religion musulmane, chrétienne, ou laïcs.
Pour toute réponse à ces révélations sur l’origine du "peuple juif", leurs auteurs n’ont recueilli que des attaques personnelles, injures (traître à son pays, négationniste, juif ayant la haine de soi... et j’en passe), jusqu’à des menaces de mort de la part de ceux que leurs découvertes gênaient.
Mahmoud Abbas, non plus, ne semble pas au courant de sa propre Histoire !
Seules la nullité politique et la pauvreté culturelle de l’indéboulonnable homme à la petite moustache grise qui “préside“ aux destinées de la Cisjordanie, son ignorance de l’Histoire des peuples, des religions et des mentalités théologiques, ainsi que sa reptation obséquieuse devant Israël, les USA et les Européens qui le maintiennent au pouvoir à bout de bras et à coup de millions de dollars, bien que son mandat soit expiré depuis longtemps, lui ont fait reconnaître humblement “le droit du peuple juif sur la terre d’Israël" (Discours à l’AIPAC le 10/6/2010). (15)
Une diaspora mythique... d’un peuple imaginaire
S’il n’existe pas de “race juive” au sens ethnique, l’existence d’une communauté juive - “peuple juif“ me semble inadéquat : pas plus de “peuple juif“ que de “peuple chrétien“ ou “peuple bouddhiste“ - liée par une religion et un patrimoine culturel communs est indéniable. Mais proclamer “ Nous étions là il y a 3.000 ans  !" comme le fait Netanyahu, n’est qu’une stupidité d’intégriste fanatique. (16) Il est grand temps d’informer sur d’autres mythes révélés par les historiens contemporains, tels :
Il n’y a jamais eu de "Sortie d’Egypte" vers Canaan comme le raconte la Bible... cette région faisant partie du royaume des Pharaons. Les Romains n’ont jamais chassé les juifs de Palestine et la fameuse "diaspora" du 1er siècle est une faribole.
On pourrait en profiter pour tordre le cou à bien d’autres légendes bibliques inculquées comme “vérités“ aux enfants, comme celle de Massada qui, plutôt qu’un fief de résistants, était celui d’une secte de fanatiques et d’assassins. (17)
Ironie de l’Histoire, le commando israélien qui perpétra les exactions dans la prison de Ketziot en octobre 2007 portait le nom de ces tueurs... Et s’est montré dignes d’eux.
Le silence sur ces découvertes et la propagation de cette Histoire inventée ne sont-ils pas une insulte à l’intelligence des citoyens, juifs ou non ?
La prétention territoriale qui découle de ce mythe est d’autant plus absurde qu’elle impliquerait - la justice étant égale pour tous les peuples - la restitution de l’Oklahoma au peuple Séminole, chassé de son territoire il y a seulement 200 ans, du Québec aux Iroquois, du Pérou aux descendants des Incas, de leurs terres à la nation Mapuche, de l’Australie aux Aborigènes... etc.
Une religion bien utile... pour des athées
Certains affirment que cette solidarité des citoyens juifs repose sur une culture et une religion communes.
Pour ce qui est de la culture, on admettra sans peine qu’il y a plus que de légères différences entre celle des séfarades et celle des ashkénazes... ou des falashas.
Quant à la religion, cet argument laisse pantois ! Imagine-t-on que les catholiques européens se soient mobilisés pour défendre Franco sous prétexte qu’il brandissait le catholicisme comme fondement de sa dictature ? Imagine-t-on les musulmans se dresser pour soutenir Kadhafi, sous prétexte qu’il respecte le Coran ?
Les plus hautes autorités religieuses juives se sont d’ailleurs élevées, dès les années 20, contre cette manipulation de la religion par les leaders sionistes (qui étaient athées !), pour justifier la colonisation et la création d’un Etat.
De leur côté des figures comme Albert Einstein, Hanna Arendt et bien d’autres intellectuels et artistes juifs ont qualifié le sionisme de mouvement fasciste. (18)
Aujourd’hui encore, comme on pourra le lire plus loin, les juifs ultra-orthodoxes (près d’un million d’adeptes en Israël !) rejettent l’Etat sioniste.
Des ambiguïtés bien utiles... ou le sens des mots
Israélien, Hébreu, juif, israélite, sioniste, Sémite... nombreux sont les termes utilisés pour glorifier ou stigmatiser les promoteurs ou opposants à ce régime ou à cette religion.
Les significations du mot “peuple“ sont également multiples, vagues ou divergentes : habitants d’un pays ou d’une ville, peuplade, communauté sociale ou culturelle... etc.
Il n’en reste pas moins que, malgré le fait qu’au sens racial ou ethnique il n’y ait pas de “peuple juif“, tout Ukrainien, Italien, Belge ou Éthiopien, habitant Israël (adepte du judaïsme ou non) peut revendiquer son appartenance au peuple juif... dans le sens d’une communauté sociale et culturelle.
Parallèlement, les citoyens de religion ou de culture judaïque d’autres pays peuvent aussi se déterminer comme “peuple juif“, également en tant que communauté culturelle et/ou religieuse.
Vaste melting pot !
Mais foin du sens des mots ! La dialectique sioniste est à géométrie variable : le même mot peut être glorification ou anathème suivant le locuteur.
Ainsi le mot “lobby“ a un sens positif quand il est utilisé pour glorifier les groupes juifs de nationalité étatsunienne, tel l’AIPAC (“ heureusement que le lobby de la communauté juive américaine est là pour nous protéger ! " (Radio Judaica) mais ce mot se mue en anathème dès que quiconque l’utilise pour dénoncer les manœuvres de ces mêmes groupes de pression.
Etrange sémantique !
Autre étrangeté : le sens du mot “Sémite“.
Il désigne, en résumé, une personne originaire d’Asie occidentale et qui parle une langue apparentée... telle l’arabe, l’araméen ou l’hébreu. Concernant la Palestine, est donc Sémite celui ou celle qui est originaire de cette région et parle une langue sémitique.
Il en découle que, mis à part une infime minorité d’Israéliens, seuls les Palestiniens ont ces particularités.
Traiter d’antisémites les défenseurs des Palestiniens est donc incohérent et absurde !
On peut d’ailleurs se demander comment, depuis l’aube du 20ème siècle - "antisémite" est un mot créé en 1879 par un journaliste allemand - ce dévoiement de sens du terme “Sémite“ s’est développé pour désigner une communauté humaine qui est étrangère à cette caractéristique ? Et puis, jamais personne n’a pris sa religion pour une nationalité, non ?
En résumé, il n’y a ni race juive, ni pays juif... seulement des personnes de confession et de culture juives dont certaines arborent cette appartenance comme identité nationale !
1) "Holocaust : The uses of Disaster" de Boas Evron (Radical América 1983)
2) “Simon Wiesenthal, l’homme qui refusait d’oublier“ de Tom Segev (Liana Levi)
3) Encyclopeadia Judaica 2008
4) Nathan Yalin Mor, “Histoire du Groupe Stern“ et Charles Enderlin, “Shamir“
5) “Les Arabes et la Shoah“ de Gilbert Achcar, professeur à l’Université de Londres
6) Le grand Mufti, les Palestiniens et les nazis (Dominique Vidal, Monde Diplomatique de Décembre 2009)
7) Ziyad Clot “Il n’y aura pas d’Etat palestinien“ (Max Milo Editions)
8) Frank Garbely et Jean-Michel Meurice "Le système Octogon"
9) J’ai appris depuis que cette "Légion Wallonie" n’a jamais été à Stalingrad
10) “Aux Sources du Chaos Mondial“ (http://aline.dedieguez.pagesperso-orange.fr)
11) "La Naissance d’Israel “, Simha Flapan.
12) Discours de 1938
13) “Comment fut inventé le peuple juif“ de Shlomo Sand, Fayard Poche
14) “Haaretz“ du 6/7/2008
15) Aline de Dieguez “Aux Sources du Chaos Mondial“
16) Lire « La Bible dévoilée, Les nouvelles révélations de l’archéologie » des archéologues Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman, Editions Gallimard (Folio Histoire)
17) “La Guerre des Juifs“ (Flavius Josèphe, historien romain di 1er siècle)
18) “New York Times“ du 2/12/1948

2ème Partie

Des bêtes qui marchent sur deux pattes ! De la genèse de la conquête au nettoyage ethnique 
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Mai 2011, Qalandiya, Cisjordanie sous occupation. - Un soldat israélien n’hésite pas à user de son arme contre les Palestiniens qui manifestent lors de la journée de commémoration de la" Nakba", ou "catastrophe" (nettoyage ethnique de la Palestine par les sionistes) - Photo : UPI
Le Sionisme est-il soluble dans la démocratie ?
Le mouvement sioniste - idéologie politique nationaliste prônant la création d’un centre spirituel, territorial ou étatique peuplé par les juifs - est apparu vers la fin du 19ème siècle, principalement parmi les communautés ashkénazes d’Europe centrale et orientale, en réaction aux pogroms racistes. Il est assez intéressant de constater que la Palestine n’était pas le "premier choix" des Sionistes pour la création d’un “Foyer juif“ : l’Argentine, l’Ouganda, l’Ouest américain et Madagascar furent les premières options. (1)
A la lecture des divers documents sur le développement de ce mouvement, on ne peut s’empêcher de penser qu’il existe au moins deux formes de Sionisme.
Le premier, l’originel issu de la création de l’Organisation Sioniste Mondiale de 1897, est laïc et porteur de l’aspiration à créer un foyer territorial... de manière pacifique !
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Martin Buber
Martin Buber, apôtre d’un État binational et démocratique, fut l’un des principaux militants de cette voie préconisant l’entente avec les Palestiniens. La création devait se faire par l’achat de terres ou la concession d’un territoire vierge d’habitants. Si ce n’était pas tout à fait le cas, une négociation pacifique devait solutionner le cas des minorités locales (Dédommagement ? Intégration ?) Ce projet, dans le contexte historique particulier d’alors, était considéré comme honorable.
En 1948, au moment du déclenchement des hostilités, les terres dites “achetées“ par les organisations sionistes représentaient environ 4% du pays (estimation de l’ONU).
La seconde forme de sionisme, celle du régime israélien actuel et, malheureusement, d’une importante partie de la communauté juive européenne, est celle engendrée par les “conquistadors“, ces groupes terroristes de l’Irgoun (matrice du parti du Likoud) ou du groupe Stern qui semèrent la mort pour arriver à leurs fins de conquête. Ainsi, les Begin, Stern, Jabotinsky,(2) Shamir, Ben Gourion... et leurs héritiers (Dayan, Peres, Sharon, Barak...) transformeront l’utopie pacifique en invasion violente !
Ce genre de perversion renvoie à d’autres ! Rappelons-nous ce qu’est devenu l’idéal communiste en Russie et en Chine, le fossé entre le message du Galiléen et les pratiques vaticanes d’aujourd’hui... Tant d’autres idéaux d’ouverture humaine se métamorphosant en intolérance meurtrière. Ce sionisme-là n’a évidemment plus rien à voir avec celui des progressistes israéliens d’aujourd’hui, il en est seulement la caricature.
Abraham Serfaty, juif et grande figure de la résistance à la dictature marocaine, n’hésitait d’ailleurs pas à dire que “ Le sionisme est avant tout une idéologie raciste. Elle est l’envers juif de l’hitlérisme ".
Devant les horreurs commises par les gouvernements qui se sont succédés depuis 1967, une nouvelle vision semble émerger dans la frange démocratique des citoyens juifs, notamment parmi les militants de "La Paix Maintenant". Rejetant les visées colonialistes, elle prône le développement d’une "renaissance nationale" au sein d’un Etat vivant en paix avec ses voisins et offrant des droits égaux à la minorité arabe du pays. (3)
Un retour vers le sionisme originel en quelque sorte... Qui n’abandonne, malheureusement pas le dogme absurde du "peuple élu" et ne fait aucune proposition pour que la perversion de cette croyance, responsable de tant de crimes, ne puisse se reproduire.
Une démocratie bien particulière
La “Loi Fondamentale“ - comme on le sait, Israël n’a pas de Constitution, ce qui aurait, notamment, impliqué de fixer une limite territoriale - proclame qu’il s’agit d’un Etat juif... Théocratique, donc ! La nouvelle loi que Netanyahu et Lieberman veulent instaurer en témoigne puisqu’elle obligera chaque citoyen, y compris les laïcs, les chrétiens et les musulmans de jurer allégeance à l’Etat juif, sous peine d’expulsion ! Théocratie mariée à Démocratie ?... Union de la carpe et du lapin, non ? De nombreuses voix se sont, heureusement, élevées contre le projet d’un tel État qui " en se définissant sur une base ethnique ou religieuse, instaure des discriminations institutionnelles entre ses citoyens fondées sur l’origine ou la religion (...) On peut craindre aussi que la reconnaissance d’Israël comme « État juif » ne donne des bases internationales légales à un régime d’apartheid, au cas où Israël continuerait et étendrait sa politique de colonisation de toute la Cisjordanie, en niant les droits nationaux du peuple palestinien ." (4)
Quelques autres particularités de ce régime prétendument démocratique :
-   La carte d’identité ne mentionne pas que vous êtes Israélien mais elle indique que vous êtes juif ou Arabe.
