lundi 22 février 2010

Le commando se serait servi de passeports diplomatiques

22/02/2010
Meurtre de Mabhouh
Le chef de la police de Dubaï a indiqué hier que des passeports « diplomatiques » avaient été utilisés par le commando qui a tué un cadre du Hamas à Dubaï, alors que la pression augmente sur Israël dont les services secrets sont mis en cause.
« Il y a des informations que la police de Dubaï ne veut pas rendre publiques pour le moment, notamment en ce qui concerne des passeports diplomatiques utilisés par des membres du commando », a déclaré le chef de la police de Dubaï, Dhahi Khalfan, dans le quotidien al-Bayane, organe du gouvernement local.
La police de Dubaï a annoncé que les membres du commando qui ont tué le Palestinien Mahmoud al-Mabhouh le 19 janvier détenaient des passeports britanniques, irlandais, français ou allemand. M. Khalfan s'était dit « certain à 99 %, sinon à 100 %, que le Mossad est derrière l'assassinat ».
Dans l'enquête, « la coopération avec la Grande-Bretagne, la France, l'Irlande et l'Allemagne va bon train », a dit M. Khalfan dans Emarat al-youm, un autre quotidien de Dubaï. « Nos preuves sont multiples » et « les questions soulevées par la police de Dubaï ne peuvent pas être ignorées par les pays concernés par l'affaire ». « Ce n'est plus une affaire locale, mais une affaire de sécurité qui touche des pays européens », a-t-il commenté dans le quotidien al-Ittihad, organe du gouvernement local de l'émirat voisin d'Abou Dhabi.
Le ministère émirati des Affaires étrangères a convoqué hier les ambassadeurs des pays de l'UE pour leur signifier sa « profonde inquiétude concernant le mauvais usage des privilèges » accordés à « certains pays amis », dont les ressortissants n'ont pas besoin de visa pour entrer aux Émirats.
De leur côté, Londres, Dublin, Paris et Berlin ont récemment demandé des explications aux ambassadeurs d'Israël dans ces capitales sur les passeports utilisés par le commando.
Mais le vice-ministre israélien des Affaires étrangères Dany Ayalon a affirmé samedi qu'« Israël ne s'attend pas à une crise avec les pays européens (...) car Israël n'a aucun lien avec ce qui s'est passé ».
M. Khalfan a d'autre part qualifié de « mensonges » des informations de la presse israélienne selon lesquelles le commando avait effectué durant les trois derniers mois deux séjours à Dubaï préalablement au meurtre. « La dernière visite des meurtriers a eu lieu il y a près d'un an », a-t-il assuré.
Il a en outre conseillé au mouvement islamiste palestinien Hamas de mener « une enquête interne pour dévoiler la personne à l'origine des fuites sur les déplacements précis de Mabhouh au commando qui l'a assassiné ». « Les informations sur la date d'arrivée de Mabhouh à Dubaï avaient été transmises au commando par un individu dans l'entourage le plus proche de Mabhouh », a-t-il ajouté dans al-Ittihad. Dubaï détient deux suspects palestiniens.
Le Hamas a exclu toute infiltration des renseignements israéliens. « Le fait que Mahmoud al-Mabhouh ait été suivi par des agents du Mossad ne signifie pas que le mouvement soit infiltré » par le Mossad, peut-on lire dans un communiqué du groupe palestinien à Damas.
La presse israélienne a laissé entendre que le Mossad était bien responsable de l'élimination de Mabhouh, et le ministre de l'Industrie Binyamin Ben Eliezer a indiqué hier que les opérations du service de renseignements dépendaient du Premier ministre, Benjamin Netanyahu.
Citant des sources proches du Mossad non identifiées, le journal britannique Sunday Times rapporte que M. Netanyahu a rencontré les membres du commando au quartier général du Mossad à Tel-Aviv avant qu'ils ne se rendent à Dubaï pour tuer Mabhouh.