vendredi 5 février 2010

Assad réitère son appel aux Israéliens à se retirer du Golan en échange de la paix.

05/02/2010
Israël et la Syrie se livrent à une guerre des mots en se menaçant mutuellement de représailles en cas de conflit militaire, mais, selon les analystes, cette escalade devrait rester verbale. « Notre message doit être clair à Assad : " Non seulement tu perdras la prochaine guerre mais tu perdras aussi le pouvoir, toi et ta famille " », a menacé M. Lieberman, ministre des Affaires étrangères et leader du parti ultranationaliste Israël Beiteinou. Toutefois, l'attaque frontale et sans précédent du chef de la diplomatie israélienne contre le président Bachar el-Assad et sa famille ne fait pas l'unanimité au sein du gouvernement israélien et a été vivement dénoncée par l'opposition. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a voulu calmer le jeu, sans désavouer pour autant un ministre qui constitue un précieux allié politique à la tête du parti ultranationaliste Israël Beiteinou, troisième formation du gouvernement (15 députés sur 120). Son bureau a indiqué, au nom des deux responsables, qu'Israël « veut la paix et des négociations avec la Syrie sans conditions préalables », mais « qu'entre-temps Israël ripostera avec vigueur et détermination à toute menace ». « Le Premier ministre a déclaré à de nombreuses reprises qu'il est prêt à se rendre n'importe où pour négocier avec la Syrie. Pour y parvenir, Israël n'exclut pas l'aide d'une tierce partie impartiale », a indiqué un communiqué du bureau du Premier ministre. « Malheureusement, la Syrie soulève des obstacles et empêche des négociations sur des arrangements qui assureraient la paix, la sécurité et le développement économique pour toutes les parties », a ajouté M. Netanyahu.
Mardi, le chef de la diplomatie syrienne Walid Moallem avait mis Israël en garde contre tout projet de guerre contre la Syrie, estimant qu'un tel conflit se transformerait en « guerre généralisée ». Le ministre syrien répondait au ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, qui s'était inquiété qu'en « l'absence d'accord de paix avec la Syrie, nous pourrions nous retrouver dans une confrontation militaire qui pourrait mener à une guerre totale » qui, selon lui, ne résoudrait rien. Le leader travailliste a réaffirmé hier que « la paix avec la Syrie est un objectif stratégique », désavouant à demi-mot M. Lieberman : « Le moins que je puisse dire c'est que je suis mécontent des échanges de propos de ces deux derniers jours » entre Israël et la Syrie.

Damas parle de paix, selon Paris
À Beyrouth, le sénateur français Philippe Marini, chargé par le chef d'État français d'une mission de contacts sur la Syrie, a estimé, après avoir rencontré cette semaine le président syrien, que Damas parlait « plutôt de paix que de guerre ».
Dans une entrevue accordée au New Yorker et publiée mercredi, le président Assad réitère son appel aux Israéliens de se retirer du plateau du Golan en échange d'un « traité de paix ». Il a également plaidé en faveur d'une paix juste et globale qui tiendrait en compte le droit de retour des réfugiés palestiniens. « Il y a un demi-million de Palestiniens qui vivent en Syrie depuis trois générations déjà. Si on ne trouve pas une solution pour eux, alors de quelle paix parlons-nous ? » aurait-il dit selon des propos recueillis par le journaliste américain Seymour Hersh, « cet hiver » à Damas. « (Les Israéliens) voulaient détruire le Hamas lors de l'offensive (contre Gaza, en décembre 2008) et renforcer Abou Mazen (Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne) en Cisjordanie. Mais leur plan a échoué. Qui aurait succédé au Hamas à Gaza ? C'est el-Qaëda et ce groupe-là n'a pas d'interlocuteur car il n'est pas prêt au dialogue », a encore dit M. Assad.

Propos d'Assad sur
le Liban et sur l'Iran

Concernant le dossier nucléaire iranien, le président syrien a affirmé au New Yorker que les sanctions internationales contre Téhéran « vont accélérer le programme iranien et ne réussiront pas à l'arrêter ». « (Les Iraniens) peuvent causer beaucoup de soucis aux Américains de différentes manières », a-t-il encore ajouté.
Sur le plan libanais, le président syrien a averti que « la guerre civile peut être déclenchée en l'espace de quelques jours et non pas en quelques mois ou quelques années. Elle peut éclater très facilement. » « Rien n'est rassurant au Liban, tant qu'ils (les Libanais) ne changeront pas le système en entier », a-t-il ajouté, selon le New Yorker.