-   Seul le mariage religieux juif a valeur d’Etat Civil (celui d’une autre religion, est seulement “reconnu“).
-   La population des territoires “annexés" en 1967 n’a pas de statut de nationalité, les civils non-juifs peuvent être “jugés“ par des tribunaux militaires.
-   La discrimination ethnique à l’embauche est générale pour le 1,2 million de Palestiniens de nationalité israélienne.
-   Une grande partie des Bédouins du Néguev sont confinés dans des townships.
-   Seulement 2% des terres peuvent être achetées par les “israélo-palestiniens“ car une loi autorise l’Agence juive à s’opposer à la vente aux non-juifs.
... Etc.(5)
Comme l’écrit Amnon Be’eri-Sulitzeanu, Directeur adjoint des Abraham Fund Initiatives : " En 2010, la ségrégation entre juifs et Arabes en Israël est presque absolue. Pour ceux d’entre nous qui vivent ici, c’est quelque chose qui va de soi ".(6)
D’autres discriminations encore :
-   Routes interdites aux non-juifs
-   Restrictions à la circulation par des contrôles humiliants (En 2008 déjà, selon un rapport publié par le centre d’informations israélien B’Tselem, on recensait déjà 459 barrages et 66 check-points en Cisjordanie).
-   “loi de l’absence“ qui permet de s’approprier la maison du non-juif que l’on a fait fuir
-   Privation de l’eau dans les territoires palestiniens (70 litres/jour contre 300 litres/jour pour les Israéliens !)
-   "Filtrage" des étudiants arabo/israéliens par la sûreté israélienne (Shabak) pour les exclure des universités
-   Emprisonnement illégal, selon le Droit international et la loi israélienne, d’enfants de - de 14 ans accusés de jets de pierre.(7)
-   Loi "anti-boycott" (11/7/2011) qui interdit toute liberté d’expression, même non-violente, contre la politique israélienne.(8) ... Etc
Comme le stigmatise, une fois de plus, le rapport de Human Rights Watch de décembre 2010 : " Les Palestiniens sont victimes de discrimination systématique en raison de leur race, de leur origine ethnique et nationale, en conséquence de quoi ils sont privés d’électricité, d’eau, d’écoles et de routes, alors que les colons juifs de leur voisinage bénéficient de tous ces services publics ".
Toutes ces pratiques appartiennent bien plus à un régime autoritaire et raciste qu’à ce que nous appelons la démocratie, non ? Comment peut-on soutenir un tel régime et accepter de cet État ce que nous condamnons pour d’autres pays et trouverions inacceptable dans le nôtre ?
Il ne faudrait pas, non plus, oublier que, depuis sa création, l’État d’Israël n’a cessé d’apporter son soutien actif à divers régimes bien connus pour leur autoritarisme et a été agissant dans certaines opérations peu glorieuses pour les États qui les ont perpétrés. Quelques exemples, pour mémoire :
-   Collaboration militaire avec le régime raciste d’Afrique du Sud, notamment pour le développement de l’arme nucléaire. Accueillant John Vorster, premier Ministre dans les années 1975 (emprisonné par les Britanniques pendant la guerre 40/45 pour activités en faveur des Nazis), Yitzakh Rabin n’hésitera à porter un toast " aux idéaux communs à Israël et à l’Afrique du Sud, deux pays qui affrontent une brutalité et une instabilité inspirées par l’étranger ".
-   Collaboration du Mossad dans le meurtre de Ben Barka sous la dictature de Hassan II (9)
-   Fourniture d’hélicoptères de combat au régime raciste de Rhodésie (futur Zimbabwe)
-   Assistance technique à la Savak (police politique du Shah d’Iran)
-   Soutien à la France dans la guerre d’Algérie
-   Collaboration avec diverses dictatures latino-américaines (Pinochet au Chili, Stroessner au Paraguay) ... Etc
C’est ce que je dis qui compte... pas ce que je fais !
Pas un régime fasciste ?
Que voulaient dire les quelques trente intellectuels juifs, dont Hanna Arendt et Albert Einstein, citoyens des Etats-Unis, qui qualifièrent ainsi le Sionisme dans le célèbre article du New-York Times en 1948 ?. (10)
Nationalisme, autoritarisme et ethnocentrisme sont les principales particularités du fascisme. Ces trois caractéristiques définissent bien le régime israélien actuel qui prône un État “ethniquement pur“ - déclaration de Lieberman, ministre des affaires étrangères, le 19/9/2010 : “nous allons faire d’Israël un Etat ethniquement homogène !" - opprime une partie de sa population, pratique l’apartheid et revendique son élitisme de “peuple élu“. Mais Lieberman est un agneau à côté de certains de ses prédécesseurs.
Petit florilège de déclarations guerrières et racistes
Théodore Herzl, fondateur de l’Organisation sioniste mondiale (note du 12 juin 1895)
Chasser la population pauvre (les Arabes) au-delà de la frontière en lui refusant du travail. Le processus d’expropriation et de déplacement des pauvres doit être mené discrètement et avec circonspection.
Yitzhak Shamir, futur premier ministre
Les Palestiniens seront écrasés comme des sauterelles ... leurs têtes éclatées contre les rochers et les murs.
Joseph Weitz, Directeur du Fond national juif (1973)
La seule solution est Eretz Israël, ou au moins Eretz Israël Ouest (toutes les terres à l’ouest du Jourdain, sans les Arabes. Il n’y a pas de place pour un compromis sur ce point. Nous ne devons pas laisser un seul village, pas une seule tribu.
Ehud Barak, premier ministre (Jerusalem Post du 30/8/2000)
Les Palestiniens sont comme les crocodiles, plus vous leur donnez de viande, plus ils en veulent.
Vladimir Jabotinsky, fondateur du sionisme révisionniste, précurseur du Likoud (Le Mur de Fer,1923)
Une réconciliation volontaire avec les Arabes est hors de question, que ce soit maintenant ou dans le futur. Si vous souhaitez coloniser un pays dans lequel une population vit déjà, vous devez fournir une armée pour le pays ou trouver quelque riche personne ou bienfaiteur qui vous la fournirait. Sinon, abandonnez la colonisation, parce que sans une force armée qui rendrait physiquement impossible toute tentative de détruire ou d’empêcher cette colonisation, la colonisation sera impossible, pas difficile, pas dangereuse, mais IMPOSSIBLE. Le sionisme est une aventure de colonisation et c’est pour cela qu’elle est dépendante d’une force armée. Il est important... de parler hébreu, mais malheureusement, il est encore plus important d’être capable de tirer, ou bien le jeu de la colonisation se termine.
Moshe Dayan, ministre de la défense et des affaires étrangères (12/2/1952 Radio Israel)
La population doit se préparer à la guerre, mais il revient à l’armée israélienne de poursuivre le combat avec l’objectif ultime qui est la création de l’Empire israélien.
Raphael Eitan, chef d’Etat major des forces de défense (New York Times, 14/41983)
Nous déclarons ouvertement que les Arabes n’ont aucun droit de s’établir, ne serait-ce qu’un seul centimètre, dans Eretz Israël. La force est l’unique chose qu’ils comprennent. Nous devons utiliser la force absolue jusqu’à ce que les Palestiniens viennent ramper devant nous. (...) Lorsque nous aurons colonisé le pays, il ne restera plus aux Arabes que de tourner en rond comme des cafards drogués dans une bouteille.
Moshe Katsav, Président de l’Etat (Jerusalem Post, 10/52001)
Il y a une énorme différence entre nous (les juifs), et nos ennemis. Pas seulement dans la capacité, mais dans la morale, la culture, le caractère sacré de la vie et la conscience. Ils sont nos voisins ici, mais c’est comme si à quelques centaines de mètres, il y avait un peuple qui n’appartenait pas à notre continent, à notre monde, qui appartenait véritablement à une autre galaxie .
Benyamin Netanyahu, à l’Université de Bar Ilan (Hotam, 24/11/1989)
Israël aurait dû exploiter la répression des manifestations en Chine lorsque l’attention du monde s’est focalisée sur ce pays, pour mettre à exécution des expulsions massives parmi les Arabes des territoires.
La déclaration d’Albert Einstein dans le New York Times : “ Parmi les phénomènes politiques les plus inquiétants de notre temps, il y a l’émergence, dans l’Etat nouvellement créé d’Israël, d’un parti Herut (ensuite Likoud), un parti politique très proche, dans son organisation, ses méthodes, sa philosophie politique et son appel social, des nazis et des partis fascistes ." n’était, malheureusement, que prémonitoire et dire qu’Israël est actuellement un Etat fasciste est un simple constat... pas une injure.
Comment se fabriquer un ennemi sur mesure
La résistance contre les “fanatiques islamistes“ est un slogan récurrent. Ignore-t-on qu’une grande partie des Palestiniens est laïque ?... et qu’une majorité des habitants palestiniens de Bethléem est chrétienne ?
Il faut aussi rappeler que le gouvernement israélien est pour beaucoup dans la création du Hamas par le cheik Ahmed Yassine et son développement ? Il n’a d’ailleurs jamais caché sa motivation : ce soutien allait affaiblir l’OLP et les organisations du Fatah implantées à Gaza ! C’est ce même gouvernement qui, soutenu par l’Occident, a ensuite exigé des élections législatives, prévoyant que le Hamas allait l’emporter (Il fallait être bien naïf ou sous-informé pour prévoir le contraire). Israël et les USA, avec la complicité de l’Union européenne, sont donc, objectivement, responsables de l’élection du Hamas !
Peut-on, ensuite, se proclamer démocrate quand on refuse de reconnaître les résultats d’élections, pourtant considérées comme irréprochables par les instances internationales de contrôle ? ... Et armer le Fatah, avec la complicité concrète de l’Égypte et des USA, pour tenter de renverser, par la force, le gouvernement élu ? A ma connaissance, on a très peu informé sur le plan d’action initié par Me Rice, représentante des USA... Ni sur les 4700 hommes de Dahlane (chef militaire du Fatah) formés en hâte en Égypte et l’attaque menée par ces forces contre l’université de Gaza. (11) Quand, en juin 2007, après de sanglants affrontements, l’opération échoue et que les forces de sécurité du Fatah sont délogées de la bande de Gaza... c’est le Hamas qui est accusé d’avoir fait un “Coup d’État“ !
... ou la paille et la poutre
Parmi la population de religion juive d’Israël (± 6 millions), près d’un million, soit 15% sont des "Haredim - "ceux qui tremblent devant Dieu" - dont la tendance "Loubavitch" est bien connue en Belgique. Les enfants de cette secte représentent actuellement 25% des enfants juifs du pays ! Ces Haredim constituent la majorité des colons qui commettent les exactions en Cisjordanie.
Leur seule loi est la Torah ! Ils estiment qu’elle doit être la source de toute législation et que le refus de l’État juif d’accepter ce principe lui retire toute légitimité. Ils rejettent la démocratie car c’est un principe de fonctionnement qui met l’avis de la majorité au-dessus de Dieu. Pour eux, la loi religieuse n’est pas censée régir un domaine spécifique de la vie, mais la vie dans son intégralité. (12) Ils sont surtout représentés à la Knesset par le parti "Shass", connu pour ses positions d’extrême-droite. Ils ont un poids substantiel dans la politique israélienne. Le développement de cette secte laisse prévoir que ses adeptes représenteront bientôt ¼ de la population du pays. ... Comme quoi, chacun a ses intégristes fanatiques !
Comment faire la paix avec "des bêtes à deux pattes" ?
C’est une axiome de dire que toute discussion sur cette douloureuse tragédie doit exclure toute "croyance messianique“. Seuls les faits doivent être pris en compte pour la recherche d’une solution, pour dire le droit et la justice.
Malheureusement, comme l’a si justement écrit le philosophe Michel Onfray : “ Les constructeurs de fables détestent l’Histoire, ils refusent et récusent les faits, ils détestent l’évidence et chérissent les fictions qui les réconfortent dans leurs illusions ".
Le chemin vers la paix nécessite aussi de rejeter d’emblée cet argument indécent de la symétrie, d’un “conflit entre deux adversaires pour un territoire“, alors qu’il s’agit clairement d’une entreprise coloniale. Aucune symétrie possible entre un oppresseur et un opprimé ! Malheureusement, c’est avec tristesse qu’on constate que cette argutie continue à être propagée par divers organismes humanitaires.
