lundi 22 février 2010

L’actualité : Iran, Villepin-Sarkozy, Frêche-Fabius, un point commun ?

 Samedi, 20 Février 2010

Prologue : Ces deux dernières semaines trois événement ont occupé ou occupent toujours les médias: L’Iran, la relaxe de Villepin dans l’affaire Clearstream-Sarkozy-Villepin, le montage Frêche-Fabius et encore L’Iran. J’ai vu ce 11 février, sur CNN, les images de manifestations monstres à Téhéran à l’occasion de la fête de la révolution islamique. Des sites Web, politiquement incorrects bien sûr ; parlaient de millions de personnes. Le lendemain les médias nationaux et régionaux ne retenaient que « la présence de contre-manifestants et de milliers (sic) de partisans venus des provinces en bus avec la promesse d’un repas gratuit »! Il existe un lien entre ces trois évènements (soigneusement caché par la propagande qui les présente): La volonté d’indépendance de l’Iran et son soutien à la cause palestinienne dérange le néocolonialisme israélien ; le discours de Villepin à L’ONU en 2003, condamnant les préparatifs de guerre contre l’Irak dérangea en son temps le gouvernement néoconservateur et pro-israélien US, enfin, la bouffonnerie d’un Frêche antisémite, dixit Fabius, n’est que la dernière expression d’une lutte interne au PS, menée depuis longtemps contre un dirigeant dont le sionisme est avéré mais dont le franc parler, très populaire localement car politiquement incorrect, agace. Une praxis pro-israélienne est le fil conducteur qui relie ces évènements.

Au-delà de cette politique française et occidentale israélo centrée, se profile la vulgarisation d’un « Choc des civilisations » tel que théorisé par le néoconservateur Samuel Huntington en 1993, entre une Europe chrétienne sur le déclin (à la satisfaction de nos dirigeants politiques, notez le bien !) et un Islam ressenti comme envahissant et conquérant. Ce choc banalisé dans les esprits n’est pas inéluctable : (i) Il est d’abord une conséquence des conflits qui durent depuis 60 ans en Palestine, depuis 20 ans en Irak et 10 ans en Afghanistan. Le Yémen est maintenant touché ainsi que le Pakistan, la Somalie, Le Soudan…. l’Iran demain ? Ceux qui pensent le sionisme étranger à ces conflits n’ont de toute évidence jamais discuté avec les populations musulmanes des pays méditerranéens. Si Israël arrêtait sa colonisation de la Palestine, si les USA cessaient leurs occupations militaires de pays musulmans, les causes principales du conflit disparaîtraient. Il resterait certes et pendant longtemps un ressentiment compréhensible et légitime dans les pays agressés. La présentation quotidienne d’un Iran belliciste est, tout comme hier pour l’Irak, une pure intoxication médiatique compte tenu du rapport des forces en présence. Je n’ai jamais vu quelqu’un qui pouvait défendre cela de façon raisonnable si ce n’est en invoquant la ‘folie’ de tel ou tel dirigeant, conséquence irrationnelle de cette même propagande. (ii) Après la seconde guerre mondiale on parlait encore dans les familles de la première. Lorsque, très jeune, j’allais à Verdun où ma grand-mère avait perdu son fils aîné, il n’était pas question pour elle d’en chercher la cause. Elle était entendue. L’allemand rendu détestable avait tué son fils et peu importe la contradiction si des pensées similaires existaient de l’autre coté du Rhin. Depuis, des films, impensables dans les années 50 ou 60, ont été réalisés. Ils montrent l’atrocité et l’absurdité d’une guerre totalement inutile faite, comme le disait Paul Valery, par des gens qui ne se connaissent pas au seul profit de gens qui se connaissent très bien. Je sens aujourd’hui s’installer un climat identique à celui qui devait régner au début du 20ème siècle, un climat de sophistique guerrière ou le musulman remplace l’allemand. Les conséquences en seraient tout autant dévastatrices.
La préparation psychologique des populations européennes ainsi que les guerres menées par l’occident dans les pays musulmans, tout cela me semble bien décrit dans une lettre que Simone Weil envoyait à Bernanos pendant la guerre d’Espagne : « J’ai eu le sentiment, pour moi, que lorsque les autorités temporelles et spirituelles ont mis une catégorie d’êtres humains en dehors de ceux dont la vie a un prix, il n’est rien de plus naturel à l’homme que de tuer. Quand on sait qu’il est possible de tuer sans risque ni châtiment ni blâme, on tue ; ou du moins on entoure de sourires encourageants ceux qui tuent », voir aussi, Simone Weil, Réflexions sur la barbarie.

