vendredi 15 janvier 2010

Et maintenant, "Viva Palestina" ?

jeudi 14 janvier 2010 - 07h:18
Stuart Littlewood - The Palestine Chronicle
De simples mots ne peuvent suffire pour exprimer mon admiration pour Viva Palestina et pour celles et ceux qui lui ont consacré tous leurs efforts. J’aime comment ils ont fait honte - et pas pour la première fois - aux grandes puissances et à leurs dirigeants mollassons.
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Les évènements maintenant semblent montrer que "Viva Palestina"
a à changer de tactique.

De simples mots ne peuvent suffire pour exprimer mon admiration pour Viva Palestina et pour celles et ceux qui lui ont consacré tous leurs efforts. J’aime comment ils ont fait honte - et pas pour la première fois - aux grandes puissances et à leurs dirigeants mollassons.
Et pour sa peine, le député britannique George Galloway a été déclaré persona non grata en Egypte. Quel désappointement pour lui !
Etant donné les désaccords et le refus tenace de ce dernier convoi de renoncer, ça ne pouvait se terminer par des étreintes et des embrassades avec l’homme de confiance du président Moubarak, ou sur ces mots gentils, « Revenez-nous vite, George ».
Ce qui importe vraiment, c’est qu’ils aient remis les produits alimentaires d’une importance vitale, alors que les armées et les marines du prétendu Monde libre n’y avaient même pas pensé. Et ils l’ont fait avec de la classe, face aux crises de colère de l’Egypte.
Les autorités égyptiennes, nerveuses, ont autorisé les membres épuisés du convoi à rester seulement trente heures dans la bande de Gaza, le temps de dire bonjour, de distribuer leur aide humanitaire et de prendre un peu de repos. Ce genre de régime, navrant et bancal, est tout simplement incapable de supporter quelques centaines d’humanitaires, alors il les accuse de « provocations » et d’ « actes hostiles », et il les jette dehors.
On entend maintenant les ronchonnements de certains militants disant qu’en critiquant l’Egypte on détourne notre attention du véritable coupable. Mais les machinations diaboliques d’Israël n’auraient guère de succès sans la coopération du gouvernement égyptien. Les mouvements de denrées alimentaires et de personnes par la frontière Gaza/Egypte devraient évidemment être libres. Au lieu de cela, Moubarak s’est inscrit dans une conspiration USA/Israël/Union européenne qui tient les un million et demi de Palestiniens de la bande de Gaza sous asphyxie et dans l’incapacité de résister à ce que beaucoup appelle un génocide lent. Ce faisant, l’Egypte rejoint les pires violeurs du droit international, de la Charte des Nations unies et des codes de bonne conduite. Il est temps que les feux des projecteurs soient projetés sur Le Caire, même si cela signifie, momentanément, de lâcher un peu Tel Aviv et Washington.
Moubarak s’est enfoncé encore plus dans le bourbier de l’iniquité du Moyen-Orient avec la construction d’un Mur de mort en acier destiné à constituer une frontière infranchissable et à infliger encore plus de malheurs à ses frères et soeurs musulmans, et à la communauté chrétienne.
Le président égyptien ne participe certainement pas de la moindre solution. Il est devenu un problème.
Quant à Mr Galloway, quand le verrons-nous recevoir des félicitations officielles pour avoir fait ce que les poseurs du gouvernement britannique étaient trop lâches pour le faire eux-mêmes : apporter une aide humanitaire à un peuple foulé aux pieds, situation dans laquelle la Grande-Bretagne continue d’avoir une responsabilité ?
Mr Galloway parle de nouveaux convois pour Gaza qui partiraient du Venezuela, de Malaisie et d’Afrique du Sud. Mais l’Egypte vient juste d’annoncer que les convois, d’où qu’ils viennent, ne seront plus les bienvenus. Au contraire, elle introduit une nouvelle « procédure » par laquelle toute aide humanitaire pour Gaza devra à l’avenir être remise au Croissant-Rouge égyptien, dès son arrivée au port d’El-Arish. Elle sera ensuite traitée et remise (vous pouvez croire ça ?) au Croissant-Rouge palestinien.
Personne ne fait confiance aux autorités égyptiennes pour qu’elles fassent cela de façon honnête et transparente. D’ailleurs, les donateurs et les collecteurs de fonds agissent souvent directement avec les organisations de bienfaisance de Gaza et de Cisjordanie. Et ils ne voudraient pas voir le fruit de leur travail et de la générosité des autres peuples s’en aller et disparaître dans quelque « trou noir ».