Il paraît évident aussi que la reconnaissance de “l’autre“ est un préalable indispensable. Ainsi, il faut cesser de diaboliser l’adversaire, nier son existence et sa qualité d’être humain comme l’ont fait en leur temps les Golda Meir (“ Les Palestiniens ? Ça n’existe pas ! ") ou Menahem Begin (" Les Palestiniens sont comme des bêtes marchant sur deux pattes ! ").
On est malheureusement assez loin de cette approche "humaniste" avec les anathèmes racistes lancés par Lieberman, l’actuel Ministre des Affaires Etrangères et les cris “Mort aux Arabes !“ qu’on peut entendre dans les rues de Tel-Aviv.
Prémices d’une conquête
(JPG)
François-Georges Picot
L’affirmation que “ les territoires ont légalement été concédés par l’Angleterre “ est, pour le moins, hypocrite. Déjà l’accord dit “Sykes-Picot“ de 1916 entre les occupants britanniques et le mouvement sioniste ne tenait pas le moindre compte des habitants de la région considérée comme inhabitée. Quant à la “Déclaration Balfour“ de 1917, on passe généralement sous silence qu’elle comportait une phrase essentielle : " Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un Foyer national pour le peuple juif, et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte ni aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, ni aux droits et au statut politique dont les juifs jouissent dans tout autre pays "
Déjà à cette époque, les exactions des groupes sionistes (... sous l’œil complice de l’armée britannique) avaient entraîné de nombreuses réactions violentes, dont notamment le massacre de 67 citoyens de la communauté juive de Hébron en 1929. Ensuite, en réponse à la grande révolte palestinienne de 1936 qui répondait elle-même aux attentats terroristes de groupes comme l’Irgoun... le “Plan Peel“ fut élaboré. Il attribuait 30% du territoire au mouvement sioniste... et envisageait (déjà !) le déplacement de la population palestinienne.
Des dollars pour un territoire...
Le plan de partage de l’ONU de 1947 est - nul ne devrait l’ignorer - essentiellement le résultat d’un “arrangement“ entre grandes puissances... sans la moindre consultation de la population. Ce fut même une véritable arnaque politique comme l’ont révélé plusieurs experts juifs tels Tom Segev et Benny Morris (historien israélien... et sioniste) ! Ils mettent au jour, documents à l’appui, qu’un premier vote eut lieu le 25 novembre 47 et qu’il fut, à une voix près, défavorable aux dirigeants sionistes ! ... Qui obtinrent qu’un second vote soit fixé le 29 du même mois ! Profitant de ce délai et devant le risque évident d’un second vote négatif, une opération “pot de vin“ fut déclenchée : les dirigeants sionistes achetèrent à coups de milliers de dollars les voix des représentants de plusieurs petits pays (Costa-Rica, Guatemala, Libéria...). Ainsi la tendance fut renversée et le plan de partage adopté !(13)
Ce "plan de partage" est donc bien le résultat d’un accord de type colonialiste entre occidentaux... au mépris de l’existence et des droits des habitants arabes du pays !
... Et nettoyage ethnique !
Une fois le vote acquis, la parole aux armes... comme prévu par Ben Gourion ! Une armée de près de 100.000 hommes (bien plus puissante que l’ensemble des armées de tous les pays environnants) se mit en marche. On rejeta la faute sur les Palestiniens qui refusaient de céder leurs terres et leurs maisons et sur les pays arabes voisins qui n’acceptaient pas le diktat de l’ONU.
Aujourd’hui encore cette fable de "l’invasion arabe" - aucun pays voisin n’avait les moyens de s’opposer à l’invasion... et depuis quand le faible attaque-t-il le puissant ? - continue malheureusement d’être propagée par certains mouvements juifs progressistes.(14)
L’opération s’accompagna d’une vague d’attentats, de massacres de civils et, avec la complicité active de l’Angleterre, de l’éradication par les bombardements de plus de 400 villes et villages. 4.000 bombes furent déversées sur la seule ville de Jaffa, presque entièrement détruite et vidée de la quasi totalité de sa population, les Arabes de Haïfa furent expulsés (seuls 3.500 habitants restèrent... sur 61.000).
Durant cette Nakba (catastrophe), 760.000 palestiniens prirent la fuite emportant la clef de leur maison. La propagande sioniste a tenté (et tente toujours) d’occulter cet épisode tragique et continue à prétendre que c’est Israël qui, une fois de plus, a été obligé de se défendre contre l’invasion des États arabes avoisinants, qu’il n’a jamais expulsé la population... partie volontairement. ... Vous avez dit "négationnisme" ?
C’était, indubitablement, un nettoyage ethnique ! Le général Moshe Dayan ne le niait d’ailleurs pas : Des villages juifs ont été construits à la place de villages arabes. Vous ne connaissez même pas le nom de ces villages arabes, et vous n’êtes pas à blâmer parce que les livres de géographie n’existent plus. Non seulement ils n’existent plus, mais les villages arabes non plus (...) Il n’y a pas un seul endroit dans ce pays qui n’ait pas eu auparavant une population arabe . (15)
L’UNWRA estime aujourd’hui à six millions (70% du peuple) le nombre de réfugiés palestiniens et leurs descendants, dispersés en Cisjordanie, à Gaza, dans les pays environnants et d’autres continents.
Qui peut être solidaire d’un régime politique qui pratique ainsi ? Qui peut s’étonner que le peuple palestinien ait refusé d’être spolié, qu’on prenne ses maisons et ses terres ? Qui peut s’étonner aussi que les Etats voisins se soient opposés à la décision de l’ONU et aient tenté de lutter contre l’implantation d’un nouveau régime colonial à leurs frontières ? Qui peut s’étonner de ces révoltes ?
Justice pour les communautés juives !
Les mesures de rétorsion prises à cette époque envers les communautés juives par divers gouvernements arabes sont évidemment plus que déplorables et condamnables. Idem pour les violences perpétrées contre les civils, tel le massacre du convoi du mont Scopus (70 infirmières et médecins israéliens assassinés).(16) Ces crimes demandent justice ! Mais c’est aux gouvernements actuels des pays arabes que - à l’instar de l’Allemagne pour les crimes de la "solution finale" - Israël doit s’adresser pour exiger réparation des spoliations et des expulsions... Pas aux Palestiniens !
A suivre...
1) “Les Origines du Sionisme“ de Alain Boyer (Que Sais-Je ?)
2)Fondateur du mouvement para-militaire d’extrême droite Betar
3)Ruth Gavison dans Ha’aretz (10/6/2011)
4)Une Autre Voix Juive (http://uavj.free.fr/UAVJtxt47.htm)
5) The Inequality Report (Katie Hesketh, Adalah, mars 2011)
6)Ha’aretz du 20/10/2010
7)Rapport de B’tselem de juillet 2011
8) Demain on interdira les appels à la fin de l’occupation ou en faveur de la fraternité entre juifs et Arabes (Gideon Levy dans Ha’aretz )
9) Shmouel Seguev Le lien marocain , Editions Matar (Israël)
10) New York Times du 2/12/1948
12)Ziyad Clot “Il n’y aura pas d’Etat palestinien et The Gaza Bombshell (Vanity Fair)
13)Wikipedia
14) 1948 : A History of the First Arab-Israeli War de Benny Morris (Yale University Press)
15) Le sionisme n’a que faire de mensonges de propagande de Shlomo Avineri (Ha’aretz 21/5/2011)
16) Ha’aretz du 4/4/1969
17) Wikipedia : Hadassah medical convoy massacre

3ème Partie

Il n’y a pas de problème à Gaza !
Des premiers terroristes à "Plomb Durci"
“Plomb durci“ est une riposte légitime aux roquettes !
(JPG)
Gaza, hiver 2099 - Rassemblement du Front Populaire de Libération de la Palestine - Le FPLP comme le mouvement Hamas a su sauvegarder les exigences de base de la résistance populaire palestinienne : le droit au retour des réfugiés, la libération des territoires palestiniens sous occupation, la légitimité de la résistance, la libération de tous les prisonniers palestiniens incarcérés en Israël, l’établissement d’un Etat pour les Palestiniens...
Un argument souvent évoqué par les sionistes - et malheureusement très répandu dans la presse traditionnelle - est que le harcèlement par les roquettes du Hamas dont était victime Israël depuis huit ans justifiait le bombardement de Gaza en 2008.
C’est faire peu de cas des enquêtes internationales sur les causes de la rupture de la trêve. Toutes sont unanimes, même Henri Siegman, ancien directeur de l’American Jewish Congress, le concède : c’est d’abord Israël qui a bombardé Gaza et fait huit victimes ! ... Et c’est seulement le lendemain de cette attaque que, en représailles, les roquettes ont été lancées sur la petite ville de Sderot.
Cette offensive militaire sur Gaza était aussi, comme l’a révélé le quotidien israélien “Haaretz“... préméditée et planifiée depuis six mois !
Tipi Livni (alors Ministre des Affaires étrangères) avait d’ailleurs elle-même informé le Parlement de l’Union européenne de l’imminence de l’attaque et Matan Vilnai, Secrétaire d’état à la défense, avait promis, plusieurs jours avant son déclenchement : Les Palestiniens vont s’attirer un Holocauste. Les roquettes sur Sderot... un prétexte ! (1)
Pendant "Plomb Durci", Israël a continué ses exécutions "ciblées" et le vol des terres en Cisjordanie, bien qu’aucune roquette ne fût tirée par les Palestiniens de ces territoires ! ... Et pendant ce temps l’aviation israélienne continuait aussi de violer journellement l’espace aérien du Liban (survols ininterrompus depuis 2006).
Décidément il en faut des mensonges et des ruses pour se défendre.
On ne peut, non plus, ignorer que durant les mois qui ont précédé le drame de Gaza, Israël n’a cessé de violer la trêve (qui incluait la levée du blocus !) qu’il avait pourtant signée, en continuant d’affamer et de harceler la population... Comme il n’a cessé de le faire depuis 1948. Faut-il rappeler les massacres de Khan Younes et Rafah en 1956 (2) ou celui commis par l’aviation israélienne, en février 2008, sur des écoliers - ils avaient entre huit et quatorze ans - qui jouaient sur un terrain de football ? Comme le déclara Shmuel Zakai, haut militaire israélien : “ Le gouvernement a commis une erreur majeure en aggravant la situation économique catastrophique des Palestiniens de Gaza. On ne peut pas simplement donner des coups (...) et s’attendre à ce que le Hamas se contente de s’asseoir sans agir (3)
Un petit peuple désarmé ?
Il est frappant de constater que ce propos du “petit peuple entouré d’ennemis sanguinaires“ ressemble comme deux gouttes d’eau au discours apocalyptique répandu dans l’Allemagne d’avant 40 : le pays est en danger de mort, son intégrité territoriale et sa pureté raciale sont menacées, il faut éliminer ceux qui travaillent à sa destruction !
Les écoliers israéliens sont évidemment les premières victimes de cette angoisse instillée journellement dans leur esprit. Comme l’a admis le général Matityaha Pelet (Ha’aretz, 19/3/1972), cette plainte geignarde du “petit peuple qui ne fait que se défendre“ est de la pure propagande : " La thèse d’un danger d’un génocide qui nous menaçait en juin 67 et qu’Israël se battait pour son existence physique était seulement du bluff, créé et développé après la guerre ".
(JPG)
Dimona : local de commande de l’installation de séparation du plutonium
Il est bien connu que la puissance militaire d’Israël - incluant l’arme atomique (6èmearsenal nucléaire au monde !) - est considérablement supérieure à celle de l’ensemble des pays voisins et que son armée est considérée comme une des plus importantes forces militaires de la planète.
Il y a bien un peuple désarmé, confronté à une puissance hostile, mais ce n’est pas celui-là !
Résistants... Pas terroristes
Les attentats et les tirs palestiniens ne sont pas à considérer isolément mais font partie d’un tout. Le drame de Gaza n’est autre qu’un épisode de plus d’une guerre qui a commencé il y a près de quatre-vingt ans, une péripétie de plus de la résistance d’une population qui a subi bien plus de bombardements et d’attentats que celle d’Israël... et qui compte infiniment plus de morts civiles.
Marek Edelman, le héros juif de l’insurrection du ghetto de Varsovie, décédé en 2009, ne s’y trompait pas. Il nommait “partisans“ ceux que le gouvernement israélien qualifie de “terroristes“ et condamnait publiquement le régime sioniste.
Liberté pour tous les Shalit !
Tout pacifiste espère que le jeune Shalit retrouvera sa famille et on ne peut que condamner le non-respect des lois humanitaires par ses ravisseurs !
Mais, la justice n’étant pas à géométrie variable, ne serait-il pas juste que le gouvernement israélien applique la même loi humanitaire pour les centaines de Palestiniens maintenus au secret depuis juin 2007 ... par “mesure de sécurité“ dixit la Cour Suprême d’Israël.
(JPG)
Salah Hamouri
On semble aussi oublier que cet “enlèvement“ d’un militaire par le Hamas avait déjà, dès le lendemain, entraîné l’opération “Pluies d’Eté“.
