mardi 2 août 2011

Israël fait son apparition dans le Printemps arabe

lundi 1er août 2011 - 05h:42
M. K. Bhadrakumar
Asia Times Online
Somme toute, le spectre qui hante Israël est que si les turbulences en Syrie diminuent, l’attention de la communauté internationale se reportera inévitablement sur la question palestinienne.
Après être prudemment resté tapi dans l’ombre pendant près de huit mois, le temps de comprendre la signification et les dangers du Printemps arabe, Israël s’est soudainement réveillé mardi denier. Dans une manoeuvre sans précédent, le président israélien Shimon Pérès a convié les médias arabes à une conférence de presse pour déclarer qu’Israël soutenait un changement de régime à Damas.
Jusque-là, Israël avait bien pris soin de ne pas s’identifier au Printemps arabe, préférant se focaliser sur les conséquences des changements de régime plutôt qu’encourager les révolutionnaires sur les barricades. Dans le cas de la Syrie, Israël a même été soupçonné de soutenir en secret le régime du président Bechar el-Assad, voyant en lui un mur dressé entre Israël et le déluge que représenterait une prise de pouvoir par les Frères Musulmans.
Mardi, Pérès a dissipé d’un seul coup cette ambiguïté stratégique. « Assad doit partir. Plus tôt il partira, mieux se sera pour son peuple », a déclaré Pérès. Le président israélien a salué les manifestants syriens, déclarant : « Il est facile [pour les Syriens] de descendre dans la rue et de manifester, mais lorsque [l’armée syrienne] vous tire dessus ? C’est stupéfiant. Leur courage et leur fermeté sont honorables. »
Pérès a insisté sur le fait que le changement de régime à Damas serait dans les intérêts de la paix arabo-israélienne. Il a exprimé sa confiance qu’un régime successeur à Damas conclurait un traité de paix avec Israël - « Ceux qui recherchent la paix prévaudront ».
C’est une performance innovatrice. Pourquoi Israël a-t-il choisi de se débarrasser de son ambiguïté stratégique envers la Syrie ? Après tout, Israël ne sait que trop bien qu’un changement de régime n’importe où dans le monde arabe dans les conditions actuelles ne peut agir que contre ses intérêts. L’Égypte est un cas typique, où lorsque les dirigeants par intérim remettront le pouvoir à un gouvernement élu - s’ils le font -, il devra prendre en compte le fort souhait populaire pour une politique étrangère qui prenne ses distances avec les États-Unis et Israël.
Une large majorité d’Égyptiens exigera que leur gouvernement s’éloigne de toute forme de coopération étroite avec Israël sur les questions économiques et de sécurité, et Israël observe avec appréhension la perspective d’une amélioration des liens entre l’Égypte et l’Iran. Le chef du renseignement militaire israélien, le Général Aviv Kochavi, a fait récemment une déclaration étonnante, disant que l’Iran finançait secrètement les Frères Musulmans égyptiens. Bref, Israël n’a pas lieu d’être optimiste sur les conséquences d’un changement de régime en Syrie.
Apparemment, le calcul de Pérès est tout autre. Ce qui ressort est qu’Israël a évalué froidement qu’un changement de régime à Damas n’est pas d’actualité. Patrick Seal, le célèbre auteur arabisant, l’a résumé ainsi la semaine dernière : « La situation n’a pas atteint sa masse critique. Damas ne s’est pas soulevée, les services de sécurité ne sont pas encore divisés, l’économie ne s’est pas effondrée. Le régime a l’air faible, mais l’opposition semble encore plus faible. Plus le sang coule, plus il est difficile de trouver une solution. Une solution ou une autre devra être négociée. Si aucune solution n’est trouvée, il y aura la guerre civile ».
De même, Israël serait démoralisé de ne voir aucun signe d’une action internationale concertée, comme cela s’est produit en Libye. Au contraire, les coups et les humiliations qu’elles prennent de Mouammar Kadhafi dans la guerre libyenne, ne peuvent que rendre encore plus circonspectes les nations occidentales sur la sagesse d’ouvrir un front syrien dans un futur proche.
Les pays du BRICA - le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud - en compagnie du Liban, ont étouffé les manoeuvres occidentales au Conseil de Sécurité des Nations-Unies, ne serait-ce que pour débattre de la Syrie. La récente visite à Damas du secrétaire général de la Ligue Arabe, Nabil Elaraby, a montré que, dans cette région, le vent tourne en faveur d’Assad.
