vendredi 15 janvier 2010

Israël craint le 'rapprochement de la Turquie avec l'Iran'

Traduction de l'article original de China View: "Israel fears Turkey's "shift towards Iran""
Jeudi 14 Janvier 2010

Israël est préoccupé par le fait que depuis plus d'une année, la Turquie se rapproche de l'Iran, a déclaré un haut fonctionnaire du cabinet du Premier Ministre Israélien sous couvert d’anonymat à Xinhua ce Mercredi. 

JÉRUSALEM, 13 janvier (Xinhua)  
Cependant, certains analystes avancent que la détérioration des relations bilatérales est pour beaucoup le résultat de la campagne militaire d'Israël dans et autour de Gaza il y a exactement un an, du gel du processus de paix Israélo-palestinien, plutôt que dû à la composante Iranienne.  
 
 Ces commentaires viennent à la suite du dernier épisode diplomatique entre Israël et Ankara concernant une émission télévisée diffusée sur une chaine Turque privée, qu'Israël considère comme étant antisémite et anti-israélienne.  
 
 Le Ministère des Affaires Etrangères Israélien a très publiquement sermonné et humilié l'Ambassadeur Turc en Israël, Ahmet Oguz Celikkol, laissant le Premier Ministre Turc Recep Tayyip Erdogan fou de rage. Depuis le conflit de Gaza, Erdogan a pris la tête des protestations Turques contre les actions d'Israël.  
 
 Israël a présenté plus tard à la Turquie ses excuses officielles concernant le traitement infligé à son envoyé.
 
 LA CAUSE DU FOSSE  
 
 Le haut fonctionnaire du bureau du Premier Ministre Israélien, Benjamin Netanyahu, qui a demandé à garder l’anonymat en raison de la sensibilité du sujet, a insisté sur le fait que le rapprochement d’Ankara avec Téhéran a commencé avant la guerre de Gaza.  
 
 Pourtant, l'idée que les relations étaient en déclin avant que l’événement de la guerre de Gaza a été écartée par Alon Liel, ancien Ambassadeur d'Israël en Turquie et ex-directeur général du Ministère des Affaires Etrangères.  
 
 Selon son opinion, les années 2007 et 2008 figurent parmi les meilleures années en termes de relations entre les deux pays. Blâmer la prise de bec actuelle entre Israël et la Turquie à l'Iran est un non-sens, a-t-il déclaré.  
 
 « Cette idée que la Turquie s’éloigne de l’Europe et se rapproche de l'Islam ou de l’Iran, est simplement une façon de contourner la réalité de la situation, qui est la détérioration des relations bilatérales entre Israël et la Turquie, » a indiqué Liel.  
 
 Yusuf Kanli, l’un des chroniqueurs et rédacteurs parmi les plus respectés en Turquie, partage l’opinion de Liel. Il décrit la guerre de Gaza comme étant « malencontreuse » du point de vue des liens bilatéraux. Tout en admettant qu’il y avait une certaine contrainte avant la guerre, il a dit que leurs liens étaient largement très solides.
 
 Aussi vrai qu’Erdogan et la plupart des Turcs sont concernés, Israël s'est très mal comporté dans sa campagne militaire dans l'enclave côtière Palestinienne et cela a repoussé les liens diplomatiques à des années en arrière.  
 
 LE MOUVEMENT DE LA TURQUIE  
 
 Nominalement, la Turquie est un Etat séculaire, une position défendue par son armée. Cependant, l’AKP d'Erdogan ou le Parti de la Justice et du Développement, avec leurs racines islamiques, sont aux commandes à Ankara depuis 2002.  
 
 Même si la Turquie est membre de l'Organisation de la Conférence Islamique depuis 1980, le pays est vraiment devenu un membre actif, en adoptant et en mettant en application ses politiques, en 2002, a indiqué Kanli.  
 
 Ce mouvement vers l’Est a créé une tension avec l'Europe et avec de nombreux pays, spécialement la France, insatisfaite de l'offre d'adhésion de la Turquie dans l'Union Européenne.  
 