Cette attaque sanglante lancée par Ehud Olmert avait provoqué des centaines de morts civiles et l’emprisonnement, sans jugement,(4) d’une soixantaine de parlementaires palestiniens.
Ne serait-il pas juste aussi qu’Israël libère Salah Hamouri, le citoyen franco-palestinien condamné par un tribunal militaire et incarcéré depuis mars 2005 pour avoir eu “l’intention“ (sans le moindre élément de preuve concrète) de tuer un leader d’extrême droite ?
La Justice ne voudrait-elle pas, surtout, qu’on libère les milliers de résistants, de prisonniers d’opinion et d’enfants (310 mineurs fin 2009, selon l’ONU) qui sont incarcérés sans droit de visite et de courrier ? Certains sont enfermés depuis des années, sans jugement dans des prisons où, comme en témoignent les rapports d’Amnesty International, la torture est récurrente !(5) Comment peut-on accepter ce “deux poids, deux mesures“ ? Parce qu’un soldat sioniste vaut infiniment plus qu’un civil... ?
En souvenir des premiers “terroristes“...
Nelson Mandela disait : C’est l’oppresseur qui détermine la forme de la violence, pas l’opprimé. C’est vrai... mais tuer délibérément des civils est un crime de guerre qu’il faut absolument condamner, quels qu’en soient les auteurs !
Même s’ils sont des actes de résistance, les attentats suicides palestiniens me remplissent d’horreur.
Il faut cependant bien constater que l’histoire de l’expansion d’Israël déborde de massacres et que c’est le mouvement sioniste qui a fait exploser les premières bombes au milieu des civils... Bien avant le premier attentat suicide palestinien à Hébron en 1994 !
La liste des carnages est longue, très longue :
-   Attentats à la voiture piégée de juillet 1938 à Jaffa et à Jérusalem qui font des dizaines de victimes.
-   Attentat de l’hôtel King David en 1946 qui, outre des militaires anglais, tua une majorité d’employés palestiniens.
-   Massacres des villageois désarmés de Deir Yassin, de Kafr Kassem, de Beit Hanoun, de Jénine, de Khan-Younis, de Raffah, de Beït Lahya...tant d’autres.
-   Tuerie dans le camp de réfugiés de Canaa ordonnée par Shimon Peres, celle perpétrée à Lydda par Yitzhak Rabin (456 civils dont 176 à l’intérieur d’une mosquée) et à Ramle par Moshe Dayan.
-   Massacre des réfugiés de Sabra et Chatila par la milice libanaise sous les ordres du général Sharon.
(JPG)
-   Tuerie du “Caveau des Patriarches“ (29 morts et 125 blessés) par Baruch Goldstein.
Etc... Etc.
Les assassinats de civils n’ont jamais cessé depuis les années vingt.
Rappelons-nous les "exploits" du groupe Stern d’Itzhak Shamir... dont l’assassinat de Folke Bernadotte, le médiateur envoyé par l’ONU en 1948 pour faire cesser les combats et superviser la mise en application du partage territorial.(7)
Cet homme de paix avait sauvé près de 15.000 personnes des camps de concentration nazis !
Son assassinat cynique n’est-il pas prémonitoire du refus fondamental d’Israël de mettre fin à son expansion ? Depuis, toute la stratégie du régime israélien semble malheureusement le démontrer... Il n’y a qu’à dénombrer les dizaines d’assassinats ciblés (et bien entendu anonymes) perpétrés dans le monde par les tueurs des services secrets pour faire taire les voix discordantes. Citons seulement celui de Naïm Khader, autre homme de paix, criblé de balles à Bruxelles en 1981.
Quelle différence “qualitative“ entre les attentats palestiniens et les massacres israéliens ? La principale ne serait-elle pas d’ordre racial ? Les victimes des uns étaient des émigrants venus d’Occident, celles des autres des arabes autochtones qui avaient l’outrecuidance de résister aux envahisseurs. Les bombes au phosphore blanc utilisées au Liban et à Gaza ne visaient-elles pas à tuer des civils, comme le montre clairement le rapport de l’ONU, ce fameux “Rapport Goldstone“ (juriste juif et sioniste !), exécré par le gouvernement israélien ? A ce propos, il est bon de rappeler qu’il n’a pas été établi par le seul Mr Goldstone mais par une équipe d’experts indépendants internationaux renommés... avec l’aide de nombreuses ONG et associations israéliennes qui, malgré l’opposition et les pressions de leur gouvernement, ont fourni des informations.
N’est-il pas impérieux de reconnaître et réparer, autant que possible, ces crimes ? Ces centaines de milliers de Palestiniens assassinés ou expulsés de leur terre et de leurs maisons, n’ont-ils pas droit à la justice ? Tout honnête homme ne doit-il pas s’opposer à l’infamie et demander que les responsables soient jugés ?
... Et des survivants de la "Shoah"
A l’occasion du 60ème anniversaire de la libération d’Auschwitz, Sharon a glorifié son régime comme le dernier refuge des juifs victimes du nazisme. La réalité est bien différente pour les quelques 200.000 rescapés qui résident encore en Israël. Selon l’ONU, la moitié vit sous le seuil de pauvreté (surtout ceux originaires de l’Europe de l’Est) et ces victimes du génocide sont régulièrement insultées par des rabbins comme Ovadia Yossef, idéologue du parti d’extrême droite Shass, qui affirme que le sort malheureux de ces “mauvais juifs“ est “la punition de Dieu pour leurs péchés“.
Cette "utilisation" de l’Holocauste est d’ailleurs dénoncée par de nombreuses consciences juives, tel Norman G.Finkelstein, fils de juifs survivants du ghetto de Varsovie qui n’hésite pas à écrire :
Un corollaire de l’unicité de l’Holocauste est qu’il constitue un Mal unique. La souffrance des autres, si terrible qu’elle soit, ne peut tout simplement pas lui être comparée. Les tenants de l’unicité de l’Holocauste récusent en général cette implication, mais ces protestations ne sont qu’hypocrisie. Revendiquer l’unicité de l’Holocauste est intellectuellement vide et moralement indigne. La question est de savoir pourquoi cela continue. Tout d’abord, parce que souffrance unique veut dire droits uniques. Selon Jacob Neusner, l’Holocauste, mal unique, n’a pas seulement pour conséquence de donner aux Juifs un statut à part, il leur donne "un droit sur les autres. " Pour Edward Alexander, l’unicité de l’Holocauste est "un capital moral" ; les Juifs doivent "réclamer la propriété" de ce "bien précieux". Dans les faits, le caractère unique de l’Holocauste -ce "droit" sur les autres, ce "capital moral"-, représente pour Israël un alibi précieux. " La singularité de la souffrance juive, écrit l’historien Peter Baldwin, renforce la pression morale et émotionnelle qu’Israël exerce [...] sur les autres nations. " C’est ainsi, explique Nathan Glazer, que l’Holocauste, en mettant en évidence "le caractère particulièrement distinctif des Juifs", leur donne " le droit de se considérer comme spécialement menacés et spécialement justifiés dans tous les efforts nécessaires à leur survie ".
Pour s’en tenir à un seul exemple, tous les comptes rendus sur la décision d’Israël de se doter de l’arme nucléaire évoquent les spectres de l’Holocauste. Comme si Israël avait eu besoin de l’Holocauste pour devenir une puissance nucléaire. (8)
Ça fait soixante ans que nous cherchons la paix... A nos conditions !
Bien qu’il soit critiquable, les hommes ont instauré un organe pour la régulation de la paix dans le monde, l’ONU. On ne peut tenir pour négligeable, que depuis soixante ans les divers gouvernements d’Israël n’ont jamais respecté que deux résolutions de l’ONU (celle de 1947 qui concerne le partage du territoire et celle imposant son retrait du territoire libanais qu’il avait envahi). Aucune autre - une centaine depuis 1948 - n’a été appliquée ! Idem pour les décisions du Tribunal International de la Haye !
Israël a aussi répondu par le silence à la proposition de paix unilatérale faite par les pays arabes en 2002...Pas même un "accusé de réception" ! Cette initiative - pourtant signée par l’ensemble des Etats membres de la Ligue arabe... Et par l’Iran ! - offrait une paix générale de toute la région en échange du retrait des territoires occupés depuis 1967 et d’une solution juste pour les réfugiés.
Il est vrai qu’Israël n’a guère de raisons de se conformer au Droit international puisque même l’Union européenne n’applique pas ses propres lois et règles - notamment celles contenues dans la Quatrième Convention de Genève - et se rend ainsi complice des exactions commises.
Ce régime est d’autant plus à l’aise qu’il a l’appui concret de son puissant allié US... ce qui permet, petite anecdote, à Ariel Sharon de répondre à Shimon Peres, sans que cela ne provoque de réaction : Chaque fois que nous faisons quelque chose vous me dites que l’Amérique fera ceci et fera cela.... Je veux vous dire quelque chose très clairement : Ne vous inquiétez pas de la pression américaine sur l’Israël. Nous, le peuple juif, contrôlons l’Amérique et les Américains le savent (9)
Les visées expansionnistes (voir cartes pages 28 et 29) ainsi que les pratiques colonialistes du régime sont flagrantes :
-   Expansion territoriale par la force.
-   Population de Cisjordanie reléguée dans ce qu’il faut bien appeler des “ghettos“.
-  Colonisation sauvage de Jérusalem-Est et expulsion brutale de ses habitants.
-  Oppression religieuse permanente : restrictions d’accès à la mosquée Al-Aqsa (troisième lieu saint de l’Islam), destruction de mosquées, de cimetières ancestraux comme celui de Ma’man Allah pour y construire un "Musée de la Tolérance" (humour juif ?)
-  Blocus de Gaza, pourtant condamné par la Communauté Internationale (résolution de l’ONU N°1860), blocus qui a affamé la population (elle y échappait seulement grâce aux tunnels), qui l’empêche toujours de reconstruire - le ciment y est interdit d’entrée, excepté pour les bâtiments de l’UNRWA qui a pu rebâtir dix de ses douze hôpitaux, début 2010.
-  Mesure militaire - encore une fois contraire à la Convention de Genève - qui veut interdire aux Palestiniens, implantés en Cisjordanie mais originaires de Gaza, d’y résider.
-  Impositions drastiques au fonctionnement de l’UNRWA privant d’enseignement 40.000 écoliers de Gaza, interdisant l’édification des deux écoles... dans un territoire non-occupé paraît-il.(10)
... Etc.
Près de la moitié des terres agricoles de la bande de Gaza sont devenues inutilisables du fait des destructions, de la pollution par le phosphore ou de leur localisation à l’intérieur d’une "zone de sécurité" définie par l’armée israélienne, les pêcheries sont paralysées à cause de l’interdiction d’aller en haute mer... Depuis “Plomb Durci“, Gaza a été bombardé plus de 400 fois et un Palestinien est abattu chaque jour, en moyenne ! Tout ça pour arriver à la paix ?
Il n’y a pas de problème humanitaire à Gaza !
Selon divers rapports de l’ONU (encore une fois pas crédibles pour Israël ?), 80% des aides humanitaires envoyées par les gouvernements et les ONG sont (à juin 2010) interdites d’entrée.
Toujours selon l’ONU, la moyenne hebdomadaire des camions franchissant le point de passage de Kerem Shalom reste très inférieure à celle en vigueur avant juin 2007 (540 contre 2807).
Mais, bien entendu, Israël proclame via le colonel Moshe Levy : Il n’y a pas de problème humanitaire à Gaza ! Il n’y a pas de pénurie de nourriture ni d’autres choses, sauf celles qui alimentent le mouvement terroriste et renforcent le Hamas.
Quelques autres réalités, selon le rapport de l’ONU (juillet 2011) :
-  Plus de 90% de l’eau provenant de l’aquifère est non potable
-  54% des habitants vivent dans une situation d’insécurité alimentaire et 75% dépendent de l’aide internationale
-  47% des jeunes est au chômage
-  35% des terres agricoles et 85% des zones de pêche sont inaccessibles en raison des mesures militaires israéliennes
-  Les mesures prises en juin 2010 pour alléger le blocus ont eu peu d’effet sur la situation humanitaire. Si les importations ont augmenté, elles ne représentent que 45% de ce qui entrait en 2007
Vous avez dit "circulez, il n’y a rien à voir“ ?
Les lois internationales ne nous concernent pas !
Fin mai 2010, la marine israélienne a, une fois de plus, violé le droit international en “arraisonnant“ un convoi humanitaire dans les eaux internationales (à plus 60 km des côtes !).
Des militants pacifistes provenant de 42 pays étaient sur ces bateaux. Ils transportaient des chaises roulantes, des maisons en kit, du ciment, du matériel de construction...