La campagne médiatique anti-iranienne (Ou comment déstabiliser un pays qui défend les palestiniens)

Pour illustrer le fonctionnement de l’information-Intox, regardons les titres des journaux du 1er février. N’importe quel autre jour ferait l’affaire. Dans le Figaro, Adèle Smith nous apprend que : « Les Etats-Unis se renforcent dans le Golfe face à l’Iran …afin de parer à une éventuelle attaque iranienne ». Cette formulation est intéressante sachant que ce sont plutôt les USA ou Israël qui menacent d’attaquer l’Iran. Dans le New York Times (NYT), David E. Sanger et Eric Schmitt sont plus explicites : « Les USA consolident leur défense dans le Golfe contre les missiles iraniens. » etc. Quelques jours plus tard, presse et télévision rapportent que les USA considèrent comme une provocation l’envoi par l’Iran d’un satellite. Bizarre, les milliers de satellites qui tournent actuellement autour de la terre sont-ils aussi des provocations ? Le 9 février, toute la presse nationale et occidentale, tous les journaux TV, tous les sites Web de l’information contrôlée parlent avec effroi d’un enrichissement par l’Iran de l’uranium à 20%. En ce début février, vous ne pouvez absolument pas échapper à la diabolisation de l’Iran elle est massive et répétitive. C’est par cette répétition ciblée que se manifeste aujourd’hui l’arme essentielle de la désinformation. Ceci est d’autant plus extraordinaire que les sources d’où jaillit la diabolisation se trouvent dans les pays qui possèdent de l’uranium enrichi à plus de 90% et qui plus est dans leurs milliers de têtes nucléaires. Oui, mais voilà, l’Iran dont le militarisme agressif est une invention est ainsi présenté comme un pays hostile. Les preuves ? Pas nécessaire puisqu’on vous répète tous les jours que l’Iran n’est pas un pays convenable. Les USA n’ont-ils pas des bases militaires dans le monde entier et dans pratiquement tous les pays qui entourent l’Iran ? Oui, mais ils sont gentils eux. N’ont-ils pas envahi des pays limitrophes à l’Iran avec pour conséquence des millions de morts et déplacés ? Oui, peut-être, mais attention c’est pour la paix et la démocratie ! Y a-t-il des porte-avions iraniens au large des côtes américaines comme il y a des porte-avions US au large des côtes iraniennes……..

Nous subissons ce même type ‘d’information’ concernant les pays que l’establishment occidental et politiquement correct n’aime guère : La Russie souvent, la Chine parfois, le Venezuela toujours, la Turquie c’est pour bientôt etc. L’Irak fut un vrai cas d’école les années précédant les deux guerres impériales de 1991 et 2003. Cette désinformation est efficace, un mensonge mille fois répété acquiert peu à peu l’autorité du vrai.
Pour l’Irak, il y a en ce moment en Angleterre une commission, la commission Chilcot, qui enquête sur les conditions ayant amené le pays à participer à l’invasion en 2003. Cette commission a été créée sous la pression d’une population outrée par les mensonges de l’équipe Blair. Il est bien précisé toutefois que cette commission n’a pas pour vocation à incriminer quiconque. On n’est jamais trop prudent. Elle est d’ailleurs constituée de hauts fonctionnaires en poste sous le gouvernement Blair et aucun irakien, principales victimes de cette invasion, n’a été invité à témoigner. Il apparaît clairement cependant que Blair et consort ont utilisé le mensonge pour faire ‘avaler’ une guerre dont on découvre aussi à cette occasion qu’elle était préparée depuis le 11 juin 2001, i.e. avant les évènements du 9/11 ! cf Michael Savage, Independent du 1/02/10. La presse anglaise montre dans son ensemble une liberté de ton que l’on ne retrouve guère dans la presse française ou américaine. On y apprend ainsi que Blair, depuis qu’il a quitté Downing Street, touche l’argent du sang, des salaires faramineux pour parler des affaires du monde en milieu huppé. Nigel Morris et Nick Clark, Independent du 26/01/10 donnent l’exemple d’une conférence payée 200.000 livres par une société d’investissement accusée d’avoir profité de la récente crise financière, voir aussi Seumas Milne, Guardian, 3/02/10.

