dimanche 30 mai 2010

Israël refuse de souscrire à l'accord sur le TNP au Proche-Orient

30/05/2010

"Cette résolution ignore les réalités du Proche-Orient et les vraies menaces auxquelles la région et le monde tout entier sont confrontés", a affirmé le gouvernement israélien dans un communiqué publié à Toronto, où le Premier ministre Benjamin Netanyahu est actuellement en visite./ AFP
Israël a fustigé samedi "l'hypocrisie" de l'accord de la Conférence de suivi du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) et annoncé qu'il ne participerait pas à sa mise en oeuvre portant sur la création d'une zone exempte d'armes nucléaires au Proche-Orient. C'est la première fois qu'Israël, considéré comme la seule puissance nucléaire du Moyen-Orient mais qui n'est pas signataire du TNP, est ainsi montré du doigt sur la scène internationale pour ses activités nucléaires sur lesquelles il maintient systématiquement un flou volontaire.
Les Israéliens n'ont jamais reconnu disposer de l'arme atomique et refusent d'adhérer au TNP en considérant que ce traité a "prouvé dans le passé sa totale inefficacité pour empêcher la prolifération nucléaire".
"Cette résolution de la conférence est profondément hypocrite et défaillante. Elle ignore les réalités du Proche-Orient et les vraies menaces auxquelles la région et le monde tout entier sont confrontés", a affirmé le gouvernement israélien dans un communiqué publié à Toronto, où le Premier ministre Benjamin Netanyahu est actuellement en visite.
La Conférence de suivi du TNP a adopté par consensus vendredi une déclaration finale prévoyant notamment la tenue en 2012 d'une conférence internationale pour un Moyen-Orient dénucléarisé. Le document singularise l'État hébreu, affirmant qu'¨il importe qu'Israël adhère au traité et place toutes ses installations nucléaires sous les garanties globales de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA)".
La résolution "stigmatise Israël, la seule véritable démocratie au Proche-Orient et le seul pays menacé d'anéantissement", déplore le communiqué israélien. "Étant donné la nature biaisée de cette résolution, Israël ne sera pas en mesure de prendre part à sa mise en oeuvre", souligne le communiqué qui précise qu'en tant qu'État non signataire du TNP, Israël n'est pas "tenu à appliquer les résolutions de la Conférence".
Toutefois, le gouvernement israélien "prend note des clarifications apportées par les États-Unis quant à leur politique", et annonce que ce dossier sera discuté lors de la rencontre prévue jeudi à Washington entre le Premier ministre israélien le président américain Barack Obama.
"Notre politique en matière de nucléaire est bien connue, bien comprise et solide comme un roc", a indiqué un haut responsable israélien voyageant avec M. Netanyahu. "L'administration américaine a changé sa politique en matière de non prolifération", a estimé le haut responsable israélien. "Nous n'avons pas fini de parler de ce sujet", a-t-il ajouté.
L'accord, le premier depuis 10 ans, a été salué par le président américain Barack Obama qui l'a qualifié d'"équilibré et réaliste". "Les États-Unis saluent l'accord obtenu lors de la conférence de suivi du Traité de non-prolifération (TNP) pour renforcer le régime de non-prolifération globale", déclare M. Obama dans un communiqué. Il a cependant ajouté être "fortement" en désaccord avec le fait que la conférence ait singularisé Israël dans sa section consacrée au Proche-Orient.
La République islamique d'Iran, accusée malgré ses démentis par une partie de la communauté internationale de chercher à se doter de l'arme nucléaire s'est pour sa part félicitée du résultat de la conférence sur le TNP. "C'est un pas en avant vers la création d'un monde sans armes nucléaires", a estimé Ali Asgar Soltanieh, représentant de l'Iran à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) cité par l'agence officielle Irna.
La France par la voix de son ministre des Affaires étrangères a accueilli favorablement ce document à l'instar de l'Union européenne. "La France se félicite de l'adoption, par la conférence, d'un document final comportant une feuille de route ambitieuse, apte à relancer la dynamique de ce Traité essentiel qu'est le TNP", a indiqué dans un communiqué Bernard Kouchner. "Les textes auraient certes pu, selon nous, être plus incisifs sur les crises de prolifération, en particulier la crise iranienne qui est au coeur des préoccupations de la communauté internationale", a-t-il ajouté.
À Bruxelles, la chef de la diplomatie de l'UE Catherine Ashton a salué "avec enthousiasme" le texte. "L'UE va immédiatement s'atteler à la préparation de sa contribution au processus d'application de la résolution sur le Proche-Orient", a-t-elle indiqué.