vendredi 9 octobre 2009

Le président Abbas conspué par les Palestiniens

publié le jeudi 8 octobre 2009

Agnès Rotivel
Le président palestinien a déclenché des manifestations en acceptant le report à mars 2010 du vote d’une résolution sur le rapport de la commission d’enquête des Nations unies concernant la guerre à Gaza

Depuis plusieurs jours, les manifestations se succèdent dans les Territoires palestiniens pour protester contre la décision du président Abbas de reporter le vote d’une résolution qui aurait permis le renvoi du rapport du juge Goldstone devant la Cour pénale internationale (CPI). Le rapport du conseil des droits de l’homme, remis par le juge sudafricain, fait état d’accusations de crimes de guerre commis à Gaza par Israël, et dans une moindre mesure par le Hamas, lors de l’offensive israélienne cet hiver.

Les Palestiniens accusent leur président d’avoir cédé aux pressions américaines et israéliennes. Les protestations émanent de tous côtés, Hamas, Fatah, et de la rue palestinienne. Le vote de la résolution est reporté à mars 2010, ce qui équivaut, selon les analystes, à l’enterrer. Une source palestinienne affirme que les Palestiniens avaient obtenu la majorité des voix des pays arabes et des non-alignés (33 sur 55) pour voter la résolution.

L’Autorité palestinienne a tenté de nier sa responsabilité. Mais Khaled Ben Jassem Al Thani, émissaire du Qatar à Genève, et Ekmeleddin Ihsanoglu, secrétaire général de l’Organisation de la conférence islamique (OCI), ont apporté de l’eau au moulin des protestataires en confirmant que c’était bien l’Autorité palestinienne qui avait pris la décision du report du vote. La Syrie a pris des mesures de rétorsion en annulant la visite que devait effectuer hier Mahmoud Abbas à Damas.

L’adoption d’une résolution aurait ouvert la voie à d’éventuelles poursuites d’officiers et de représentants du gouvernement israélien devant la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye. Un vote du Conseil de sécurité de l’ONU pour saisir la CPI était cependant nécessaire. Certes, la position américaine le rendait peu probable, mais un pas aurait été franchi.

Annoncée hier, la tentative du président Abbas de revenir en arrière et de modifier sa décision ne changera rien. Le conseil des droits de l’homme de l’ONU ne va pas organiser une session de rattrapage. Cette affaire risque de tuer dans l’œuf les efforts de réconciliation entre le Hamas et le Fatah. Une réunion était prévue à cet effet au Caire le 25 octobre.

Cet épisode a montré, une fois de plus, que les pays arabes sont incapables d’adopter une stratégie commune. Quant à l’Europe, toujours prompte à protester contre les violations des droits de l’homme, elle est restée ici très silencieuse. Enfin, en cédant une fois encore aux pressions israéliennes, après son échec face à la colonisation, le président Barack Obama semble abandonner une de ses promesses faites au monde arabe pour un examen rapide de ce conflit par la justice internationale.

publié par la Croix

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