Les incroyables mensonges et manipulations des néoconservateurs et des lobbies israéliens ont conduit à la destruction de l’Irak, à plus d’un million de victimes, à des millions de déplacés et, ce qui était parfaitement prévisible (et donc prévu) compte tenu des divisions ethniques et confessionnelles, à un quasi état de guerre civile. Il faut lire les livres extrêmement bien documentés de John J. Mearsheimer et Stephen M. Walt : « Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine », Ed. La Découverte ou Stephen J. Sniegoski : « The Transparent Cabal », Enigma Editions.
L’Irak de Saddam Hussein soutenait activement la cause palestinienne, l’Iran d’Ahmadinejad fait de même. La véritable question aujourd’hui est la suivante : Cette diabolisation massive est-elle le prélude à des opérations guerrières? L’Iran est une très ancienne civilisation. Il y a 2500 ans Cyrus le Grand écrivait un code très en avance sur la loi du talion, code considéré comme le 1er exemple de Déclaration des Droits. Le Cylindre de Cyrus est conservé au British Museum. Ce musée manifeste d’ailleurs toujours des réticences à le restituer à l’Iran, cf Michael Savage, Independent du 8/02/10. L’Iran n’a jamais envahi personne ni commencé une guerre depuis deux siècles alors que les USA ont attaqué plus de trente pays depuis 60 ans. Les journalistes néoconservateurs US et israéliens avancent dans pratiquement tous leurs articles (exemple de répétition massive) qu’Ahmadinejad aurait déclaré « qu’Israël devait être rayé de la carte ». C’est une traduction volontairement erronée d’un discours d’ailleurs ancien de l’ayatollah Khomeiny qui déclarait « qu’Israël devrait disparaître de la page du temps » et non pas un appel à une destruction physique, cf par exemple : Débats, p14, Le Figaro du 9/11/07. Qui pourrait croire au danger d’une attaque iranienne si il n’y avait cette propagande usraélienne envahissante. Enfin, qui pourrait croire, si les informations étaient objectives, que des pays comme les USA ou Israël, certes avec l’assistance de dévoués serviteurs comme A. Merkel, N. Sarkozy, S. Berlusconi etc., sont des pays crédibles dans cette orchestration de la diabolisation de l’Iran.

Le problème de la désinformation associée à la manipulation mentale est qu’elle est aujourd’hui globale, sophistique et massivement répétitive. Tout cela a été rendu possible par l’abandon, il y a plus d’un siècle, de l’enseignement de la rhétorique : l’art du bien dire mais aussi du discours juste. Il reste encore l’espoir bien mince de voir se développer des anti-corps dans la société française. On dit que le diable porte pierre, le refus de près de 90% des français de céder à la panique médiatiquement organisée de la grippe H1N1 est encourageant. Cette méfiance est probablement liée, dans ce cas précis, à la précédente intox concernant la grippe dite aviaire. Si, si, rappelez vous ces journaux télévisés qui commençaient tous, il y quelques années, par l’exhibition du cadavre d’un malheureux volatile et l’installation immédiate d’un périmètre de haute sécurité. Mais on n’en est pas encore au stade où une commission Chilcot à la française demandera des comptes aux responsables de l’achat de plus de 90 millions de doses de vaccins qui vont rester inutilisées ou revendues à des pays, souvent pauvres, et qui n’en ont pas plus besoin que nous !

Certains penseront que dans une ‘démocratie’ une alternance de régime est toujours possible. Mais un tel changement ne changerait rien car les concepts classiques : droite vs gauche, sont obsolètes. Sarkozy dans sa pratique de ‘l’ouverture’ n’a pas récupéré les éléments les plus ‘droitiers’ du PS mais des personnalités pro-israéliennes. Pas toutes bien sûr puisqu’on nous présente, en ce moment, des sondages donnant Dominique Strauss-Kahn gagnant la prochaine élection présidentielle. (Ce qui ne peut pas représenter une alternative)