La Turquie snobe à nouveau Israël
Ces derniers temps, Israël a placé, pendant un moment, tous ces espoirs sur la restauration de ses liens moribonds avec la Turquie en matière de sécurité et sur la possibilité de monter, ensuite, un mouvement en tenailles contre la Syrie, par le nord et le sud. Les choses semblaient bien engagées ces dernières semaines pour une normalisation des relations israélo-turques, alors que les diplomates des deux pays s’activaient pour surmonter le lourd héritage de l’attaque israélienne contre le convoi d’aide humanitaire vers Gaza, parti d’Istanbul l’année dernière, qui a tué neuf citoyens turcs.
Toutefois, il apparaît maintenant qu’Ankara s’accroche obstinément à des excuses officielles israéliennes, lesquelles ne sont pas près d’arriver puisque cela équivaudrait à accuser l’armée israélienne. Les Turcs menacent maintenant de punir Israël.
« La balle est dans le camp israélien. S’ils décident de s’excuser, alors tout ira bien. Dans le cas contraire, nous devrons passer au plan B », a déclaré à l’Agence France-Presse un responsable turc. Il a ajouté que la Turquie envisageait de prendre des mesures afin d’entreprendre une action judiciaire contre les commandos israéliens qui ont orchestré cette attaque contre le convoi humanitaire, et qu’elle pourrait également « réduire encore sa représentation diplomatique et différer son accord lorsque Israël voudra nommer un nouvel envoyé à Ankara. »
Le ministère turc des Affaires étrangères a sorti une déclaration critiquant le dernier geste israélien de créer de nouvelles colonies en terre palestinienne.
Un peu plus tôt, samedi, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, dans une allocution, à Istanbul, lors d’une conférence d’envoyés palestiniens, a dit en présence du chef de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas : « A moins que nous ne recevions des excuses officielles pour les neuf citoyens turcs qui ont été tués, tant que les familles de ces victimes ne seront pas indemnisées et tant que le blocus de Gaza ne sera pas levé, les relations entre nos pays [la Turquie et Israël] ne seront pas normalisées ». Il a menacé de se rendre à Gaza.
Ankara savait que ces exigences étaient humiliantes et que même si le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou voulait les prendre en considération dans un esprit de realpolitik ou de pragmatisme, l’opinion publique israélienne ne le permettrait pas. Il est possible de percevoir que les Turcs, délibérément, veulent juste rendre les choses très difficiles pour Israël de réparer les liens qui ont été rompus. En ce moment précis, les Turcs semblent avoir soudainement perdu leur ardeur visant à la « normalisation » avec Israël, que les Américains ont encouragée.
La secrétaire d’État US Hillary Clinton s’est rendue en Turquie, il y a 10 jours, et a fait des remarques flatteuses sur le destin plus large de ce pays comme leader du Moyen-Orient. Le nouveau patron de la CIA, David Petraeus, a fait d’Istanbul sa première escale après avoir quitté son commandement en Afghanistan. Tout laissait croire que la Turquie mordrait à cette proposition alléchante d’agir comme tête de pont pour une intervention concertée en Syrie.
Mais Ankara a pesé minutieusement les avantages de devenir l’instigatrice d’un changement de régime à Damas et la Turquie semble être arrivée à la conclusion que les dangers pour sa propre intégrité territoriale dépassent largement les avantages politiques promis par Washington, quels qu’ils soient. Dit simplement, cela ne convient pas à la Turquie d’être vue, en ce moment-même, comme marchant main dans la main avec Israël. Par conséquent, les espoirs israéliens de rompre leur isolement régional en réinventant un axe avec la Turquie contre la Syrie se dissipent.
Le facteur décisif pour Ankara est que les développements syriens prennent un dangereux tournant en direction d’une guerre religieuse totale où tous les coups sont permis, comme au Liban dans les années 80, chose qui serait effroyable si elle se produisait près de ses frontières.
La séquence d’événements, déclenchée par le meurtre horrible de trois familles de la tribu alaouite par des extrémistes salafistes dans la ville de Homs, à proximité de la frontière turque, témoigne des graves conséquences du risque de déraillement du mouvement démocratique en Syrie, qu’Ankara a soutenu ces derniers mois.