Comme d’habitude, le Mossad et le Shin Beit n’ignoraient certainement rien du contenu des bateaux... et certainement pas l’identité des quelques 700 personnes qui s’y trouvaient. Le général Gabi Ashkenazi, chef d’état-major de l’armée, a admis devant une commission d’enquête israélienne (24/10/2010) que les commandos ont tiré plus de 300 balles réelles lors de l’abordage, tuant une dizaine de passagers et blessant de nombreux autres ! Cette attaque en haute mer contre un bateau civil est indéniablement une piraterie maritime... Pas pour la soldatesque israélienne !
C’était un “flottille terroriste“ !
(JPG)
Bien entendu, Israël proclame qu’il n’est pas responsable du massacre ! “ Ce sont ces soi-disant pacifistes qui, sous couvert de convoi humanitaire, sont venus provoquer notre démocratie et créer de la violence. Nous n’avons fait que nous défendre contre cette attaque de dangereux envahisseurs armés (11) On sait maintenant qu’ils étaient bien armés... de ce qu’ils avaient trouvé sur le bateau : clubs de golf, couteaux de cuisine, chaînes, bâtons ou barres de métal !
Israël justifie son attaque contre le “Mavi Marmara“ en arguant que la “Flottille de la Liberté“ n’a pas obéi aux injonctions de l’armée israélienne.
Depuis quand doit-on obéir aux ordres illégaux d’un commando qui, à l’instar des pirates somaliens, monte à l’assaut d’un bateau dans les eaux internationales ?
Comme le prouvent les rares images qui n’ont pas été confisquées par les assaillants(12) et les résultats des autopsies des victimes, le commando était venu pour tuer :
Les neuf morts ont été touchés par une trentaine de balles au total. Les autopsies montrent que les victimes ont été criblées de balles, plusieurs d’entre elles à bout portant et certaines d’une balle à l’arrière du crâne.(13)
A ma connaissance, très peu de medias “officiels“ de mon pays ont fait la “une“ de cette information, pourtant capitale. C’est seulement au bout de trois semaines qu’une TV d’ici en a fait mention.
... Journaliste mais pas téméraire !
Les rapports d’autopsie sont accablants : cinq des neuf victimes ont été touchées à la tête ! Le jeune étudiant américano-turc de 19 ans, Turkan Dogan, a été abattu par cinq balles, dont une à bout portant contre le visage et une à la nuque.
Hormis ce jeune étudiant, les huit autres victimes étaient toutes des pères de famille (commerçant, journaliste, pompier...) dont la moyenne d’âge est de plus de 40 ans... il y avait même un ingénieur de 61 ans.
Des terroristes bien particuliers, non ?
La “Commission d’enquête“ mise en place par le régime israélien - l’accusé enquête donc sur ses propres crimes ! - estimera que c’était de l’auto-défense et décidera que les rapports d’autopsie ne sont pas des preuves.
De son côté, la mission d’enquête du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU a confirmé dans son rapport final (22 septembre 2010) que cet abordage avait été “une violation grave des droits de l’homme“.
Témoignage des experts de l’ONU :
La conduite des forces armées d’Israël (...) vis-à-vis des passagers de la flottille (...) révèle un niveau inacceptable de brutalité" et souligne que "Il y a des preuves claires permettant d’appuyer des poursuites pour les crimes suivants (...) : homicide intentionnel, torture ou traitements inhumains, fait de causer intentionnellement de grandes souffrances ou des blessures graves"(...) "Les auteurs des crimes les plus graves ayant été masqués ne peuvent pas être identifiés sans l’assistance des autorités israéliennes.
Mais, bien entendu, le gouvernement de Netanyahu a poussé ses cris d’orfraie habituels (Calomnies ! Mensonges ! Enquête partiale !... etc) et tenté d’enrayer la médiatisation du rapport. ...Et la majorité de la presse européenne a, comme d’habitude, collaboré à mettre une chape de silence sur cette condamnation !
Quand obligera-t-on le gouvernement israélien à respecter les règles de l’assemblée des nations et les jugements des tribunaux internationaux ?
Quand, aussi, la presse traditionnelle occidentale respectera-t-elle l’éthique journalistique ?
Connaissant les pratiques antérieures de cette “armée la plus morale du monde“, on n’est en rien étonné du caractère délibérément violent de cet assaut contre ces bateaux de pacifistes.
On tire dans le tas et ensuite, à l’annonce de la tuerie, on applique la proposition faite à la Knesset par la députée du Likoud, Miri Regev : “ le plus important est de s’occuper très vite des informations négatives des medias, de façon à ce qu’elles disparaissent “.
Devant l’indignation mondiale, Netanyahu s’est quand même un peu calmé et c’est heureusement sans violence qu’Israël s’est ensuite emparé du “Rachel Corrie“.
Pour ceux qui l’ignorent : Rachel Corrie était une jeune pacifiste américaine, écrasée par un bulldozer militaire, en 2003 à Gaza, parce qu’elle s’opposait à la démolition d’une maison palestinienne.
(à suivre)
Notes
1) Témoignage de Me De Keyser, députée européenne, au “Tribunal Russell“ (2/3/2010)
2) "Gaza 1956" de Joe Sacco (Futuropolis)
3) “Ha’aretz“ du 22/12/2008
4) Depuis 1967, Israël a emprisonné 20% de la population des territoires occupés
5) Cf les rapports de Amnesty International
6) Comme l’a révélé le journaliste Alain Ménargues, des forces spéciales de l’armée israélienne ont également participé activement à cette tuerie de 2 à 3.500 hommes, femmes et enfants.
7) “Il n’y aura pas d’Etat palestinien“ de Ziyad Clot (Max Milo Editions )
8) "L’Industrie de l’Holocauste" (Editions La Fabrique)
9) Kol Yisrael Radio le 3 Octobre 2001
10) Déclaration de M.Gunness (UNRWA) 23/10/2010
11) Déclaration de l’ambassadrice d’Israël en Belgique le 31/5/2010
12) Voir http://www.pacificfreepress.com/news/1-/8123-kevin-neishs-mavi-marmara-story.html
13)“The Guardian“ du 5/6/2010

4ème Partie
Personne n’a le droit de juger le peuple juif ou l’Etat d’Israël
De "Plomb Durci" aux collabos, en passant par BDS
(JPG)
mai 2010 - la marine de guerre israélienne pirate le Mavi Marmara dans les eaux internationales et assassine neuf militants de la solidarité turque avec la Palestine - Photo : AFP
La hasbara, notre machine de propagande balayera tout ça !
Immédiatement, la campagne de désinformation a été lancée : “ Ce ne sont pas des pacifistes, mais des terroristes contre lesquels nous nous sommes seulement défendus... Et avec une grande modération ! " (Netanyahu à la TV israélienne).
Ailleurs aussi, c’était éloquent : " C’était une embuscade organisée ! Nos braves soldats sont tombés dans un piège ! C’est des mercenaires qui étaient à bord ! Il y avait plein d’armes dans ces bateaux de “pseudo pacifistes ! " (Tamar Samash, ambassadrice d’Israël en Belgique) “ Ceux qui sont contre Israël sont des animaux, des chiens enragés, des hyènes ! " (Rubinfeld, président du CCOJB sur Radio Judaica). “ C’est un groupe lié à Al-Quaida qui dirigeait l’opération ! " (l’ambassadeur d’Israël au Danemark).
Cette campagne n’a été qu’en s’amplifiant. Les divers organismes de service (Jewish Internet Defense Force, Internet Haganah, Palestinian Media Watch, Aschkel...) n’ont cessé, malgré la présence à bord de gens comme Mairead Maguire, Prix Nobel de la Paix 1976 ou le grand écrivain suédois Henning Mankell, de calomnier et de "fabriquer des preuves“ pour diaboliser les participants de cette flottille On les transformera en terroristes assoiffés de sang qui ont attaqué une armée pacifique.
Parallèlement, Israël rappellera aussi ses obligations sionistes à Goldstone pour qu’il se démarque du rapport qui porte son nom et déjuge les autres membres de cette commission d’experts désignés par l’ONU... Il y a réussi, en partie. La technique est récurrente !
Cette ignominie aura au moins eu pour conséquence de mieux informer sur les réalités des pratiques israéliennes et d’obliger cet Etat, sous la pression internationale, à alléger le blocus sur Gaza.
Tout pour redorer l’image...
Depuis "Plomb durci", tout ce qui peut être médiatisé, surtout émotionnellement, est mobilisé dans une vaste campagne orchestrée et largement financée par le gouvernement pour tenter de rétablir une image positive d’Israël dans le monde. Que penser, en effet, de l’envoi massif d’aide et de sauveteurs (respect pour eux !) aux malheureux Haïtiens ? ...Pendant ce temps, Israël refusait l’entrée à Gaza des biens de première nécessité et des médicaments, causant ainsi la mort de plusieurs centaines de Palestiniens !
L’objectif du gouvernement ? Comme le titrait le journal “Maariv“ : “ Pénible vérité : la catastrophe d’Haïti c’est bon pour les Juifs“...“chaque désastre a besoin d’un héros et les héros d’Haïti sont les Israéliens "... «  Nous n’aidons pas seulement les Haïtiens dans leur tragédie, mais nous contribuons à unir le monde juif et démontrer les valeurs juives de l’Etat d’Israël “.
Ce discours proprement scandaleux instrumentalise ouvertement le malheur des Haïtiens pour encenser l’État d’Israël et tenter de redresser son image.
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Auschwitz
Que penser aussi de l’exploitation mercantile (un million de $ de bénéfice annuel pour Israël) du sinistre camp d’Auschwitz, (1) devenu une attraction touristique morbide pour des colonies de jeunes israéliens... Négligeant le fait que cette horreur concerne essentiellement les européens, toutes opinions, croyances et ethnies confondues.
... sans oublier le conditionnement de l’opinion publique
Comme le proclamait Ariel Sharon : " Israël peut avoir le droit de juger les autres, mais certainement personne n’a le droit de juger le peuple juif ou l’État d’Israël ".
Protestations et démentis ne suffisant pas à redorer l’image perdue, il n’a pas fallu longtemps pour mobiliser les supporters du régime à travers le monde, pour vilipender, diaboliser, harceler ou menacer de mort les opposants ou contradicteurs.
Un bel exemple de propagande, parmi une multitude de films financés par le Ministère des Affaires Etrangères, est cette vidéo "The Truth about the West Bank", éditée en six langues, expliquant doctement que la Cisjordanie n’est pas un territoire "occupé" mais "disputé"... entre Israël et la Jordanie !
Il découle de cette rhétorique délirante que les "implantations" sont légales et que les Palestiniens n’ont aucun droit sur cette région... puisqu’ils n’ont pas d’État, ce ne sont que des Jordaniens qui se sont implantés dans un territoire qui revient à Israël !(2)
... Et quand la propagande ne suffit pas, on peut même passer à l’acte en agressant les associations de défense des droits humains, comme à Paris en septembre 2010 (cambriolage et tentative d’incendie criminel de plusieurs ONG pro-palestiniennes) ou comme l’agression au couteau contre un chercheur de l’ULB. (3)
... et à sa culpabilisation par les medias amis
Pas un jour sans que l’un ou l’autre media ne nous présente un sujet qui vise à sensibiliser le public occidental sur la "Shoah"... Oubliant les autres victimes de la "Solution Finale" !
(JPG)
Dans le ghetto de Varsovie
Que cela n’ait rien à voir dans le drame palestinien, qu’il n’y ait aucun lien factuel entre cette monstruosité et ce qui se passe au Moyen-Orient, est sans importance.
La confusion entre le judaïsme et l’État d’Israël est, depuis toujours, soigneusement entretenue par les dirigeants sionistes et l’utilisation de l’émotionnel une pratique récurrente pour la manipulation de l’opinion publique.
Cette campagne de sensibilisation sur le drame des juifs européens victimes du nazisme - la programmation de Arte sur ce thème est exemplative - a un seul objectif : créer une empathie avec l’État d’Israël !
Une sorte de politique du ricochet, quoi !
Ah ! La naïveté ou l’absence d’esprit critique d’une partie de la communauté juive et de tant de citoyens non-juifs... Et ça marche depuis plus de soixante ans !
On développe également une campagne en direction des juifs d’Occident, présentés comme une communauté martyre, victime permanente de la violence des autres communautés... Et invités à émigrer pour sauver leur vie !
Que la réalité - les communautés d’autres religions sont aussi victimes de l’intolérance - contredise ces discours générant la peur, voire la panique, n’a aucune importance. Ce qui l’est c’est, encore une fois, instiller l’amalgame “juifs/shoah/Israël“ !
... et certains organismes humanitaires
Il est affligeant de voir l’attitude de “cul-bénit“ de certains organismes qui prétendent défendre les droits humains en adoptant ce fallacieux argumentaire de “deux peuples convoitant la même terre“.
Ainsi, certains ont une lecture bien particulière du rapport de la “Commission Goldstone“ !
