samedi 27 mars 2010

M. Nétanyahou et "l’embuscade" américaine

Benyamin Nétanyahou a trouvé un accueil contrasté, jeudi 25 mars, à son arrivée à Jérusalem, après trois jours éprouvants à Washington. La presse israélienne parle de son "humiliation" par l’administration Obama et de l’"embuscade" qui l’attendait à la Maison Blanche.
Le premier ministre israélien, écrivent certains éditorialistes, s’est trouvé "le dos au mur", sommé de passer sous les fourches caudines d’un Barack Obama qui, requinqué par le vote de la réforme de l’assurance-maladie, paraît décidé à arracher des concessions majeures d’Israël afin de faire redémarrer le processus de paix.
M. Nétanyahou aura trouvé un réconfort dans le soutien des représentants des partis de droite et religieux de sa coalition gouvernementale, qui l’incitent à tenir bon face aux "pressions" américaines, notamment sur la question de la poursuite de la colonisation à Jérusalem-Est.
RELATION BILATÉRALE ÉBRANLÉE
Pourtant, que d’avanies ! M.Nétanyahou a été reçu à la nuit tombée par le chef de la Maison Blanche, sans photographes et sans communiqué final.
Les détails abondent sur son entretien prolongé avec M. Obama, entrecoupé d’apartés avec ses conseillers, et suivi d’échanges téléphoniques avec ses ministres à Jérusalem, à l’ambassade d’Israël et non à la Maison Blanche, parce que la délégation israélienne redoutait d’être écoutée par les services américains, un signe parmi d’autres que la confiance israélo-américaine s’est évaporée.
M. Nétanyahou est rentré sur un constat d’échec, au moins s’agissant de l’apaisement de la relation bilatérale. Celle-ci est ébranlée par les décisions israéliennes de construire dans la partie arabe de la Ville sainte.
Juste avant de rejoindre M. Obama, mardi, le premier ministre israélien a été pris au dépourvu par l’annonce, à Jérusalem, de la construction de vingt logements sur le site d’un ancien hôtel palestinien de Jérusalem-Est.
Et maintenant ? M. Nétanyahou devait réunir ses principaux ministres, vendredi, à qui il soumettra le document énumérant les exigences américaines, qui prévoit, notamment, un arrêt de toute construction à Jérusalem-Est.
RUMEURS DE DISLOCATION DE LA COALITION
Ces dernières semaines, plusieurs responsables américains avaient souligné que l’intransigeance israélienne mettait en danger les troupes américaines à travers le monde, en exacerbant le fanatisme islamiste et en limitant les partenariats stratégiques de Washington avec les Etats arabes.
Jeudi, le secrétaire à la défense, Robert Gates, a assuré que l’absence de progrès dans le processus de paix "sape les intérêts américains en matière de sécurité nationale".
A Jérusalem, les rumeurs d’une dislocation de la coalition gouvernementale se multiplient – sans doute exagérément –, les ministres travaillistes ne cachant plus leurs états d’âme.
Certains responsables du parti centriste Kadima, que préside le chef de l’opposition Tzipi Livni, laissent entendre qu’ils pourraient accepter d’entrer au gouvernement, si M. Nétanyahou rompait ses alliances avec les partis d’extrême droite et religieux Israël Beitenou et Shass.