mardi 11 mai 2010

« Nous voulons donner une chance au président Obama... »

publié le lundi 10 mai 2010
entretien avec Saëb Erakat

 
A l’issue d’un troisième entretien entre l’envoyé spécial américain, George Mitchell et le président Mahmoud Abbas dimanche 9 mai 2010, le chef des négociateurs palestinien, Saëb Erakat, a annoncé le début des pourparlers indirects entre Israéliens et Palestiniens sous l’égide des Etats-Unis.
Ces pourparlers dits de « proximité », qui marquent la reprise du dialogue israélo-palestinien suspendu depuis près de 18 mois, se sont ouverts dans le scepticisme général et avec une mise en garde américaine contre tout acte qui « saperait la confiance » au Proche-Orient. Entretien exclusif de Saëb Erakat sur RFI.
RFI : Docteur Erakat, vous confirmez que les pourparlers indirects ont bien commencé. Comment vont-ils se dérouler ?
Saëb Erakat : Oui, les pourparlers de proximité ont commencé ce jour. Les négociations vont se dérouler au niveau du président Abbas et du sénateur Mitchell et de leurs équipes. Mais si des éclaircissements sont nécessaires sur certaines questions, alors je rencontrerai George Mitchell en ma qualité de négociateur en chef de l’OLP. A ce stade, il n’y aura pas de sous-comité de travail ou quoique ce soit d’autre, car nous voulons nous concentrer pendant les quatre prochains mois sur les frontières et les problèmes de sécurité, en espérant que nous arriverons à finaliser la démarcation des frontières sur la base des tracés de 1967 [avant la guerre des Six jours].
RFI : Sur quelles bases reprennent les négociations ?
Saëb Erakat : Nous reprenons les discussions là où nous les avions laissées en décembre 2008. Nous ne repartons pas de zéro, le point de départ, ce sont les accords que nous avions conclus sur les frontières et la sécurité en décembre 2008.
RFI : Si vous avez finalement accepté de commencer ces négociations, cela suppose que vous avez obtenu suffisamment de garanties de la part des Américains. Qu’est-ce qui vous a permis de changer de position ?
Saëb Erakat : Nous voulons donner une chance au président Obama et au sénateur Mitchell. Ils méritent qu’on leur donne cette chance. Le président Abbas a assuré qu’il ferait tout son possible pour garantir le succès de cette initiative de l’administration américaine, car un succès signifie notre indépendance. Nous avons le soutien de nos amis européens, des pays arabes, de la Russie, de l’Asie, de l’Amérique latine, des Nations unies. Et nous avons pris connaissance d’un communiqué de la Maison Blanche que nous approuvons totalement. Ce communiqué assure qu’il n’y aura pas de constructions dans la colonie de Ramat Shlomo [à Jérusalem-Est] et, comme l’ont prévenu les Américains, ils ne toléreront aucune provocation d’aucun côté. Ce qui nous laisse espérer que les Israéliens s’abstiendront de toute activité de colonisation afin de donner à la paix la chance qu’elle mérite.
RFI : Mais un proche du Premier ministre israélien, sous couvert de l’anonymat, a d’ores et déjà démenti tout engagement d’Israël à geler pendant deux ans ce projet immobilier à Jérusalem -Est ?
Saëb Erakat ; C’est aux Américains de répondre à cela, pas à nous. Mais je vous confirme que c’était dans le communiqué des Américains : qu’il n’y aurait aucune construction à Ramat Shlomo pendant tout le processus de négociation, pendant vingt-quatre mois.
RFI : Tout le monde est extrêmement sceptique sur ces négociations. Vous, vous en pensez quoi ?
Saëb Erakat : On veut croire en ces pourparlers indirects entre deux camps qui n’arrivent pas à surmonter leurs divergences. Les Palestiniens, comme l’a expliqué le président Abbas, sont déterminés à leur donner la chance qu’ils méritent.
Propos recueillis par notre envoyée spéciale permanente à Jérusalem, Catherine Monnet.