A la dichotomie politique droite/gauche classique : plus ou moins de social ; plus ou moins de liberté individuelle, s’est imposée la division selon l’axe du mal, avec les ‘bons’ (atlantistes) d’un coté et les ‘mauvais’ (presque tous les autres) de l’autre comme autrefois on avait aux USA les (bons) cow-boys et les (mauvais) indiens. Si le peuple sait faire la distinction d’instinct entre le juste et l’injuste, le bien et le mal, il sait aussi que son avis est de moins en moins pris en compte et ainsi il n’ y a pas de véritable adhésion populaire . Il en résulte une classe dirigeante politico-médiatique, dominée de plus en plus par des psychopathes, guidés plus par des intérêts de groupe que par l’altruisme ou le bien commun. Il est particulièrement instructif de lire les analyses des journalistes et les déclarations des hommes politiques traitant des problèmes les plus importants du moment comme l’Irak, l’Afghanistan, la Palestine ou le ‘terrorisme’. Je n’ai, par exemple, jamais lu dans la presse US, et ceci sur deux décennies maintenant, un seul article questionnant la moralité d’une guerre aussi meurtrière et construite sur des mensonges (celle d’Irak) ayant coûté la vie à plus d’un million de personnes. Ce chiffre lui-même n’est pratiquement jamais évoqué. G. W. Bush dans un discours de 2007, annonçant la ‘fin de la guerre’ (sic), parle de 35000 morts civils, soit tout de même 12 fois plus que pour le 9/11. Il faudra attendre le IHT du 23/02/09, pour que Timothy Williams parle, par périphrase, des 740.000 veuves en Irak (sachant qu’il y a aussi des veufs, des orphelins, des familles entières disparues etc. on approchera assez près des 2 millions de morts dont parlent plusieurs ONG indépendants sur Internet). C’est d’ailleurs grâce au Web, bête noire des médias officiels, que les gens intéressés peuvent être tenus au courant et ils ne sont pas si nombreux dans ce domaine particulier. L’absence d’empathie est d’ailleurs une caractéristique du psychopathe. Il y a d’innombrables exemples. Tony Blair, malgré les nombreux témoignages à la commission Chilcot, refusera lors de son audition de reconnaître une quelconque responsabilité dans la boucherie irakienne. On se rappellera aussi de Mme Madeleine Albright qui, apprenant lors d’une émission sur la chaîne TV CBS en 1996 que l’embargo onusien avait déjà causé la mort de 500.000 enfants irakiens, déclarait que « cela en valait la peine » !

Tous ces sujets sont importants: l’utilisation abusive du discours sophistique, la désinformation médiatique, les guerres impérialistes et colonialistes, le contrôle de la classe politique US par des groupes de pression sionistes, les rappels ad nauseum à la repentance ciblée à un passé révolu où on ne peut plus rien changer détournant ainsi notre attention des atrocités du moment présent ou l’action est possible. Il y en a d’autres, tout aussi graves mais qui sont soigneusement passés sous silence : le déracinement des peuples européens par une immigration massive planifiée et celui de tous les peuples par cette forme moderne d’esclavage consentant appelée immigration choisie. Tout cela forme un puzzle dont il reste à rassembler les pièces.

Je vais simplement m’intéresser à deux évènements de l’actualité récente : les conflits Villepin-Sarkozy et Frêche-Fabius. Evènements qui peuvent à priori sembler mineurs mais qui illustrent bien les techniques de désinformation abordées ci-dessus et l’influence prépondérante des milieux atlantistes dans les médias.

Le conflit Villepin-Sarkozy : Premier acte ; L’affaire du CPE (Ou comment un candidat jugé peu fiable est décrédibilisé au profit d’un pro-usraélien)

Avant d’aborder les affaires du contrat de première embauche (CPE) et Clearstream qui ont coûté à Dominique de Villepin tout espoir de devenir Président de la République en 2007, nous devons revenir en février 2003. Dans son discours à l’ONU, Dominique de Villepin dénonce l’usage prévu de la force armée en Irak et, phénomène unique dans les annales, ce discours remarquable est longuement applaudi. Cela lui vaudra une haine inextinguible de la part des néoconservateurs et journalistes américains. Villepin sait que : « Les médias américains ont pris en otage la démocratie américaine lors de la crise irakienne » comme il le déclarera plus tard au journal Le Monde du 6/6/2008 et que des plans d’attaque de l’Irak sont dans les cartons des néoconservateurs depuis longtemps (voir à ce sujet sur le Net les nombreux articles des néocons : Paul Wolfovitz, Richard Perle, Robert Kagan etc et l’article récent de Michael Savage cité ci-dessus.

