mercredi 9 juin 2010

Polémique en Israël sur la « loyauté » de la minorité arabe

09/06/2010
Une députée arabe sous le coup d'une enquête criminelle pour avoir participé à la flottille pour Gaza.
Souvent accusés par la droite israélienne de soutenir la cause palestinienne avant celle de l'État d'Israël, les députés arabes sont l'objet de menaces anonymes et d'attaques virulentes à la Knesset de leurs collègues juifs depuis le raid contre la flottille internationale pour Gaza le 31 mai.
« Nous devons donner un coup de poing parlementaire aux députés arabes pour qu'ils comprennent qu'il y a des limites à ne pas dépasser », a déclaré à l'AFP le député Michaël Ben Ari (Union nationale, extrême droite). « Je suis pour la démocratie mais pas pour ceux qui veulent détruire l'État d'Israël », a-t-il argué.
Deux partis arabes nationalistes (Raam-Taal et Balad, au total 7 sièges) et un parti judéo-arabe (Hadash, 4 sièges) représentent les intérêts de la minorité arabe israélienne, qui compte 1,3 million de personnes (20 % de la population d'Israël).
Aujourd'hui, la cible principale est la députée d'extrême gauche Hanin Zoabi, sous le coup d'une enquête criminelle pour avoir participé à la « flottille de la liberté » pour Gaza. Plus de 100 000 Israéliens ont signé une pétition pour qu'elle soit privée de son statut de députée. Le ministre de l'Intérieur Elie Yishaï, du parti Shass (orthodoxe sépharade), a été jusqu'à demander au procureur général de vérifier la possibilité de lui retirer la nationalité israélienne.
En face, la pugnace Hanin Zoabi, 41 ans, affirme son droit à « critiquer la politique criminelle d'Israël envers le peuple palestinien ». Elle déplore « l'absence de démocratie en Israël ». « On laisse les Arabes s'exprimer mais on ne les écoute pas, la démocratie, ce n'est pas seulement pouvoir parler, c'est pouvoir être entendu », a-t-elle dit dans une interview à l'AFP.
Les accusations de traîtrise contre les Arabes israéliens et leurs députés en particulier ne sont pas nouvelles. Azmi Bishara, le fondateur du parti Balad, auquel appartient Mme Zoabi, a dû quitter le pays en 2007, démissionnant de son poste de député, alors qu'une enquête était lancée contre lui pour « haute trahison ». Les autorités israéliennes le soupçonnent d'avoir livré des informations et blanchi de l'argent destiné au Hezbollah. Un autre membre du Balad, Amir Makhoul, directeur d'une association arabe de défense des droits de l'homme, a été inculpé fin mai d'« espionnage » pour le compte du Hezbollah.
Depuis 1999, une liste électorale qui « soutient une organisation terroriste » ne peut se présenter à la Knesset, selon une loi jamais appliquée. Mais le soutien politique de certains députés arabes israéliens au Hamas et au Hezbollah pourrait remettre cette loi à l'ordre du jour.