lundi 22 février 2010

Initiative européenne : la reconnaissance d’un Etat palestinien d’ici l’année prochaine

publié le dimanche 21 février 2010
Barak Ravid
 
Le ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner, et son homologue espagnol, Miguel Moratinos, font la promotion d’une initiative par laquelle l’Union Européenne reconnaîtrait un Etat palestinien dans 18 mois, même avant la conclusion des négociations entre Israël et l’Autorité Palestinienne pour un règlement permanent.
Selon d’éminents diplomates européens et des hauts fonctionnaires israéliens, Israël a transmis son opposition à cette initiative – mettant en garde que cela saperait toute chance de réussite au processus de paix.
Un diplomate européen de premier plan a fait remarquer qu’Israël avait été informé de cette initiative, il y a plusieurs semaines, ce qui a été confirmé par un responsable israélien. Ce dernier a déclaré que cette initiative a été lancée par Kouchner, lequel est allé chercher le soutien du ministre espagnol des affaires étrangères, dont le pays tient actuellement la présidence tournante de l’Union Européenne. Des sources israéliennes ont dit que les deux ministres des affaires étrangères préparaient un article qu’ils ont l’intention de publier ensemble dans les principaux quotidiens européens. Le message principal de cet article est que l’Union Européenne devrait reconnaître un Etat palestinien avant que les négociations soient achevées, dans l’hypothèse où le Président de l’Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, ferait une telle déclaration.
Cette initiative repose sur un projet du Premier ministre palestinien, Salam Fayyad, qui établirait un Etat palestinien dans les deux ans, le temps nécessaire, selon lui, pour déployer les institutions d’Etat, mettre en place les réformes économiques et achever l’entraînement des forces de sécurité palestiniennes, nécessaire pour ramener l’ordre et la loi en Cisjordanie.
Le projet de Fayyad a été développé il y a plus de six mois et l’initiative franco-espagnole est censée lui donner du poids, en promettant la reconnaissance du bloc européen.
Israël a répondu à Kouchner et à Moratinos en exprimant clairement son opposition à cette initiative et en disant qu’elle était contraire aux principes du processus de paix. « Une solution imposée ne réalisera pas les objectifs », a souligné Israël dans son message.
« Si l’Union Européenne détermine les résultats à l’avance et promet aux Palestiniens de reconnaître leur Etat, ceux-ci n’auront aucune motivation à reprendre les négociations », stipule le message israélien.
« La question qui se pose, en ce moment, c’est la construction d’une réalité », a déclaré Kouchner au Journal du Dimanche [1] dans une interview publiée hier. « La France forme des policiers palestiniens, des entreprises se créent en Cisjordanie… Ensuite, on peut envisager la proclamation rapide d’un Etat palestinien et sa reconnaissance immédiate par la communauté internationale, avant même la négociation sur les frontières. »
« Si à la mi-2011, le processus politique n’a pas mis fin à l’occupation, j’ai fait le pari que l’état d’avancement des infrastructures et des institutions palestiniennes créera une telle pression qu’Israël sera contraint de renoncer à l’occupation" » [2], a-t-il ajouté.