mardi 23 août 2011

Dr Amel Ben Saïd, le médecin de Liberté 2 contre le blocus de Gaza

publié le lundi 22 août 2011
 
"On sait maintenant que le blocus ne commence pas au port de Gaza, mais à partir des côtes européennes."
Elle rentre d’Athènes, certes frustrée de n’avoir pas accosté avec la Flottille de La Liberté 2 à Gaza, mais complètement revigorée. Dr Amel Ben SaÏd, médecin à l’Hôpital Charles-Nicolle de Tunis et syndicaliste UGTT, n’a pas hésité à se mettre en congé, s’acheter un billet et partir pour la Grèce, le 27 juin, rejoindre les 300 activistes de diverses nationalités devant tenter de forcer le blocus maritime israélien imposé à Gaza. Sans se faire beaucoup d’illusion, elle savait d’avance que la Flottille de la Liberté 2, composée de 8 voiliers et 2 cargos, allait subir toutes les entraves possibles et imaginables. « Mais, il fallait essayer quand même, dit-elle à Leaders, mettre un nouveau jalon, entretenir la conscience internationale ». Un autre combat, après les 5 ans passés en tant que volontaire des Nations Unies (1992-1997) en Centre Afrique et au Bénin. A Athènes, elle s’active avec les différentes équipes et se voit désigner en médecin du voilier français Louise-Michèle. Avec la coordinatrice médicale de la campagne, elle devait préparer les trousses médicales à embarquer, prévoir les différentes conduites à tenir et participer aux préparatifs psychologiques et logistiques. Mais aussi, prendre part, avec les autres activistes, aux différentes manifestations. Entre le port où étaient amarrés nombre de bateaux (les autres étant dispersés dans d’autres ports grecs, par mesure de sécurité), le quartier général et la place du Gouvernement au centre d’Athènes, Dr Ben Saïd ne savait plus compter le temps. « Il fallait suivre de près les préparatifs, mais aussi l’évolution de la situation en attendant l’autorisation d’appareiller et s’adapter à chaque nouvelle donne », rapporte-t-elle.
Deux autres activistes tunisiens avaient fait le voyage comme elle : Feirouz Ferjani, hôtesse de l’air, et Rached Chaouch, journaliste à El Mawkef. D’autres Tunisiens étaient venus de France. « Dès qu’on brandit le drapeau tunisien, nous sommes salués par de longs applaudissements et célébrés en tant qu’enfants de la Révolution », ajoute-t-elle, avec fierté. Un autre motif de fierté pour les Tunisiens, Moncef Chahed, ce marketeur établi en France qui a conduit discrètement le bateau français Le Dignité Al Karama, depuis la Corse jusqu’au port de Kastellorizo, en Grèce. A bord avait pris place un autre Tunisien Oumayya Naoufel Seddik (Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives, politologue). Lorsque les autorités grecques ont formellement interdit l’appareillage de la flottille, l’équipe du voilier Louise-Michèle a mandaté Dr Ben Saïd pour aller, avec le militant palestinien Mustapha Bargouthi et un autre activiste, remettre à la capitainerie du port d’Athènes une lettre de vive protestation.
Outre cette extraordinaire ambiance de solidarité et de don de soi, Dr Ben Saïd a réalisé l’ampleur de la campagne de sensibilisation au blocus de Gaza, menée en Europe et ayant permis, grâce à de petits dons de 2 ou 3 euros, de financer cette grande opération. Aussi, elle considère qu’un premier objectif est déjà atteint : « On sait maintenant que le blocus ne commence pas au port de Gaza, mais à partir des côtes européennes. L’opinion publique internationale commence maintenant à en prendre conscience ».