vendredi 26 mars 2010 - 08h:39                                                                                          
Serge Dumont - Le Temps
          L’incompréhension entre Washington et Tel-Aviv suscite un  profond malaise dans la classe politique israélienne.         
 « Une catastrophe », « un désastre », un « camouflet ». Les  éditorialistes de la presse israélienne ne mâchent pas leurs mots pour  qualifier la rencontre de mercredi soir entre Benyamin Netanyahou et  Barack Obama. Car le président américain a exigé que le premier ministre  de l’Etat hébreu s’engage par écrit à interrompre définitivement les  constructions dans les colonies de Cisjordanie ainsi que dans les  « nouveaux quartiers » de Jérusalem-Est (la partie arabe de la ville).  En outre, il a souhaité qu’Israël entame rapidement des négociations de  paix avec l’Autorité palestinienne (AP) et que celles-ci ne durent pas  plus de deux ans. Mais il a essuyé un refus, qui manifestement  approfondit la crise entre les deux pays.
Dès son retour à Jérusalem, Benyamin Netanyahou a réuni  les sept « super-ministres » du cabinet restreint de la politique et de  la défense afin d’évaluer la situation. Une réunion « de la plus haute  importance » et tenue à huis clos.
« L’une des données du problème, c’est  qu’il n’existe pas entre le premier ministre israélien et le chef de  l’exécutif américain la même alchimie qu’entre Ehoud Olmert et George  Bush. Non seulement les deux hommes ne s’aiment pas mais ils ne sont pas  sur la même longueur d’onde », estime l’ancien ministre israélien  des Affaires étrangères, Shlomo Ben Ami (travailliste).
Quoi qu’il en soit, l’incompréhension entre Tel-Aviv et  Washington suscite un profond malaise dans la classe politique mais  également dans les milieux intellectuels. Pour l’heure, seuls les  représentants au gouvernement des petites formations d’extrême droite se  félicitent de cette crise. « Nous congratulons Benyamin  Netanyahou pour ce qu’il a fait. Il a défendu notre droit à construire  où nous le voulons à Jérusalem et il a protégé nos implantations. Ce  faisant, il a démontré à Barack Obama que nous ne serons jamais un  satellite américain », a déclaré le député ultra Arié Eldad. Quant  au vice-premier ministre et leader du parti ultraorthodoxe Shas, Elie  Yshaï, il a promis que « les constructions se poursuivront à  Jérusalem-Est que cela plaise ou non à l’étranger ».
« Naufrage  politique »
Mais la plupart des autres réactions sont beaucoup plus  modérées. Plus inquiètes, en tout cas. Le parti centriste Kadima de  Tzipi Livni (opposition) a par exemple mis en garde l’opinion  israélienne contre une rupture définitive avec Washington. « Nous ne voulons pas que le premier ministre entraîne le  pays dans son naufrage politique, car ce serait dramatique. Nous nous  retrouverions seuls au monde », a déclaré le député Yoël Hasson.
Ex-président de la Knesset et ancien leader du Parti  travailliste, Avraham Burg a pour sa part affirmé que les dirigeants  politiques israéliens « n’ont pas compris que le monde a  changé ». « Leur discours sur la sécurité, sur la  menace que représente le Hamas, sur le terrorisme ne convainc plus  qu’eux-mêmes, dit-il. Ils ne se rendent pas compte que le monde en a  assez de cette occupation des territoires palestiniens qui dure depuis  quarante-deux ans. »
 
 
