dimanche 30 mai 2010

Washington élabore, dans la discrétion, un projet de boucliers antimissiles au Moyen-Orient

29/05/2010
Les autorités américaines veulent installer un puissant radar à bande X dans un État du Golfe, mais aucun pays n'a pour l'instant déclaré sa volonté de l'accueillir.
Le gouvernement américain élabore un projet de défenses antimissiles au Moyen-Orient qui prévoit l'ajout d'un radar avancé dans un État du Golfe pour contrecarrer une éventuelle attaque iranienne, a-t-on appris de sources américaines autorisées. L'administration Obama a discrètement aidé des États arabes à renforcer leurs défenses antimissiles avec l'objectif de les unifier à terme. Ce processus pourrait prendre encore deux à trois ans, selon des responsables américains.
Le plan qui se dessine ressemble à celui que le président Barack Obama avait présenté en septembre et qui devait unifier les défenses à terre et en mer autour des pays de l'OTAN en Europe. La version moyen-orientale de ce projet progresse dans la discrétion, en raison du caractère sensible de l'engagement militaire américain dans la région et de la coopération avec Israël, où les États-Unis ont installé en 2008 un puissant radar à bande X. Le futur bouclier moyen-oriental doit s'articuler autour de ce radar, contrôlé par des militaires américains dans le désert du Neguev.
Les stratèges du Pentagone estiment qu'un second radar AN/TPY-2 dans un État du Golfe renforcerait considérablement les capacités d'un bouclier régional. Aucun pays n'a pour l'instant déclaré sa volonté de l'accueillir. Les États-Unis veulent que le nouveau radar du Golfe soit installé sur un site qui lui permette de fonctionner avec celui d'Israël. Le fait que ce dernier soit manœuvré par des militaires américains pourrait, espère Washington, atténuer les réticences des pays arabes.
Le système AN/TPY-2, construit par le groupe de défense Raytheon, permet de suivre un missile balistique au cours des phases de propulsion, intermédiaire et terminale. Le seul autre radar de ce type en service au monde a été installé en 2006 à Shariki, au Japon, pour faire face à un éventuel tir nord-coréen.
« L'idée (d'un bouclier régional au Moyen-Orient) circule depuis un moment, mais les éléments spécifiques commencent à présent à se mettre en place », a commenté un responsable militaire. La défense antimissiles dans le golfe Arabo-Persique a commencé sous la présidence de George W. Bush et s'est accélérée depuis l'arrivée de M. Obama à la Maison-Blanche.
Récemment, de nouveaux systèmes antimissiles ont été installés dans divers pays du Golfe, renforçant ainsi leur capacité d'intégration dans un futur dispositif américain. Des missiles Patriot ont ainsi été livrés au Koweït, au Qatar, aux Émirats arabes unis et à Bahreïn. D'autres pays devraient suivre, selon les responsables américains. Le dispositif serait complété par des navires de la marine américaine équipés de radars Aegis postés dans les eaux internationales.
Mais, selon des responsables américains, relier deux radars à bande X dans la région à des systèmes antimissiles Patriot ou Thaad pose plus de problèmes politiques que techniques. Outre la coopération avec Israël, celle d'États arabes, qui se méfient parfois les uns des autres depuis des années, entre eux est en effet délicate. Cependant, les progrès iraniens en matière de missiles balistiques ont aidé à convaincre plusieurs pays arabes à coopérer davantage à une défense commune. De source américaine autorisée, on souligne que la menace iranienne présumée a permis, au moins en privé, d'évoquer une coopération israélo-arabe encore inimaginable il y a quelques années.