lundi 22 février 2010

Abbas en France pour hâter la création d’un État palestinien

22/02/2010
Bernard Kouchner recevant Mahmoud Abbas, hier à Paris. Lionel 
Bonaventure/AFP
Bernard Kouchner recevant Mahmoud Abbas, hier à Paris. Lionel Bonaventure/AFP
Proche-Orient Pour relancer le processus de paix, l'Autorité palestinienne compte sur Paris et Washington pour faire pression sur Israël.
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas devait être reçu hier et aujourd'hui en France dont le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner vient de suggérer la reconnaissance rapide d'un État palestinien avant la conclusion des négociations sur les frontières.
M. Abbas est arrivé hier soir à Paris où il a dîné avec M. Kouchner. Aujourd'hui, un déjeuner de travail est prévu avec le président Nicolas Sarkozy.
À un moment où les négociations sont au point mort entre Israéliens et Palestiniens, M. Kouchner est le premier responsable français à évoquer publiquement la piste d'une proclamation rapide de l'État palestinien sans accord avec Israël. Dans ce scénario, l'État palestinien serait proclamé par les Palestiniens, reconnu par la communauté internationale et, dans le cadre de cette dynamique, les négociations sur les frontières de cet État pourraient être achevées.
« Recevoir Mahmoud Abbas, le président palestinien (...), c'est soutenir l'homme qui porte la solution de deux États », avait déclaré vendredi M. Kouchner à l'hebdomadaire français Le Journal du dimanche. « La question qui se pose, en ce moment, c'est la construction d'une réalité : la France forme des policiers palestiniens, des entreprises se créent en Cisjordanie... Ensuite, on peut envisager la proclamation rapide d'un État palestinien et sa reconnaissance immédiate par la communauté internationale avant même la négociation sur les frontières », a-t-il ajouté.
Ballon d'essai ? Le chef de la diplomatie française a pris la précaution de parler en son nom seul. « Je serais tenté par cela (...). Je ne suis pas sûr d'être suivi ni même d'avoir raison », lance-t-il prudemment.
De fait, le Premier ministre français François Fillon, en voyage à Amman, a tempéré les déclarations de M. Kouchner. « Cette suggestion témoigne de cette volonté qui est la nôtre d'accélérer le processus, de prendre des initiatives qui permettent d'enclencher des négociations qui tardent trop à commencer », a-t-il dit à la presse, répétant l'offre de la France d'organiser une grande conférence pour la paix à Paris.
Un haut responsable israélien, sous couvert d'anonymat, a déclaré à l'AFP que l'État hébreu s'opposait à la proposition de M. Kouchner. « Accorder une telle reconnaissance alors que les dossiers du conflit ne sont pas réglés ne ferait que jeter de l'huile sur le feu. Cela ne pourrait que pousser les Palestiniens à se montrer encore plus intransigeants et à rendre ainsi tout compromis impossible », a prédit ce responsable.
En revanche, dans une interview à plusieurs médias français, le Premier ministre de l'Autorité palestinienne Salam Fayyad, a dit vendredi son intention de donner naissance à un État palestinien indépendant et viable « dans les faits et sur le terrain » en 2011, quel que soit l'état d'avancement des discussions avec Israël.
Pour relancer le processus de paix, l'Autorité palestinienne compte certes sur Paris, mais surtout sur Washington, pour faire pression sur Israël.
« Nous attendons donc d'autres initiatives des Américains », a déclaré samedi M. Abbas au journal Le Monde, ajoutant qu'en l'absence d'avancée, il craignait un retour de la violence.
Sur un autre plan, cinq Palestiniens ont été blessés dimanche par des tirs d'obus israéliens dans le nord de la bande de Gaza, près de la frontière avec Israël, selon les services d'urgence palestiniens. Samedi, quatre membres de groupes armés palestiniens avaient été blessés lors d'échanges de tirs avec des militaires israéliens, près de la frontière, dans le sud de la bande de Gaza.