Les manifestations étudiantes contre le CPE prennent de l’ampleur fin février 2006. Dès le mois de mars des députés sarkozystes comme Hervé de Charrette ou Patrick Devedjian demandent la suspension ou l’ajustements du texte. Universités en grève et trouble à l’ordre public font la une des journaux télévisés. La presse écrite, locale ou nationale, se déchaîne de façon plus que suspecte contre cette loi. Pour s’en convaincre il suffit d’ailleurs de comparer le traitement médiatique (j’ai relu la presse écrite du moment) des manifestations anti-CPE de 2006 et celui des manifestations contre le projet d’autonomie des universités : Loi Liberté Responsabilité des Universités (LRU) du dernier trimestre 2007 où pourtant plus de 50 universités étaient touchées par les grèves. Mais nous étions alors sous la présidence Sarkozy. Villepin dénoncera d’ailleurs dans le même article du Monde : « L’esprit de cour des médias en France ». Ce n’est que fin décembre 2008 que nous apprenons, et ceci dans un seul article qui ne sera pas commenté, ni repris par la suite, la complicité qui existait entre Mr Sarkozy et Bruno Julliard, président de l’UNEF le principal syndicat étudiant. Libération du 11 décembre 2008 titre : « En 2006, Sarkozy soutenait les manifs anti-CPE », Julliard précise ensuite : j’ai reçu un coup de fil de soutien au plus fort du mouvement...Le message qu'il (Sarkozy) voulait faire passer, c'était "perdez pas espoir", en gros, "ne faiblissez pas, restez dans les manifs"…. "C'est vrai que, factuellement, nos intérêts à ce moment-là, étaient plutôt convergents: lui, parce qu'il veut la tête de Villepin et nous, parce qu'on veut la tête du CPE….et Julliard confirme ce qui se savait déjà : dans les sondages d'avant CPE, Villepin devançait Sarko". Rappelons qu’à l’époque de cette trahison Sarkozy était ministre du gouvernement Villepin ! Notons enfin, cf l’article de Véronique Soulé, Libération du 1/12/2007, que B. Julliard retournera le compliment à Sarkozy lors des manifs anti-LRU par : «l’appel de l’UNEF à arrêter le mouvement après les gestes de la ministre de l’enseignement supérieur ». La plupart des organisations syndicales avaient également noté le rôle très ambigu de l’UNEF à cette occasion.
La presse internationale, essentiellement US, s’empare très vite de l’affaire du CPE. On peut lire de très nombreux articles dans le NYT, IHT, Los Angeles Times (LAT), USA Today, Wall Street Journal…Ceci est assez exceptionnel pour une affaire intérieure française mais cette presse a des comptes à régler avec Villepin depuis son discours de l’ONU. Quelques exemples : Elaine Sciolino et Katrin Bennhold (NYT, 22/3/06) notent en se référant à un article paru dans Paris-Match, que : « pour la première fois N. Sarkozy prend ses distances concernant le CPE avec son patron (Villepin). » Les journalistes rapportent même cette déclaration de Sarkozy : « Je manifeste ma solidarité en étant différent…..ou, si vous préférez, je suis différent tout en étant solidaire (sic) ». Hormis les articles de William Pfaff (IHT) et de la presse anglaise, la presse US est très hostile à Villepin. Le 11 avril la presse nationale et US annoncent en titre énorme de la "Capitulation" de Villepin.

Le conflit Villepin-Sarkozy : dernier acte ; L’affaire Clearstream (Ou comment Villepin est définitivement écarté de la présidentielle)

Le coup de grâce sera porté aux espérances présidentielles de Villepin suite à une affaire sur fond de scandale financier : Sarkozy possèderait des comptes occultes à la chambre de compensation luxembourgeoise Clearstream. La presse nationale s’empare bien sûr de l’affaire, mais c’est surtout la presse US qui se distingue par ses diatribes anti-Villepin. Lecteur assidu de la presse de langue anglaise je peux affirmer que les affaires franco-françaises ne passionnent pas, en général, les foules outre-atlantique. L’enjeu dans ce cas précis était d’importance, salir autant que possible un candidat jugé anti-américain et favoriser un atlantiste et pro-israélien patenté. J’ai lu plus de 40 articles en 2 semaines, tous de la même tonalité. Quelques exemples : le 29 avril 2006, un titre du NYT : « Un complot pour salir Sarkozy », Le 3 mai, IHT, « Villepin ne veut pas démissionner (de son poste de 1er ministre) malgré sa capitulation humiliante suivant les manifestations de rue (CPE) ». Le 15 mai Katrin Bennhold lance une attaque en règle contre l’ENA, car de nombreuses personnalités liées à l’affaire Clearstream : Villepin, Jean Louis Gergorin, Chirac sont énarques contrairement à Sarkozy. Le 17 mai, IHT, « ….Villepin et Chirac accusé d’avoir tenté de salir Sarkozy. » etc. Avant tout procès, c’est un ‘coupable’, Villepin, qui est montré du doigt. Sarkozy, sûr de ses appuis médiatiques, se permet même de déclarer, voir Le Monde du 2 mai 2006 : « Le salopard qui a monté cette affaire finira sur un croc de boucher ». On connaît la suite à savoir la relaxe de Villepin dans cette affaire.

