mardi 8 février 2011

L’axe israélo-américain : Pour un Moubarak… après Moubarak

Le profil d’un commis pour ce pôle névralgique qu’est l’Egypte, que cherchent les Américains et les Israéliens, est – les palpitations diplomatiques des deux pays le démontrent – désormais confirmé : un Moubarak… après Moubarak.
Loin d’être un prolongement d’Israël, ce pays doit rester dans son rôle de supplétif. Le factotum d’Israël.
Moubarak a dû beaucoup satisfaire l’«axe du Bien». Sa fonction essentielle, durant ces vingt dernières années, a été de cautionner les interventions militaires américaines dans la zone arabe. Il a réuni les sommets arabes du Caire, en juillet 1990, pour cautionner la première intervention américaine en Irak alors que le contentieux Irak-Koweït aurait pu se régler dans le cadre de la Ligue arabe, les Etats arabes boycottant l’Irak, pour lui imposer un retrait du Koweït. L’Irak ne pouvait pas demander la libération de la Palestine, et, dans le même temps, occuper un pays arabe. L’Egypte a aussi cautionné l’invasion américaine de 2003. Les sunnites étaient minoritaires en Irak, Moubarak en cautionnant l’invasion kurdo-américaine en Irak, a affaibli ses propres coreligionnaires. Cet agissement de Moubarak a aussi affaibli tous les musulmans. A cause de Moubarak, trois des principales capitales du sunnisme sont, désormais, aux mains soit de ses adversaires, soit de ses ennemis : Jérusalem est sous occupation israélienne, Bagdad, l’ancienne capitale des Abbassides, aux mains d’une coalition kurdo-chiite, et Damas, la capitale des Omeyyades, entre les mains des Alaouites. Les grandes capitales qui ont fait l’histoire de la conquête musulmane sont désormais occupées. Les Américains, qui hésitaient à défaire aujourd’hui Moubarak, ne veulent en aucune manière perdre le Caire, une interface soumise au projet du GMO.
C’est cette logique de vassalité, empruntée par les «leaders» des Etats arabes depuis 40 ans, que la rue arabe semble contester aujourd’hui.
Ben Ali, qui a fait de la Tunisie l’un des fiefs de la présence occidentale, vient de subir le retour de bâton de sa politique par cette génération consciente des intentions de l’Occident.
Le Maroc, le plus actif défenseur des intérêts occidentaux dans la sphère arabo-africaine, a eu sur le dos tout l’Occident dès lors qu’il a voulu récupérer l’îlot Persil. A-t-il tiré la conséquence de cet échec ?
La rue arabe s’en souvient aussi.
Le jeune roi, si désintéressé par ailleurs des affaires du monde arabe, récidivera dans la foulée de la guerre de destruction israélienne de Gaza (décembre 2008-janvier 2009). En sa qualité de président du comit2 «Al Qods», a-t-il eu l’audace de réclamer le châtiment des Israéliens ? Ordonner la levée du blocus ?
Obtenir le passage d’un convoi humanitaire ?
Inviter les tortionnaires des Palestiniens en visite au Maroc, l’ancien agent du Mossad, Tzivi Lipni, à l’époque ministre des Affaires étrangères, puis, peu de temps après, Ehud Olmert, le Premier ministre, en fonction du temps de Gaza ? Faut-il être à ce point servile pour bénéficier d’une réputation d’hospitalité ?
Même le jeune roi est moubarak, et tant mieux….pour l’Occident !
Des «leaders», à l’image du guide libyen Kadhafi qui règne depuis 40 ans et auquel il a suffi d’une seule menace américaine pour qu’il rende la totalité de son armement et de son programme atomique à l’Occident tout en dénonçant ses amis ? Des Moubarak se cultivent par les Occidentaux dans les serres arabes et même après Moubarak, le Monde arabe aura toujours un… moubarak !
Samir Méhalla
Le Jeune Indépendant
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