Une vague de ressentiment anti-salafiste se répand dans la région parmi les Chiites et les Alaouites (1). Cette réaction sévère ravive les passions religieuses et sectaires qui étaient endormies. Ankara peut sentir que des extrémistes salafistes, dont beaucoup sont affiliés à al-Qaïda et sont des vétérans endurcis de la guerre d’Irak, ont infiltré les manifestations.
Si une guerre civile à la libanaise éclate en Syrie, ce sera une question de temps pour que la Turquie s’enflamme à son tour. En Turquie, les Chiites et les Alévis (qui constituent près de 20% de la population) s’impliqueront instinctivement dans le maelström syrien. Dans la société turque, les tensions entre Alévis et Salafistes couvent juste en dessous de la surface.
Les groupes alévis en Turquie ont formé une organisation parapluie connue sous le nom de Fondation Alévie-Bektachie, qui publie régulièrement des rapports afin de sensibiliser la communauté mondiale sur les prétendues « violations des droits visant les Alévis sur la base de l’inégalité et de la discrimination » et de « crimes de haine » par des éléments salafistes associés à la communauté Fethullah Gülen.(2)
Le dernier rapport alévi, intitulé Les Alévis en tant que cible de la communauté, expose en détail que la communauté Gülen des Salafistes en Turquie mène une « propagande macabre contre les Alévis », en disant que ces derniers ont « pris le pouvoir sur la justice et l’armée ; qu’en Turquie, il y a une laïcité sectaire ; qu’une élite alévie est autorisée à régner sur les masses sunnites » ; etc.
(GIF)
Le retour de bâton kurde
Mais ce dont la Turquie doit vraiment se prémunir est le retour de bâton kurde quasi-certain, dont les signes apparaissent déjà. Le soutien de la Turquie à l’opposition syrienne a déjà entraîné une certaine proximité entre les Kurdes et Damas.
Poussée le dos au mur, Damas peut riposter contre l’ingérence turque en accordant la citoyenneté syrienne aux colons kurdes dans le nord-est de la Syrie, en particulier les Qamishlis, ce qui causera inévitablement de forts maux de tête à Ankara sur le long terme.
Il est clair que les groupes kurdes se dissocient des Salafistes dans le nord de la Syrie et qu’ils marquent leur volonté de travailler avec le régime syrien. Il se dit que si la situation se détériore, Damas pourrait ne pas avoir d’autre option que d’armer les groupes kurdes pour contrer les Salafistes.
En somme, Ankara doit prendre conscience de marcher sur des oufs en poussant le régime syrien vers un point de non-retour. La vérité vraie est que les Kurdes adopteront invariablement une attitude d’opposition à l’approche choisie par Ankara. Abdullah Öcalan, le dirigeant du Parti des Travailleurs Kurdes (PKK) en Turquie, a vécu pendant de nombreuses années en exil en Syrie.
L’ingérence turque en Syrie a poussé les dirigeants kurdes de premier plan, Djalal Talabani (le président irakien) et Massoud Barzani (le président de la région du Kurdistan), à exprimer leur soutien à Damas. (Le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, a aussi exprimé sa solidarité avec le régime syrien en signant un accord pour la fourniture de 150 000 barils de pétrole à la Syrie.)
Une fois encore, c’était une victoire historique de la « diplomatie coercitive » de la Turquie, lorsqu’en 1998, Ankara amassa des troupes sur la frontière syrienne, en menaçant d’envahir [la Syrie] et en réussissant à littéralement intimider Damas pour qu’elle accepte de « démilitariser » la région frontalière avec la Turquie - et d’expulser Öcalan.
A présent, dans le contexte de l’ingérence turque dans la situation actuelle, Damas a envoyé ses forces spéciales dans la région frontalière avec la Turquie, après une absence de 13 années.
En plus de cela, Damas a choisi d’envoyer à la frontière la quinzième Division de son armée, qui est majoritairement constituée de Sunnites et qui est sous le commandement d’officiers syriens sunnites - démontant ainsi l’affirmation gratuite d’Ankara que les officiers sunnites de l’armée syrienne sont sur le point de déserter le régime.