En fait, a qui cette affaire confuse a-t-elle réellement profité ? Ce n’est tout de même pas Villepin qui a été élu président de la République ! La haine anti-française au moment de la guerre d’Irak en 2003 était très forte dans la classe dirigeante néoconservatrice US. Rappelez vous ces bouteilles de vins français qui étaient vidées dans les rues et les French fries (frites) rebaptisées Freedom fries. Il est très improbable que des gouvernements capables de monter des opérations d’intoxications (cf la guerre d’Irak) et d’organiser des assassinats ‘ciblés’ en tout lieu de la planète soient, par souci de déontologie ou manque de technologie, dans l’incapacité d’organiser un montage destiné à couler Villepin. On ne connaîtra probablement jamais les véritables dessous de cette affaire. Villepin a pu tout simplement voir l’affaire Clearstream comme un cadeau du ciel (mais empoisonné en fait), une occasion d’écarter du poste suprême un homme dont la politique serait désastreuse car totalement alignée sur les USA et Israël. C’est d’ailleurs ce qui se passera. A peine nommé, l’équipe Sarkozy-Kouchner menace de guerre l’Iran, rejoint l’OTAN et compromet la France par l’envoi de troupes en Afghanistan (après avoir laissé entendre un retrait de ce pays pendant la campagne des présidentielle !).

Villepin aggravera d’ailleurs son cas en dénonçant (avec Juppé) « La volonté de réintégration de la France dans le commandement intégré de l’OTAN » Libération du 5/2/09 puis Le Monde du 6/3/09. Il montrera sa volonté d’apaisement dans l’affaire iranienne en déclarant souhaiter que la communauté internationale aille « beaucoup plus loin dans la recherche du dialogue avec l’Iran. » Le Monde du 13/6/09, et récemment, lors d’un débat à Sciences Po. Il a souhaité « que la France engage un processus de retrait d’Afghanistan », précisant que l’envoi de troupe avait aggravé le mal, 1/02/2010.
Pour résumer, il y avait deux candidats à la présidentielle de 2007. Sarkozy qui y pensait même en se rasant et le poète Villepin. Il existe aussi des poètes qui rasent, mais je pense que seule une affaire pourrie pouvait écarter du poste suprême un poète aristocrate et populaire. Il ne faudra pas dans l’avenir négliger l’acharnement d’un Sarkozy capable de coup assez bas comme le montre cet article de Patrick Roger dans Le Monde du 25/11/08 : « Dominique de Villepin privé de l'élévation dans la Légion d'honneur ». Le décret paru au Journal officiel du 22 novembre ne retiendrait guère l'attention si l'on ne soupçonnait son auteur d'être mû par d'inextinguibles rancœurs. Signé par le président de la République, il prévoit que "la dignité de grand officier [de la Légion d'honneur] appartient de plein droit aux anciens premiers ministres qui ont exercé leurs fonctions durant deux années au moins".De par sa fonction présidentielle, Nicolas Sarkozy exerce celle de grand maître de l'ordre de la Légion d'honneur. Et il la prend particulièrement à cœur. Il entend ainsi distinguer ceux qui, ayant accepté la lourde charge de Matignon, auront rendu d'"éminents services". Pas de bol, Dominique de Villepin, avec ses un an, onze mois et quinze jours à la tête du gouvernement, rate cette distinction. à quinze jours près!

Cette rancœur se manifestera aussi, suite au jugement de relaxe en faveur de Villepin dans l’affaire Clearstream, par la déclaration d’interjeter appel, ceci en moins de 24 heures, par le procureur de la République de Paris, Jean Claude Marin, voir la presse du 29/01/2010. Cette déclaration, fait unique, sera faite sur une chaîne de radio privée et qui plus est à l’occasion d’un entretien avec le journaliste Jean Pierre Elkabbach laudateur frénétique de Sarkozy ! Il y a quelque temps, un homme politique en critiquait un autre, déclarant qu’a l’inverse de Saint Louis qui rendait la justice sous un chêne il la rendait lui comme un gland. Il appartiendra à la République de Sarkozy de la rendre sur une chaîne.

De la karchérisation des critiques d’Israël à la fausse affaire Frêche-Fabius (Ou comment tout tourne toujours autour d’Israël)

Nous venons de voir que Villepin avait payé cher sa critique du lobby pro-israélien. Les choses ne se sont pas arrangées en France depuis l’élection de Sarkozy comme quelques affaires récentes le démontrent. Avant d’aborder la bouffonnerie Frêche-Fabius, rappelons quelques évènements qui montrent que les mises au placard ont beaucoup augmenté dans les médias et l’éducation depuis quelques années et il faut souvent attendre longtemps pour que la justice condamne ces licenciements abusifs.

