mercredi 6 janvier 2010

Anniversaire d’un pogrom

mardi 5 janvier 2010 - 15h:55

Ahmed Yousef
Ma’an News Agency

La présence de la politique islamique en Palestine a prouvé sa pérennité. Un an après le génocide de Gaza, le Hamas continue de bénéficier d’un appui massif, lequel a été constaté durant les célébrations de son 22e anniversaire.
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Janvier 2009 - A la morgue de Gaza, les enfants de la famille Samouni massacrée par les Israéliens [MaanImages]

En dépit de défis apparemment insurmontables, les habitants de Gaza continuent de privilégier la résistance à la soumission.

En fait, l’année 1430/2009 restera dans les mémoires comme l’année de l’échec non de la volonté palestinienne, mais d’un mythe israélien.

Nous, les Palestiniens, sommes en effet faibles mais seulement dans les domaines des relations publiques, de la propagande et du chantage moral. Ceux qui critiquent les actions israéliennes, par exemple, sont toujours traités d’antisémites ou d’inconscients de la menace du terrorisme. C’est une tactique commode pour écarter la discussion sur les atrocités israéliennes.

Comme le dit le journaliste Gideon Lichfield du journal Haaretz : « certains des porte-parole d’Israël ont tellement de bagout qu’ils persuaderaient un âne de danser la hora [danse folklorique roumaine], alors que les Palestiniens savent à peine ce qu’est un porte-parole. » Mais il reconnaît aussi que, malgré ce type de prouesse le discrédit touche les meilleurs spécialistes de la manipulation.

Les Gazaouis continuent de vivre sous les conditions les plus inhumaines que l’homme puis concevoir. À la fin de janvier 2009, les Israéliens avaient tué 1400 personnes, en avaient mutilé 5500 et avaient démoli plus de 10 000 maisons et bâtiments. Mais l’horreur ne s’est pas arrêtée après leur retrait. Environ 80 000 mètres cubes d’eaux d’égout brutes continuent de s’écouler dans la mer, créant des conditions favorables à la propagation de maladies.

Les centres de santé, dont près de 50% ont été détruits comme cela a été indiqué par l’Organisation mondiale de la santé, ont vu une augmentation exponentielle des cas de malnutrition, d’anémie, de choléra, de diarrhée aiguë sanglante et d’hépatite virale.

Les statistiques sont tout aussi choquantes sur le plan psychologique. Par exemple, 23% des enfants âgés entre 5 et 14 ans ont des problèmes de rétention urinaire, tandis que 26% des enfants ont des problèmes de concentration - des chiffres supérieurs à ce qui peut exister partout ailleurs sur terre.

Les Israéliens continuent à répandre la misère qu’ils ont créée en resserrant leur blocus. Les matériaux de construction, les fournitures médicales et les produits de base sont pratiquement interdits (par exemple les matières premières entrent à un niveau inférieur de 80% au niveau d’avant le blocus selon crisisaction.org), empêchant tout semblant de reconstruction.

L’ancien président américain Jimmy Carter a bien résumé la situation quand il a écrit : « malgré les offres par les dirigeants palestiniens et les organismes internationaux de garantir la non-utilisation de matériaux importés à des fins militaires même défensives, le ciment, le bois et les panneaux de verre ne sont pas autorisés à passer les points d’entrée dans Gaza. Les États-Unis et d’autres nations ont accepté cette odieuse situation, sans prendre de mesures énergiques pour redresser la situation. » Pourtant, les Israéliens n’ont encore atteint aucun de leurs buts. C’est peut-être pourquoi, depuis le début du blocus, aucun objectif clair n’a jamais été affiché.

Il y a cependant des raisons évidentes pour lesquelles les Israéliens ont orchestré l’attaque. Le Hamas, qui a remporté les élections en 2006, a été contraint d’imposer la primauté du droit en 2007. Les mois qui ont suivi, un blocus a été imposé et en Décembre 2008 Israël a déclenché son opération « Cast Lead ». Les objectifs de l’attaque étaient les suivants :

- Abattre le Hamas ou du moins le chasser du pouvoir
- Mettre fin à la résistance ou au moins la rendre incapable d’organiser une défense
- Détruire la capacité des combattants de la liberté de pénétrer en territoire israélien
- Susciter une révolte interne contre le gouvernement et le mouvement [du Hamas]
- Rétablir sa position en tant que force de dissuasion
- Libérer le prisonnier de guerre Gilad Shalit.

Sur tous ces points, les Israéliens ont connu un échec retentissant. Malgré la misère qui perdure, le Hamas continue de gouverner et le mouvement de la résistance reste fort tant moralement que militairement. Les Israéliens avaient espéré une victoire éclatante mais ils ont quitté Gaza, peu de temps après y être entrés, sans gains tangibles. Ils avaient l’espoir de prouver que leur puissance militaire était inattaquable, mais ils ont surtout montré la futilité et la lâcheté d’une armée capable de destruction uniquement au moyen de bombardements aériens et d’attaques de blindés.

Et les habitants de Gaza n’ont montré aucun désir de capituler face au blocus. Au contraire, ils ont fait preuve d’innovation dans l’utilisation de tout ce qui était possible.

Les Israéliens ont depuis voté dans un sens vindicatif qui s’est placé en dehors de toute limite pour éviter de rendre compte des crimes de l’opération « Cast Lead » ou de l’étranglement impitoyable de Gaza. Combien il est ironique que les Israéliens s’imaginent jouer le beau rôle dans le conte historique de Massada, alors que cette fois-ci ce sont eux qui représentent les Romains.

Pourtant, contrairement à cette tragédie juive, la population de Gaza est loin de vouloir se suicider ; elle va plutôt résister à n’importe quel prix.

* Le Docteur Ahmed Yousef est adjoint au Ministère des Affaires étrangères
et ancien conseiller politique auprès du Premier ministre Ismail Haniyeh

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29 décembre 2009 - Ma’an News Agency - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.maannews.net/eng/ViewDet...
Traduction : Naguib

http://info-palestine.net/article.php3?id_article=7920