Alors que ce rapport cible très nettement la responsabilité écrasante d’Israël dans le drame de Gaza, Amnesty-Belgique (“Conflit de Gaza, la justice maintenant“ )(4) renvoie dos à dos oppresseurs et opprimés en déplorant de même manière les morts israéliens (13... dont 10 militaires !) et palestiniens (1400 civils !).
Il est triste de constater que cette organisation de défense des prisonniers d’opinion, ne parle que très rarement des milliers de civils (non-combattants !), dont plusieurs centaines d’enfants, enfermés et torturés dans les geôles israéliennes... Ce qui en fait la plus grande prison du monde des "prisonniers d’opinion" !
Cette attitude “jésuitique“ est bien éloignée de la mission originelle.
Vous avez dit blocus ? Où voyez-vous un blocus ?
25 avril 2008 - Rafah, frontière entre l’Egypte et la bande de Gaza - Des palestiniens scandent des slogans lors d’une manifestation devant la clôture de fer séparant l’Egypte de la bande de Gaza pour réclamer à Israël la levée du blocus de Gaza. - 76.9 ko
25 avril 2008 - Rafah, frontière entre l’Egypte et la bande de Gaza - Des palestiniens scandent des slogans lors d’une manifestation devant la clôture de fer séparant l’Egypte de la bande de Gaza pour réclamer à Israël la levée du blocus de Gaza.
Israël a indéniablement allégé son blocus, mais refuse de communiquer la liste des produits qu’il entend interdire. Avant le blocus, la liste des produits autorisés était de 4.000... de 80 à fin 2010 !
L’allègement est pour le moins... léger. Parmi les produits interdits (à juin 2011), il y a le chocolat, les instruments de musique, les blocs-notes, le ciment, le sel, la majorité des médicaments et du matériel médical... Tous “produits militaires“ bien entendu, comme ces sept appareils respiratoires offerts par la Norvège aux hôpitaux, confisqués par l’armée.
Grâce au "Printemps égyptien", l’allègement du blocus s’est incontestablement amélioré (5)
... Et le fameux mur d’acier de Moubarak - décision d’édification prise en coordination avec Israël et les Etats-Unis - ne sera pas achevé.
N’en reste pas moins que Rafah est la seule voie d’accès plus ou moins ouverte pour les habitants de Gaza (L’Égypte laisse passer 3 à 400 personnes par jour). Côté mer et côté Israël, rien n’a changé.
Pour ce qui est de la Cisjordanie, le blocus est plus subtil. Outre que la quasi totalité des habitants ne peuvent librement quitter le territoire pour se rendre à Jérusalem - rares sont les Palestiniens de Bethléem qui ont visité Jérusalem... distant de 8 km - les étrangers débarquant à Tel-Aviv sont avertis qu’ils risquent une peine de prison de deux ans s’ils se rendent dans la partie palestinienne.
Les pacifistes de la "Flytille" l’ont appris à leurs dépens... Et ont ainsi démontré que le blocus est général !
Génocide ?
Les spécialistes se disputent quant à l’appellation qui convient pour définir les actes israéliens et si on peut, oui ou non, parler de génocide.
On ne peut cependant s’empêcher de penser qu’il y a des ressemblances troublantes avec les événements qui se sont, par exemple, déroulés au Rwanda ou en Ex-Yougoslavie... Tel le massacre de Srebrenica, en juillet 1995, qui, hormis le nombre de morts, a plus que des similitudes avec celui perpétré à Al-Tantura, en mai 1948.
Pourquoi génocide à Srebrenica, mais seulement incident regrettable en Palestine ?
Si ce n’est pas un génocide, la litanie des massacres depuis les années trente à ce jour sonne pour le moins comme un prélude.
Il n’est sans doute pas inutile de rappeler la définition juridique du crime de génocide qu’on peut trouver dans la "Convention pour la prévention et la répression".
Les génocides sont des actes commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :
-   meurtres de membres du groupe
-   atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe
-   soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle.
Chacun jugera en conscience.
... En tout cas Sociocide !
Comment, en effet, qualifier autrement la sinistre "Opération Rempart" (6) de 2002 que tant "Human Rights Watch" et "Amnesty International" ont défini comme crime de guerre ?
Quel autre but que détruire la société palestinienne elle-même pouvaient avoir les massacres - même Shimon Pérès a utilisé ce terme de "sociocide" à ce propos - de Jenine et Naplouse ?
Quelle autre finalité pouvait avoir la destruction généralisée des maisons, le saccage de tout ce qui était utile à la vie économique (hôtels, aéroport, sites historiques, bureaux de poste... jusqu’aux feux de signalisation) ?
Comme d’habitude, Israël a fait obstacle à la venue de la Commission d’enquête mise sur pied par l’ONU... Et, comme d’habitude, a invoqué la "nécessité de représailles" pour répondre à des attaques.
Ah ! Cette fameuse “charte“ du Hamas !
Petit “scoop“ qui serait comique s’il n’était effrayant : l’auteur du slogan, tant brandi comme le “crédo“ des Palestiniens, “ Poussez tous les juifs dans la mer “, est en réalité de... Ben Gourion lui-même !
C’est à la Knesset en octobre 1961 que, selon un universitaire étatsunien, il "inaugura" ce slogan pour mieux stigmatiser le danger palestinien : “ Leur objectif est clair : pousser les juifs dans la mer, morts ou vifs ! ". (7)
Dans sa diabolisation des “extrémistes islamiques“ l’État d’Israël se réfère toujours à l’ancienne “Charte du Hamas“... Mais passe sous silence le “Document d’Entente Nationale“ de 2006 (signé par le Hamas !) qui accepte l’État israélien à côté d’un État palestinien dans le respect de la résolution 242 de l’ONU de 1967 fixant les frontières entre ces deux États.
Pourquoi Israël s’oppose-t-il à cet engagement qui équivaut, pour les Palestiniens, à renoncer à 78% du territoire originel et entérine ainsi la conquête juive ?
... Et pourquoi ne parle-t-on jamais du refus à l’existence d’un État palestinien contenue dans la charte du Likoud : le gouvernement israélien rejette catégoriquement la création d’un État arabo-palestinien à l’ouest de Jourdain !
Cette obstruction au droit international depuis plus de 60 ans et cette volonté de rejeter toute offre de délimitation des territoires est, pour le moins, un étrange témoignage de volonté de paix, non ?
Les Palestiniens doivent partir ou se soumettre !
Que le gouvernement israélien le veuille ou non, la Cisjordanie et Gaza sont des territoires "occupés"... ce qui implique le respect des lois de la guerre par le Pouvoir occupant.
Eric David, spécialiste du Droit international et Professeur émérite de l’Université de Bruxelles, estime que " L’implantation et le maintien de colonies de peuplement dans les territoires palestiniens occupés sont des crimes de guerre ". (8)
Cette violation du Droit n’a pas connu de répit depuis 1967 et la répression raciste est permanente.
A titre d’exemple : le raid de nuit des colons de Kyriat Arba (près d’Hébron) qui, sous la conduite du rabbin Levinger, ont, sous la protection de l’armée, détruit tout ce qu’ils pouvaient dans le camp de réfugiés de Deheishe en 1987
Ils s’en sont ensuite vantés dans la presse : "Notre action n’était pas assez forte. Il aurait fallu écraser le visage d’un enfant de 8 ans et casser les dents d’une femme enceinte. C’est seulement de cette façon qu’ils comprennent !". (9)
Que penser aussi des exhortations de Pinhas Wallerstein, patron de “Yesha“, le Conseil des Colons, considéré comme un “faiseur de gouvernements israéliens“, proclamant que “ les colons ne partiront jamais de Judée-Samarie “ et “ Cette présence juive, partout, est nécessaire pour empêcher un Etat palestinien “ ?
Il n’y a guère d’illusions à se faire sur les discours israéliens proclamant la volonté d’arrêter la conquête... David Ben Gourion n’affirmait-il pas déjà en 1948 : " Nous devons tout faire pour nous assurer que les Palestiniens ne reviendront jamais, les vieux mourront et les jeunes oublieront “.
Il n’y a de paix que la paix des morts, quoi !
La colonisation sauvage est permanente et s’est même amplifiée après l’attaque de la “Flottille de la Liberté“ : arrachages des oliviers, destruction des puits d’eau...
Fin juin 2010, encore une fois, au mépris des engagements pris et des lois internationales, le comité central du Likoud a approuvé à l’unanimité la “ poursuite du développement des colonies en Cisjordanie et partout en Eretz Israël, notamment dans le Néguev et en Galilée et dans le Grand Jérusalem “.
Les fanatiques sionistes religieux, ne cessent de brûler champs, écoles (celle de Naplouse en octobre 2010), mosquées (celles de Lubbati Charqiya en mai 2010 et de Beit Fajjar en octobre 2010) ou maisons (à Hiraoua et Bourine, début mars 2011).
Les colons d’Ytzhar (une des 121 colonies illégales de Cisjordanie) justifient tout cela au nom d’une “ mission confiée par Dieu “ et ceux qui occupent Hébron (700 Israéliens au milieu de 170.000 Palestiniens) écrivent " Pas d’arabes ni de rats " sur les murs. (10)
Hébron, ville coupée en deux pour y rendre la vie impossible aux Palestiniens en interdisant leurs commerces dans les principales artères, Hébron devenue ville fantôme pour la "sécurité" de quelques fanatiques religieux.
Qui sont les barbares ?
Le Boycott est une action légitime ?... et légale ?
(JPG)
La campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) a été demandée en 2005 par 172 organisations palestiniennes représentatives (religieux, laïcs, syndicats...) et a essentiellement pour but de faire cesser l’impunité d’Israël en le forçant à respecter les règles internationales.
Concernant les produits importés en Europe, l’appellation “Made in Israël“ est frauduleuse pour des produits fabriqués par des entreprises implantées dans les colonies de Cisjordanie.
En effet, “l’Accord d’Association UE-Israël“ (en vigueur depuis 2000 et ratifiée par tous les pays de l’Union) et diverses autres directives en interdit l’entrée dans l’Union européenne (Voir à ce sujet l’arrêt “Brita“ de la Cour de Justice Européenne du 25/2/2010).
De plus, la Convention de Genève de 1949 spécifie clairement le statut de territoire “occupé“ de la Palestine et s’oppose à toute collaboration avec le gouvernement israélien dans ses projets de colonisation.
Il en découle qu’il est donc illégal pour une entreprise ou un investisseur occidental de collaborer, même indirectement, à des projets israéliens en Cisjordanie et frauduleux d’étiqueter “made in Israël“ des produits issus des colonies.
L’action tentant de faire appliquer le Droit est donc parfaitement justifiée.
Ce n’est pas, comme la propagande sioniste essaie de le faire accroire, une campagne illégale ! Il est d’ailleurs scandaleux que des gouvernements, tel celui de la France, essayent, au mépris des lois de l’Union européenne, de criminaliser les militants de ce boycott.
Concernant le boycott universitaire, on ne peut ignorer qu’en Israël même, aucune université n’existe pour les “Palestino/Israéliens“ et qu’aucun cours en arabe n’est dispensé dans les sept “officielles“.
Ainsi, 20% de la population, d’un pays qui se prétend démocratique, est discriminée !
Mais Ehud Barak, Ministre de la Défense, a approuvé l’accès au statut d’université d’un collège situé dans la colonie d’Ariel en Cisjordanie occupée... Université qui n’est accessible qu’aux seuls colons, évidemment !
Au moins par le silence, mais souvent de manière active en se mettant au service des officines gouvernementales (à l’instar de l’université Ben Gourion qui entretient des liens étroits avec le complexe militaro-industriel israélien), ces universités israéliennes contribuent à maintenir l’oppression.
A quand une action de ces universitaires pour s’y opposer et rejoindre leurs confrères qui manifestent leur désaccord ?
Il en va de même concernant la culture.
Il ne s’agit en aucune manière de boycotter des individus - de nombreux artistes israéliens sont accueillis dans des manifestations en Europe - mais de s’opposer aux opérations de propagande et à ceux qui soutiennent, objectivement, cette politique.
Un bel exemple de cette véritable “machine de guerre" est le célèbre film “Valse avec Bachir“, bourré de contrevérités historiques - bombardements intenses de l’aviation libanaise... qui n’a quasiment pas d’avions/ père du héros, à la fois soldat russe et déporté d’Auschwitz/ massacres de Sabra et Chatila attribués à des phalangistes “chrétiens“ fous... passant sous silence que l’opération avait été planifiée, organisée et appuyée par l’armée israélienne (11) / Etc... Etc... - qui vise, avec une grande habileté, à donner une image positive de l’armée et à créer une empathie du spectateur avec les traumatismes psychologiques du pauvre tankiste.
Subtil et pervers !
N’oublions pas nos collabos !
