mercredi 27 avril 2011

Printemps arabe et paix avec Israël

publié le mercredi 27 avril 2011
Pierre Rousselin

 
OPINION :

Le « printemps arabe » est survenu au moment où le processus de paix entre Israël et les Palestiniens était au plus bas, si ce n’est inexistant. Le réveil des opinions dans les pays de la région contribuera-t-il à lever les blocages actuels et permettre de ressusciter les efforts en vue d’un règlement isra&élo-palestinien ?
Pour le moment, l’Egypte et les autres pays voisins d’Israël ont trop de soucis internes pour se préoccuper d’autre chose. La chute de Moubarak, le 11 février, a cependant été un sérieux coup de semonce pour Israël, qui a perdu son meilleur allié dans la région. Tant que l’armée conserve le pouvoir au Caire, la diplomatie égyptienne ne va pas beaucoup changer, mais les élections prévues dans les mois qui viennent ne vont pas manquer de lancer le débat que la conduite à tenir vis-à-vis de Gaza et vis-à-vis d’Israël. Pour la première fois, les dirigeants égyptiens vont devoir tenir compte de leur opinion.
Cela devrait inciter Israël à se montrer plus ouvert à une solution négociée. Pour le moment tout est bloqué. Barack Obama s’était très imprudemment avancé en septembre dernier en exprimant le désir de voir un Etat Palestinien pleinement reconnu à l’ONU lors de la prochaine Assemblée générale, en septembre prochain. Quelques semaines plus tard, Netanyahou refusait de prolonger le moratoire sur la colonisation en Cisjordanie et toute négociation devenait impossible. Depuis, plus rien. Aucune perspective n’est en vue alors que les enjeux régionaux s’aggravent.
L’Autorité palestinienne est soumise aux mêmes pressions de l’opinion que les autres régimes arabes. Il lui faut obtenir un progrès pour maintenir une légitimité. La campagne en vue d’une reconnaissance par les Nations Unies de l’Etat palestinien est son principal atout. Cela met la pression sur Netanyahou qui risque de faire face à un « tsunami diplomatique » selon les mots de Ehoud Barak et d’être isolé sur la scène internationale.
Le premier ministre israélien a obtenu des Républicains qui dominent le Congrès des Etats-Unis une invitation a venir s’exprimer devant les parlementaires américains en mai prochain. Nétanyahou compte désamorcer la campagne palestinienne en s’appuyant sur le soutien des Républicains d’autant plus précieux que la campagne pour les élections de novembre 2012 va bientôt s’ouvrir aux Etats-Unis.
Barack Obama va-t-il se laisser manœuvrer ? Hillary Clinton fait camapgne pour que le président ne laisse pas Nétanyahou prendre l’initiative devant le congrès républicain. Elle voudrait qu’Obama préempte la démarche de l’Israélien en rendant publiques ses propres propositions pour une solution négociée avec les palestiniens. Evidemment, la proximité de la campagne électorale fait hésiter les conseillers politiques de la Maison Blanche.
En attendant, la France, la Grande Bretagne et l’Allemagne se sont mis d’accord sur une position commune définissant les « paramètres » de la négociation : gel des colonies, Jérusalem capitale des deux Etats, frontières à négocier sur la base de celles de 1967, conditions au droit au retour etc... Les Etats-Unis n’ont pas voulu se prononcer sur ce texte et, du coup, ont repoussé déjà deux fois des réunions programmées du Quartet (Etats-Unis, Union européenne, Russie, ONU) pour ne pas avoir à entériner le texte des trois Européens.
Après le discours de Netanyahou devant les deux chambres du Congrès, à la fin mai, se tiendra à Paris, en juin, une deuxième Conférence des donateurs consacrée aux territoires palestiniens. En fonction de ce qui se sera passé d’ici là, cela peut être l’occasion de donner une impulsion aux efforts de paix, come Paris en avait eu l’intention à l’occasion d’un sommet annulé en novembre de l’Union pour la Méditerranée.
Tout cela reste tributaire de l’attitude du Hamas qui observe également le « printemps arabe » et pourrait être amené à chercher l’escalade avec Israël pour tester l’attitude de l’Egypte.
publié sur le blog du Figaro Géopolitique