mardi 11 mai 2010

Conflit israélo-palestinien : est-il trop tard pour deux États ?

11/05/2010
Beaucoup dans la droite israélienne craignent que l'établissement d'un État palestinien ne permette au Hamas de s'emparer de la Cisjordanie.
Israéliens et Palestiniens ont renoué un dialogue fragile dans le but d'établir un État palestinien aux côtés d'Israël, mais de part et d'autre cette solution à deux États est déjà jugée dépassée par certains qui prônent un seul État binational.
« La lutte pour une solution à deux États est sans aucun doute obsolète », affirme à l'AFP Meron Benvinisti, un chercheur indépendant israélien, ancien maire adjoint de Jérusalem. « Je ne pense pas qu'il soit trop tard, mais ce sera bientôt le cas. Le temps est notre ennemi », estime pour sa part l'analyste palestinien et ex-ministre Ghassan Khatib.
M. Benvinisti envisage plutôt une sorte de fédération qui rassemblerait Israël et les territoires palestiniens. « La seule solution qui puisse marcher dans ces conditions est de partager le pouvoir et (d'avoir) des frontières souples », plaide-t-il. « J'insisterais sur les frontières souples, des frontières qui ne soient pas souveraines, et sur la création d'un système de partage du pouvoir qui satisferait les demandes ethniques des deux côtés », explique-t-il.
Mais la majorité des Israéliens rejette cette idée. Beaucoup craignent le taux de natalité chez les Palestiniens, plus élevé que chez les Israéliens qui pourraient alors devenir une minorité au sein d'un État binational.
La création d'un État palestinien voisin d'Israël est au cœur des efforts diplomatiques internationaux depuis de longues années, mais la construction de colonies juives à travers la Cisjordanie occupée est venue compliquer cette perspective. La situation a empiré en 2007 lorsque le mouvement islamiste Hamas s'est emparé par la force de la bande de Gaza, coupant ses 1,5 million d'habitants de la Cisjordanie.
Le Likoud du Premier ministre de droite israélien Benjamin Netanyahu (droite) est réticent à l'idée d'un État palestinien. Mais M. Netanyahu, sous la pression des États-Unis, a accepté pour la première fois il y a un an la création d'un tel État, mais démilitarisé et à souveraineté limitée.
Beaucoup dans la droite israélienne craignent que l'établissement d'un État palestinien ne permette à des mouvements extrémistes, en particulier le Hamas, de s'emparer de la Cisjordanie. À gauche, certains considèrent que l'occupation israélienne depuis la guerre des Six-Jours en juin 1967 a provoqué la fragmentation de la société palestinienne, éloignant ainsi la perspective d'un État viable.
La bande de Gaza et la Cisjordanie ne sont pas contiguës, séparées par le territoire israélien. Israël impose des restrictions draconiennes à la circulation entre les deux enclaves et refuse de traiter avec le Hamas, qui ne reconnaît pas l'État hébreu.
Dans une interview à l'AFP le mois dernier, le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat, a accusé Israël d'ériger un « système d'apartheid » dans les territoires occupés et M. Netanyahu de « détruire la solution de deux États pour deux peuples ». « La raison d'être de l'État d'Israël est (d'être) un État juif, il n'y a pas de place pour l'autre partie » dans cet État, affirme Ron Pundak, l'un des artisans des accords de paix d'Oslo (1993).
« Je pense toujours que la solution à deux États est réalisable », ajoute-t-il. Mais il juge que les pourparlers indirects, qui viennent d'être lancés sous l'égide des États-Unis, n'aboutiront pas à la création d'un État palestinien et sont « une perte de temps ».
Israël contrôle 60 % de la Cisjordanie, où près de 290 000 colons vivent parmi les quelque deux millions de Palestiniens.
Dans Jérusalem-Est annexée, près de 270 000 Palestiniens sont reconnus comme des résidents israéliens mais pas comme citoyens.