La machine est puissante et ne manque pas de moyens financiers : promotion d’artistes dans les manifestations européennes, opérations de séduction vers les secteurs économiques, multiplication d’émissions TV favorables au régime, mise en valeur de “vedettes“ européennes - dont, entre autres, l’ineffable BHL - affichant ouvertement leur idées pro-sionistes.
Certains responsables politiques européens se prétendant “socialistes“, n’hésitent pas à apporter leur contribution à cette propagande, tels Strauss-Kahn qui affirme : “ Je considère que tout Juif de la diaspora, et donc de France, doit, partout où il peut, apporter son aide à Israël “ (Europe1) ou Martine Aubry, invitée d’une organisation sioniste, déclarant : “ Je pense que ceux qui prônent le boycott d’Israël se trompent de combat. Au lieu de porter la paix, ils portent l’intolérance, ils portent la haine ! " (Discours au CRIF, novembre 2010) ... Jaurès, réveille-toi !
Dans le domaine médiatique, on assiste à un véritable matraquage par "Arte" de films sur le thème de la Shoah ou de productions israéliennes. Rien d’étonnant à cela quand on connaît les sympathies politiques de Jérôme Clément, son Directeur jusque fin 2010.
Durant plusieurs années, la moitié du budget que cette chaîne publique était censée consacrer aux productions étrangères, principalement européennes... était investie dans des films israéliens.
Il en a été remercié par les autorités israéliennes : “ La chaîne Arte, justement, contribue grandement au financement des créateurs israéliens avec près de
19 films au compteur. Grâce à elle notamment, le cinéma israélien bénéficie de cette reconnaissance et de cette bienveillance si particulière en dehors de ses frontières (12)
Pas la moindre protestation, à ma connaissance, contre ce détournement “soft“ de l’argent public.
Rien d’étonnant, non plus, dans cette attitude de Arte quand on sait que c’est Bernard-Henri Lévy qui préside son “conseil de surveillance“.
... Mais Arte ne fait pas de politique n’est-ce pas ? (13)
Les artistes et les intellectuels qui mettent leur travail et leur renommée au service de cette propagande portent un nom de sinistre mémoire : “collabos“ !
Quelques belles “consciences“ culturelles ont heureusement dénoncé cette utilisation de la culture comme marketing politique et ont pu faire échouer certaines opérations.
A suivre...
Notes
1) "L’Industrie de l’Holocauste" de Norman Finkelstein (La Fabrique editions)
2) http://mondoweiss.net/2011/07/annex-hasbara-on-steroids.html
3)) Voir “http://pierre.piccinin-publications.over-blog.com“
4) “Le Fil d’Amnesty“ N°6 (Décembre 2010)
5) "Le Monde" du 22/7/2011
6) Lire à ce propos " Israël 60 ans de mystification..." édité par "Capjo-EuroPalestine (www.europalestine.com)
7) “The Palestine Chronicle“ William James Martin (University of Florida)
8) Colloque du 8/4/2011 à l’ULB par le Centre de Droit International
9) Haaretz du 7/6/1987
10) Lire "Apartheid à Hébron" de Letty Pogrebin dans la revue "Regards" du CCLJ (Centre Communautaire Laïc Juif)
11) Lire “Sabra et Shatila, retour sur un massacre“ de Pierre Péan, Monde Diplomatique (septembre 2002)
12) “Jerusalem Post“ du 31/12/2010
13) Fin 2010, la chaine a annoncé (9/11/2010) qu’elle suspendait pendant deux ans son soutien à la production israélienne


Dernière Partie

Des réalités à l’espoir, en passant par Vanunu et le Théatre de la Liberté 
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Mahmoud Abu Samra, âgé de 13 ans, assassiné par l’armée israélienne d’occupation le 19 août 2011 - Photo : AP/Adel Hana
Je ne rêve pas d’un monde...
Bâillon sur la bouche ou matraque ?
Depuis début 2010, les arrestations et les expulsions de journalistes se multiplient... Sans provoquer la moindre protestation des grands médias occidentaux.
Entre bien d’autres, le cas de Uri Blau, journaliste de “Ha’aretz“, obligé d’entrer dans la clandestinité et menacé d’une longue peine de prison pour espionnage... pour avoir écrit des articles démontrant, preuves à l’appui, les violations des lois de la guerre par les commandants de l’armée israélienne.
Le même sort est réservé aux responsables d’ONG qui témoignent des exactions de “Tsahal“ et aux intellectuels et chercheurs israéliens “douteux“.
Citons encore l’agression violente sur le vieux militant progressiste Uri Avnery (86 ans) qui revenait d’une manifestation contre la politique de Netanyahou qui avait rassemblé 10.000 personnes dans les rues de Tel-Aviv (5/6/2010)... Et les appels à l’assassinat de la députée Haneen Zoubi, devenue la proie de la haine sioniste pour avoir voulu témoigner à la Knesset des exactions contre les pacifistes de la “Flottille de la Liberté“.
Les vrais amis d’Israël sont ceux qui dénoncent l’occupation !
Comment est-il possible d’accepter que cet Etat voyou soit le seul à être au-dessus des lois internationales, le seul qui ne doive pas respecter la justice et le droit ?
N’est-il pas inadmissible que certains représentants de la communauté juive de ce pays osent user de ce sordide amalgame “Israël=Shoah“, tel ce Mr Rubinfeld, ex président du CCOJB, l’organisation prétendant représenter l’ensemble des juifs de Belgique, vitupérant sur les opposants au régime et les traitant “ d’antisémites qui n’osent pas s’afficher“ , de “malades mentaux “ ou encore de “ nouveaux nazis “.
Comment des juifs de mon pays peuvent-ils adhérer à ces propos ignobles plutôt que de se reconnaître dans les paroles de Gidéon Lévy : Si je suis critique par rapport aux guerres menées par Israël, c’est parce que je me sens responsable des miens. En tant que patriote israélien, il est de mon devoir de ne pas laisser mon pays sombrer dans le désastre de l’occupation (...) Les vrais amis d’Israël, ceux qui se préoccupent vraiment de l’avenir de ce pays, sont ceux qui dénoncent l’occupation et surtout, qui disent la vérité aux Israéliens... ou dans celles de Stéphane Hessel (survivant de l’Holocauste et un des rédacteurs de la Déclaration universelle des Droits de l’homme de 1948) qui déclarait récemment : “la meilleure façon pour les artistes, écrivains et universitaires internationaux de convaincre Israël de sa dégradation morale et de son isolement éthique est tout simplement de ne plus rien avoir à faire avec ce gouvernement criminel“ .
Israël est l’enfant d’un viol, mais cet enfant a le droit de vivre !
Tout honnête homme ne peut que s’élever contre les pratiques d’un régime colonial qui pratique le nettoyage ethnique, l’apartheid et commet des crimes contre l’Humanité.
Mais, s’il est évident que l’Etat d’Israël a été créé par la violence, le vol des terres et la spoliation des habitants, la réalité est là : ce pays existe... Et comme l’écrit Shlomo Sand : "Israël est l’enfant d’un viol, mais cet enfant a le droit de vivre !"
... En devenant un pays qui accepte de rendre justice et de traiter les Palestiniens sur un pied d’égalité.
Arrêtons le mensonge !
Par la force, due notamment à l’armement et au financement massif des Etats-Unis (3 milliards de $/an actuellement), Israël s’est approprié près de 80% du pays et continue son expansion par l’implantation brutale de “colonies“ dans les territoires sous occupation depuis 1967.
En 1988, l’OLP s’était résolue à accepter un Etat limité à 22% de l’ancienne Palestine, avec Jérusalem-Est comme capitale.
... 20 ans plus tard, avec le développement effréné de la colonisation, les Palestiniens ne sont plus en mesure de réaliser ce projet ! Il suffit de regarder les cartes (la situation n’a fait qu’empirer depuis 1999) pour se rendre compte que c’est une impossibilité pratique ! "Camp David", "Oslo", "Annapolis"... n’ont jamais été que des simulacres de négociation donnant le temps à Israël d’amplifier son expansion.
Principales conditions fixées par Israël pour la création d’un Etat palestinien
• Maintien des blocs de colonies majeures en Cisjordanie
• Contrôle par Israël de la frontière avec la Jordanie
• Démilitarisation du nouvel Etat
• Abandon de Jérusalem-Est
• Reconnaissance de la judaïté de l’Etat israélien
• Non-coopération avec un pays considéré comme ennemi par Israël
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Cisjordanie occupée
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Evolution de la Palestine
Négation des évidences
La publication de ces cartes a, bien entendu, suscité de violentes réactions de la part des dogmatiques sionistes : cartes mensongères, distorsion historique, imbéciles... etc Pour prouver leurs dires, ils développent des arguments basés sur les cartes établies par les occupants britanniques et n’avancent que des raisonnements, plus ou moins "tordus", d’ordre militaire ou économique. Jusqu’à proclamer que les Palestiniens n’existaient pas il y a 80 ans... puisqu’ils n’avaient pas d’Etat !
Négligeable donc l’existence d’un peuple ! Sans importance donc les expulsions de populations, les destructions de leurs villes et villages... Ce n’étaient que des Arabes sans Etat ! (1)
Cette argumentation aberrante bute évidemment sur le "plan de répartition" décidé par l’ONU... Alors, c’est simple : s’il n’a pas été appliqué, c’est uniquement parce que les "Arabes" ont attaqué Israël.
La "vérité" est que les pays voisins ont tenté d’écraser Israël... qui a résisté et a pu, heureusement, les défaire rapidement.
Si, comme négation de l’Histoire, d’autres ont fait mieux, la rémanence reste frappante.
Les dés sont donc pipés et ce qu’Israël propose aujourd’hui n’est autre qu’un Bantoustan contrôlé par ses troupes. Il faut être d’une totale mauvaise foi pour ne pas l’admettre.
Tout ça c’est la faute à l’Iran !
L’ingénieur Mordechai Vanunu a fait 18 ans de prison, dont 11 en isolement, dans les geôles israéliennes pour avoir révélé l’existence des activités nucléaires clandestines de son pays.
Il y retourne encore régulièrement chaque fois qu’il ose rencontrer un étranger... comme récemment pour avoir osé retrouver sa compagne norvégienne.
C’est ce régime, puissance atomique militaire illégale avec quelques 200 missiles à tête nucléaire pointés sur les États voisins, qui brandit la menace atomique contre un État qui affirme vouloir se rendre autonome sur le plan nucléaire industriel !
Le régime d’Ahmadinedjad ne suscite pas la moindre sympathie chez les défenseurs des droits humains, mais il faut bien admettre qu’il n’y a, à ce jour, pas le moindre début de preuve que la fabrication d’une bombe nucléaire est l’objectif du régime iranien.
Alors... les appels à la guerre d’Israël ont quelque chose de "surréaliste", non ?
Abbas... le Pétain palestinien ?
Objectivement parlant, l’“Autorité palestinienne“, déjà profondément corrompue du temps d’Arafat, s’est muée, au fil des années, en véritable auxiliaire des colonisateurs.
Pendant qu’Abbas lançait des appels pour un gouvernement d’union nationale, ses services livraient les militants du Hamas à Israël, poursuivaient les arrestations et la torture des résistants.
Même durant “Plomb durci“, alors que le monde entier protestait, Abbas a rejeté la responsabilité de l’invasion sur le Hamas et a réprimé dans la violence les manifestations de soutien à la population de Gaza.
Le Fatah d’Abbas n’est visiblement plus en mesure d’obtenir un quelconque accord acceptable et fonctionne avec Israël plus comme le gouvernement de Vichy durant la dernière guerre mondiale qu’en force de résistance à l’occupant.
Les preuves de la collusion d’Abbas avec Netanyahu s’accumulent. Une fuite massive de documents authentifiés et diffusés par “Al Jazeera“ et “The Guardian“ offre une preuve irréfutable que des années de “négociations“ avec les Israéliens n’ont été qu’une imposture. Les dernières révélations sur les pourparlers du “processus de paix“ et les témoignages, dont celui de Ziyad Clot (juriste franco/palestinien qui durant deux ans participa aux discussions), montrent que ce processus est mort, a été un jeu de dupes... Que ni Israël, ni le Fatah/OLP n’ont tenté de trouver un accord. La réalité est là : “Israël contrôle dorénavant de manière plus ou moins aboutie l’ensemble de l’ancienne Palestine“. (2) ...Y compris Gaza où son armée décide de la vie quotidienne, de son approvisionnement !
