vendredi 9 octobre 2009

Israël doit répondre de ses crimes

jeudi 8 octobre 2009 - 05h:14

Sousan Hammad - Al Jazeera


L’ajournement du vote du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU sur les résultats du rapport de Richard Goldstone concernant la récente guerre de 22 jours lancée par Israël contre Gaza a soulevé beaucoup d’interrogations.

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Gaza , janvier 2009 - En totale impunité, avec la complicité active des puissances occidentales et au mieux la passivité des despotes du monde arabe, Israël a commis un nombre incalculable de massacres à l’encontre des Palestiniens. Cette impunité finira-t-elle un jour ?

Sahar Francis, un avocat palestinien israélien des Droits de l’Homme qui a témoigné devant la mission d’enquête de l’ONU conduite par Goldstone, s’est exprimé devant Al Jazeera à propos de cet ajournement et de ses implications.

Al Jazeera : Ce vendredi, la direction palestinienne a soutenu les manœuvres pour l’ajournement d’un vote sur les résultats du rapport de Richard Goldstone. Que signifie cette décision pour les Palestiniens ?

Sahar Francis : Ce comportement de la part de l’Autorité palestinienne (AP) a été vraiment très décevant. Je pense que c’est une grossière erreur car les Palestiniens ont lutté pour les droits de l’homme depuis si longtemps. Il est également très décevant que toutes les fois que nous sommes sur le point de mettre une fin à l’immunité [d’Israël], la politique vienne se mettre en travers de l’application du droit international.

Al Jazeera : Pourquoi pensez-vous que l’AP nie que les pressions des Etats-Unis aient joué un rôle dans leur décision de retirer leur soutien à une une résolution approuvant le rapport ?

Sahar Francis : [Les officiels de l’AP] n’ont aucune justification à valoir devant leur propre peuple. Il est vraiment regrettable que nous soyons arrivés à un point où les gens aient perdu toute confiance dans la direction palestinienne.

Al Jazeera : Susan Rice, ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, a qualifié le rapport de Goldstone de « déséquilibré » et « inacceptable ». Pensez-vous que si ce rapport soit pertinent ou important pour faire progresser les droits des Palestiniens ?

Sahar Francis : Nous avons cru que cette fois... nous mettrions un terme à la longue, longue immunité d’Israël... Mais malheureusement nos propres dirigeants ont tout remis en cause. En fin de compte, au niveau international, n’importe quelle décision — même basée sur le document le plus important du point de vue juridique — reste sans effet sans volonté politique et sans soutien. En fin de compte, le droit international dépend des relations internationales et [] de l’équilibre des forces entre les différents Etats.

C’est la première fois dans l’histoire du conflit israélo-palestinien qu’une commission dirigée par une personne comme Goldstone se soit déplacée pour enquêter sur des crimes de guerre. C’était une occasion de prouver au monde que le droit international et les droits de l’homme sont valables pour tous et qu’il ne peut y avoir d’’immunité pour aucun criminel.

Malheureusement, comme cela s’est produit pour l’avis prononcé [par la Cour internationale de Justice] sur le Mur, et pour d’autres décisions de l’ONU, quand il est question du conflit israélo-palestinien les dirigeants israéliens parviennent toujours à obtenir l’appui politique nécessaire pour échapper à l’obligation de rendre es comptes.

Al Jazeera : Des sources en provenance de l’AP ont dit avoir voulu « l’unanimité » au Conseil des Droits de l’Homme concernant le rapport, tout en affirmant que la discussion sur ce sujet pourrait avoir une influence négative sur des négociations de paix. Qu’est-ce que cela signifie ?

Sahar Francis : Il était tout à fait évident que les Etats-Unis et Israël, au nom de la paix, essayent en vérité d’imposer l’idée que n’importe quelle mesure concernant la responsabilité israélienne affectera des négociations. Mais comment pouvez-vous prétendre gagner la paix sans rendre justice au peuple palestinien ?

C’est cela qui est triste avec M. Abbas, le président palestinien. Je ne pense pas qu’il accepte totalement cette position. Je ne comprends pas comment il peut gagner la paix sans justice. Mais c’est de la politique. Et comme Palestiniens, nous sommes toujours du côté faible dans les négociations. C’est ce qui sort de tout cela.

Al Jazeera : Les USA ont annoncé qu’ils reporteront toutes les discussions sur le rapport Goldstone à six mois, jusqu’à ce que la prochaine session du Conseil de droits de l’homme se tienne en mars 2010. Pourquoi pensez-vous que ce rapport est maintenant classé ?

Sahar Francis : Je pense qu’en retardant la discussion, ils pensent que les gens oublieront, que rien ne sortira du rapport et qu’aucune procédure légale ne sera appliquée.

En tant que défenseurs des Droits de l’Homme, nous ne devrions pas accepter cet état de fait. Nous devrions poursuivre notre travail pour faire connaître ce rapport et tenter de l’exploiter d’autres manières. C’est de la responsabilité de chacun. En nous servant de la juridiction universelle nous pouvons présenter, devant les cours internationales, des cas de victimes inviduelles de la guerre contre Gaza. Ce ne sera pas facile, mais je crois que ce sont les gens qui imposeront le changement.

Il viendra du peuple palestinien et de tous ceux qui les soutiennent partout dans le monde et qui croient en notre lutte, et cette justice devra bénéficier aux Palestiniens.

4 octobre 2009 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/focus/...
Traduction : Info-Palestine.net