vendredi 5 février 2010

Israël prêt à tous les retraits, mais après des garanties de sécurité

Par Émile Khoury | 05/02/2010
À en croire un officiel libanais informé des résultats de la dernière tournée proche-orientale de l'émissaire américain George Mitchell, Israël paraît disposé à conclure un accord de paix avec n'importe quelle partie en mesure de garantir de façon permanente la sécurité de ses frontières.
Selon ce responsable, l'État hébreu est même prêt, pour parvenir à cet objectif, à procéder à un échange de la terre contre la sécurité, puis contre la paix.
Inversement, le gouvernement israélien a fait savoir à M. Mitchell qu'il refusera de se retirer de la moindre parcelle de territoire qu'il occupe tant qu'il n'aura pas reçu en échange des garanties sur sa sécurité, et, qu'à ses yeux, la paix n'a aucun sens sans une sécurité stable et permanente. Elle n'a pas de sens non plus si une partie l'accepte et que l'autre, connue pour être plus radicale, la rejette.
À ce propos, les responsables israéliens ont avancé l'exemple du Liban-Sud, d'où ils avaient retiré leurs troupes en application de la résolution 425 du Conseil de sécurité, sans qu'Israël n'obtienne en échange ni la sécurité ni la paix.
En conséquence, ils affirment aujourd'hui qu'ils ne comptent nullement évacuer les autres secteurs occupés, à savoir les fermes de Chebaa, les collines de Kfarchouba et même le nord du village de Ghajar, sans garanties de sécurité à la frontière libanaise.
Or aux yeux d'Israël, le gouvernement libanais est incapable de fournir de telles garanties dans la mesure où c'est le Hezbollah qui tient en main la décision politique et sécuritaire au Liban. Sans parler du fait que des responsables de ce parti ont annoncé à plusieurs reprises leur intention de conserver les armes du Hezb, même en cas de retrait d'Israël du reste des territoires occupés.
C'est pour ces raisons que l'État hébreu n'a pas estimé nécessaire d'activer les négociations sur le volet libanais en vue de rétablir l'accord d'armistice de 1949, le gouvernement libanais, dans son état actuel, n'étant pas en mesure de faire respecter cet accord et d'empêcher des violations, soit de la part du Hezbollah, soit de la part de n'importe quel groupe échappant à son contrôle.
C'est ce qui s'était passé dès les années soixante lorsque l'État libanais s'est montré dans l'incapacité de faire respecter l'armistice violé par les opérations des fedayin palestiniens.
C'est d'ailleurs sur la question du refus de Damas de stopper les livraisons d'armes au Hezbollah et non pas sur l'ampleur du retrait du Golan qu'ont achoppé les négociations indirectes entre Israël et la Syrie, organisées par la Turquie.
Ainsi, lorsque l'État hébreu a compris que les Syriens, trop liés à l'Iran, n'avaient pas l'intention de fermer leur frontière face au Hezbollah, même après un retrait israélien du Golan, et qu'en conséquence ils ne garantiraient que la frontière syro-israélienne et non libano-israélienne, il a jugé inutile un tel retrait, puisque, de toutes les manières, la frontière syro-israélienne est calme depuis l'accord de désengagement de 1974.