vendredi 3 décembre 2010

L’absence de perspectives, telle est la situation actuelle à Gaza

publié le jeudi 2 décembre 2010
Ziad Medoukh

 
La situation actuelle dans la bande de Gaza, deux ans après l’agression israélienne contre la population civile, est marquée par l’absence de perspectives pour ses habitants. Soumis à l’occupation et au blocus, ils attendent toujours un changement dans leur vie d’enfermement, de souffrance et de précarité extrême.
Cette situation est actuellement difficile à tous les niveaux, et surtout elle stagne, les choses n’avancent pas. Parfois, des événements viennent troubler l’existence du million et demi de Gazaouis, qui vivent dans l’inquiétude, la menace et l’attente.
Coté politique, deux aspects à souligner :
-  D’abord, les forces de l’occupation israélienne poursuivent leurs attaques, bombardements, raids, et incursions à Gaza. Il y a toujours des morts et des blessés palestiniens, victimes dont les médias ne parlent jamais, parce que leur nombre a diminué. Tout cela malgré une trêve toujours respectée par les factions palestiniennes, mais souvent violée par l’armée israélienne. On doit signaler ici que plus de 120 Palestiniens de Gaza ont été tués en deux ans par ces attaques, bombardements et incursions.
-  Ensuite, sur le plan de la réconciliation entre les deux partis politiques rivaux, le Fatah et le Hamas, les choses non plus n’avancent pas. On remarque une réelle absence de volonté d’aboutir dans les deux camps : chacun essaie d’augmenter son pouvoir soit à Gaza, soit en Cisjordanie ; il faut dire qu’ils subissent beaucoup de pressions de la part des pays voisins et des autres puissances dont le but est de maintenir cette division, qui a des conséquences graves sur la population civile, à Gaza comme en Cisjordanie, et sert les objectifs de l’occupation israélienne.
Rien n’a changé à Gaza. Le blocus est maintenu. Il n’a pas été levé. Il est certes allégé avec l’augmentation du nombre de camions qui y entrent et qui est passé de 20, il y a six mois, à 120 aujourd’hui, avec davantage de produits acheminés par les passages israéliens. Mais, en général, les frontières sont toujours fermées et les passages qui les relient à l’extérieur s’ouvrent une ou deux fois par semaine pour permettre à quelques camions d’y amener une petite quantité de médicaments et de produits alimentaires, bien en deçà des besoins de la population. Par ordre militaire israélien, beaucoup de produits sont interdits d’entrée, en particulier les matériaux de construction qui permettraient de rebâtir les maisons que l’armée israélienne a détruites fin 2008, début 2009 ; ce qui laisse les habitants dans un état de dénuement extrême : plus de 10.000 personnes continuent de vivre sous des tentes, notamment au nord et au sud de la bande de Gaza. Il ne faut pas oublier non plus une longue liste de matériel toujours interdit, tel que, entre autres, le matériel informatique, les livres, et les fournitures scolaires.
Coté économique, la situation ne cesse de se dégrader, malgré l’allègement du blocus : le chômage atteint 80% de la population active ; plus de 65% des Gazaouis vivent grâce aux aides alimentaires accordées par les organisations internationales, notamment le programme des Nations-Unies pour les réfugiés palestiniens : l’UNRWA ; 90 % des usines privées ont fermé leurs portes. Ces usines ont été touchées par les bombardements israéliens, et souffrent du manque de matières premières qui sont interdites d’entrée à Gaza à cause du blocus, ce qui les a conduites à licencier des milliers d’ouvriers, et de ce fait, a augmenté encore davantage le nombre des chômeurs.
En dépit de toutes ces difficultés, la solidarité familiale et la participation massive des gens aux fêtes, aux mariages, manifestent que les Palestiniens de Gaza aiment la vie, et continuent d’espérer en des lendemains meilleurs.
L’aspect le plus positif se trouve dans l’éducation : plus de 300.000 élèves vont à l’école chaque jour, avec un taux de scolarisation qui dépasse 97%, et plus de 70.000 étudiants, encouragés par leurs familles, fréquentent les cinq grandes universités de la bande de Gaza, ainsi que les instituts et les centres de formation. Tout cela témoigne de l’importance donnée par les familles palestiniennes à l’éducation, d’une part, comme forme de résistance et d’autre part, comme signe d’espoir.
En général, la situation est toujours très pénible à Gaza, et deux ans après la guerre, on peut la résumer en une seule phrase :
"Rien n’y a changé : les Palestiniens de Gaza se sentent de plus en plus enfermés, de plus en plus isolés et de plus en plus abandonnés par les décideurs d’une communauté internationale complice de la politique israélienne ".
La visite de délégations et l’entrée de convois humanitaires, n’ont pour l’instant encore fondamentalement rien changé à la situation.
Face à leur sort, les Palestiniens de Gaza résistent et ils n’ont rien d’autre à faire que de résister ! Ils résistent chaque jour par leurs sacrifices, par leur détermination et leur courage, ils pratiquent la non- violence comme forme de résistance contre les mesures atroces de l’occupation, contre le blocus, et contre les conséquences de la division.
C’est une résistance quotidienne pratiquée par toute une population courageuse :
-  Par les étudiants qui, encouragés par leurs familles, fréquentent les universités ; c’est leur façon à eux de continuer à résister.
-  Par les paysans qui vont tous les jours, malgré les menaces israéliennes, travailler dans leurs champs, y compris dans les champs des villages frontaliers ; résistance non violente obstinée et courageuse, car beaucoup la payent de leur vie !
-  Par les pêcheurs qui, avec le même courage, continuent d’aller pêcher sur la plage de Gaza, même s’ils ne peuvent dépasser les 400 mètres imposés par la marine israélienne, qui n’épargne pas non plus leurs vies !
Les Gazaouis qui ont décidé de rester sur leur terre, dans leurs villes et leurs villages en dépit de toutes les difficultés, toutes les menaces, résistent par la non-violence.
En l’absence de perspectives chez eux, avec la poursuite de leurs souffrances, et avec le silence complice d’une communauté internationale qui ferme les yeux, les Palestiniens de Gaza espèrent et continuent d’attendre qu’une solution basée sur la justice et rien que la justice, arrive enfin !
C’est l’espoir, la persistance de cet espoir, qui guide actuellement les Gazaouis et donne sens à leur résistance.
ajout de note : CL, Afps