mercredi 30 décembre 2009

Nos gouvernants sont complices de la barbarie israélienne

lundi 28 décembre 2009 - 09h:32

Silvia Cattori

George Galloway : "Notre convoi est déterminé à briser le siège pour apporter l’aide nécessaire. Le moral est haut dans notre camp, à Aquaba, et nous n’irons nulle part ailleurs qu’à Gaza".
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Le 27 décembre 2008, en trois minutes, quatre-vingt bombardiers F16 des forces de l’air israéliennes larguaient plus de cent tonnes d’explosifs en allant du nord au sud,
de Beit Hanoun jusqu’à Rafah.

Le ghetto de Gaza, un an après le carnage

C’était le début de l’agression barbare dite « Plomb durci » ; le début d’une guerre criminelle contre un peuple sans défense qui allait faire, en trois semaines, 1 400 morts dont 400 femmes et enfants, 5 300 blessés, mutilés, dont 2 400 femmes et enfants, des dizaines de milliers de sans abris, au sein d’une population civile déjà exsangue après les longs mois de fermeture de Gaza par Israël ; un blocus total qui l’avait privée de nourriture et de tous les produits nécessaires, comme les médicaments, le gaz, le mazout, en violation de toutes les conventions internationales.

Aujourd’hui, un an après ce déluge de feu qui avait tout dévasté, la population de Gaza, affaiblie, exsangue, tente désespérément de survivre au milieu des ruines et des privations. Les hôpitaux manquent de médicaments et de pièces de remplacement. Les infrastructures d’adduction d’eau potable et d’évacuation des eaux usées sont dans un état effrayant. La situation sanitaire met en danger la santé des gens. Israël bloque également l’entrée des matériaux nécessaires à la reconstruction.

Le laissez faire de la part de l’Occident qui protège l’État voyou d’Israël, au lieu de le mettre au ban des nations, est un immense scandale. Un million et demi de personnes - dont plus de la moitié sont des enfants - demeurent indéfiniment étouffées, enfermées au su et au vu du monde dans ce qu’Israël, par son blocus hermétique, a transformé en une effrayante prison.

Et nos lâches gouvernants qui aiment tant à se présenter comme les défenseurs des Droits de l’Homme, que font-ils face à cette situation ?

Absolument rien. Ils participent aux commémorations de massacres qui se sont produits il y a plus de 60 ans, mais ils ne veulent rien faire pour contraindre Israël à mettre un terme au plus grand et terrifiant crime contre l’humanité de notre époque : le ghetto de Gaza. Un ghetto qui incarne le martyre de tout un peuple laissé à l’abandon ; un martyre qui se déroule sous leurs yeux pendant qu’ils se taisent ; alors qu’ils ont des moyens d’agir, des moyens de faire entendre leur voix. Cela est impardonnable. Et, pour les millions de gens qui se solidarisent avec la population en détresse de Gaza, c’est un scandale supplémentaire.

En dépit des nombreux appels de personnalités éminentes (1), en dépit des cris d’alarme de diverses instances de l’ONU (2), en dépit du rapport Goldstone dénonçant les crimes de guerre commis par l’armée israélienne (3), nos gouvernements se refusent à exercer la moindre pression réelle sur Israël pour mettre fin à cette situation scandaleuse.

Des dizaines de milliers de citoyens révoltés par cette injustice ont commencé à se mettre en mouvement et à agir pour tenter de briser ce blocus mortel infligé à la population de Gaza. Ils sont partis par mer (4) ou par terre (5). Ils agissent pour isoler Israël comme jadis l’Afrique du Sud de l’apartheid (6). Ils dénoncent tous les États, directement ou indirectement complices, et qui bafouent l’opinion de leurs peuples.

Le gouvernement de mon pays, ainsi que tous les gouvernements qui collaborent avec Israël et le laissent impuni, sont complices des souffrances qu’il inflige à des centaines de milliers d’enfants traumatisés, complices des punitions collectives qu’il impose à un million et demi de personnes par le siège de Gaza.

Certains gouvernements y participent directement, comme les gouvernements états-unien et français qui s’emploient en ce moment à sceller la frontière sud de la bande de Gaza par un mur métallique souterrain (7) destiné à fermer tous les tunnels par lesquels un peu de nourriture parvient encore à la population, et à affamer celle-ci dans l’espoir qu’elle finisse par se retourner contre le Hamas. Autrement dit, ils s’associent cyniquement, pour des raisons politiques, à une punition collective qui viole outrageusement le droit international.

