lundi 8 février 2010

L’Onu débat des crimes de Gaza

publié le dimanche 7 février 2010
Pierre Barbancey

 
Le rapport Goldstone a évoqué des crimes de guerre perpétrés durant l’offensive sur Gaza. Le secrétaire général de l’ONU doit présenter aujourd’hui (5 février) un rapport devant l’Assemblée générale. La Cour pénale internationale pourrait être saisie [1].
Le 5 novembre 2009, l’Assemblée générale de l’ONU adoptait une résolution dans laquelle elle approuve les recommandations du rapport Goldstone (du nom de ce juge sud-africain, ancien recteur de l’université hébraïque de Jérusalem) sur le conflit à Gaza, qui estime que des crimes de guerre ont été commis à la fois par Israël et le Hamas lors de ce conflit entre décembre 2008 et janvier 2009. Une résolution adoptée par 114 voix pour, 18 voix contre, et 44 abstentions, qui faisait dire au président de l’Assemblée générale, Ali Treki  : « Ce vote est une déclaration importante contre l’impunité. C’est un appel en faveur de la justice. »
Trois mois se sont écoulés
L’Assemblée générale demandait également au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, de transmettre le rapport Goldstone au Conseil de sécurité. Elle appelait le gouvernement d’Israël et les Palestiniens à prendre les mesures appropriées dans les trois mois à venir pour mener des enquêtes qui soient indépendantes, crédibles et conformes aux standards internationaux, concernant les violations du droit international et des droits de l’homme signalées dans le rapport. Nous y sommes donc, exactement. Trois mois se sont écoulés. Et si les explications des deux parties sont attendues, tous les regards se tournent bien sûr vers Israël.
D’abord parce qu’il s’agit d’un État, membre des Nations unies, alors que le rapport Goldstone ne pointe pas un État de Palestine (et pour cause) mais des groupes armés palestiniens. Une différence de taille. D’autre part, Tel-Aviv a beau s’abriter derrière une « légitime défense », l’explication a fait long feu. Si des roquettes ont été lancées sur le territoire israélien, dans des zones civiles – ce qui est condamnable en droit – il n’y a aucune commune mesure avec le déluge de feu et de phosphore blanc qui s’est abattu du 27 décembre 2008 au 19 janvier 2009 sur la bande de Gaza, étranglée, asphyxiée depuis des mois, ce qui ne laissait que peu de marge de manœuvre aux habitants pour se défendre. Les chiffres sont d’ailleurs là, implacables  : trois civils tués côté israélien, plus de 1 200 chez les Palestiniens.
Israël a refusé de coopérer avec les cinq membres de la commission d’enquête Goldstone, dont il a dénoncé les conclusions comme partiales, et a assuré que son armée avait déployé le maximum d’efforts pour éviter des pertes civiles lors du conflit. Le Hamas dément également tout crime de guerre. Mais tout le monde comprend bien que la responsabilité d’Israël, force occupante, qui contrôle les frontières terrestres, aériennes et maritimes de Gaza, qui maintient des centaines de check-points et le bouclage des villes et des villages en Cisjordanie, que cette responsabilité donc, est écrasante.
La position d’Amnesty International En octobre dernier, dans le quotidien Haaretz, le grand historien israélien Zeev Sternhell avertissait ses concitoyens  : « La question de savoir ce qui s’est réellement passé à Gaza est considérée comme entachée d’antisémitisme. La conscience toujours tranquille de l’Israélien moyen la balaye d’un revers de main. Mais plus le temps passe, plus l’aspect légal sera évité, et plus ce sera la dimension morale du rapport qui sera gravée dans notre conscience et celle du monde. » Alors que la Cour pénale internationale (CPI) pourrait être saisie, Amnesty International a déjà fait savoir que « les enquêtes menées par Israël n’ont pas correspondu aux normes internationales d’indépendance, de transparence, de rapidité et d’efficacité ».
publié par l’Humanité
ajout de note : C. Léostic, Afps