Accuser le Hamas des souffrances de la bande de Gaza
Et que dit le gouvernement britannique, lui qui ne semble jamais rien obtenir en ce moment ?
Le « conseil clair » du Foreing Office se prononce contre tout déplacement à Gaza. Mais pourquoi, alors qu’il devrait encourager les voyages pour Gaza, et appliquer des sanctions contre quiconque s’y oppose ?
«  La souffrance de la population gazaouie est aggravée par les actions violentes et irresponsables du Hamas, » prétendent les Affaires étrangères. «  Nous sommes préoccupés par la récente recrudescence des incidents où le Hamas confisque les aides et s’oppose aux efforts des organisations humanitaires internationales dans la bande de Gaza. » Nous continuons d’entendre de telles accusations mais nous n’en avons jamais les preuves. Gaza est sur le pied de guerre, soumis à un blocus paralysant et à une crise permanente. Le Hamas, gouvernement de facto, gère les services de santé et il est presque certainement le mieux placé pour savoir où les fournitures médicales sont le plus nécessaires. Il est évident qu’il intervient quand arrivent les aides humanitaires.
Viva Palestina est, au moins, aussi bien informé sur la situation dans la bande de Gaza que le Bureau des Affaires étrangères. Les militants du convoi se seraient-ils donné tant de peine si le Hamas devait confisquer tout ce qu’ils amenaient ?
La Grande-Bretagne, alors qu’elle offre avec enthousiasme les services de la Royal Navy pour aider Israël à mettre fin à la « contrebande » vers Gaza, ne se sert pas de ses navires pour épargner aux Gazaouis une mort lente par la famine et pour empêcher une catastrophe de santé publique.
Il est temps que nos serviteurs, Brown et Miliband, expliquent exactement, avec soin, et en tout logique, quel est leur problème avec Gaza et ses dirigeants démocratiquement élus, pour que nous autres puissions essayer de comprendre - si effectivement il y a quelque chose, sous les couches de la « crapagande » proisraélienne, qui vaille le coup d’être compris.
Allons-y par bateau
Les évènements maintenant semblent montrer que Viva Palestina a à changer de tactique. Peut-être est-ce trop simpliste de penser que Gaza puisse être ravitaillée par mer comme n’importe quelle autre communauté côtière. Les équipes d’aides humanitaires doivent-elles continuer de chercher à accéder à Gaza par les passages frontaliers terrestres, lesquels sont contrôlés par des voyous militarisés qui veulent à tout prix anéantir la population de Gaza et stopper tout convoi sur sa route ?
Un accord net et massif. Sûrement, tel doit être l’objectif. Et le faire au nom de Dieu. Une grande armada de navires, conduite par une alliance multiconfessionnelle qui exige l’ouverture des mers et le droit à une escorte armée, pourra constituer le meilleur transport. Les Nations unies devront alors prendre les mesures sécuritaires nécessaires à la vérification des cargaisons des bateaux à leur débarquement à Gaza.
Pour cela, il faudra un immense courage. Il n’est pas sûr que les dirigeants religieux aient ce culot, même s’il s’agit de servir le but le plus élevé moralement, mais ils pourront nous surprendre. On peut aussi compter sur une petite pincée de politiciens, pour ce qui concerne les plus hautes sphères politiques, on sait bien de quel côté leur tartine est beurrée.
Israël, Egypte, Etats-Unis et Royaume-Uni pourraient bien souhaiter pouvoir pulvériser Mr Galloway hors de la scène, mais c’est impensable. Il sera nominé pour le prochain prix Nobel de la Paix et il est considéré un million de fois plus méritant que les escrocs de la Maison-Blanche.
Oui, la VERITABLE communauté internationale - celle des gens ordinaires comme vous et moi, et Viva Palestina, et n’importe qui et son chien, à travers le globe - commence en fin de compte à s’affirmer contre les guignols des pouvoirs corrompus qui se pavanent sur la scène mondiale.
Les évènements maintenant semblent montrer que Viva Palestina a à changer de tactique.

(JPG) Dans son livre Radio Free Palestine, l’auteur raconte le sort des Palestiniens sous l’occupation.

11 janvier 2010 - The Palestine Chronicle - traduction : JPP
 http://info-palestine.net/article.php3?id_article=7972