Un exemple ancien est celui d’Alain Ménargues, journaliste et directeur général adjoint de Radio France International (RFI), contraint en Oct. 2004 à la démission pour avoir déclaré qu’Israël était un « état raciste ». Il faudra attendre le 6 mars 2009 pour que la cours d’appel de Paris condamne RFI pour un licenciement jugé « sans cause réelle et sérieuse », Israël se définissant d’ailleurs lui-même comme un état juif.

Bruno Guigue, énarque, normalien, sous-préfet de Saintes en Charente-Maritime et auteur de « Proche-Orient : la guerre des mots », Harmattan 2003 est limogé après avoir publié une tribune sur un site confidentiel, oumma.com : « Quand le lobby pro-israélien se déchaîne contre l’ONU », voir Libération du 22/03/08 et Le Monde du 23/03/08. Il a été dénoncé par un journaliste retraité du journal Le Monde, Luc Rosenzweig, sur la radio de la communauté juive de France (RCJ), cf DNA du 30/03/08.

Affaire Philippe Val-Bob Siné. Dans Charlie-Hebdo, Siné épinglait Jean Sarkozy suite à son mariage avec l’héritière de la maison Darty. Il sera poursuivi par la LICRA pour incitation à la haine raciale. Même la presse US parlera de cette affaire, Roger Cohen IHT du 3/08/08. Il est intéressant de noter à ce sujet que malgré le terrorisme des « médias de cour », il y aura une pétition recueillant plus de 8000 signatures pour soutenir Siné contre exactement 20 pétitionnaires (les habituels défenseurs inconditionnels d’Israel) : dont Robert et Elisabeth Badinter, Elie Wiesel, BHL, Dominique SOPO (Pt de SOS racisme) et… l’ancien ministre communiste, Jean Claude Gayssot de la loi liberticide éponyme.

Richard Labévière sera licencié de RFI le 12 août 2008. On lui reproche une interview réalisée à Damas, sans en avoir informé la direction de RFI, du Président syrien Bachar al Assad peu avant sa visite officielle en France. Rappelons que Christine Ockrent, compagne de Bernard Kouchner, est à la tête de l’Audiovisuel international regroupant : RFI, France 24 et TV5 Monde.

Aymeric Chauprade sera viré du Collège interarmées de défense à la suite d’un article de Jean Guisnel dans Le Point du 5/02/09 dénonçant son livre : « Chronique du choc des civilisations » Dargaud, 2009 sous le prétexte d’une apologie de la théorie du complot concernant les évènements du 9/11. A. Chauprade résumera la situation ainsi : « Tous ceux qui tombent, qu’ils s’agisse de gens de gauche ou de droite, ont un point commun : leurs analyses ne vont pas dans le sens des intérêts américains et israéliens. », Hugues Wagner, Afrique Asie, juin 2009.

Beaucoup d’autres personnes dont beaucoup d’anonymes, ont subi ennuis ou remontrances comme Pascal Boniface après la publication de son livre : « Est-il permis de critiquer Israël ? » ou Pierre Péan pour « Bethlehem » publié avec Richard Labévière.

Finissons par la très mauvaise pièce de ‘méchant Frêche’ contre ‘gentil Fabius’. Là aussi revenons un peu en arrière. Il y a quelque temps Frêche remarque qu’il y a un nombre excessif de joueurs noirs dans l’équipe de France de football. Le football m’indiffère mais quelques amis fanas du jeu, certains noirs donc peu suspects de racisme anti-noir, m’assurent que ce n’est pas complètement faux. Les associations habituelles, lui font un procès, la justice tranche, le dédouanant d’intention raciste. Avec tous les drames du monde, on doit s’interroger dans les prétoires devant la stupidité de telles accusations de racisme et c’est probablement pour cela que Sarkozy, dans sa récente causerie télé avec des français, a pu sans risque de protestation fustiger les salaires mirobolants des footballeurs pour, au passage, justifier ceux obscènes et cumulatifs de certains chefs d’entreprise.

Il y a quelque temps encore, Frêche reproche en termes vifs aux harkis (il parlera de sous-hommes) de soutenir des candidats UMP donc gaullistes. Il y aurait beaucoup à dire sur le gaullisme de l’UMP aujourd’hui et sur l’élégance du propos, mais on ne peut nier que beaucoup de promesses gaulliennes n’aient eu des conséquences désastreuses, et pour les harkis, et pour les pieds noirs. Frêche bénéficiera aussi pour ces propos d’une relaxe en appel, confirmée en cassation le 31 mars 2009.