L’utopie est un projet qu’on n’a pas encore tenté de réaliser
La création d’un Etat palestinien - la carte de la Cisjordanie occupée en témoigne - est devenu, sauf si Israël respecte la "ligne verte", techniquement impossible ! Il n’y a plus assez de terre, ni d’eau - Israël s’est octroyé 89% des ressources - pour qu’un Etat souverain et indépendant puisse exister. Alors... Ne vaudrait-il pas mieux accepter cette réalité, cesser la mascarade du “processus de paix“ ? Et si cette “Autorité“ de façade se sabordait et mettait ainsi Israël en face de ses responsabilités en reconnaissant Israël pour ce qu’il est : l’occupant victorieux d’un pays qui s’appelait Palestine ? Ce sabordage aurait en tout cas pour effet d’identifier clairement la situation réelle. Le rideau de fumée du "conflit entre deux pouvoirs" étant écarté, la lutte pour la dignité et la justice se ferait dans le cadre commun à tous les peuples luttant pour leurs droits, face à un pouvoir colonial. Les artifices ou simulacres ne seraient plus acceptables et Israël serait dans l’obligation - sous peine d’être clairement identifié d’Etat xénophobe aux yeux du monde - d’édicter une constitution reconnaissant les droits de tous ses citoyens, de définir ses frontières, de développer la démocratie.
La création de cet Etat démocratique offrirait aussi aux Gazaouis la possibilité de mettre fin à leur lutte et au Hamas - à l’instar des "Frères Musulmans" d’Egypte, dont il est issu - celle de s’intégrer à la vie politique. Est-ce vraiment utopique ?
Ce le sera en tout cas si Israël maintient les objectifs sionistes de 1948 et tente d’infliger aux Palestiniens, avec la collaboration des occidentaux et de certains régimes arabes, le même sort que celui des Patagons !
Et si les démocrates juifs d’ici et d’Israël...
Rêvons un peu, espérons !
De plus en plus d’Israéliens prennent conscience de la politique criminelle menée par leurs dirigeants. Plusieurs dizaines d’ONG israéliennes ont pris parti et, comme les quelques 120 pays qui ont reconnu l’Etat palestinien dans les frontières de 1967, soutiennent la résistance.(3)
De plus en plus de soldats “Refuzniks“ - le général Yaakov Amidror préconise de leur "loger une balle dans la tête" - s’opposent au massacre des Palestiniens, des rabbins orthodoxes manifestent contre le sionisme, un diplomate (4) a choisi de démissionner pour ne pas être complice de la politique de colonisation...
Comme l’écrit l’historien israélien Ilan Pappé, professeur à l’Université anglaise d’Exeter, “ Le retrait de l’armée de la vie des Palestiniens opprimés en Cisjordanie, la levée du blocus de Gaza et l’abolition de la législation raciste et discriminatoire contre les Palestiniens en Israël seraient le premier pas fort bienvenu vers la paix. Il est également essentiel de discuter sérieusement et sans préjugés ethniques d’un retour des réfugiés palestiniens, selon des modalités respectant leur droit fondamental au rapatriement et les chances de réconciliation en Israël et en Palestine. (5)
Toute politique allant dans ce sens doit être approuvée, accueillie et mise en œuvre par la communauté internationale et les populations vivant entre le Jourdain et la mer Méditerranée. Alors, les seules flottilles qui se rendront à Gaza seront celles des touristes et des pèlerins. " (6)
Espérons que les citoyens juifs d’ici et d’ailleurs se débarrasseront de leurs oripeaux, de leurs dogmes et mythes sans fondement. Qu’ils cesseront de suivre aveuglément les discours de ces organismes et medias qui prétendent les soutenir mais ne sont en réalité que les porte-voix du régime fasciste israélien.
Espérons qu’ils ouvriront les yeux, qu’ils regarderont la réalité sans les filtres acquis ou que tentent d’imposer les doctrinaires religieux et politiques qui, en amalgamant solidarité avec la communauté juive et solidarité avec un Etat raciste et colonial, portent une écrasante responsabilité dans la confusion qui conduit certains à confondre antisionisme et antisémitisme... A traiter un antifasciste d’antisémite !
Espérons qu’il y aura de plus en plus d’Israéliens qui n’accepteront plus qu’en leur nom on traite les Palestiniens comme des êtres inférieurs... Et qu’ainsi, ils rejoindront ceux qui tentent de défendre les droits des hommes, qu’ils soient Palestiniens ou (liste non-exhaustive) Birmans, Kurdes, Saharaouis, Sans-Papiers, Oïgours, Mapuches, Roms, Tibétains, Aborigènes... Ceux pour qui “Les races ne sont que les prénoms d’un même peuple... Celui des êtres humains“ !
" Je ne rêve pas d’un monde où la religion n’aurait plus de place, mais d’un monde où le besoin de spiritualité serait dissocié du besoin d’appartenance. D’un monde où l’homme, tout en demeurant attaché à des croyances, à un culte, à des valeurs morales éventuellement inspirées d’un Livre saint, ne ressentirait plus le besoin de s’enrôler dans la cohorte de ses coreligionnaires. D’un monde où la religion ne servirait plus de ciment à des ethnies en guerre.
Séparer l’Église de l’État ne suffit plus ; tout aussi important serait de séparer le religieux de l’identitaire.
Et, justement, si l’on veut éviter que cet amalgame ne continue à alimenter fanatisme, terreur et guerres ethniques, il faudrait pouvoir satisfaire d’une autre manière le besoin d’identité. " (7)
Une lueur de printemps ?
En Palestine, la pression de la population, fortifiée par les grands mouvements de Tunisie et d’Égypte de ce printemps 2011, ont amené à une reconstitution de l’OLP.
Avec la réconciliation du Hamas et du Fatah, le peuple est de nouveau réuni face à l’occupant.
Avant la fin de cette année, maintenant que sa viabilité structurelle et économique a été reconnue par les experts internationaux, l’ONU va devoir se prononcer sur la reconnaissance de l’État Palestine dans les frontières de 1967.
Le régime israélien s’y oppose et mène actuellement campagne pour trouver des alliés... Alors que, il y a encore un an, il proclamait la main sur le cœur : Nous sommes totalement favorable à la création d’un État palestinien !
... Quand le discours est confronté à la réalité.
Ailleurs dans le monde, la protestation citoyenne s’amplifie chaque jour : conférences, manifestations, opérations BDS... sont de plus en plus nombreuses.
Des centaines de pacifistes des cinq continents sont partis en ce mois de juillet par bateau et par avion pour tenter, à nouveau, de forcer le blocus illégal. Car il est bien illégal, ce blocus maritime et terrestre ! En effet, si le droit international applicable aux conflits armés sur mer autorise le blocus naval et permet le recours à la force pour mettre en œuvre ce blocus lorsqu’un navire d’un Etat tiers, tente de le franchir... Ce droit n’est pas applicable à Gaza car malgré l’évacuation de la bande par l’armée israélienne en septembre 2005, la maîtrise des frontières terrestres, aériennes et maritimes appartient toujours à Israël ! Ce n’est donc pas un Etat tiers mais un territoire occupé !
La Convention de Genève de 1949 impose très précisément à la puissance occupante d’assurer l’approvisionnement en vivres, médicaments, vêtements, matériel et autres biens essentiels à la survie de la population civile et, aussi... de permettre aux organisations humanitaires d’y conduire leurs activités !(8)
Le gouvernement israélien craignait visiblement cette tentative et a tenté d’empêcher par tous les moyens l’application du Droit : pressions sur l’ONU et les gouvernements européens (surtout ceux d’où partaient les bateaux), menaces aux compagnies aériennes, attaques calomnieuses dans la presse ("c’est une opération dirigée par des terroristes islamistes, ces gens sont des antisémites"... les slogans et mensonges habituels, quoi), sabotage des navires, arraisonnement (19/7/2011) - dans les eaux internationales... encore une fois - du seul bateau parvenu à se diriger vers Gaza.(9)
Quant à la "Flytille", la réception de la soldatesque israélienne se montra à la hauteur : incarcération de ceux et celles qui, débarquant à Tel-Aviv - simples voyageurs, pas délinquants - ont eu l’outrecuidance de déclarer vouloir aller en Palestine. Ces arrestations (dont des dames de près de 80 ans) ont été accompagnées de brutalités (passages à tabac, menottes aux mains et aux pieds, mises à nu, etc).(10)
... Pourtant, durant l’opération "Flytille", un tribunal israélien avait jugé (13/7/2011) que la décision du ministère israélien de l’Intérieur d’interdire l’entrée du territoire à des militants déclarant se rendre dans les territoires palestiniens occupés était illégale. Il avait en outre précisé dans son jugement qu’il était anormal que des personnes souhaitant se rendre dans les territoires palestiniens occupés soient le plus souvent contraintes, pour avoir une chance de passer, de mentir lorsqu’elles arrivaient à l’aéroport de Tel Aviv. Ce juge israélien risque gros... Pas les medias belges qui ont, comme d’habitude, appliqué la règle de la symétrie en donnant la parole à la voix sioniste et en ne disant mot de ce jugement et des sévices endurés par certains de ces voyageurs.
Quant aux associations palestiniennes qui avaient invité les pacifistes, les représailles n’ont pas tardé. La première cible fut, en cette fin juillet, le "Théâtre de la Liberté", situé dans le camp de réfugiés de Jénine qui a été attaqué et saccagé par les forces spéciales de l’armée israéliennes, les animateurs emprisonnés sous le régime de haute sécurité, avec interdiction de contact avec un avocat. L’assassinat en pleine rue, quatre mois plus tôt, de Juliano Mer-Khamis, son directeur israélo-palestinien, n’avait sans doute pas suffi !(11)
Qui disait "Quand j’entends le mot culture, je sors mon revolver" ?
Parallèlement, Israël tente de faire accroire à son "ouverture politique" par quelques mesures médiatiques : ouverture de la frontière terrestre à certains produits, légères modifications dans le tracé du mur, suppression de certains check-points, facilitation d’entrée en Israël pour les Palestiniens de Cisjordanie... La tactique est toujours la même ! La "Hasbara" est une seconde nature d’Israël ! ... Mais se dote aussi d’un arsenal croissant de lois ultranationalistes (interdiction de commémorer la Nakba, de critiquer l’exportation des produits des colonies...) et édifie un nouveau mur sur le Golan syrien. Netanyahu veut donner à ses compatriotes le sentiment qu’Israël est assiégé afin de susciter la peur et justifier la nécessité de se défendre contre les tentatives de "dé-légitimation d’Israël". Comme le constate amèrement Yossi Sarid, ex-ministre de l’Éducation : La Knesset souffre d’une fièvre nationaliste qui relève de la maladie mentale.(12)
Sionisme sans Frontières ?
Comme écrit en introduction, ce texte est essentiellement le reflet de l’incompréhension et de l’inquiétude d’un citoyen lambda devant l’attitude d’autres citoyens de son pays, soutenant ou excusant un régime aussi cynique et antidémocratique, incompréhension et inquiétude aussi devant les résultats de la manipulation des horreurs de la "Shoah". Verront-ils enfin le vrai visage de ce régime ségrégationniste et expansionniste, qui se comporte comme le maître du monde en rejetant les lois internationales et les droits humains ?
En espérant que ce "Pour garder Mémoire" sera utile à certains de mes concitoyens, qu’il leur permettra de quitter le lit douillet de l’indifférence pour affirmer leur désir de justice pour tous.
Rudi Barnet 31 Juillet 2011
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En mémoire de Naji Al-Ali, artiste palestinien Assassiné en 1987
Notes
1) Lire " La pire carte mensongère..." (www.aschkel.info)
2) “Il n’y aura pas d’Etat palestinien“ de Ziyad Clot (Max Milo Editions )
3) AFP du 26/1/2011
4) Ilan Baruch dans le quotidien "Yediot Aharonot" (3/3/2011)
5) Résolution 194 de l’ONU
6) “Herald Scotland“ du 6/6/2010
7) Amin Maalouf "Les Identités Meurtrières", Grasset Poche
8) "Le Monde" du 29/6/2011 (Ghislain Poissonnier et Alima Boumedienne-Thierry)
9) Le JT de la RTBF (13h) a choisi, attitude récurrente de se taire, préférant interviewer un ex-professeur sioniste accusant (sur un autre sujet) d’antisémitisme les opposants à Israël
10) Le Ministère des affaires étrangères belge a estimé que "ces voyageurs ont été correctement traités" (Bonjour l’hypocrisie) !
11) "Politis" du 8/4/2011
12) Ha’aretz du 14/7/2011

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Rudi Barnet
Rudi Barnet explique : Le texte qui précède n’a pas été rédigé par un spécialiste du Proche-Orient ; il est le résultat des recherches d’un citoyen lambda qui, suite à la tuerie de Gaza de 2008/2009, a voulu "comprendre". [Rudi Barnet est néanmoins un spécialiste de l’audio-visuel et ancien directeur du Festival du Film de San Sebastian] Complété au fur et à mesure des informations provenant de diverses sources,ce dossier comporte sans nul doute des lacunes et des erreurs... Mais aucun des détracteurs sionistes contactés n’a pu, ou voulu, apporter de contradiction ou correction substantielle. L’essentiel de l’objectif de ma démarche originelle étant atteint, j’ai décidé de clôturer cette enquête.