 « Le rapprochement Turc avec l’Est a été en quelque sorte exagéré mais le pays ne se dirige certainement pas vers l'Ouest comme il le fut auparavant » a dit Kanli, qui pense que la Turquie a une politique extérieure « multidimensionnelle ».  
 
 Selon l'opinion de Liel, « La Turquie améliore actuellement ses relations avec la plupart des pays dans le monde, à l’exception d'Israël. »  
 
 Israël ne veut tout simplement pas admettre que la Turquie fait pression sur Israël pour les pousser à accomplir des progrès dans le processus de paix Israélo-palestinien, a-t-il dit.  
 
 LA VOIE ISRAELO-PALESTINIENNE  
 
 La Turquie, comme l'Europe, les Etats-Unis et les pays Arabes modérés, veulent voir redémarrer les négociations de paix Israélo-palestiniennes. Dans le passé, le pays a offert de servir d’intermédiaire dans les entretiens entre les partis.  
 
 Liel croit fermement que les relations avec Ankara pourraient être restaurées si Israël se rapproche d’un accord avec les Palestiniens. Il a un conseil simple pour le Ministre de la Défense Israélien, Ehud Barak, qui effectuera une visite en Turquie Lundi prochain : « si vous n'avez rien de nouveau à dire au sujet du processus de paix, n'y allez pas. »  
 
 Kanli offre une autre perspective. Il est d'accord avec Erdogan sur le fait qu'Israël a pris le mauvais chemin en effectuant sa frappe militaire contre le Hamas, l'organisation Palestinienne qui contrôle Gaza. Cependant, il pense qu'Ankara ne devrait pas s’engager avec le Hamas.  
 
 « La différence entre le Turc matérialiste et le Turc islamiste est, je pense, que [les uns pensent que] le Hamas est une organisation terroriste [tandis que les autres] s’attendent à ce que leur gouvernement ait des relations avec le Hamas seulement après qu'ils renoncent au terrorisme, » a dit Kanli.
 
 Ce n’est pas seulement la voie Palestinienne qui intéresse Ankara. Une traité de paix entre Israël et la Syrie bénéficierait également à la Turquie. Alors qu'Ehud Olmert était encore le Premier Ministre Israélien, juste avant Netanyahu, la Turquie voisine de la Syrie facilitait les entretiens indirects entre Israël et Damas. Ces entretiens se sont interrompus juste avant la guerre de Gaza.  
 
 Depuis, Ankara a offert la reprise de son rôle dans les négociations, mais Netanyahu a rejeté cette idée, avançant que l'hostilité de la Turquie envers Israël signifie qu’il ne peut pas être un intermédiaire honnête.  
 
 Le froid entre les 2 pays a déjà eu des effets économiques, avec beaucoup d'Israéliens choisissant maintenant de ne plus se rendre en Turquie, qui a été au cours de ces dernières années leur destination touristique favorite.
Même si les milieux d'affaires rapportent que leurs relations sont demeurées en grande partie intactes, il y a des craintes que cela puisse changer.  
 
 Si on tient compte de tous leurs arguments, la Turquie et Israël ont beaucoup en commun. Ils sont tout deux des pays avec des liens rapprochés avec l'Ouest et les Etats-Unis en particulier. Tous deux sont très actifs dans l'OTAN, participant à des exercices militaires communs. Ils ont tous deux été frappés par le terrorisme et tous deux se voient comme un pont entre l'Est et l'Ouest.  
 
 Pourtant les evenements de l’année dernière, aboutissant à la guerre des mots de cette semaine, ont laissé un goût amer en Israël et à Ankara.  
 
 Barak essayera de réparer une partie des dommages, de même que l’avait fait un autre Ministre Israélien, Benjamin Ben-Eliezer, quand il a visité la Turquie en Novembre dernier.  
 
 Cependant, Liel avertit que sans une percée dans le processus de paix Israélo-palestinien, de telles visites ne rapporteront rien. « Il y a certainement de quoi s'inquiéter au sujet du futur des relations avec la Turquie, » a dit Liel.
    
 lien de l'article original:
http://news.xinhuanet.com/english/2010-01/14/content_12805675.htm
http://www.alterinfo.net/Israel-craint-le-rapprochement-de-la-Turquie-avec-l-Iran_a41434.html