vendredi 12 février 2010

Le mur entre l’Egypte et Gaza : les mêmes vieilles trahisons

jeudi 11 février 2010 - 06h:02
Ángel Horacio Molina - Rebelión
Le « gouvernement » de Hosni Moubarak, en place depuis 1981, n’est qu’une dictature mal déguisée qui a montré à maintes reprises et avec des faits concrets que sa politique n’est pas exactement en phase avec la cause arabe.
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Mur d’Apartheid en Cisjordanie (Qalqilya)
Alors que les images des atrocités commises par les militaires israéliens sur la population de Gaza sont encore à vif, il nous arrive de la Palestine occupée des nouvelles peu encourageantes : au blocus israélien et à la complicité de l’OLP, s’ajoute maintenant la construction de la part de l’Egypte, d’un mur souterrain qui vise à couper le passage des approvisionnements qui sont indispensables pour la survie des habitants de la bande de Gaza.
Quand la démocratie n’a pas d’importance
Les attaques israéliennes de janvier 2009, qui ont laissé des centaines de morts palestiniens, ont cherché à être légitimées sur le faux argument qu’elles ne visaient pas la population civile mais le mouvement de résistance islamique (Hamas). Or, l’agression de l’Etat sioniste avait été préparée plusieurs mois à l’avance et comme on l’a appris plus tard, les plans de l’opération avaient été communiqués aux autorités égyptiennes au préalable.
Loin de chercher à dissuader les Israéliens ou de mettre en garde les Palestiniens du danger imminent, l’Egypte avait renforcé les contrôles de sa frontière avec Gaza pour empêcher l’entrée et sortie de biens et de personnes dont la circulation aurait pu constituer une complication pour les projets militaires israéliens. Gaza est devenue alors un immense camp d’extermination grâce à la collaboration du gouvernement de Hosni Moubarak.
La communauté internationale avait de son côté, prêté une attention moindre aux spécificités des acteurs impliqués ouvrant ainsi la voie pour légitimer les actions israéliennes [en même temps] qu’elle se clamait résolue à « exporter » la démocratie à tous les coins stratégiques dans le monde où elle aurait pu être nécessaire.
Ainsi, les Etats Unis et l’Europe ont décidé d‘oublier que le Hamas était devenu depuis 2006, le plus fort représentant du peuple palestinien et qu’il avait remporté démocratiquement les élections législatives en s’imposant devant Al Fatah, qui allait à son tour ignorer Ismail Haniya (premier ministre proposé par le Hamas) et tout son cabinet.
Comme l’avait montré en 1991 l’Algérie, avec le triomphe du Front Islamique du Salut, la démocratie pouvait être dangereuse pour les intérêts euro-américains et donc il n’était plus souhaitable de respecter la volonté populaire. On a donc décidé de ne reconnaître que Mahmoud Abbas, leader affaibli du Fatah, comme seul représentant de l’Autorité Palestinienne, malgré le résultat des élections et le nombre très considérable d’accusations de corruption qui pesaient sur son administration. C’est ce qui explique la lâche immobilité de l’OLP en Cisjordanie, avec Al Fatah en tête, face à l’offensive meurtrière d’Israël sur Gaza.
L’Egypte, pour sa part, est un autre clair exemple du double discours euro-américain dans la région. Le « gouvernement » de Hosni Moubarak, en place depuis 1981, n’est qu’une dictature mal déguisée qui a montré à maintes reprises et avec des faits concrets que sa politique n’est pas exactement en phase avec la cause arabe.
C’est ainsi qu’en 1978 l’Egypte est devenu le premier pays arabe à avoir négocié séparément avec Israël (rupture de l’accord de la ligue Arabe). En 1991, il faisait partie de la coalition avec les Américains en tête (US-Led Coalition) qui a attaqué et envahi l’Irak. En 2003 on a su qu’il a aidé les Etas Unis à enlever et torturer dans son territoire des « suspects de terrorisme » en plus d’être le pays de la région qui reçoit le plus d’aide économique américaine après Israël.
Quant à Israël, auto proclamée « seule démocratie au Moyen Orient » (comme aiment à répéter les propagandistes sionistes), on se limitera à dire, comme l’avait fait l’académicien marxiste Fred Halliday, qu’il s’agit d’une « ethnocratie » où seul un ensemble de population, déterminé par des rapports de pouvoir, possède les droits de citoyenneté. Autrement dit : l’Etat Sioniste est aussi démocratique que l’Afrique du Sud de l’Apartheid.
Compte tenu de ceci il n’est pas surprenant que le premier ministre israélien Benjamin Netanayahu considére la construction d’un mur à la frontière avec l’Egypte comme une mesure « inévitable et stratégique », visant à empêcher l’immigration clandestine d’Africains qui pourraient altérer la composition raciale et religieuse de l’Etat sioniste.
Les murs que l’on ignore
L’année 2009 était le 20ème anniversaire de la chute du mur [de Berlin]. le souvenir de cette événement, ainsi que les actes commémoratifs réalisés, ont été largement diffusés par les medias partout dans le monde. Néanmoins, beaucoup d’autres murs érigés au service de l’exclusion et l’extermination continuent d’être ignorés.
Tout au long de la frontière avec le Mexique les Etats Unis ont construit un système qui combine murs et barbelés pour empêcher, disent-ils, l’entrée au pays d‘immigrés clandestins. Le Maroc a fragmenté l’espace sahraoui avec une série de murs dans le but d’améliorer les performances de leurs radars pour éliminer plus facilement la résistance du Front Polisario. Israël continue d’étendre et renforcer ses énormes murs à travers la Cisjordanie malgré la condamnation très peu diffusée de la Court Pénale International de La Haye.
L’Égypte (avec ses clercs dépendants du régime qui légitiment « religieusement » l’oppression), se joint maintenant à cette liste honteuse, en construisant, le long de sa frontière de dix kilomètres avec Gaza, un mur d’acier souterrain qui s’enfonce à près de trente mètres de profondeur.
Devant le silence et la complicité de la communauté internationale face à ces monuments de haine, il ne reste que la dénonciation comme instrument face à la négligence et à l’oubli.
31 janvier 2010 - Rebelión - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.palestinalibre.org/artic...
Traduction de l’espagnol : Inés Molina V.
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8147