Joharah Baker
Oui,  les Palestiniens se révoltent contre Israël, ils s’en prennent à lui et  parfois causent des dégâts. C’est que, comme tous les malheureux  écrasés sous le poids de l’oppression, ils tentent de survivre.
La semaine dernière, 17  Palestiniens, des civils et des combattants, ont été tués par des  bombardements israéliens, aériens et terrestres. Cette fureur est venue  en réponse à un tir de missile qui, de Gaza, a frappé un bus scolaire  israélien, blessant deux enfants. Le Hamas  a revendiqué l’attaque mais a déclaré ignorer que le bus transportait  des écoliers. Israël n’en a bien sûr pas tenu compte. Il a commencé à  pilonner la bande de Gaza, menaçant de faire pire si les Palestiniens  continuaient  à tirer des roquettes. Si quelqu’un connaît la capacité  d’Israël de mettre en oeuvre ses menaces, ce sont bien les Palestiniens.  ’Plomb durci’ ne date que de deux ans et les gens de Gaza souffrent  encore terriblement de la destruction que cela a causé.
La question c’est que, oui, les Palestiniens se  révoltent contre Israël, ils s’en prennent à lui et parfois causent des  dégâts. C’est que, comme tous les malheureux écrasés sous le poids de  l’oppression, ils tentent de survivre. Ils savent aussi parfaitement  que, quand ils décident de tirer une roquette ou d’organiser une  manifestation, ils n’arrivent pas à la cheville de l’armée israélienne  et qu’ils paieront en conséquence un prix très lourd.
De longues frappes aériennes et les bombardements des  chars ne sont pas la seule méthode qu’utilise Israël pour écraser les  Palestiniens. Selon, l’UNWRA (l’agence des Nations unies d’aide aux Palestiniens)  Israël a atteint le record de destructions de maisons en Cisjordanie au  mois de mars. 76 maisons et bâtiments agricoles ont été rasés par les  autorités israéliennes contre 29 en janvier et 70 en février. En  conséquence,  158 personnes dont 64 enfants se  retrouvent sans abri. Chris Gunness, porte-parole de l’ UNRWA, a déclaré que cette politique  était sans le moindre doute une politique « de discrimination contre un  groupe ethnique », ajoutant que « c’est en  Cisjordanie que le futur  Etat palestinien doit être établi. Sa viabilité est un peu plus érodée  avec chaque nouvelle démolition. » [1].
En réponse à cette violation évidente des droits humains  élémentaires, Israël  concocte ses justifications habituelles, toutes  camouflées sous l’apparence trompeuse de la légalité.
"L’Administration civile est responsable de  l’application des lois, concernant la planification et la construction  en Judée-Samarie (Cisjordanie)… A ce titre, les structures illégales  construites par les Israéliens comme par les Palestiniens sont  évidemment démantelées,” déclare le Capitaine Amir Koren, porte-parole  de l’ Administration civile israélienne en Cisjordanie. C’est curieux,  on n’entend jamais parler de démolition de maisons israéliennes.
De toutes les façons, les Palestiniens sont désavantagés quelle que soit la manière dont on présente la situation.
Si des roquettes partent de Gaza, on peut discuter pour  savoir si c’est une bonne tactique ou non pour résister à Israël, mais  en aucun cas on ne ju à la même aune Israël et les Palestiniens (y  compris le Hamas) parce que jamais les deux parties ne se sont trouvées sur un pied d’égalité.
Quand Israël détruit 76 maisons en un mois, les  Palestiniens n’ont aucun recours légal. Au contraire, c’est uniquement  parce qu’il est quasiment impossible d’obtenir des permis de construire,  qu’ils construisent « illégalement ». Quand les bombes israéliennes  détruisent les maisons, les écoles, les centrales électriques et la vie  des gens dans la bande de Gaza, les Palestiniens doivent compter sur le  monde extérieur pour avoir un peu de répit, aussi léger qu’il soit. Et  ils n’ont pas non plus d’Etat souverain ou de gouvernement pour mettre  Israël devant ses responsabilités, comme ils ne peuvent se reposer sur  les supposées enquêtes menées par Israël sur la violation du droit, pour  avoir un recours légal. En d’autres termes, ils se trouvent du mauvais  côté du manche.
C’est pourquoi il est exaspérant d’entendre appeler  « les deux parties » à la retenue. Ca ne veut pas dire que les  Palestiniens ne doivent pas vivre selon des normes qui leur permettront  d’avoir leur place parmi les nations civilisées. Ca ne veut pas dire non  plus qu’on doit faire comme si un Etat souverain existait, qui soit  égal en puissance et en brutalité à l’armée d’occupation israélienne.
Pour les Palestiniens, le conflit avec Israël est une  constante bataille difficile, mais comme le petit David, ils n’y  renonceront pas, quels que soient les désavantages qui s’accumulent  contre eux.
[1] L’Etat de Palestine  que de nombreux pays ont déjà reconnu avant la demande d’admission aux  Nations unies prévue pour septembre 2011,comprend la Cisjordanie, dont  Jérusalem-Est qui deviendra la capitale de Palestine, ET Gaza . Malgré  les efforts obstinés des autorités d’occupation pour empêcher toute  contigüité entre les deux parties du territoire palestinien, car  « diviser pour régner » est une pratique bien connue qui a fait ses  preuves dans l’histoire, il n’y a qu’ UNE Palestine. Contraints par la  violence de la spoliation de leur patrie en 1947-49 puis de l’occupation  israélienne, avec la complicité des grandes puissances et des régimes  arabes, les Palestiniens ont accepté qu’elle soit injustement réduite au  territoire ’de 67’, soit 22 % de la Palestine historique.
 
 
