mercredi 22 septembre 2010

Le moratoire sur le gel des colonies prendra fin le weekend prochain

21/09/2010
Les négociations continueront-elles après ce weekend? Alors que le moratoire sur le gel des colonies touche à sa fin, la poursuite du processus de paix reste incertaine.
Le moratoire de 10 mois sur le gel de la colonisation en Cisjordanie prendra fin ce weekend dans la nuit de samedi à dimanche. Si il n'est pas prolongé, il se pourrait que les négociations prennent fin dès lundi prochain. Le président de l'Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas a déclaré lundi à l'AFP que "les négociations se poursuivront tant que la colonisation est gelée mais je ne suis pas prêt à négocier un seul jour si la colonisation reprend." Ce n'est pas la première fois que Abbas met en garde Israël contre cette éventualité, mais jusqu'à présent le premier ministre israélien refuse toujours de prolonger le moratoire. Abbas a annoncé qu'il n'était "pas opposé à un gel de la colonisation pour un mois ou deux" affirmant qu'il était possible si le gel était prolongé de "conclure un accord de paix sur toutes les questions liées au statut final."
Le Quartet pour le Moyen-Orient a publié dans la matinée un communiqué appelant Israël à poursuivre le gel des colonies. "Pour le Quartet, le moratoire admirable sur le gel des colonies mis en place en novembre dernier a eu un impact positif, aussi nous demandons son prolongement" indique le communiqué. L'administration américaine a elle aussi appelé à la poursuite du gel à deux reprises.
Mais rien n'y fait, il semble que Netanyahou ne cèdera pas. Lundi, le président Abbas rencontrait à New-York le président israélien Shimon Peres. Celui-ci, a déclaré à son homologue palestinien : "Vous ne pouvez pas demander à Netanyahou des choses qu'il ne peut se permettre de faire pour des raisons politiques." La coalition de droite menée par Netanyahou est en effet majoritairement contre le prolongement du moratoire, et Netanyahou ne veut pas prendre d'initiatives qui risqueraient de fragiliser sa position.
De plus, côté israélien, la position défendue veut que le processus de paix soit plus important que le moratoire et que de fait, la reprise ou non de celui-ci ne doit pas avoir d'impact sur la poursuite des négociations. Ainsi Peres a déclaré à New-York : "Les négociations sont plus importantes que telle ou telle maison ; tout cela ne doit pas mettre en échec les pourparlers." Le même argument est utilisé par Ehud Barak, le ministre israélien de la défense. Lundi, lors d'une rencontre avec Hillary Clinton, secrétaire d'État des États-Unis, il a insisté sur le fait que "les décisions que doivent prendre les israéliens comme les palestiniens sont bien plus importantes, dramatiques et historiques que la question des constructions."
Netanyahou a pour sa part déclaré : "Nous avions convenus qu'il n'y aurait pas de conditions préalables à la reprise des négociations. On ne peut pas réintroduire celles-ci cinq minutes après que les pourparlers aient commencé." Et pourtant, lui ne se prive pas. Il a ainsi affirmé la nécessité d'imposer une présence militaire israélienne dans la vallée du Jourdain en prévision d'un éventuel front militaire à l'est si les palestiniens "venaient à changer leur politique". Il a précisé qu'il avait été clair sur ce point avant le début des négociations, et que pour garantir la paix et la sécurité d'Israël, cette présence militaire était indispensable. Pour couronner le tout, Netanyahou ajoute : "Je suis persuadé que nous pouvons réconcilié le désir de souveraineté des palestiniens avec notre besoin de sécurité."
Si certains avaient encore des doutes sur la mauvaise foi du gouvernement israélien, ces dernières déclarations devraient y mettre un terme. Netanyahou n'hésite pas, en même temps qu'il condamne cette pratique chez Abbas, à imposer certaines conditions qui ne peuvent être négociées. C'est ce qu'on appelle plus couramment des conditions préalables. Quand au désir de souveraineté palestinien qu'il désire satisfaire, ce sera une souveraineté limité par la présence d'une minorité étrangère, les colons, et une présence militaire, dans la vallée du Jourdain. Mais Netanyahou pour le moment satisfait tous ses objectifs. La reprise des négociations fait oublier à l'étranger tous les crimes commis par Israël ces dernières années, Plomb Durci ou l'attaque de la Flottille par exemple. Il fait également passer tous les crimes actuels, car les colons ne se gênent pas pour confisquer de leur propre chef des territoires palestiniens en Cisjordanie, et l'armée israélienne n'hésite pas à intervenir en territoire sous contrôle de l'AP quand elle veut mener une opération militaire. Netanyahou réussit même à faire oublier à tous les dirigeants du monde que les colonisations ne sont tout simplement pas légales. Les discussions actuelles portent sur le prolongement ou non du moratoire, mais qui parlent de l'illégalité des colonies? Pourtant, aux regard du droit international, toutes les colonies le sont. Enfin, la question des négociations justifie totalement la présence de Abbas à la tête de l'AP. Pourtant son mandat a expiré depuis longtemps déjà. Et aucune élection n'a eu lieu depuis. Mais cela ne semble gêner personne.Surtout pas  Netanyahou qui, avec Abbas, a réussit à mettre une coopération militaire sans précédent, entrainant la capture et la répression de plus en plus d'opposants politiques en Cisjordanie.
Abbas continuera-t-il les négociations? Netanyahou n'en doute pas. Comme il l'a déclaré lors d'une conférence, il est persuadé que Abbas poursuivra les négociations malgré la reprise de la colonisation. La suite lundi prochain.