Le professeur Frêche s’illustrera ensuite, à l’occasion d’un de ses derniers cours, en parlant des cons comme d’un potentiel électoral non négligeable. Remarque assez judicieuse et sans risque réel de poursuite judiciaire puisque d’abord, dans une démocratie on préfère compter les voix plutôt que les peser et qu’ensuite, même si Michel Audiard nous avait prévenu que les cons ça osait tout et que c’est même à ça qu’on les reconnaissait, on voit difficilement plaideur ou association s’adressant à un juge au nom de tous les cons offensés.

Frêche enfin, vient de déclarer suite à une remarque peu amène de Laurent Fabius à son égard, que ce dernier avait « une tronche pas catholique ». Hurlement d’antisémitisme, propos indignes et nauséabonds, ventre toujours fécond de la bête immonde…Cet antisémitisme est confirmé par Fabius lui-même. Bon, personnellement, et encore une fois vu les vrais problèmes du moment, je pense que plus de 90% des gens se fichent complètement de cette polémique débile et piégée.

Frêche est un pro-israélien patenté et reconnu comme tel localement. Dans une vidéo en ligne sur Youtube, il tient un discours où il parle de Sarkozy dont il s’est fait un ami à Tibériade au moment de la guerre des Six jours (on notera au passage que Frêche peut raconter n’importe quoi, Sarkozy ayant douze ans en juin 1967 et, même surdoué, il est difficile de croire qu’il pensait déjà, imberbe, aux prochaines élections présidentielles). Frêche dit aussi dans cette vidéo, en s’en réjouissant, que « pour la première fois la France a élu un juif président de la république ». Ensuite, dans ses activités de Président de la Région Languedoc-Roussillon, il veut installer l’exportateur israélien de fruits et légumes Agrexco à Sète. Cette société se charge de l’exportation des produits agricoles en provenance des territoires palestiniens occupés. Et, preuve que concernant l’antisémitisme les choses sont décidemment très compliquées, alors qu’ un élu vert du Conseil Régional marquait son désaccord avec l’installation d’Agrexco à Sète, Frêche l’a traité d’antisémite ! Pour ajouter un peu plus à la confusion, signalons aussi que Jean Claude Gayssot qui est un élu au même Conseil Régional apporte tout son soutien au Président Frêche, que Mr Gayssot est aussi un des 20 signataires de la pétition condamnant l’antisémitisme de Siné et qu’il est aussi le signataire de la loi liberticide dite Fabius-Gayssot, le Fabius de la loi étant le même que celui de l’affaire Fabius-Frêche ci-dessus. Ouf ! Je plains le juge qui aura à démêler cette histoire s’il y a procès.

Il y a des élections régionales dans un mois, à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Imaginons un instant (horresco referens) que Frêche fasse, comme les sondages l’annoncent, plus de 30% de voix. Peut-on laisser aller incognito 30% ou plus d’antisémites ? Il me semblerait donc nécessaire de lever, à cette occasion et à cette occasion seulement bien sûr, l’anonymat du vote. Il y va de la démocratie (et de la liberté d’expression).

Il y a peut-être une autre solution à toutes ces intoxications médiatiques. Les médias et pour l’essentiel la télévision, sont aujourd’hui l’interface entre les évènements réels et la perception que le public en a. Dans son livre : l’Enracinement, la philosophe Simone Weil écrit l’année de sa mort en 1943 : « Il y a des hommes qui travaillent huit heures par jour et font le grand effort de lire le soir pour s’instruire. Ils ne peuvent pas se livrer à des vérifications dans les grandes bibliothèques. Ils croient le livre sur parole. On n’a pas le droit de leur donner à manger du faux. Quel sens cela aurait-il d’alléguer que ces auteurs sont de bonne foi ? (…) Un aiguilleur, cause d’un déraillement, serait mal accueilli en alléguant qu’il est de bonne foi ». Le public se défie des journaux, mais sa défiance ne le protège pas. « Tout le monde sait que, lorsque le journalisme se confond avec l’organisation du mensonge, il constitue un crime. Mais on croit que c’est un crime impunissable. Qu’est ce qui peut bien empêcher de punir une activité une fois qu’elle a été reconnue comme criminelle ? D’où peut bien venir cette étrange conception de crimes non punissables ? C’est une des plus monstrueuses déformations de l’esprit juridique ». Et à cette époque, la télévision n’existait pas encore !

J.C.M. 14 Février 2010
http://www.voxnr.com/cc/etranger/EkyyyuAVEZkYmuzAcO.shtml