K. Selim - Le Quotidien d’Oran
          « Je suis prêt à suspendre la colonisation de ce qui vous reste  encore de terres si vous décidez de me donner une couverture politique  et juridique pour mener une nouvelle épuration raciale contre les  Palestiniens de 1948 qui ont échappé à celle de la Nakba ». C’est  « l’offre » faite par Benyamin Netanyahu à Mahmoud Abbas !         
 Dans les faits, l’épuration raciale est en marche et les Palestiniens  qui refuseront de prêter serment à l’Etat juif sont déjà expulsables  vers le néant. Un Premier ministre israélien étant assuré de ne jamais  être traité comme l’est Ahmadinejad (même quand il ne fait que constater  que la terre est ronde, cela rend fous furieux les hommes politiques et  les médias civilisés d’Europe et d’Amérique et très accessoirement  d’Afrique), il peut donc énoncer les affirmations les plus racistes sans  choquer.
 Il y a quelques jours, on soulignait ici que le mois de  « sursis » accordé par la Ligue arabe aux Etats-Unis était en fait un  mois de réflexion donné à Mahmoud Abbas pour tirer les conclusions les  plus justes d’une impasse dramatique pour les Palestiniens.  M. Netanyahu, en raciste qui cherche à flatter des Israéliens encore  plus racistes que lui, vient encore d’abréger le délai pour M. Abbas.  Non seulement il lui est exigé, contre une suspension de la  colonisation, de reconnaître Israël comme Etat juif, mais il est informé  que tout accord que Netanyahu signerait avec lui serait soumis à un  référendum. Donc assuré de ne jamais passer.
 Le Premier ministre israélien croit surtout,– ou  peut-être s’en moque-t-il totalement,– que M. Mahmoud Abbas et ses  éternels négociateurs auraient trop à perdre en tant qu’individus pour  ne pas faire semblant de continuer à négocier. Quand M. Abbas demande  que les colonisations soient arrêtées comme préalable à la négociation,  le Premier ministre israélien lui rend la tâche encore plus difficile.  Impossible même.
 Il n’est pas besoin pour être édifié sur les intentions  de M. Netanyahu d’entendre les réactions des Turcs et des Syriens sur  la proposition de reconnaissance d’un Etat juif « pur ».
 Notons au passage que cette terminologie raciale ne  fait pas sursauter les bonnes âmes et elle ne les amènera pas à faire  campagne auprès des Etats abritant des sièges onusiens pour empêcher cet  épigone de Goebbels d’y venir ; on n’a pas non plus besoin d’une  appréciation du Hamas ou, encore « pire », d’Ahmadinejad.
 La presse israélienne est plus éloquente. La demande faite par Netanyahu à Mahmoud Abbas est une « offre de suicide politique assisté », a écrit Haaretz. Plus gentil, le Yediot Aharonot qualifie le Premier ministre israélien de « torpilleur ».
 Mahmoud Abbas doit-il pour autant craindre d’être  accusé d’être responsable d’un échec des négociations ? C’est ce qu’on  lui suggère, et on lui recommande de faire le « sage » et d’éviter de  tomber dans le piège de la manœuvre de Netanyahu. Délicieux !
 Donc, M. Netanyahu peut énoncer ouvertement une  revendication raciste. Mme Ashton a évité de qualifier l’exigence mais  elle a fait preuve d’un laborieux effort pour exiger, au nom des  Européens, qu’Israël garantisse « pleinement l’égalité de tous (ses) citoyens (...), qu’ils soient juifs ou pas ». Et c’est à M. Abbas de ne « pas tomber dans le panneau » !
 Bien sûr, même l’hyperconciliant Mahmoud Abbas n’a pas  un gosier assez large pour avaler cette gigantesque couleuvre. Il a  clairement dit non. C’est bien. Il lui reste à admettre qu’il n’a même  pas besoin d’un mois de réflexion pour constater que, du point de vue  d’Israël, il n’y a rien à négocier. Et qu’il est temps de demander aux  présidents et rois arabes d’oser enfin déplaire aux Américains, qui ne  sont pas loin d’approuver l’objectif d’Etat racial et raciste. Pour  cela, Abbas doit dire clairement : « Game is over ».  
                13 octobre 2010 - Le Quotidien d’Oran - Editorial
 
 