Dans l’ensemble, Israël a correctement évalué que les Turcs commencent à recevoir le message syrien et qu’ils s’apprêtent à baisser de ton.
Ankara est en train de mettre un terme à sa rhétorique antisyrienne et ravive progressivement sa vieille plate-forme de « zéro problèmes » avec ses coriaces voisins.
L’ironie est qu’Ankara est obligée de raviver sa bonhomie avec l’Iran et de lancer une offensive militaire concertée contre la guérilla kurde au nord de l’Irak, à la suite de la tuerie de 13 soldats turcs, le 14 juillet, dans la province de Diyarbakir, à l’Est de la Turquie.
Dans un coup de maître au timing impeccable, l’armée iranienne a débuté, le 16 juillet, ses opérations contre les rebelles kurde dans les montagnes de Kandil, au nord de l’Irak. Dans une manoeuvre parallèle, l’armée turque a depuis commencé également une opération en territoire irakien, à la frontière avec la province de Hakkari, à l’Est de la Turquie.
Ankara fait bonne contenance et soutient que les opérations iraniennes et turques ne sont pas coordonnées. C’est peut-être vrai officiellement. D’ailleurs, Téhéran ne conteste pas cette affirmation turque. Mais les Israéliens sont très futés et sentent parfaitement bien de quoi il retourne - que quelqu’un est en train de rafraîchir la mémoire de la Turquie, laquelle a toujours un problème kurde non résolu bien à elle et que c’est sa priorité, et dans lequel elle a une communauté d’intérêts avec la Syrie, l’Irak et l’Iran.
Évidemment, Israël a conclu que l’axe syro-iranien reste parfaitement intact malgré l’immense pression que l’Arabie Saoudite exerce sur Assad afin qu’il rompe avec Téhéran ; que le régime syrien n’est pas près de s’effondrer malgré la pression concertée de la Turquie, de l’Arabie Saoudite, de la France et des États-Unis ; et, que le Qatar, le plus rapide à comprendre de tous les pays du Golfe, anticipe que le Printemps Arabe en Syrie sera une autre paire de manches qu’en Libye et que Doha, qui ne fait pas le poids et ne voudrait pas se ridiculiser, n’aspire probablement pas à entrer dans la bataille.
Soit dit en passant, le Qatar a fermé son ambassade à Damas et s’est retiré à la suite des attaques contre les ambassades américaine et française et contre le bureau d’al-Jazeera dans la capitale syrienne. Qui plus est, Israël estime que la Turquie a commencé à faire progressivement marche arrière par rapport à son ingérence en Syrie.
Somme toute, le spectre qui hante Israël est que si les turbulences en Syrie diminuent, l’attention de la communauté internationale se reportera inévitablement sur la question palestinienne. Abbas réitère son intention de chercher la reconnaissance de la Palestine à l’ONU, lors de la prochaine assemblée générale qui se déroulera en septembre à New York.
L’appel enthousiaste de Pérès est une tentative maligne d’attiser le feu en Syrie. Rien ne vaudrait une guerre civile à la libanaise qui éclaterait dans le croissant fertile et que les Arabes, les Kurdes et les Turcs se massacrent les uns les autres.
A aucun moment, depuis l’apparition du Printemps Arabe au Maghreb, en décembre dernier, qui a pris la vie d’un vendeur ambulant en Tunisie, on n’aurait pu prévoir que le jour arriverait où Israël deviendrait son propre porte-drapeau dans le Levant. Le Proche-Orient ne cesse jamais de créer des surprises.

M K Bhadrakumar a servi en tant que diplomate de carrière dans les services extérieurs indiens pendant plus de 29 ans. Ses affectations incluent l’Union Sovétique, la Corée du Sud, le Sri Lanka, l’Allemagne, l’Afghanistan, le Pakistan, l’Ouzbékistan, le Koweït et la Turquie.
Notes du Traducteur :
[1] Les Alaouites ou Alévis : On trouve originellement les Alaouites, dynastie marocaine originaire du Tafilalet, aux portes du Sahara. Fondée au XVIIe siècle, ses chérifs revendiquent une ascendance remontant à Ali, le gendre du Prophète. Ils ont pris le pouvoir après les Saadiens. Ils gouvernent le Maroc depuis 1666.