Et ils s’associent à la politique répressive du dictateur égyptien Hosni Moubarak, qui s’ingénie à multiplier les obstacles au passage des convois humanitaires organisés par des volontaires internationaux vers Gaza.

En ce moment même, après un long périple par la Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie, la Grèce, la Turquie et la Syrie, les 150 véhicules et les 400 personnes du convoi d’aide humanitaire « Viva Palestina 3 » (8), partis de Londres le 6 décembre, se trouvent bloqués en Jordanie à Aqaba, interdits d’entrée en Egypte depuis deux jours, et les participants s’apprêtent à commencer une grève de la faim pour obtenir le passage. C’est un grand évènement dont notre presse ne souffle mot, comme d’habitude quand il s’agit de dénoncer la situation imposée à Gaza.

Le député britannique George Galloway, qui voyage avec le convoi, a déclaré : « Israël maintient le siège de Gaza depuis trois ans et demi en violation du droit international. Il n’a laissé entrer aucune aide ou matériaux pour la reconstruction après son attaque du début de l’année. Notre convoi est déterminé à briser le siège pour apporter l’aide nécessaire. Le moral est haut dans notre camp, à Aquaba, et nous n’irons nulle part ailleurs qu’à Gaza. »

Seule la pression de l’opinion publique pourra finir par contraindre l’Egypte, associée à Israël dans le blocus de Gaza, à ouvrir les portes de l’enfer, et à obliger les gouvernements occidentaux, et leurs autres alliés parmi les dictateurs arabes, à se départir de leur criminelle complicité et à agir enfin pour qu’Israël soit sanctionné.

Les manifestations organisées, du 27 décembre à mi-janvier, pour accompagner la Campagne internationale « Marche de la liberté » montrent la voie à suivre 9). L’engagement courageux et admirable de milliers de citoyens, impliquant 42 pays, se développe en ce moment comme une vague irrésistible, sera-t-il suffisant pour obliger nos gouvernements à agir enfin ?

Silvia Cattori


[1] Voir par exemple : Conflit israélo-palestinien - Jimmy Carter dénonce le blocus israélien à Gaza, ledevoir.com, 17 juin 2009.

[2] Voir par exemple : U.N. official pleads for opening of Gaza borders, par Louis Charbonneau, Reuters, 3 avril 2009.

Dans une déclaration faite à New York le 24 décembre 2009, à l’approche du triste anniversaire du carnage israélien, Richard Falk, rapporteur des Nations Unies pour les Droits de l’Homme dans les territoires occupés, a appelé à sanctionner l’occupation et à l’obliger à lever le blocus contre Gaza. Il a déclaré que « les souffrances d’un million et demi de personnes affectées par le siège sioniste se poursuivait sans aucune objection de la part de la communauté internationale » et noté que « la présente situation constitue un échec catastrophique des principaux gouvernements à honorer leurs responsabilités ».

[3] Voir : United Nations Fact Finding Mission on the Gaza Conflict, 29 septembre 2009 (texte en plusieurs langues).

[4] Plusieurs bateaux du Mouvement « Free Gaza » sont parvenus à briser le siège. Voir à ce sujet : Nous l’avons fait, par Silvia Cattori, silviacattori.net, 25 août 2008.

[5] Voir le site web de Viva Palestina

[6] Voir le site web de la campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre Israël

[7] Voir : L’Egypte et les Etats-Unis mettent tout en œuvre pour étouffer Gaza , info-palestine.net, 15 décembre 2009.

Selon de toutes récentes révélations choquantes, des officiers français participent avec des militaires étatsuniens à la supervision de la construction de ce nouveau mur métallique ; voir : Gaza : la France supervise le prolongement du Mur de séparation, Réseau Voltaire, 26 décembre 2009.

Il y a lieu de noter que, la nouvelle politique de la France mise en œuvre par Sarkozy depuis son arrivée au pouvoir a aggravé la situation déjà terrifiante des Palestiniens. Elle est porteuse de très grands malheurs et dangers. Encore récemment, au sein de l’Union Européenne, c’est la France de Sarkozy et Kouchner qui, sur la question de Jérusalem, a défendu la position d’Israël en s’opposant à celle de la Suède qui était plus juste à l’égard des Palestiniens.

[8] Voir :
- Site de Viva Palestina
- Egypt urged to allow Gaza aid , aljazeera.net, 26 décembre 2009.

[9] Voir :
- International Campaign in Support of the Gaza Freedom March : Hundreds of Unison Actions Assembled around the World

- Liste des actions de solidarité prévues : http://salsa.democracyinaction.org/...

26 décembre 2009 - Silvia Cattori