On trouve également des Alaouites, dit aussi Nousayri, en Syrie. Il s’agit d’une secte de l’islam chiite qui a été fondée au IXe siècle. Les Alaouites, bien que très minoritaires, sont au pouvoir en Syrie.
Les sectes minoritaires issues du chiisme sont : les Druzes (au Liban, en Syrie et en Israël), les Alaouites (en Syrie), les Azéris (en Azerbaïdjan, en Iran et en Russie), les Ismaéliens (en Syrie et au Yémen), les Zaydites (au Yémen) et les Alévis (en Turquie).
Ces derniers forment une importante minorité religieuse en Turquie. Les Alévis représentent au sein de l’islam un courant original issu du chiisme, gnostique et déiste, mais remarquable par son humanisme et son approbation de la laïcité (leur rempart face à la majorité sunnite). Ils s’affirment désormais ouvertement dans le jeu politique turc. Ils comptent aujourd’hui, en Turquie, environ 25 millions d’adeptes, dont 5 millions de Kurdes.
Les Alévis, qui forment la variante spécifiquement turque des Alaouites, s’en distinguent en ce qu’ils s’éloignent moins de l’islam chiite traditionnel que leurs homologues arabes de Syrie (ou de la province turque méridionale d’Iskenderun). Cependant, le culte qu’ils vouent à Ali les fait passer pour des hérétiques aux yeux des Sunnites, dont ils ont subi les persécutions au cours des siècles. Aussi, pour se protéger, dissimulent-ils souvent leur appartenance religieuse. Cette prudence (qui se double d’une pratique systématique de la taqiyya - dissimulation - pour toutes les questions touchant à leur dogme) rend difficile leur recensement.
-  Les Alévis ne se rendent pas à la mosquée.
-  Les Alévis sont musulmans, mais ils s’éloignent de la doctrine coranique à travers le temps. Ils prennent comme successeur de Mohammed : Haziret Ali.
-  Ils accordent beaucoup d’importance au 12 Imams, avec Ali en haut de la hiérarchie.
-  Ils accordent beaucoup d’importance à l’être humain.
-  Il n’y a pas de distinction entre homme et femme.
-  Pas d’obligation en pèlerinage et aux tabous alimentaires.
-  Pas d’ablution.
-  Pas de jeûne pendant le mois de ramadan, mais pendant le mois de Muharram (Martyr Hüseyin à Kerbala). Il dure douze jours, un pour chaque imam.
-  Pas de pèlerinage à La Mecque, mais au tombeau de Haci Bektash.
-  Pas de clergé mais des guides spirituels, descendants des douze Imams ou de Bektashi sar Selluk, qui ont, en plus de leurs fonctions spirituelles, des fonctions juridiques.
-  Pas de vérité révélée, la connaissance est une conquête.
-  Tabous alimentaires particuliers : interdiction de manger du lapin et du cheval. Ils mangent du porc.
-  Cérémonie mixte avec usage ritualisé d’alcool.
-  Hostile à un culte fait de pratiques ostentatoires.
-  Choix obligatoire, pour chaque nouveau membre, d’un compagnon (Musahib) qui est un frère juré.
La mystique musulmane à laquelle se rattache l’alévisme s’enracine dans le rapport dialectique entre l’« apparent » et le « caché ». Tout est sujet d’interprétation, même le texte du Coran.
Ils portent de turbans rouges à 12 tranches en signe de commémoration des douze imams. La Vie d’Ali est transposée sur leur propre histoire, Kerbela, Chah Ismail (se présentant comme la manifestation d’Ali) est sans cesse présent dans les poèmes, chants, proverbes et adages.
(source : Labidi Karim Mohamed)
[2] La communauté religieuse de Fethullah Gülen a infiltré la police, la justice et l’AKP, le parti au pouvoir en Turquie. Fidèle à ses méthodes, le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a monopolisé la campagne électorale, occupé les écrans de télévision et sillonné la Turquie au pas de charge, assurant deux à trois meetings par jour. Après les élections législatives du 12 juin, le leader turc est resté aux commandes du pays pour quatre années supplémentaires. Mais dans l’ombre, un puissant lobby socio-religieux, la communauté de Fethullah Gülen, pèse de tout son poids dans la société turc. (source : Le Monde)
30 juillet 2011 - Asia Times Online - Traduction : JFG-Questions Critiques
Lien